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Special pages :
Résolution de la première filiale de l’Union Ouvrière de Cologne
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Auteur·e(s) | Karl Marx |
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Écriture | 29 avril 1849 |
Publié dans Freiheit, Brüderlichkeit, Arbeit n°24, 29 avril 1849
Publié en français dans le recueil La Nouvelle Gazette Rhénane aux Éditions sociales (1963-1971). Numérisé par MIA et l'UQAC.
Publié en français dans le recueil La Nouvelle Gazette Rhénane aux Éditions sociales (1963-1971). Numérisé par MIA et l'UQAC.
Recueil(s): Freiheit‚ Brüderlichkeit‚ Arbeit
Motion[1]
- Considérant que dans le journal Freiheit, Arbeit le Dr. Gottschalk présente le citoyen Karl Marx comme un ami et un frère d'opinion du député Franz Raveaux de Francfort, alors que, à la séance du Comité, le 8 février, le citoyen Marx s'est exprimé de façon telle que, tout en soutenant momentanément la candidature de Raveaux et Schneider II, il était bien loin d'être d'accord avec ces Messieurs sur le plan des principes, considérant au contraire que le premier, justement à l'apogée de sa gloire, a été attaqué sans ménagements dans la Nouvelle Gazette rhénane, mais que, pour l'instant, il ne peut être question de démocrates rouges et de démocrates pâles, étant donné qu'il s'agit présentement essentiellement de faire opposition à la royauté absolue et que, pour atteindre ce but, les démocrates rouges et les démocrates pâles doivent s'unir face aux Hurleurs;
- Considérant en outre qu'à l'occasion du Congrès de Francfort, le Dr. Gottschalk s'est exprimé en disant qu'il pouvait utiliser les travailleurs de Cologne aussi bien pour la monarchie rouge que pour la république rouge et a donc présenté les travailleurs eux-mêmes comme une simple machine lui obéissant aveuglément;
- Que les attaques lancées contre Raveaux dans le journal cité ci-dessus ont un caractère très vulgaire et odieux puisqu'on lui reproche une maladie physique et qu'on la prétend simulée;
- Que dans ce journal les attaques habituelles n'ont la plupart du temps absolument aucun fondement et, vu leur niaiserie, ne méritent même pas qu'on se donne la peine de les réfuter; mais n'en trahissent pas moins la haine et la rancune mesquines et le caractère vil et hargneux de leur auteur;
- Qu'après son acquittement le Dr. Gottschalk projetait expressément de réorganiser l'Union ouvrière contre plusieurs de ses membres, et dans ce but, de lui octroyer pour la diriger sa propre personne comme président, flanqué de cinq assesseurs de son choix comme membres de la Commission, ce qui trahit une orientation despotique et contraire aux principes démocratiques les plus élémentaires;
- Qu'avec cette nouvelle organisation, il abandonnait le parti des véritables prolétaires et se jetait dans les bras des petits bourgeois en voulant élever à 5 groschens d'argent la cotisation mensuelle des membres;
- Que le Dr. Gottschalk a opéré dans le journal de l'Union un changement qui provoqua l'interruption de sa parution durant deux semaines, et ce sans y avoir été habilité par l'Union et même sans en avoir averti directement celle-ci ou son bureau, ce qui représente une atteinte absolument injustifiable aux droits de l'assemblée, qu'on ne peut même pas excuser par la nécessité ou par des raisons impérieuses résultant du départ du Dr. Gottschalk;
- Qu'après son acquittement, le Dr. Gottschalk, au lieu de répondre à l'attente des travailleurs de Cologne et de reprendre comme par le passé son activité parmi eux dans un esprit de progrès se retira, à la surprise générale, sans dire le moindre mot d'adieu ou de remerciement pour leur persévérante fidélité;
- Que par un tact excessif, le Dr. Gottschalk s'est lui-même banni et a fait, depuis Bruxelles, une déclaration qui ne pouvait justement servir à rien moins qu'à éclaircir et justifier sa conduite, déclaration où lui, le républicain, parle du rappel de sa propre personne par « celui qui est encore le juge suprême dans le pays » ou par la « voix du peuple » ; qui retrouve donc le juge suprême ailleurs que dans la voix populaire et considérant que dans ce passage, parlant de son juge suprême, il ne peut avoir pensé qu'au roi, se mettant ainsi directement aux côtés des légitimistes et des monarchistes, que d'autre part, dans cette déclaration le peuple est encore une fois bafoué puisqu'on lui prête l'intention de vouloir rappeler quelqu'un qui reconnaît et invoque un autre juge suprême -autre que justement la voix du peuple elle-même - considérant qu'il joue ici le rôle d'un misérable fourbe, cherchant à se garder la voie ouverte aussi bien auprès du roi qu'auprès du peuple;
- Que le Dr. Gottschalk n'a pas estimé digne de réponse la requête de l'Union ouvrière lui demandant d'expliquer la-dite déclaration qui paraissait incompréhensible et d'indiquer ce qu'il entendait par celui qui serait encore le juge suprême;
- Que le Dr. Gottschalk, sans y avoir été appelé par qui que ce soit est cependant retourné en Allemagne, ce qui réduit en fumée toute l'histoire de l'exil volontaire et la fait obligatoirement apparaître comme une manœuvre électorale, mal calculée si l'on considère que pendant ce temps ses frères et ses amis s'occupaient très activement de son élection à Berlin, la filiale numéro I de l'Union ouvrière de Cologne déclare qu'elle n'approuve nullement la conduite du Dr. Gottschalk depuis son acquittement par le jury des Assises locales, qu'elle repousse avec résolution et indignation l'idée de se laisser utiliser dans l'intérêt de la monarchie rouge, ou entraîner à des attaques hargneuses et personnelles contre des particuliers ou de se laisser octroyer un président entouré d'un comité de flagorneurs, ou encore l'idée selon laquelle elle rappellerait un exilé volontaire qui invoque à la fois la grâce du roi et du peuple pour être libéré, ou de façon générale, de se laisser traiter par un homme quel qu'il soit, comme on traite de stupides petits garçons.
- ↑ Au début de juillet 1848, Gottschalk fut arrêté avec Anneke et Christian Josef Esser. L'enquête dura pendant des mois. Gottschalk, Anneke et Esser furent accusés « d'avoir au cours de l'année 1848 incité leurs concitoyens, par des discours dans les réunions publiques ainsi que par des écrits, à modifier par la force la Constitution de l'État, à se révolter ouvertement contre le pouvoir royal et à s'armer ». Le procès se déroula du 21 au 23 décembre 1848. La pression de l'opinion publique obligea le jury à acquitter les accusés. À sa sortie de prison, Gottschalk déploya une grande activité politique qui visait à scinder en deux l'Union ouvrière de Cologne. La présente résolution fut approuvée, le 24 avril 1849 par le Comité de l'Union ouvrière de Cologne.