Plateforme de l'Opposition Communiste pour la Sixiéme Convention Nationale du Parti Ouvrier (Communiste)

De Marxists-fr
Aller à la navigation Aller à la recherche



L’état de la Révolution Russe[modifier le wikicode]

L’état actuel de la révolution russe et de ses fondations marxiste-léniniste est le facteur dominant du mouvement mondial, qui doit déterminer l’attitude de chaque ouvrier communiste et révolutionnaire. Elle éclipse toutes les autres questions. Un examen de son état actuel, et une analyse des conditions de son développement, sont des conditions préalables à la résolution de tous les autres problèmes principaux de stratégie et de tactique du mouvement révolutionnaire. Tout comme le mouvement communiste révolutionnaire du monde entier s’est modelé et affirmé dans son estimation de la signification des événements de 1914-1917, marqués par l'effondrement de la IIe Internationale et la montée de la révolution bolchevique, le bolchevisme mondial, son maintien et sa croissance, est conditionné à l'estimation du cours des événements en Union soviétique et à l'Internationale communiste au cours des quatre à cinq dernières années. Toutes les autres questions lui sont subordonnées et en découlent.

L'effondrement de la révolution russe en tant que dictature du prolétariat signifierait la débandade pendant des décennies du mouvement révolutionnaire en Europe et en Amérique et du soulèvement des peuples coloniaux, dont le principal point d'appui aujourd'hui est la victoire d'Octobre russe. Un effondrement serait suivi d'un règne de réaction inégalé dans le monde entier, et entraînerait une restauration de la domination impérialiste mondiale sans précédent au cours des deux ou trois dernières décennies. Notre principale préoccupation est donc le sort de la révolution russe, qui affecte directement le sort de tous les partis communistes. La défense de la révolution russe contre les attaques extérieures et les dangers intérieurs est donc la tâche principale de tous les communistes, et de chaque travailleur conscient. Nous sommes les défenseurs de la révolution russe depuis 1917. Il n'y a pas de rupture dans la continuité de notre position, car notre combat actuel est directement lié et découle de toute notre ligne précédente.

L'attitude officielle d’optimisme et de sérénité légère, qui trouve que tout se déroule comme souhaité, sans enquêter sur les faits réels et les tendances fondamentales du développement - et qui cherche à interdire une telle enquête - est le pire type de « soutien » qui peut être donné à la révolution. Cette attitude est en fait une négligence criminelle, et a pour résultat de désarmer le prolétariat devant ses ennemis, et de le tromper devant les difficultés. Se fonder uniquement sur la foi et les précédents, c'est se maintenir dans l'impuissance. Les communistes doivent apporter une aide consciente et compréhensive.

L'origine de la crise actuelle en Union soviétique réside dans la contradiction entre l'existence d'un régime soviétique dans un pays à économie essentiellement paysanne et la pression de l'encerclement capitaliste. Cette crise a été aiguisée et aggravée par les politiques erronées des dirigeants. Ces politiques sont enracinées, en outre, dans la surestimation par l'actuel équipe dirigeante de la durée et de la profondeur de la stabilisation temporaire du capitalisme, qui a commencé après la défaite des prolétariats allemand et bulgare en 1923. Toute notre époque est celle du capitalisme en décomposition, des guerres impérialistes et de la révolution socialiste prolétarienne. L'impérialisme est le stade suprême du capitalisme, de la domination du capital financier, des monopoles et des trusts internationaux, de la division et de la redivision du monde entre les puissances impérialistes, où la seule méthode pour « remédier » à la disproportion entre développement productif et accumulation de capital d'une part et la division des marchés, des colonies et des sphères d'influence d'autre part, est le recours à la guerre impérialiste. En accentuant les contradictions entre les forces productives de l'économie mondiale et les barrières nationales, l'impérialisme a provoqué la dernière guerre et prépare la suivante. Cela n'exclut pas, dans la période de déclin du capitalisme, la possibilité d'une reprise économique partielle ou même le développement des forces productives. Lénine, lors du deuxième congrès de l'Internationale communiste, a souligné à juste titre qu'il n'y avait « aucune situation absolument désespérée ». L'état de préparation du prolétariat à mener une lutte révolutionnaire pour le pouvoir est un facteur déterminant de la destruction du capitalisme. A cause de la trahison de la social-démocratie réformiste, des concessions stratégiques quoique temporaires de la bourgeoisie après la guerre, et de la faiblesse ou de la mauvaise direction des partis communistes, la bourgeoisie a pu parvenir à la stabilisation actuelle, toute relative, du capitalisme.

Mais cette estimation de la stabilisation actuelle diffère radicalement de celle qu'implique la « théorie » stalinienne et révisionniste du socialisme dans un seul pays, c'est-à-dire une stabilisation pendant des décennies, pour toute une époque. Cette conception, qui est une approche sociale-démocrate du capitalisme comme stabilisé organiquement, a trouvé son expression dans la résolution du quatorzième Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique, dans le rapport politique de Staline, qui déclarait que « dans le domaine des relations internationales, il est clair que la période de « répit » se transforme en une véritable époque. » Plus tard, la résolution de l'exécutif élargi de l'IC de juillet 1927 parlait sans restriction de la stabilisation technique, économique et politique du capitalisme. La réponse de l’histoire à cette estimation a été la révolution chinoise, la grève générale britannique, le soulèvement indonésien et les événements de Vienne, sans parler de la mise au chômages de millions de personnes. L'estimation de la stabilisation donnée au Sixième Congrès mondial est si éclectique qu'elle permet des interprétations diverses.

La révision du léninisme et la crise de la Comintern[modifier le wikicode]

Sur cette estimation essentiellement erronée était fondée la théorie de la possibilité de la construction complète d'une société socialiste dans un pays (la Russie), une théorie entièrement étrangère aux enseignements de Marx, Engels et Lénine, et directement contraire à tout principe révolutionnaire d’internationalisme. Combinée à cette « théorie » réactionnaire, l'idée est qu'une économie nationale autosuffisante peut être maintenue si seulement le danger d'une intervention militaire impérialiste est écarté. Cela mène inévitablement à l'opportunisme devant la bourgeoisie mondiale (en particulier devant les États-Unis, qui est la force contre-révolutionnaire en première ligne dans le monde aujourd'hui), cela se voit dans la signature du pacte Kellogg par l'Union soviétique et les fameuses propositions de Litvinov. Qu'elle aboutisse à l'abandon de tout ce que Lénine a enseigné sur la lutte révolutionnaire contre la guerre et le rôle de la bureaucratie ouvrière se manifeste dans la capitulation des syndicats russes au sein du comité anglo-russe. Qu'il conduise à la subordination du Parti communiste à la bourgeoisie nationale et à l'abandon du léninisme sur les questions nationales et coloniales est démontré par le cours catastrophique suivi par la Comintern dans la révolution chinoise. Cela montre la conversion des partis communistes en instruments de défense de la paix au lieu d'instruments pour organiser l'insurrection armée dans leur propre pays, comme le montre la campagne de pétition anti-croiseur petite-bourgeoise du parti allemand.

Toutes ces lignes politique sont consciemment ou inconsciemment basées sur la nécessité d'empêcher une intervention militaire contre l'Union soviétique, afin qu'une construction socialiste isolée puisse y être achevée. Le résultat net de cette conception et de cette voie opportunistes est le danger croissant d'une guerre impérialiste contre l'Union soviétique, car le révisionnisme ici comme partout n'apporte ni révolution ni réforme.

Le danger croissant de guerre survient à un moment où la crise en Russie atteint un point culminant. L’écart de la voie révolutionnaire prolétarienne, coïncidant avec le début de la lutte pour couper l'opposition léniniste, menée par L.D. Trotski, du parti, a atteint un stade où les classes ennemies se sont développées dans une mesure alarmante et exercent une pression énorme sur le parti et l'appareil d'État. De la déclaration de Boukharine « paysans, enrichissez-vous » et de la théorie selon laquelle le koulak se transformerait en socialiste, il n’y a eu qu'un court pas vers la situation actuelle où les éléments exploiteurs dans les villages (les koulaks) sont entrés dans l'arène politique avec confiance, audace et arrogance pour exiger des concessions et des droits politiques accrus. De la campagne brutale pour supprimer la démocratie de parti dans la lutte contre l'opposition léniniste, il n’y a eu qu’un cours pas vers la consolidation d'un appareil bureaucratique à travers lequel une nouvelle bourgeoisie exerce sa pression toujours croissante. Jamais auparavant les koulaks, les nepmen, les bureaucrates n'ont été aussi forts, si impérieux dans leurs revendications, si menaçants dans leurs progrès. La politique du régime stalinien, qui s'appuie de moins en moins sur une fondation de classe, et de plus en plus sur une agglomération bureaucratique, sape les positions de la dictature prolétarienne, et permet la progression rapide des classes étrangères au prolétariat, dont le programme est l'effondrement du monopole du commerce extérieur; la reconnaissance des dettes tsaristes; l’entrée dans la Société des Nations; des concessions illimitées au capital international - en particulier un rapprochement avec l'impérialisme américain; la modération du rythme d'industrialisation; la conquête des coopératives et des soviets; et l'obtention du suffrage jusque-là réservé aux masses laborieuses. C'est le programme et le danger de Thermidor. C'est la restauration du capitalisme, encore embryonnaire, encore sous les formes sociales actuelles.

La ligne de l'actuel régime de Staline dans cette situation est un zigzag entre la capitulation dans les actes à droite et des sauts temporaires à gauche - c'est-à-dire un pas en avant et deux pas en arrière.

L'opposition léniniste, au contraire, se bat bec et ongles contre ce danger imminent pour la révolution. Elle a déployé la bannière du léninisme et l'a défendue face à une campagne de calomnie et de persécution sans précédent. Dans la lutte contre l'Opposition, loin de la ligne du bolchevisme, le régime actuel a été, de par sa nature même, contraint à recourir à la bureaucratisation de l'Internationale communiste, car dans des conditions normales de démocratie de parti et de libre discussion, des caricatures telles qu'elles sont aujourd'hui offertes aux ouvriers révolutionnaires au nom du léninisme serait catégoriquement rejeté par les membres de l'Internationale. Pour maintenir sa domination sans principes, le régime actuel a donc eu recours à la suppression des discussions, à l'expulsion des communistes, à la violence, aux arrestations, à l'emprisonnement, à l'exil et à la déportation. Au nom de la bolchevisation, une campagne a été menée, en particulier depuis le cinquième congrès du Komintern, qui a pour résultat net l'élimination de tous les éléments qui remettaient en question le cours opportuniste du Komintern. Elle a aboli la démocratie de parti et l'a remplacée par un contrôle par le haut par des fonctionnaires irresponsables et nommés. Le commandement et le décret bureaucratiques se sont substitués à la discussion et à la discussion idéologique. La réorganisation mécanique des dirigeants des partis sur la seule base de leur volonté d'approuver sans hésiter tout ce qui est fait par le régime stalinien et de condamner tout ce qui est fait par l'opposition léniniste est un phénomène quotidien. L'influence et la force des principaux partis communistes ont été réduites de façon alarmante (Allemagne, Tchécoslovaquie, France, Angleterre, États-Unis, etc., etc.). Cela a provoqué le développement dans les principaux partis du Komintern de direction et de ligne de droite ou centriste, et le déchirement de ces partis en de violentes luttes entre factions, qui sont le reflet de la lutte interne au sein du PCUS. L'expulsion de l'opposition léniniste dans tous les pays a été réalisée. Les théories révisionnistes ont fleuri derrière la ligne opportuniste du stalinisme (socialisme dans un seul pays, etc., etc.).

Le rideau de fumée du « Trotskisme »[modifier le wikicode]

Pour dissimuler l'essence de ses déviations de droite et de ses méfaits bureaucratiques, le régime stalinien a inventé le mythe du « trotskysme », qu'il présente comme le véritable danger pour le léninisme. Les divergences politiques de Trotski avec Lénine ont été liquidées en 1917, après l'acceptation par L.D. Trotski des thèses d'avril de Lénine et son entrée au Comité central du parti bolchevik sur la base de son accord avec les principes du bolchevisme. Mais même ces divergences pré-révolutionnaires n'ont jamais été aussi grandes que les différences du régime Staline-Boukharine d’avec les principes du léninisme. Les différences entre Lénine et Trotski après 1917 sont nées des efforts des deux dirigeants de la révolution pour résoudre des problèmes concrets sur la base du même programme théorique, et n'ont jamais été aussi grandes que les différences entre la faction dirigeante actuelle et Lénine. L'opposition luttera contre toute falsification de l'histoire du parti et de la révolution à des fins fractionnelle, qui a pris des proportions si monstrueuses dans la campagne démagogique contre L.D. Trotski, en qui nous reconnaissons le principal collaborateur de Lénine dans la direction de la révolution russe, et aujourd'hui le premier représentant du léninisme dans le monde.

L'opposition ne mène pas de guerre pour le « trotskysme » ; une telle tendance politique n'existe pas. Elle se bat pour les principes du léninisme. En Union soviétique, sous la pluie de calomnies et de répression, l'opposition léniniste, dirigée par son dirigeant, le camarade Trotski, a lutté avec persistance contre toutes les formes de révisionnisme et d'opportunisme, et pour le bolchevisme. L'opposition a sonné l'alarme contre le danger thermidorien, et a proposé une politique correcte pour le combattre, en faveur du développement socialiste du pays - en période de révolution mondiale retardée - par une politique correcte de répartition du revenu national, par le biais de la taxation du nepman et du koulak pour accélérer le processus d'industrialisation et améliorer les conditions des travailleurs, par le biais de crédits et autres aides coopératives aux paysans pauvres, par une politique sur les prix correcte, etc. L'opposition léniniste organise les travailleurs pour la défense de la révolution russe sur deux fronts, mais essentiellement contre le même ennemi : contre l'intervention impérialiste à l'extérieur et contre le danger de Thermidor à l'intérieur. Une telle défense réelle, fondée sur une politique de classe correcte, ne peut être accomplie que si les réformes profondes proposées par l'opposition sont adoptées, si l'on met fin à la scission du Parti communiste, et à l'emprisonnement et à l'exil de milliers des meilleurs bolcheviks. La direction qui a organisé la défense de l'Union soviétique sous la direction de Lénine est encore mieux à même de l'exécuter aujourd'hui.

Le danger de guerre et la défense de l’URSS[modifier le wikicode]

Le problème de la défense de l'Union soviétique et de la victoire d'Octobre est indissociablement lié à la lutte contre le danger de guerre. L'inévitabilité de la guerre impérialiste, inhérente aux contradictions fondamentales de la société capitaliste, n'est pas supprimée par la stabilisation actuelle temporaire et partielle. En effet, le danger de guerre procède des contradictions innées du processus de stabilisation, c'est-à-dire des contradictions et des antagonismes de l'impérialisme capitaliste, qui se sont à nouveau aggravés en raison de la lutte mondiale pour les marchés. Ce à quoi nous assistons au cours de la période actuelle, c'est une course à l'armement et à la militarisation intensifiée et fiévreuse, préparant le déclenchement réel de la guerre. À cela s'ajoute les habituelles chicaneries impérialiste pour les positions, la formation d'alliances et la rupture d’autres, et la jonglerie diplomatique. Dans cette période d'avant-guerre, les impérialistes de leurs pays respectifs bénéficient du soutien ouvert ou semi-dissimulé des sociaux-démocrates et de la bureaucratie ouvrière (programme d'armement du SDP allemand ; plan de militarisation de Boncour en France ; Henderson, MacDonald et Company en Angleterre ; la position ouvertement pro-impérialiste et pro-militariste de l’American Federation of Labour et l’approbation par le Parti socialiste du Pacte de Kellogg, etc., etc.). Pour compléter le tableau, il y a les innombrables conférences qui aident à tromper les travailleurs et à développer des illusions pacifistes parmi eux : les pactes de Locarno et Kellogg, les propositions de « désarmement », etc.

L'existence de l'Union soviétique, avec une dictature prolétarienne soutenue par le monopole du commerce extérieur, ferme un « marché libre » pour le capitalisme d'un sixième du globe. Cela intensifie les antagonismes de l'ensemble des puissances impérialistes contre l'URSS et les tendances à la formation d'un bloc anti-soviétique d'intervention, qui ont jusqu'à présent été retardées par les rivalités mutuelles des puissances impérialistes, leur désir d'un moment plus favorable de difficultés internes de l'Union soviétique, et par crainte de l'action révolutionnaire des masses dans leur propre pays. La politique opportuniste du régime de Staline a affaibli la position internationale de l'Union soviétique. Les défaites, nullement inévitables, de la révolution chinoise et des grandes grèves britanniques ont renforcé la confiance de la bourgeoisie et affaibli le pouvoir de résistance des travailleurs. La meilleure défense de l'Union soviétique est le renforcement des capacités révolutionnaires des partis communistes. La crainte d'une insurrection à la maison, dirigée par le Parti communiste, est la plus grande influence restreignant la bourgeoisie sur la question de l'intervention.

Les événements des deux dernières années ont rendu nécessaire de réaffirmer le point de vue léniniste sur la lutte révolutionnaire contre la guerre impérialiste. La politique du régime de Staline a, en théorie et en pratique, abandonné cette ligne. Il a mis en place une conception d'une recette à utiliser pour combattre le danger de guerre, planant au-dessus de l’histoire. La lutte contre le danger de guerre et l'intervention en URSS a été extraite abstraitement de la lutte révolutionnaire générale du prolétariat. Des considérations de « nature diplomatique », pour « raisons d'État soviétique », « de circonstances spéciales » ont été avancées pour remplacer les considérations fondamentales et permanentes de la politique révolutionnaire générale, au lieu que l'une soit une partie indivisible de l'autre. Cela était vrai dans la politique Staline-Boukharine du Comité anglo-russe, où ils ont capitulé devant Purcell-Hicks-Citrine et Company, car ces derniers empêcheraient prétendument Chamberlain et Baldwin de mener leur politique d'intervention impérialiste. Les méthodes réformistes ici ont également produit des résultats catastrophiques. C'était vrai dans la politique suivie lors de la révolution chinoise, où le mouvement révolutionnaire a été sacrifié par la ligne Staline-Boukharine pour maintenir des alliances avec les généraux « anti-impérialistes » de la bande de Chiang Kai-Shek et Feng Yu-hsiang. Cela reste vrai, aujourd'hui, dans la politique non léniniste menée dans la soi-disant Ligue contre l'impérialisme, où des magouilles acritiques sont faites d'en haut avec des éléments petits-bourgeois, réformistes et nationalistes qui, dans de nombreux cas, ne sont ni plus ni moins que les porte-paroles de l'impérialisme. C’est vrai dans le cas de la signature par l’Union soviétique du pacte de Kellogg, sans le dénoncer comme une couverture derrière laquelle les impérialistes préparent la guerre impérialiste et l’intervention anti-soviétique. Cette ligne opportuniste ne fait qu'ajouter aux illusions des masses, et les désarme devant leurs ennemis.

La seule voie pour la lutte révolutionnaire contre la guerre est celle indiquée par les enseignements de Lénine sur la question, dans ses écrits de la dernière guerre, si admirablement résumés dans ses « Thèses d'instructions à notre délégation à la Conférence de La Haye ». Les communistes doivent combattre sans relâche toutes les illusions pacifistes parmi les travailleurs, leur signaler l'inévitabilité de la guerre impérialiste, les instruire et les former qu'elle ne pourra être balayée que par la révolution socialiste du prolétariat. Nous devons montrer qu'il n'y a pas de « circonstances exceptionnelles » pour justifier une politique opportuniste ou capitulationniste dans laquelle les intérêts d'une partie du prolétariat conduisent à sacrifier ceux du prolétariat dans son ensemble.

La situation de guerre imminente rend les communistes américains particulièrement responsables, et leurs tâches particulièrement grandes et difficiles. Cela est d'autant plus vrai que la situation actuelle est caractérisée par une lutte mondiale, essentiellement entre l'impérialisme américain et britannique. Les antagonismes entre ces deux puissances deviennent chaque jour plus aigus et plus intenses, et peuvent conduire à l'éclatement réel des opérations militaires au moment le moins prévisible.

Le rôle de l’impérialisme américain[modifier le wikicode]

Toute estimation de la situation actuelle doit partir du fait que le centre mondial de gravité économique s'est déplacé vers les États-Unis. L'impérialisme américain prélève désormais des tributs dans pratiquement tous les pays capitalistes du monde. Cette évolution, qui a atteint son apogée après la guerre mondiale, a lié le sort de l'impérialisme américain à l'économie du monde entier sous une forme inextricable. Aucune analyse de son évolution économique future, tant interne qu’externe, ne peut être faite sans tenir compte de sa position internationale.

L’effet de l’intervention directe de l’Amérique dans les affaires européennes après la guerre a été la stabilisation temporaire et partielle du capitalisme européen. Cette stabilisation s'est produite en lien direct avec la défaite du prolétariat allemand en 1923 et a entraîné la consolidation de la social-démocratie pour l'époque. À son tour, elle a permis aux États-Unis d'éviter les convulsions qui l'auraient inévitablement affectée en cas de développement de la vague révolutionnaire en Europe.

Les États-Unis ont accru leur capacité de production, ce qui a entraîné une nouvelle contraction des marchés du capitalisme européen et, par conséquent, une contraction du marché européen lui-même. Le chaos européen de l'après-guerre n'a pas permis aux débiteurs de ce continent de présenter un front uni suffisamment solide, auquel ils ont intérêts. La force et l'expansion mêmes de l'impérialisme américain a jeté les bases des luttes les plus violentes en Europe et dans les pays coloniaux. Les puissances européennes doivent se battre entre elles pour une ration plus importante de l'économie mondiale, et contre les États-Unis pour la même raison. L'effet pacifiste que l'intervention américaine a eu au départ sur la situation européenne se transforme maintenant par les processus de développement en un effet révolutionnaire. L'impérialisme américain commence maintenant à chercher une solution de ses propres convulsions internes aux dépens de l'Europe, et principalement de l'Allemagne, et une intensification de l'exploitation et des raids impérialistes sur l'Amérique latine et la Chine.

La présente Conférence d’experts sur le Plan Dawes devient un point central de cette contradiction. Le rapport de l'agent pour les réparation en Allemagne de 1928, qui, contrairement au rapport de 1927, a donné une analyse optimiste de la situation, avait pour objectif de « résoudre » le conflit entre les réparations et la dette des Alliés envers les États-Unis par pression accrue sur l'Allemagne. La proposition d'émettre des obligations protégées par privilège sur les chemins de fer allemands, pour couvrir les paiements Dawes - et par des paiements de réparations aux Alliés pour permettre à ces derniers de payer leurs dettes à l'Amérique - ne conduira qu'à la multiplication des difficultés. Si les États-Unis détenaient même la moitié d'une telle émission obligataire, impliquant quelque chose comme deux milliards de dollars pour leur part, cela signifierait que les importantes banques de ce pays ajouteraient près de 20% à leurs avoirs actuels en investissements et en bons du gouvernement et autres titres. Une absorption d'un tel montant par les banques américaines qui, selon le Magazine de Wall Street, sont « aujourd'hui gorgées de titres qu'elles n'auraient jamais dû acheter », entraînerait, « à ce moment critique de notre histoire financière » une inflation des banques.

L'incapacité des « experts » à résoudre les problèmes de réparations et de dettes de manière satisfaisante est un gage de la position évolutive des États-Unis vis-à-vis de l'Europe.

Dans le même temps, les puissances européennes, luttant désespérément pour se maintenir hors de la vague de domination mondiale américaine, ont quand même réussi dans une certaine mesure à regagner leur position dans la production mondiale. Entre les périodes 1920-1924 et 1927, la part de l'Europe dans la production mondiale d'anthracite, de fer, d'acier, et la consommation de coton a augmenté en moyenne de 9,22%, tandis que la part des États-Unis a diminué en moyenne de 7,55 pour cent. Une concurrence des plus acharnée pour les marchés s'intensifie aux quatre coins du monde, principalement entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. Il s'est même développé un mouvement pour élever les barrières tarifaires déjà extrêmement élevées des États-Unis lors de la prochaine session du Congrès.

Il n'est pas nécessaire, ni correct, de considérer les États-Unis comme « sur le point d'atteindre le sommet de leur croissance » pour percevoir et de comprendre la crise qui mûrit dans le pays. L'impérialisme américain, par le fait même qu'il se développe dans une période différente de celle de l'essor de la Grande-Bretagne - une période de guerre et de révolution, de soulèvements nationaux et coloniaux - est donc voué à un rythme beaucoup plus rapide de développement de ses contradictions internes et internationales que l'Angleterre. Et cela est vrai précisément en raison de l'expansion incroyablement rapide qu'il a connu au cours de la dernière décennie.

La situation économique présente et la classe ouvrière[modifier le wikicode]

La situation économique actuelle aux États-Unis se caractérise par les caractéristiques suivantes :

· La contraction du marché mondial, par la stabilisation du capitalisme européen et la baisse du rythme de la hausse des exportations américaines. L'aggravation de la concurrence en Orient et en Amérique latine entre les États-Unis et les puissances européennes (Angleterre, Allemagne, etc.).

· L'énorme concentration de l'industrie et l'intensification de la rationalisation, où le progrès technique a dépassé l'expansion du marché intérieur. Il existe une disproportion croissante entre le taux d'expansion de la capacité de production et le taux de croissance de la production et de la consommation. L'ouverture du Sud à l'industrialisation à un niveau technique supérieur, au lieu de créer une « Nouvelle Ruhr » (Lovestone), n'apporte que de nouvelles contradictions. La population nouvellement prolétarisée du Sud ne développera pas un ajout au marché intérieur pour absorber suffisamment la croissance de la production, et les espoirs placés dans le « nouveau Sud » seront en outre partiellement compensés par l'intensification des crises du charbon et du textile dans le Nord.

· Le marché intérieur s’est encore contracté par la création d'une armée permanente de chômeurs de plusieurs millions de personne. Bien que l'indice de la production de la grande industrie soit passé de 146 en 1919 à 171 en 1927 (indice 100 en 1914), l'indice des travailleurs employés dans la grande industrie est passé de 129 en 1919 à 114 en 1927 (indice 100 en 1914), bien que la croissance démographique pour les mêmes années ait été de 106 à 120 respectivement. En outre, il y a eu un afflux dans les rangs des chômeurs d'agriculteurs déclassés. L'indice de la production agricole pour 1918-1919 était de 132 (indice 100 en 1900) et est passé à 148 en 1924. Les participants actifs dans l'agriculture sont tombés au cours de la même période de 106 à 100, bien que la population agricole ait augmenté - également au cours de la même période - de 112 à 115. Ces chiffres indiquent en outre que, bien que dans certains cas spécifiques et nullement généraux les salaires réels aient augmenté, les salaires de la classe ouvrière américaine, et donc leur pouvoir d'achat, ont dans l'ensemble diminué. Cette tendance est accélérée par la série croissante de baisses de salaires.

· Le capitalisme américain n'a pas été en mesure de surmonter les graves dépressions dans l'agriculture et dans le charbon, le pétrole, le textile, le bois d'œuvre, le transport maritime et d'autres industries, et il ne pourra pas empêcher le déclin à venir dans les industries du fer, de l'acier et de l'automobile.

· L'augmentation rapide des prêts de courtage, face à un volume d'échange moyen de plus de cinq millions d'actions par jour, présage le début de la fin du marché « haussier », bien plus profond que la chute des prix de juin 1928. Le fait que les taux des prêts boursiers ont dû être doublés et quadruplés a incité les économistes bourgeois les plus réalistes à être très prudents dans leurs prévisions pour l'année à venir.

Le sort de l'impérialisme américain, nous le répétons, est désormais lié à sa dépendance de l'économie mondiale. À l'inverse, la situation en Europe est directement liée au développement de l'économie nationale américaine. Les États-Unis chercheront à utiliser l'Europe comme bouclier pour affronter leurs propres difficultés. Cela créera à son tour de telles situations en Europe, surtout en Allemagne, où, avec une direction révolutionnaire appropriée, une nouvelle vague de révolte prolétarienne sera initiée, dans laquelle les relations entre l'Angleterre et l'Amérique atteindront le point de rupture. Ce processus, qui se matérialise rapidement, changera la corrélation des forces aux États-Unis en faveur du prolétariat révolutionnaire, en sapant la base de l'aristocratie ouvrière américaine.

Pendant ce temps, les contradictions internes de l'impérialisme américain, liées à son interdépendance économique mondiale, mûrissent une crise grave, annoncée par l'actuelle dépression industrielle partielle. La situation actuelle, qui n'est que le signe avant-coureur de cette crise à venir, a déjà porté à un niveau élevé le processus de rationalisation et d'attaque des normes de la classe ouvrière qui l'amène à s'éloigner progressivement de son inertie précédente pour entrer dans une période de lutte. La réalisation de la crise, qui intensifiera le processus de rationalisation, augmentera le chômage et conduira à des attaques plus graves du niveau de vie des travailleurs, entraînera une base encore plus large pour la radicalisation des travailleurs américains et leur entrée en lutte. Ce processus de radicalisation est en cours actuellement. C'est un processus qui doit être analysé non seulement par rapport au tournant à gauche des travailleurs européens, mais surtout par rapport au retard historique de la classe ouvrière américaine. Cette évolution est conditionnée par la période à venir des luttes des travailleurs américains et la nécessité pour le parti révolutionnaire de le comprendre et s'y préparer convenablement.

Le résultat des élections[modifier le wikicode]

Les résultats des récentes élections présidentielles n'étaient rien d'autre qu'un baromètre - et un baromètre faible, inexact et déformé - des développements et perspectives décrits ci-dessus. La victoire du Parti républicain et de son candidat, Hoover, signifiait la puissance toujours croissante - accompagnée par des contradictions aiguisées - du capitalisme américain et l'emprise du principal parti de la bourgeoisie sur les masses. Ce pouvoir était suffisant pour que les républicains percent le « Sud solide » pour la première fois depuis la guerre civile, aidés par ces forces économiques irrésistibles qui sapent la base socio-politique du Parti démocrate traditionnel depuis les dernières décennies.

L'élection dans son ensemble, cependant, rend impossible pour quiconque de parler sans réserve d'un « glissement de terrain conservateur » ou d'une « victoire pour la réaction » ou d'une « défaite pour Smith ». Le vote pour Smith ne représentait en rien un vote de satisfaction quant à l'état actuel des choses. La nature du vote Smith le conteste. En premier lieu, il a reçu un vote formidable, rarement vu auparavant même par un candidat gagnant, ce qui ne contribue pas du tout à la théorie de la « destruction » du Parti démocrate. De plus, son vote était composé en grande partie de travailleurs dans les grands centres industriels, où il a fait d'énormes gains, de petit-bourgeois et d'agriculteurs pressés par la crise.

Des millions de travailleurs ont vu dans Smith, son bilan et son programme, une possibilité de changement par rapport à la domination du capital financier, l'orgie de huit ans de corruption, de réaction et de politique impérialiste de l'aile républicaine du capitalisme. Des votes, qui auraient autrement été exprimés pour les partis socialistes, et même communistes, sont allés cette fois à Smith, sur la base de la croyance populaire américaine selon laquelle « il a de bonnes chances de gagner ». Il est tout à fait vrai que les ouvriers qui ont voté pour Smith ont été trompés et trahis, que Smith est en réalité autant l'instrument de l'impérialisme que Hoover. Mais des centaines de milliers, sinon des millions de travailleurs n'ont pas voté pour lui comme instrument de la réaction et opposant au changement. Smith, avec son « amitié » hypocrite pour les travailleurs, son bilan et son programme « pro mouvement ouvrier », a réussi à tromper son soutien de la classe ouvrière en votant pour lui comme un « opposant » à la réaction actuelle.

Le vote contre Hoover a exprimé dans une certaine mesure la radicalisation croissante des masses à l'échelle américaine, avec des limitations parlementaires. Les développements politiques ont accusé un retard historique par rapport aux développements économiques. Partant du point de vue fondamental du retard historique des travailleurs américains, il apparaît que le vote anti-Hoover était une expression politique - c'est-à-dire insuffisante, déformée, voire réactionnaire - des processus de radicalisation en cours dans la vie économique de la classe ouvrière américaine. Dans la période actuelle, une dérive à gauche des travailleurs en Europe se manifestera, par exemple, par une désertion de la social-démocratie et une croissance du pouvoir et de l'influence des communistes. Aux États-Unis, une telle dérive prend des formes beaucoup plus modérées et rétrogrades.

Notre analyse ne signifie pas non plus que les élections ont été le meilleur baromètre disponible de la radicalisation des travailleurs. Au contraire, c’est l'un des plus pauvres. Les indications du processus de radicalisation, qui va s'accélérer inéluctablement dans la période à venir, se trouvent principalement dans la vie économique quotidienne et les luttes des travailleurs de ce pays. On les retrouve dans le mouvement pour la formation des nouveaux syndicats industriels, dans le mécontentement croissant des travailleurs, même dans les vieux syndicats de l'AFL, et dans l'humeur croissante pour la lutte qui est en partie illustrée par la participation croissante aux grèves.

Par rapport aux possibilités, le Parti communiste a fait une mauvaise performance aux élections, ce qui ne peut pas être expliqué uniquement sur la base de la privation de droits des travailleurs nés à l'étranger et des Noirs. Aux élections de 1924, le parti était sur le bulletin de vote dans quatorze États et a obtenu 33 361 voix. Le vote pour le parti dans les mêmes quatorze États lors des élections de 1928 n'était que de 31 128, soit une baisse de 2 233 voix. Pour les mêmes quatorze États, nous avons reçu 0,001 146 du total des suffrages exprimés en 1924 ; en 1928, nous n'avons reçu que 0,000 846 du total des suffrages exprimés dans le pays. Ainsi, nous avons perdu dans ces États (les plus importants aussi, comme New York, Pennsylvanie, New Jersey, Illinois, Indiana, Massachusetts, Minnesota, Wisconsin, etc.) absolument, en nombre de votes reçus et par rapport au vote total. Notre vote total en 1928 dans les trente-quatre États où nous étions sur le bulletin de vote était de 45 710, une augmentation par rapport à 1924, pas du tout proportionnelle au fait que, lors de cette élection, nous étions sur le bulletin de vote dans vingt États supplémentaires, c'est-à-dire plus deux fois plus qu'en 1924.

Ce spectacle alarmant ne peut pas non plus être expliqué par le « balayage Smith », car il y a eu un « balayage La Follette » en 1924. Il ne peut pas être expliqué par le terrorisme de la bourgeoisie ou le vol de voix ; cette condition existait également en 1924. En outre, il faut se rappeler que, entre les deux élections présidentielles, le parti a eu plus de possibilités de croissance, de popularité et d'influence que jamais auparavant. Il a mené un certain nombre de grèves et de mouvements de masse parmi les plus importants : Passaic, les mineurs, New Bedford, l'agitation Sacco-Vanzetti, etc., etc. La véritable explication de notre échec réside dans le fait que la stalinisation du parti, ici comme ailleurs, a eu des résultats formidables. Le parti a été corrompu et affaibli par le factionnalisme et l'opportunisme, trouvant sa principale source dans la direction de Lovestone-Pepper soutenue par le Komintern. Elle a provoqué une diminution constante du nombre de membres du parti, la méfiance entre les factions, l'irresponsabilité et le dilettantisme, et a affaibli le parti dans la lutte de classe dans tous les cas. C'est le plus grand obstacle à la cristallisation et à la croissance du mouvement communiste dans ce pays. Il n'y a pas d'autre explication fondamentale à notre déclin parlementaire et il ne peut y en avoir d'autre.

Nous ne traitons ici que des lignes principales, et omettons la répétition de points tels que les méthodes parlementaires opportunistes et corrompues de la clique Lovestone-Pepper, l'achat de signatures et d'électeurs, la fausse conception du labor party et de son rôle dans les élections, l'incapacité à agir avec certitude et rapidité dans la sélection de nos candidats et la mise en place de notre ticket, le factionnalisme endémique tout au long de la campagne, etc. Nous avons traité en détail de ces caractéristiques de l'élection dans d'autres documents, notamment Le Danger de droite dans le Parti américain et des articles dans la presse.

La bataille pour un mouvement de classe des travailleurs américains[modifier le wikicode]

En raison de la position forte du capitalisme américain, qui lui a permis de corrompre une grande partie des travailleurs et de fournir un niveau de vie général plus élevé que celui des autres pays capitalistes, les travailleurs américains, d'un point de vue de classe, sont dans un stade primitif de développement. Les travailleurs américains n’ont pas de conscience de classe, ils n'ont pas encore développé même les concepts de réformisme socialiste ou d'action politique indépendante, et, dans l'ensemble, sont imprégnés de part en part par l'idéologie du capitalisme. Ces faits incontestables sont le point de départ de l'approche communiste, et indiquent notre tâche fondamentale : lutter pour la création d'un mouvement de classe des travailleurs américains, pour le développement de la conscience de classe, et les conduire vers des concepts révolutionnaires dans la lutte.

La lutte pour un mouvement de classe des travailleurs américains est en premier lieu une lutte contre l'idéologie capitaliste qui les domine. Les bureaucrates ouvriers de l'AFL et les syndicats non affiliés du même type sont les porteurs directs de cette idéologie dans la classe ouvrière, et doivent être combattus comme tels. La bureaucratie ouvrière fait partie de la rationalisation capitaliste et de sa machine de guerre - son aile « ouvrière ». La définition classique de De Leon des dirigeants ouvriers réactionnaires comme « lieutenants ouvriers de la classe capitaliste » est doublement valable aujourd'hui. Les traits distinctifs de ces dirigeants syndicaux par rapport aux dirigeants sociaux-réformistes de l'Europe consistent dans le fait qu'ils sont des défenseurs francs de tout le régime capitaliste et de toutes ses institutions, sans prétention « socialiste » ni phraséologie de lutte de classe. Leur programme est un programme de réaction brutale. Ils répudient la lutte des classes en paroles aussi bien qu'en actes. Ils s'opposent à tout type d'action politique indépendante. Ils soutiennent l'ensemble du programme militaire de l'impérialisme américain et seront indubitablement un puissant allié des capitalistes pour aligner les travailleurs dans la guerre à venir et démoraliser la lutte contre elle. Ils refusent même leur affiliation avec l’Internationale réformiste d’Amsterdam. Ils s'opposent à la proposition la plus légère de législation et de réforme sociales, et se différencient fortement de tous ses partisans. La condamnation du Brookwood Labor College lors du dernier congrès illustre cette attitude.

Cette bureaucratie est le principal obstacle contre le mouvement de classe dans les rangs des travailleurs - le plus fort, le mieux organisé, et le représentant du programme le plus réactionnaire. La nature spécifique de la bureaucratie ouvrière américaine - sa source actuelle de force - la rend également plus vulnérable en période de radicalisation croissante. Les tout premiers pas des travailleurs vers un mouvement de classe ne peuvent être franchis qu'en lutte directe contre elle. La lutte acharnée et inconciliable contre la direction de l'AFL, fondée sur une analyse correcte de son rôle spécifique en tant que porteuse franche de l'idéologie capitaliste, est une condition préalable à un travail efficace pour développer la lutte des travailleurs, accroître leur compréhension de classe et les conduire à la lutte pour des objectifs politiques plus larges.

Les aveugles regroupant toutes les diverses formes et méthodes pour tromper les travailleurs et freiner le développement de leur conscience de classe, et les éléments qui les représentent (les régimes de protection sociaux capitalistes, le programme de l’AFL, le Follettisme, les ecclésiastiques libéraux, les libéraux et progressistes, les partis républicains et démocrates , les économistes bourgeois et experts en efficacité, etc.), dans une même catégorie, comme c'est la politique actuelle énoncée dans les thèses des deux factions, se trompent profondément. Il passe sous silence les particularités et le rôle spécifique de chacun, et rend par conséquent impossible une estimation de leur importance relative à l'heure actuelle, et la formulation des tactiques de lutte les plus efficaces contre eux.

Le Parti socialiste a progressivement dégénéré depuis l'expulsion de l'aile gauche communiste en 1919, et dans les grandes luttes ouvrières de ces dernières années, notamment dans le secteur des aiguilles, est devenu l'allié ouvert des patrons et de la bureaucratie de l'AFL. Il a lancé un appel aux votes lors de la dernière campagne électorale sur la base du libéralisme petit-bourgeois. Les luttes syndicales, ainsi que la campagne électorale, ont montré que son influence était en déclin. Compte tenu de sa tradition et de sa phraséologie, cependant, ses potentialités en tant qu'influence contre le mouvement de classe des travailleurs sont très grandes. Les communistes doivent combattre le Parti socialiste sur tous les fronts, de la manière la plus directe et la plus inconciliable. Une estimation correcte de sa position et de sa fonction est nécessaire pour cela. Le Parti socialiste n'est pas mort, et ses possibilités de nouvelle croissance dans une période de radicalisation croissante des travailleurs seront considérablement renforcées par de fausses tactiques communistes. Le Parti socialiste se bat du côté de l'impérialisme contre les travailleurs à sa manière, mais il est faux de le décrire comme une partie organique et indiscernable de la machine de l’AFL. Il est vrai qu'il formera toujours un front uni avec ces derniers contre tout mouvement sérieux des travailleurs, mais il existe entre eux une différence importante de fonction et de division du travail.

La fonction des bureaucrates de l'AFL est d'étouffer toutes les tendances progressistes de la classe ouvrière et de défendre les institutions capitalistes telles qu'elles sont. La fonction du Parti socialiste et des réformateurs sociaux associés est d'exploiter ces tendances progressistes sous une phraséologie plus ou moins « radicale » et de les détourner vers des canaux réformistes inoffensifs qui évitent une véritable collision, soit avec le capitalisme en tant que tel, soit avec les bureaucrates de l'AFL. La nouvelle « campagne » du nouveau dirigeant socialiste contre les politiques de la Fédération Civique de Woll, et le manifeste progressiste du groupe Labour Age sont des expressions très significatives du rôle spécifique de ces réformistes socialistes. L'influence de ces groupes est actuellement faible, mais la montée du mécontentement des travailleurs et de leur capacité de lutte leur donnera la possibilité de l'étendre à grande échelle. Les communistes doivent les démasquer, et faire comprendre leur tromperie aux travailleurs. Sinon, il y a un grand danger pour eux de gagner la direction des mouvements ouvriers et de les étrangler.

Le principal réservoir du militantisme ouvrier est la masse de travailleurs non qualifiés et semi-qualifiés dans les industries de base non organisées. La pleine horreur de la rationalisation capitaliste tombe directement sur eux, et les attaques des capitalistes dans la dépression actuelle et les crises à venir les frappent d'abord, et plus durement. Le parti doit regarder en face ces masses non organisées, se mettre à la tête de leurs luttes, et conduire le travail de leur organisation en de nouveaux syndicats industriels. Cette tâche historique doit être accomplie dans le feu de la lutte contre les capitalistes et leur pouvoir d'État, ainsi que contre leurs agents dans le mouvement ouvrier - la bureaucratie réactionnaire de l'AFL, du Parti socialiste et des groupes alliés d'éléments sociau-réformistes. Dans cette lutte prolongée sur tous les fronts s'étendant sur une période de plusieurs années, la rupture décisive des travailleurs avec l'idéologie du capitalisme pourra être effectuée, et le véritable mouvement de classe des travailleurs se construira.

La politique syndicale[modifier le wikicode]

Une politique correcte sur la question syndicale, et son application cohérente par une direction communiste saine, sont décisives pour l'expansion du parti en tant que dirigeant des masses en lutte. De plus, la tactique de l'aile gauche dirigée par le parti - une force dynamique d'une importance gigantesque - sera l'un des facteurs déterminants les plus vitaux pour l'évolution et les développements futurs du mouvement syndical.

Le resserrement de la base de l'AFL, à cause de la conduite et de la politique de plus en plus réactionnaires de sa direction soulève devant le parti et l'aile gauche le problème de l'organisation des travailleurs non organisés dans les industries de base, principalement les travailleurs non qualifiés et semi-qualifiés, qui se radicalisent et sont prêts pour la lutte. Il appartient au parti et à l'aile gauche de diriger le travail d'organisation de ces masses en nouveaux syndicats industriels. Le centre de gravité de notre action syndicale doit être ce domaine. Cela est indiqué par l'ensemble de la situation depuis un certain temps, et le long retard du parti à orienter son cours dans cette direction, en raison de la résistance de ses dirigeants, a déjà eu des conséquences extrêmement néfastes.

L'histoire du parti a également été l'histoire de luttes continues pour une ligne correcte sur la question syndicale. L'isolement vis-à-vis des masses dans leurs luttes a été le prix payé par le parti pour sa fausse politique syndicale au cours de ses premières années. Le programme syndical adopté en 1920, qui appelait au boycott de l'AFL et au soutien à l'IWW, n'a été corrigé qu'après une lutte obstinée et prolongée menée par le noyau principal de l'Opposition actuelle. Ce n'est qu'à la convention d'unité de juin 1921 qu'un programme réaliste orientant le parti vers les syndicats, et décrivant le plan de formation d'une large aile gauche a été finalement adopté. L'entrée dans le parti d'un certain nombre de syndicalistes expérimentés a été facilitée par cette décision qui, à son tour, a donné une grande impulsion à son exécution pratique. L'isolement a cédé la place à une pénétration rapide du parti dans la lutte syndicale, à une large expansion de la Trade Union Educational League comme mouvement authentique de l'aile gauche et à l'apparition du parti comme un facteur à prendre en compte dans le mouvement ouvrier.

Les riches résultats de cette politique adoptée lors de la convention de 1921 étaient en eux-mêmes une preuve irréfutable de son exactitude. Elle n'a cependant pas été exécutée sans partialité et distorsion. En réagissant contre la politique fondamentalement fausse de la convention de 1920, qui appelait à la « destruction » de l'AFL, le parti est allé vers un autre extrême, et a développé un fétichisme de l'AFL. Le « double syndicalisme » est devenu un objectif en soi, et pratiquement tous les syndicats et mouvements indépendants ont été étiquetés comme tels, le parti en faisant la cible quasi-unique de son action. Cette même terminologie illustre graphiquement les grandes concessions aux réactionnaires dans le mouvement ouvrier. Le « double syndicalisme » est leur épithète, usé par le temps, pour tous les groupes de militants se révoltant contre la direction du syndicat. Ce fétichisme a aveuglé le parti quant à ses tâches et devoirs chez les non organisés, et a trop sa marge de manœuvre chez les travailleurs organisés, plus ou moins qualifiés. C'était un facteur dans le retard du parti à orienter sa ligne vers les non-organisés, et à y déplacer son centre de gravité – une ligne rendu impératif par le changement rapide des circonstances.

Ce changement d'orientation vers la formation de nouveaux syndicats de personnes non-organisées a été accepté en théorie après une lutte longue et obstinée de l'Opposition pour cette ligne. Mais le travail n'a pas encore commencé sérieusement. La pratique de la direction du parti dans ce domaine est davantage marquée par des poussées sporadiques et des parades spectaculaires que par un travail planifié, systématique et délibéré. De plus, le tournant de l'accent mis sur les nouveaux syndicats des non-organisés, qui devraient être indissolublement liés, dans une politique globale, avec l'intensification du travail dans les anciens syndicats, est déjà interprété et appliquée, comme avec le double syndicalisme, de manière trop ciblé vers ce nouveau type de syndicat.

Le travail dans les anciens syndicats a été pratiquement abandonné. Ce fait est clairement révélé dans la disparition presque complète des représentants du parti des rassemblements syndicaux. Pire encore, les dirigeants des factions se font concurrence dans l'élaboration de « théories » qui excluent l'idée d'un travail sérieux dans les anciens syndicats à l'avenir.

Les factions se surpassent dans leurs efforts irresponsables pour être « à la gauche » dans cette question brûlante. Ces théories et pratiques sont une menace pour le parti, et menacent de l’isoler à nouveau. Il est temps de lancer un avertissement, et de commencer une lutte déterminée contre elles. La construction des nouveaux syndicats, et le travail dans les anciens syndicats doivent être menés ensemble, et non pas l'un contre l'autre.

Le rôle de la direction de l'AFL en tant qu'agente franche de l'impérialisme américain en paix, dans ses préparatifs de guerre et dans la guerre, n'efface nullement le fait qu’elle compte trois millions de membres dans ses syndicats affiliés. Les nouvelles « théories » tentent de d’établir que l'AFL n’existe plus en tant que fédération de syndicats, et d'exclure arbitrairement la possibilité de son expansion et de sa croissance futures au sens organisationnel. La lutte incessante contre les agents ouvriers de l'impérialisme en général, et l’exposé incessant de leur rôle de rempart contre la résistance de la classe ouvrière à la guerre est une nécessité évidente. La lutte contre eux pour l'organisation et la direction des travailleurs non organisés est le principal aspect de la lutte. Mais l'affaire ne s'arrête pas là.

Les travailleurs organisés dans les syndicats de l’AFL ont une énorme importance stratégique. Nous devons combattre les bureaucrates pour avoir une influence sur eux de l'intérieur, quelle que soit la dureté de la tâche, quelle que soit la gravité de la persécution et de la discrimination à notre encontre. L'abandon de cette lutte qui se déroule actuellement sous le couvert d'un « radicalisme » retentissant, ne fera qu'empêcher la cristallisation d'un mouvement de rébellion au sein des anciens syndicats, et libérera les mains des bureaucrates pour un sabotage plus efficace de l'organisation de nouveaux syndicats, car ces deux processus sont liés. Le résultat net sera de renforcer l'efficacité de la bureaucratie de l’AFL comme que partie intégrante de la machine de guerre capitaliste.

Le déclin en membres et en influence de l'AFL au cours des dernières années est un fait incontestable. Mais elle représente toujours une force puissante, à la fois au sens organisationnel et idéologique, du côté de la réaction. Et une nouvelle phase de son expansion dans une période de luttes de masse croissantes et de travail sérieux de la gauche dans la construction de nouveaux syndicats, en particulier en cas de guerre, n'est nullement exclue. Les affirmations contraires évoquées pour soutenir les nouvelles « théories » sont purement arbitraires.

Le fait évident que les grands employeurs dans des conditions « normales » préfèrent leurs propres syndicats d'entreprise, même aux syndicats les plus conservateurs, et luttent sans relâche pour détruire ces derniers n'est pas en soi un motif suffisant pour une telle affirmation. L'ensemble du processus de rationalisation, avec son exploitation insupportable et croissante, pousse les travailleurs à la révolte et à l'effort pour former des organisations de classe. La période à venir verra de telles luttes à grande échelle. Dans ces conditions, il est non seulement possible, mais même probable, que les employeurs, qui rejettent maintenant les syndicats conservateurs, les accepteraient comme une alternative aux nouveaux syndicats dirigés par des militants, et collaboreraient même avec les bureaucrates dans leur formation.

Une telle perspective possible « n'élimine en rien la base » de la construction de nouveaux syndicats industriels des travailleurs non organisés comme tâche principale du parti. Au contraire, cela rend d'autant plus impérative l'exécution énergique de cette tâche. Plus le parti progresse dans ce travail, en le combinant avec une activité accrue dans les anciens syndicats, plus les barrières contre les trahisons des révoltes à venir par la machine de l’AFL seront fortes.

La tentative de regrouper l'ensemble des membres des syndicats de l'AFL dans la catégorie de l’aristocratie ouvrière, à l'abri de l'agitation de la lutte des classes, qui est implicite et même partiellement énoncée dans les nouvelles « théories », est également fausse. Des courants profonds de mécontentement, pleins de potentialités pour les luttes futures, existent déjà dans les anciens syndicats, et ils vont s’accroitre dans la période à venir. Le manifeste récent du groupe pseudo-progressiste de Labour Age est principalement le reflet de ce mécontentement dans les rangs des syndicats, que les réformistes cherchent à détourner vers des canaux inoffensifs. L'apparition de ce nouveau mouvement, même sous une forme nébuleuse, avec des pseudo-progressiste à sa tête, est un signe de l'abdication des communistes et de l'aile gauche, qui ces dernières années avaient dirigé ces mouvements. Que la négligence continue de la lutte pour les anciens syndicats ouvre la voie à la stabilisation réformiste des mouvements potentiellement révolutionnaires en leur sein est un avertissement.

Le parti doit clarifier sans délai sa tactique sur la question syndicale. L'organisation des non organisés en nouveaux syndicats, tâche primordiale et fondamentale, doit aller de pair avec un travail intensifié dans les anciens syndicats, y compris ceux qui existent aux côtés des nouveaux syndicats, et une relance des tactiques de front uni abandonnées. Le parti doit pénétrer tous les mouvements d’opposition et de révolte contre la bureaucratie, former des fronts unis avec tous les travailleurs progressistes honnêtes, révélant le rôle particulièrement trompeur et dangereux des pseudo-gauchiste et des leaders pseudo-progressistes, et luttant contre eux pour la direction des mouvements d’opposition.

En 1925, ce qui est aujourd’hui l’Opposition a mené une lutte contre le rétrécissement du TUEL en un corps purement communiste, avec un programme communiste, et pour son élargissement en une organisation de front unique. Ce fut l'une des luttes les plus progressistes de l'histoire du parti. La renaissance de l'aile gauche au sein du syndicat des mineurs, et la prise ultérieure de la direction d’un grand mouvement de masse des mineurs par le parti sont le résultat du changement de cap induit par cette lutte. Cette ligne fondamentalement correcte doit être reformulée et maintenue au vu des écarts qui en ont été faites récemment.

Le TUEL, qui, grâce à de fausses politiques, a dégénéré en une simple ombre du parti existant sur le papier, avec peu ou pas d'organisation ou de vie propre, doit être relancé en tant qu'organisation de front uni authentique des militants et non-militant du parti dans les syndicats, le centre organisateur des nouveaux syndicats et l'aile gauche dans les anciens. La participation effective de travailleurs influents non partisans aux activités du TUEL et à ses comités directeurs est l'une des conditions préalables absolues à ce bon fonctionnement du TUEL sur une base authentique et largement organisée. Et, cela est vrai, l'accent devra être mis au centuple sur les nouveaux syndicats qui se forment. Le rôle de premier plan du parti dans les nouveaux syndicats et dans l'aile gauche des anciens syndicats est nécessaire pour leur évolution vers des formes de lutte plus élevées. Mais la construction du personnel dirigeant de ces mouvements sur la base étroite du parti avec des formes mécaniques de contrôle du parti - surtout le contrôle mécanique par les fractions, pratique qui se développe dangereusement sous le régime actuel du parti - est fatale à la croissance et au développement de ces mouvements.

Dans le travail de formation de nouveaux syndicats de travailleurs non-organisés, pas moins que dans son travail dans l'AFL, le parti doit relancer et appliquer la tactique du front unique. En maintenant toujours son indépendance et sa liberté de critique, le parti doit former des alliances avec des groupes et des organisations désireux de coopérer avec nous sur un programme minimum de lutte des classes, et gagner progressivement les militants non partisans au programme du communisme au cours d'une lutte commune. Une approche des travailleurs syndicalistes révolutionnaires dans l'esprit de Lénine est particulièrement nécessaire.

Le parti doit s'efforcer d'établir son influence décisive et sa direction dans ces luttes de front uni par son initiative, ses tactiques supérieures et son travail consciencieux et persévérant. Ces méthodes doivent remplacer la tendance croissante à l'exclusivité et au contrôle mécanique et monopolistique des partis, qui ne se traduisent que par un rétrécissement de la base des nouveaux mouvements et organisations, dans leur dégénérescence en cliques impuissantes, dans leur isolement et leur défaite. Dans les conditions et relations de forces actuelles, le parti ne peut pas faire valoir la demande d'un contrôle arbitraire et mécanique sans mettre en danger les mouvements en développement, et bloquer sa propre voie d’approche du réveil des masses non partisanes. La direction des communistes, seule capable de diriger les nouveaux mouvements sur la bonne voie, doit être gagnée dans la lutte.

Le principal danger pour le progrès du parti dans son travail syndical est la direction opportuniste du parti. Oscillant constamment entre la passivité conservatrice devant l'AFL et l’aventurisme plongeant dans la formation de nouveaux syndicats sans préparation adéquate à l'avance, considérant les travailleurs comme des objets de manœuvre plutôt que comme des frères d'armes de classe, barbotant avec les mouvements de masse de manière dilettante et imprégnant tous les travail syndical avec un factionnalisme corrompu et empoisonné, la direction de Lovestone - Pepper s'est déjà révélée dix fois être un terrible obstacle sur le chemin du parti et de l'aile gauche, et un poids dans la balance contre le prolétariat. Ses potentialités de préjudice sur les luttes imminentes, avec toutes leurs vastes difficultés et possibilités, sont énormes.

La direction de Lovestone - Pepper a rejeté la proposition de l'Opposition en mai 1927 d'entamer les préparatifs d’une mobilisation de l'aile gauche chez les United Mine Workers par le biais d'une conférence nationale, et a suivi une politique d’absence d’initiative mois après mois alors que la grève se faisait couper en petits morceaux par les opérateurs et la machine Lewis. Ce n'est qu'en avril 1928, après que la grève eut un an et avait déjà fait son temps, qu'une conférence nationale eut finalement lieu. La direction a alors fait barrage à la tendance à aller vers un nouveau syndicat des mineurs, et n’a rien fait pour commencer le travail d’organisation dans les domaines non organisés. (Passivité conservatrice, peur des bureaucrates ouvriers, manque de confiance dans les masses.) Puis elle lança un appel à la grève dans les domaines non organisés en avril 1928, sans la moindre organisation préalable. (Aventurisme et irresponsabilité.) Cela a saboté et retardé la bonne organisation des aides sociales pendant des mois pour des raisons de fraction interne au parti. Elle a exclu et discriminé les dirigeants les plus qualifiés et les plus estimés du mouvement des mineurs dans la formation des principaux organes du nouveau syndicat. Elle a écarté les vrais organisateurs des travailleurs, et inondé les mines de charbon d'incompétents agents de sa fraction. Elle a réduit la fraction de parti lors de la convention du nouveau syndicat à une fiction et a décidé à l'avance de toutes les questions par le biais d'un petit comité directeur de la CEC sélectionné par fractions, et composé d'une majorité sans expérience ni autorité dans le travail syndical. (Factionnalisme criminel, mépris insensé des intérêts fondamentaux du mouvement.) La direction de Lovestone - Pepper a perdu tout intérêt et s'est pratiquement retirée du nouveau syndicat au moment le plus critique, immédiatement après la convention. Elle n'a faite aucune tentative sérieuse pour fournir l'aide financière nécessaire au travail d'organisation nécessaire. Même les fonds qui appartenaient de bon droit à ces travaux ont été détournés. La machine de Lewis a ainsi eu l'occasion de se consolider à nouveau, faute d'une réelle concurrence de la part des organisateurs du nouveau syndicat. (Dilettantisme et irresponsabilité.)

Les mêmes méthodes ont marqué le cours de la direction du parti dans d'autres domaines syndicaux. La formation du nouveau syndicat des métiers de l'aiguille a été indûment retardée, ce qui a conduit à manquer des opportunités et à un renforcement de l’aile droite. Ici, un bloc d'opportunistes grossiers est maintenu à la direction tandis que l'aile gauche des communistes authentiques est écartée. Dans l'industrie textile, une politique de passivité devant les anciens syndicats a été suivie de la formation soudaine d'une union textile nationale prématurément, sans préparation suffisante et sans base adéquate dans les organisations locales.

Ces mauvaises méthodes, répétées systématiquement, s'accumulent en un poids écrasant pour le parti et l'aile gauche syndicale, et conduisent à l'échec et à l'effondrement, au moment où les possibilités sont les plus grandes et les exigences les plus lourdes. Elles menacent directement de discréditer l'idée de nouveaux syndicats, de démoraliser les travailleurs et de détruire le prestige du parti pour les années à venir. La lutte des bolcheviks pour organiser les travailleurs ne peut être dissociée de la lutte pour réorganiser la direction du parti sur une base communiste prolétarienne.

La perspective d’un Labor Party[modifier le wikicode]

La perspective des luttes de masse à venir implique la question de développer ces luttes dans une direction politique, et de les unifier sous une forme centralisée. Le mouvement pour un parti ouvrier est aujourd'hui faible et en reflux, en raison principalement de la passivité des travailleurs et du déclin des mouvements de lutte au cours de la période écoulée. La période à venir de développement des luttes économiques se reflétera très probablement dans les tendances à la renaissance du mouvement pour un Labor Party.

Il n'est pas raisonnable de s'attendre à ce que les masses des travailleurs américains, qui sont toujours liés idéologiquement et politiquement aux partis bourgeois, rejoignent politiquement le Parti communiste en un instant dans une période qui n'est pas immédiatement révolutionnaire. Toutes les expériences passées, et en particulier les expériences récentes dans les industries des mines, du textile et de l'aiguille, où les travailleurs qui ont soutenu la direction communiste dans les grèves n'ont pas voté pour le ticket communiste, ne supportent pas de telles attentes. La perspective d'un parti ouvrier en tant que première étape du développement politique des travailleurs américains, adoptée par le parti en 1922 après une vive lutte au sein du parti et lors du quatrième congrès de l'Internationale communiste, reste valable aujourd'hui, bien que les formes et les méthodes de sa réalisation seront quelque peu différentes de celles indiquées à l'époque.

Il est donc nécessaire de garder cette perspective d'un Labor Party sous les yeux du parti et de la classe ouvrière. Nous ne sommes pas ici pour la formation immédiate d'un tel parti, et certainement pas pour l'aventurisme et l'opportunisme qui ont caractérisé ce travail dans le passé, en particulier dans l'organisation de faux partis ouvriers qui n'avaient pas de véritable base de masse. Le Labor Party devra avoir une base de masse, sortir des luttes, et se former dans le processus de lutte. À cette fin, ce slogan de propagande doit être vraiment relancé, et dès qu'il aura trouvé ses racines dans les masses et leurs expériences dans la lutte, il doit devenir un slogan d’agitation ayant pour objectif l’action.

Le Labor Party ne doit pas être « l'ombre élargie » du Parti communiste. Il doit avoir une base de masse, sinon ce sera une caricature. Il doit permettre la liberté d'action, l'indépendance et la critique des éléments révolutionnaires qui s'y trouvent. Il ne doit pas avoir une importance exagérée de « dirigeant » de la classe ouvrière vers sa libération, etc., car aucune illusion sur son rôle ne peut être admise, sauf aux dépens des intérêts révolutionnaires de la classe ouvrière. Il ne doit pas être basé sur l'adhésion individuelle.

L'organisation de deux classes en un seul parti - un parti paysan-ouvrier - doit être rejetée par principe, en faveur de l'organisation séparée des travailleurs, et de la formation d'une alliance politique avec les agriculteurs pauvres sous la direction des premiers. Les erreurs opportunistes des camarades de parti du Farmer-Labour Party du Minnesota et d'autres États en découlaient inévitablement, et étaient des effets secondaires de la politique fondamentalement fausse d'un parti à deux classes, poursuivie par la direction du parti, dans laquelle les agriculteurs et les travailleurs sont ostensiblement « sur un pied d'égalité », mais où en réalité l'idéologie petite-bourgeoise des premiers domine réellement.

La lutte pour un parti ouvrier, dans le cadre de la lutte pour le développement d'un mouvement de classe des travailleurs américains, nécessite une lutte intransigeante contre la direction de l'AFL et du Parti socialiste, qui représentent des obstacles à ce développement. La base principale du futur Labour Party sera les nouveaux syndicats industriels formés dans les luttes à venir contre les patrons, le gouvernement et les syndicalistes vendus et réformistes. L'aile gauche, organisée dans les anciens syndicats, jouera également un rôle très important. L'effet radicalisant de ces luttes et les circonstances qui les engendrent créeront les conditions de la formation du Labor Party, de la participation effective des communistes, et de leur lutte indépendante pour la direction des masses.

Le travail parmi les noirs[modifier le wikicode]

Le parti dans son ensemble a toujours largement sous-estimé l'importance considérable du travail révolutionnaire parmi les masses noires. Les Noirs américains sont destinés à jouer un grand rôle dans la révolution à venir. Le prolétariat noir du Nord et la grande masse des paysans noirs du Sud forment un formidable réservoir de force révolutionnaire qui est resté jusqu'ici inexploité. Ce qu'il faut, c'est une reconnaissance de l'importance de ce travail, une politique correcte et une attention sérieuse.

La tâche principale du parti dans ce domaine est de mobiliser les travailleurs blancs pour lutter pour les droits des masses noires à la pleine égalité sociale, économique et politique, et pour l’union avec eux dans leurs luttes. Ce ne doit pas être une attitude de paternalisme libéral, mais une attitude de soutien à des camarade dans une bataille commune qui donnera une impulsion au mouvement de lutte et de résistance parmi les Noirs, et ouvrira la voie à l'expansion de l'influence du parti parmi eux. L'organisation des masses noires pour la lutte va de pair avec la mobilisation des travailleurs blancs pour la défense des Noirs contre les persécutions et les discriminations.

Une condition préalable à cela est la lutte persistante contre les préjugés raciaux (le chauvinisme blanc), qui est cultivée avec intelligence par la classe dirigeante, et domine de larges sections des travailleurs blancs. Cela se reflète même dans certaines sections du parti. Cela ne peut être enraciné que par une vaste campagne idéologique expliquant l'origine réactionnaire et anti-ouvrière, la nature et le résultat des « théories » bourgeoises de la « suprématie blanche », et en utilisant chaque exemple concret dans ce sens. Une telle campagne n'a même pas encore commencé dans la presse de notre parti. La tentative de traiter la question par des méthodes purement mécanistes est fausse.

La question des Noirs est également une question nationale, et le parti doit soulever le slogan du droit à l'autodétermination des Noirs. L'efficacité de ce slogan est renforcée par le fait qu'il existe des dizaines de comtés contigus dans le Sud où la population noire est majoritaire, et c'est là qu'ils subissent les persécutions et les discriminations les plus violentes. Ce slogan sera surtout le moyen de pénétrer ces masses noires au Sud, et de les mobiliser pour la lutte révolutionnaire. Le parti doit en même temps rejeter avec fermeté le faux slogan d'une « République soviétique noire dans le Sud », soulevé par Pepper. Cette théorie est toujours répandue dans la presse du parti et dans la littérature officielle du parti, malgré son rejet même au sixième congrès de la Comintern.

Le travail parmi les masses noires doit dès le départ être basé sur la direction du prolétariat noire et non de la petite bourgeoisie noire. L’orientation du parti dans le passé était davantage basée sur cette dernière que sur le premier. Ce n'est que par la domination du prolétariat noir dans le mouvement que le parti pourra faire avancer le travail d'organisation des paysans noirs, des fermiers, des métayers, etc., du Sud dans un sens efficace et révolutionnaire.

La stalinisation du parti américain[modifier le wikicode]

Les écarts du Parti communiste de l'Union soviétique de la ligne de Lénine se sont reflétés dans l'Internationale communiste et dans toutes ses sections. La stalinisation de la Comintern, qui est le mauvais fruit de la lutte démagogique et sans scrupules des révisionnistes Staline-Boukharine contre l'opposition bolchevique dirigée par Trotski, se présente sous la forme d’une politique opportuniste et d’un régime interne bureaucratique dans la Comintern et dans les partis. La stalinisation a provoqué une bureaucratisation énorme, et absolument sans précédent, dans l'appareil.

Les faiblesses de l'Internationale communiste et de ses sections nationales, et les luttes entre factions qui les sapent, découlent directement de la lutte entre factions au sein du Parti communiste russe. La stalinisation entraîne le schisme et la désintégration dans tous les partis. C'est la principale source des maux de notre parti. La reconnaissance de ce fait est la seule clé pour comprendre les problèmes de notre parti et organiser une lutte communiste pour les résoudre. La lutte pour la régénération de notre parti, pour la correction de sa politique et la formation d'une direction communiste prolétarienne, est une lutte internationale. Toute tentative de mener ce combat sur des bases purement nationales, dans le cadre de la « légalité » stalinienne, est sans principes et futile.

La responsabilité directe de la fraction stalinienne pour le régime Lovestone-Pepper dans notre parti, et toutes ses conséquences corrompues, est clairement démontrée par les faits de l'histoire du parti ces dernières années.

Cette direction a été établie dans le parti en 1925 par un câble du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste plus les machinations jésuitiques de Gusev, le représentant du CEIC, après avoir été rejetée à deux reprises de manière décisive par les membres du parti. Toujours en 1927, un câble du CEIC interdit à la majorité du Comité central (le bloc des groupes Cannon – Weinstone – Foster) d'exercer leur droit de réorganiser le Comité Politique et d'élire les officiels du parti - sauvegardant ainsi le contrôle de Lovestone sur la direction. La décision complémentaire câblée au parti plus tard en 1927 a appelé le parti à soutenir le groupe Lovestone après que le CEIC ait été contraint de rejeter sa ligne principale.

Une aide supplémentaire à la mobilisation du parti pour la faction Lovestone a été fournie un peu plus tard par des câbles protestant hypocritement contre le « factionnalisme » de l'opposition, tout en ignorant et en tolérant les pratiques factuelles les plus criminelles et les plus corrompues du groupe Lovestone. Ewert, actuel chef du groupe des « conciliateurs » du parti allemand, en sa qualité de représentant de l’IC auprès de notre parti en 1927, a aidé la faction Lovestone à « gerrymander » et à trafiquer le congrès du parti à la manière de Tammany (société du parti démocrate qui garda sous son contrôle pendant plus d’un siècle New York en faisant du clientélisme). La décision du secrétariat du CEIC après le sixième congrès mondial en 1928 a ignoré toutes les grandes questions politiques, et a simplement décrété que l’affirmation selon laquelle la direction de Lovestone suivait une ligne de droite (ce qui a été prouvé jusqu'à la moelle dans le document de l'opposition Le danger de droite dans le Parti américain) était infondé, et a donc de nouveau indiqué son soutien politique à cette faction.

Par tous ces moyens - par des pressions politiques, par une ingérence organisationnelle directe, en abusant de la confiance des membres du parti dans l'Internationale communiste, par des ruses et des machinations - la direction centriste du PCUS et du Komintern a renforcé et soutenu son homologue américain, et enraciné son contrôle dans notre parti.

Cette stalinisation du parti a réduit le nombre des membres cotisants de 16 325 en 1925 (rapport du congrès de janvier à juin) à 7 277 en 1928 (rapports financiers de janvier à août), sur une période de trois ans qui offrait de nombreuses possibilités de croissance au parti. Il a provoqué une perte particulièrement importante d'éléments amérindiens et syndicaux, réduisant la proportion de ces éléments dans le parti, toujours beaucoup trop petite, à l'insignifiance. La démocratie de parti n'existe pas. Il y a aujourd'hui beaucoup moins de liberté d'expression dans le parti, travaillant dans des conditions légales et pendant une période de discussion préalable au congrès, qu'il n'y en avait au quotidien dans le parti clandestin et illégal. La bureaucratisation est devenue un cancer qui ronge la vie du parti. La composition de classe du parti s'est détériorée, et les principales sections de la direction du parti, ses couches supérieures dirigeante, sont principalement petite-bourgeoise. Le factionnalisme permanent fait rage dans le parti année après année, et absorbe ses principales énergies. Tout le cours d’ingérence et de désintégration est maintenant couronné par l'expulsion massive de l'opposition - des communistes prolétariens, des fondateurs du parti et ses militants les plus fidèles, les plus fiables et les plus éprouvés.

Auto-critique[modifier le wikicode]

Les « autocritiques » de la faction dirigeante consistent à admettre tardivement les erreurs les moins importantes qu'elle a commises, sans indiquer aucun lien entre elles, ni la base politique sur laquelle elles se sont produites. Les erreurs importantes et plus dangereuses qu'elles ont commises ne sont « admises » que sous la pression la plus sévère, et même alors, dans la plupart des cas, elles sont faussement attribuées aux opposants desdites erreurs. La nature des erreurs, leurs causes et leur responsabilité ne sont jamais établies. Le résultat est que les erreurs sont répétées sous la même forme, ou bien, à l’extrême opposé, à cause d’oscillations irresponsables, des erreurs exactement inverses sont commises.

Une véritable autocritique léniniste est une condition préalable essentielle à l'établissement de la clarté, à l'élévation du niveau idéologique du parti et à l'élimination de la méfiance et du cynisme causés par son absence. Au lieu de l'autocritique, la direction du parti a institué un régime de diplomatie, de dissimulation, de distorsion et de louange. Ses propres « réalisations » sont mises en scène et exagérées d’une manière révoltante, à la manière d’un commerçant sur un marché. Un blanc-seing d'immunité contre toute erreur ou crime est un privilège automatique pour n'importe lequel de ses partisans.

Dans cette atmosphère empoisonnée, la disparité entre les paroles et les actes augmente chaque jour davantage. Les résolutions, les thèses et les motions sont faites principalement pour les archives, et ne doivent pas être exécutées. Elles restent sur le papier, dans les archives du parti, destinées à n’être ressorties que pour justifier telle ou telle action, après coup. Elles ne sont réalisées que dans la mesure où elles sont en harmonie avec les intérêts temporaires et opportunistes des dirigeants. L'impossibilité absolue de rendre les actes conforme aux déclarations dans la situation actuelle réside dans le fait que toute correction de la ligne du parti, ou toute amélioration de sa condition ne peut être faite que dans la lutte la plus acharnée contre la direction actuelle du parti. Étant donné que la direction actuelle s'intéresse exclusivement à sa préservation à tout prix, les mots restent des gesticulations creuses et farfelues.

La démocratie dans le parti[modifier le wikicode]

L’absence de véritable autocritique au sein du parti va de pair avec la bureaucratisation croissante des dirigeants et du personnel de fonctionnement courant du parti, sa déprolétarisation et l’absence croissante de démocratie ouvrière dans les rangs.

L'expulsion massive de combattants prolétariens va de pair avec le recrutement constant de toutes sortes d'éléments carriériste petits-bourgeois douteux et d’intellectuels à moitié formé. La composition de classe du parti, en particulier dans le district de New York, où se concentrent près de la moitié des membres du parti, a été sérieusement affectée par ce processus ces dernières années et a eu une expression directe dans les politiques opportunistes du parti, et le renforcement des éléments opportunistes en général.

Dans les cercles supérieurs du parti, dans l'appareil du parti, cette proportion accrue de non-prolétaires s’est considérablement élargie. Sous le régime de Lovestone, ces éléments apparaissent de plus en plus de tous les côtés comme représentants du partis, fonctionnaires, gestionnaires, directeurs, formateurs, superviseurs. Arrivant à ces postes sans les aptitudes préalables suffisantes, ils apportent avec eux les attributs détestables des carriéristes : insolence, arrogance et fierté de leur charge, contrariant et s’aliénant les éléments ouvriers, et les repoussant.

Cette évolution s'accompagne d'une croissance alarmante de la tendance à remplacer dans diverses positions des camarades qui ont construit et travaillé dans le parti depuis sa formation par ceux qui n'ont rejoint que récemment le mouvement, venant du Parti socialiste, du mouvement sioniste, des libéraux, etc., etc.

Le parti doit examiner ces questions, en lien direct avec la lutte contre le dangerde droite et les dirigeants opportunistes qui en sont porteurs. Il est nécessaire de procéder immédiatement à un recensement complet des membres du parti, dans le but de déterminer précisément sa composition de classe. Une réorganisation de l'appareil du parti de haut en bas, jusqu'au Comité exécutif central, plaçant l'écrasante majorité des postes entre les mains de constructeurs du parti, expérimentés et éprouvés, d'origine prolétarienne, doit être effectuée immédiatement. À cet égard, le parti doit rejeter catégoriquement la caricature grossière de la prolétarisation menée par le groupe Lovestone-Pepper. Elle consiste en l'addition formelle à certains comités du parti de camarades inconnus qui ne sont jamais destinés à faire fonctionner dans les comités, mais à servir de vitrine prolétarienne, derrière laquelle les opportunistes et les carriéristes petits-bourgeois peuvent agir en toute sécurité. Pour la prochaine période, jusqu'à ce qu'une stabilisation prolétarienne soit atteinte dans le parti et son appareil, l'adhésion au parti doit être entièrement fermée aux éléments non prolétariens. Même alors, leur admission dans le parti doit être strictement surveillée.

Une analyse du nombre de camarades employés dans l'appareil (dans les bureaux nationaux et de district du parti, dans la presse du parti et leur administration, dans le grand nombre d'organisations auxiliaires, dans les nombreuses institutions coopératives, etc., etc.) révèle le fait frappant que le parti dispose d'un personnel de fonctionnaires et de techniciens rémunérés représentant plus de 10 pour cent des membres du parti, qui ne sont pas employés dans l'industrie ou dans l'agriculture. Cette croûte bureaucratique étouffe le parti.

La lutte pour le parti est une lutte contre la politique opportuniste systématique des dirigeants et du régime bureaucratique avec lequel ils se fortifient contre le contrôle et la rectification de la base. Ce régime interne est lié à la ligne opportuniste externe, et en est l'expression. Une lutte sérieuse pour une correction de la politique extérieure opportuniste qui affaiblit le parti, et par conséquent la classe, devant ses ennemis est impossible sans la lutte la plus déterminée, obstinée et implacable pour la démocratie dans le parti. La démocratie de parti est le moyen par lequel la politique du parti peut être corrigée, et sa direction réorganisée sur une base communiste prolétarienne.

La question de la démocratie du parti et de l'éducation des membres du parti à sa signification, et cette signification est d'autant plus nécessaires que la confusion règne sur toute la question du gouvernement du parti, des formes d'organisation de la classe ouvrière, de la centralisation et de la discipline. Cette confusion est entretenue par les distorsions monstrueuses des enseignements de Lénine diffusées par la direction du parti, et en est la conséquence directe.

Les dirigeants actuels et les « formateurs » du parti déforment et appliquent de façon erronées ces conceptions. Ils négligent totalement de reprendre ce problème brûlant dans leurs thèses de faction respectives. Ils substituent l'idée d’une discipline formelle et mécanique à la doctrine léniniste du centralisme démocratique. Notre parti, qui devrait être le champion de la démocratie ouvrière dans l’ensemble du mouvement ouvrier, rend le mot même tabou. Toute démocratie est indistinctement qualifiée de démocratie bourgeoise. La démocratie de parti, bien sûr, n'exclut pas, mais suppose la centralisation et la discipline. Ce ne sont que les distorsions bureaucratiques et les conceptions mécaniques de la discipline qui donnent lieu à des préjugés syndicalistes à cet égard.

Le parti doit mettre un terme à cette situation en luttant contre la direction qui la nourrit et l'exprime. La première étape consiste à briser la politique d'expulsion perturbatrice, et à réintégrer les communistes expulsés, avec le droit d'exprimer leurs vues au sein du parti par des moyens normaux. La politique de bâillonnement administratif, de répression et de terrorisme doit être renversée. L'ouvrier communiste doit pouvoir se sentir chez lui dans son propre parti. Il doit avoir le droit et la liberté d'ouvrir la bouche et de dire ce qu'il pense sans être appelé dans le bureau d'un petit fonctionnaire ou autre, comme un ouvrier récalcitrant dans une usine, et menacé de sanction disciplinaire. Tous les discours sur la démocratie de parti, allant de pair avec une répression de toutes parts et à l'expulsion massive de camarades pour leurs opinions sont une escroquerie.

L’Américanisation au sens bolcheviste[modifier le wikicode]

En raison principalement des conditions historiques, le mouvement communiste américain était dès le départ principalement un mouvement de travailleurs nés à l'étranger, dont les traditions révolutionnaires et socialistes avaient une origine européenne. Leur passage au communisme était fondamentalement une réaction aux événements en Europe, surtout à la révolution prolétarienne russe, et cette réaction n'était pas étroitement liée à la lutte de classe aux États-Unis. Dans ses années de formation, le parti s'est tenu à l'écart dans une très large mesure des grandes luttes de masse de l'époque - la grève de l'acier, la grève générale des mineurs, etc. - et n'a pas renforcé ses forces. L'aile gauche du Parti socialiste et le Parti communiste en laquelle elle a évolué était dominée par des fédérations de langues étrangères. Les dirigeants « américains », pour la plupart, étaient « l'expression anglaise » de ce mouvement.

Cette situation anormale a conféré au premier mouvement un caractère irréaliste et extrêmement sectaire, et a provoqué de profondes contradictions et luttes internes. La longue lutte contre la domination de la forme fédérale d'organisation et les fédérations de langue, bien que formellement une question d'organisation, était fondamentalement une lutte politique pour l'américanisation du mouvement. Elle était étroitement liée à la lutte contre le sectarisme : pour une politique syndicale réaliste, pour des activités « légales » et un parti légal, pour le labor party, et pour la prédominance des travailleurs américains dans la direction.

Ce caractère du parti et de sa direction au cours des années de formation a joué contre sa participation effective à la lutte de classe et a considérablement affaibli son pouvoir de recrutement parmi les travailleurs révolutionnaires américains. Le mouvement IWW de cette époque, qui était un grand réservoir pour le communisme et une grande partie de la base naturelle d'un mouvement communiste américain n'a pas été attiré dans le parti, et la stratégie anticommuniste des dirigeants anarcho-syndicalistes réactionnaires a été grandement facilitée. Le parti a également échoué, pour ces raisons, à recruter des milliers de travailleurs américains à l'esprit révolutionnaire au sein du Parti socialiste et dans l'aile gauche des syndicats.

Les violentes luttes internes ont été provoquées par les contradictions entre la composition, la tactique et la direction du parti, les conditions de son existence et de son fonctionnement efficace dans la lutte de classe. La lutte d'une minorité pour surmonter ces contradictions, dans laquelle l'opposition actuelle était au premier plan depuis le tout début, a reçu un puissant soutien de l'Internationale communiste, en particulier en 1921 et 1922. Le nouveau cours du parti – sa sortie de la clandestinité, son adoption d'une politique syndicale réaliste et sa participation au mouvement ouvrier - étaient le résultat de cette lutte. Le recrutement de travailleurs né aux Etats-Unis et de syndicalistes actifs a commencé et s'est développé progressivement, en particulier sous la direction établie lors de la convention de 1923.

La fin de cette direction et la modification du cours du parti en 1925 stoppèrent cette évolution ; et les trois dernières années ont vu une régression. La proportion de travailleurs natifs dans le parti, et leur direction, décisive aujourd'hui, est insignifiante, et le pouvoir de recrutement du parti parmi ces éléments a fortement diminué. Même dans de grandes luttes de masse comme celle des mineurs, le parti n'est pas en mesure de gagner, et encore moins de garder, un nombre considérable de nouveaux membres de ce type. Il reste avant tout un parti de travailleurs nés à l'étranger, avec une appartenance décisive à la classe ouvrière se restreignant de plus en plus aux métiers de l'aiguille. Cet état de fait, lié au problème de la politique et de la direction du parti, est fatal à la croissance du parti en tant que facteur de la lutte des classes en Amérique.

Il est nécessaire d'énoncer ces faits ouvertement et sans crainte, et d'insister sur un changement de cap le plus résolue possible. La nouvelle voie vers l'américanisation du parti au sens communiste doit être adoptée. Tous les membres du parti doivent faire des efforts conscients, délibérés et systématiques, dans toutes les activités de lutte de classe pour attirer des travailleurs natifs dans le parti et de leurs direction dans toutes ses sphères. La sélection des représentants du partis, les méthodes d'approche, etc. doivent être influencées de manière décisive par cet objectif. Il doit y avoir une simplification et une vulgarisation de la propagande et du travail d'agitation. Une attention beaucoup plus grande aux tâches simples et modestes d'un mouvement à son stade élémentaire de développement. Plus de responsabilité et de concentration sur les principales luttes et activités, et moins d’effets de sensation, moins de prétention, de bombardement, d'exagération, de fausses campagnes et de « haute politique ». Utilisons un langage compréhensible pour les travailleurs américains, et davantage lié à leurs traditions.

Le problème est d'unir l'inspiration de la révolution russe, qui est et a été la plus forte influence sur l'aile révolutionnaire du mouvement ouvrier américain, avec une approche réaliste des tâches spécifiques des communistes américains. Cela s'applique maintenant particulièrement aux défenseurs de l'Opposition russe, qui est le représentant de la victoire de l'Octobre russe. Cette unité sera le moyen de pénétrer les travailleurs américains avec l'esprit d'internationalisme, tout en renforçant et en développant l'influence communiste dans la lutte des classes en Amérique.

Les efforts déployés par le passé pour pervertir l'essence révolutionnaire de ce programme d'adaptation du parti à ses tâches spécifiques n'ont servi qu'à justifier la composition actuelle du parti et le laxisme de son amélioration, mais n'ont nullement invalidé l'exactitude de nos propositions, toujours aussi vitales, sinon plus.

Le Parti, les Groupes, et nos perspectives[modifier le wikicode]

Le parti est aujourd'hui en proie à une crise entre factions qui fait rage depuis 1923. Cette lutte entre factions, que le CEIC a fréquemment déclarée « sans fondement de principe », est le produit de la stalinisation du parti et de l'imposition au-dessus de celui-ci d'une direction artificielle et incompétente. Au fond, cette lutte, que de nombreuses résolutions « unanimes » n'ont pas pu arrêter, et qui a éclaté après chaque nouvelle proclamation « d'unité », a été un conflit entre les tendances prolétariennes et petites-bourgeoises.

En raison de l'incompréhension de la lutte au sein du Parti communiste de l'Union soviétique, qui est la principale source de la situation factionnelle dans notre parti, la tendance prolétarienne a commis de nombreuses erreurs, et n'a pas toujours été en mesure de formuler clairement les problèmes, car cela ne pouvait se faire qu'avec une orientation et une perspective internationale.

En revanche, la faction dirigeante du parti a été renforcée par ses liens internationaux avec le régime de Staline-Boukharine, et a reçu un soutien direct et continu de sa part. La faction Lovestone - Pepper est une réplique américaine de la faction internationale qui sape la Comintern et affaiblit la position de l'Union soviétique. Cette faction Lovestone - Pepper est une combinaison des anciens éléments ultra-gauchiste et d’éléments du « Goose Caucus » du parti clandestin (qui a combattu la formation du parti légal) et des chefs centristes du groupe « Workers Council » (qui ont combattu le Parti Communiste clandestin). Le groupe d'intellectuels Lovestone - Pepper à oscillé entre eux, a « réconcilié » leurs différences, et a transformé la direction en un repère d’éléments petits-bourgeois, intellectuels et carriéristes. Cette faction s’est rassemblée dans le but d'assurer et de maintenir le « pouvoir » dans le parti à tout prix et en toutes circonstances. Elle n'a ni racines ni traditions dans la classe ouvrière, et aucune ligne de conduite ferme ou définie. Son cours est opportuniste - un aventurisme changeant de jour en jour selon les exigences des factions et des clivages internes du parti, auxquels ses politiques extérieures sont toujours subordonnées. Dans la lutte contre l’Opposition Communiste, la direction du parti a déjà eu recours à des méthodes d’un caractère fasciste prononcé (gangstérisme, cambriolage).

Les dossiers personnels des dirigeants de cette faction sont si malodorants qu'ils les rendent absolument inéligibles aux postes de direction d'un parti communiste, qui doit gagner et maintenir la confiance des travailleurs, dans une certaine mesure par le biais de ses dirigeants. Pepper, le représentant de Moscou de la faction, était un social-partiote pendant la guerre, un correspondant de guerre de l'Empire austro-hongrois. Avant la République soviétique hongroise, il était ministre dans le gouvernement bourgeois qui arrêtait les communistes, les dénonçait comme des « contre-révolutionnaires de gauche », et prônait une terreur de masse contre eux. Lovestone, alors qu'il était membre du Comité exécutif central du parti en 1920, a témoigné pour l'État de New York dans le procès de Harry Winitsky, garantissant ainsi le rejet de deux actes d'accusation contre lui-même, pendant que le camarade Winitsky allait en prison. Wolfe s'est enfui du parti lors des raids de Palmer en 1919, et a disparu pendant deux ans. Après le raid de Bridgeman en 1922, il a de nouveau déserté le parti et est allé au Mexique contre les instructions du parti, revenant en 1925. Wicks a prononcé un discours de renégat devant un groupe d'hommes d'affaires à Gary, Indiana, à l'hiver 1920, au plus fort de la terreur contre les communistes, comme « rouge réformé » et « dévoileur » de ce qu’était le mouvement communiste et la grève de l'acier. Olgin a combattu la révolution russe et les communistes dans les colonnes du journal jaune Jewish Daily Forward. Minor a attaqué Lénine et la révolution bolchevique dans la presse capitaliste. Trachtenberg, Engdahl et Kruse ont combattu aux côtés de Berger et Hillquit contre les communistes pendant la scission de 1919 et pendant deux ans après celle-ci. Lors de la convention du Parti socialiste en 1921, Kruse a protesté, et qualifié de mensonge, l'accusation selon laquelle il voulait rejoindre l'Internationale communiste sans réserve. Kruse a expulsé des communistes du Parti socialiste et de la Ligue socialiste des jeunes - et expulse aujourd'hui certains de ces mêmes camarades du parti dans le district de Chicago.

Presque toute la rédaction de la Freiheit a été formée à l'école du Forward et de la presse sioniste réactionnaire, et y a mené le même genre de campagne autrefois contre le Parti communiste qu'elle mène maintenant contre l'Opposition. Un examen des dossiers de bon nombre des fonctionnaires inférieurs et de district du régime actuel révèlerait des faits similaires. Les chefs de la faction Lovestone - Pepper sont un type distinct d'aventuriers dans le mouvement. Ce sont ces gens qui nous expulsent et nous calomnient.

Le groupe Foster - Bittelman représente une section des forces organisées au début de la lutte en 1923, qui ont marqué la cristallisation de la tendance prolétarienne. Il se divise désormais en deux parties - l'aile Foster et l'aile Bittelman - et ce processus va s'approfondir en raison des contradictions dans ses positions. Sa tentative de lutter contre la faction dirigeante sur des questions purement « nationales », tout en soutenant le régime de l'Internationale que cette faction représente rend toute sa position intenable.

Le manque de principe, le manque de caractère, la lâcheté intellectuelle et politique de la part du groupe de « dirigeants » Foster - Bittelman, si clairement et si hideusement révélés dans toute la campagne de pré-convention, basée sur « l’anti-Trotski », sont les manifestations et le résultat de leur position contradictoire et impossible.

Le soutien que ces dirigeants ont reçu dans la lutte contre la pré-convention représente principalement l'effort de la tendance prolétarienne au sein du parti pour trouver une expression « légale » dans son opposition au régime Lovestone - Pepper. Ces éléments prolétariens, qui n'ont pas encore développé toutes les implications de la lutte, et ne comprennent pas encore son caractère international se sont mobilisés autour de la faction Foster - Bittelman. Les dirigeants de cette faction exploitent ces tendances prolétariennes à des fins de faction à deux francs, et la lutte pour des positions organisationnelles. Ils jouent ainsi le rôle de bouclier pour les aventuriers opportunistes qui contrôlent le parti. Leur rôle est de restreindre et de tromper la tendance prolétarienne ; embrouiller les problèmes et retenir la lutte dans les canaux prescrits par le régime international de Staline; empêcher la compréhension des grandes questions du monde qui sont liées au conflit entre les tendances prolétariennes et petites-bourgeoises de notre parti.

Cette faction d'opportunistes du parti intérieur, dépourvue de principe ferme, traverse un profond conflit interne entre l'impulsion de la lutte contre le régime du parti, qui vient d'en bas, et l'humeur capitularde dans les cercles supérieurs, et oscille constamment entre ces positions. Leurs « déclarations » et « appels » fréquents et contradictoires reflètent cet antagonisme, auquel la faction ne peut échapper, et qu'elle ne peut pas concilier. Leurs difficultés grandissent de jour en jour, et un effondrement de la faction, préfiguré par la scission entre Foster et Bittelman, n'est nullement improbable lors de la convention du parti.

Une tentative de poursuivre la lutte des factions après la convention ouvrira la porte à de nouveaux coups de la part de l'Internationale communiste et de la persécution organisationnelle. Les cercles dirigeants de la faction, fortement bureaucratisés, craignent mortellement cela, et ils se préparent à capituler et à retirer leur thèse selon laquelle la direction de Lovestone - Pepper constitue l'aile droite et le principal danger pour le parti. D'un autre côté, les partisans prolétariens de la faction qui exigent la poursuite de la lutte et se révolteront contre une capitulation, se rapprocheront de l'opposition, qui se bat selon une ligne de principes.

La « politique » des chefs de faction consiste à rechercher une formule appropriée pour réconcilier les factions. Mais toute la situation exclut et interdit une telle réconciliation. Dans tous les cas, de nouvelles scissions et la désintégration de la faction qui s'est basée sur un opportunisme temporaire sont inévitables.

L'Opposition est un noyau de communistes qui ont participé à la fondation du parti, et qui ont joué un rôle décisif et progressiste dans tout le travail et les luttes du parti depuis sa création. La plupart d'entre eux étaient actifs dans le mouvement révolutionnaire pendant des années avant l'organisation du parti. Ils constituent un groupe de camarades qui travaillent ensemble sur une ligne commune depuis plus longtemps que tout groupe ayant jamais existé dans le parti.

L'opposition actuelle était à l'avant-garde des luttes du parti contre le sectarisme du maintien en clandestinité du parti. Il a formulé et combattu aux premiers rangs pour une politique syndicale correcte, pour un parti légal et pour le Labor Party. Quatre des communistes expulsés - Cannon, Swabeck, Abern et Edwards - ont été délégués au quatrième congrès de l'Internationale communiste, et ont mené avec succès le combat sur ces questions après une longue lutte au sein du parti. Ils furent les premiers à s'engager dans la lutte contre le Federated Farmer-Labor Party, et la politique aventuriste qui y était associée en 1923. Ils furent les organisateurs de la révolte contre le régime de Pepper, et du mouvement qui cristallisa alors la tendance prolétarienne en un groupe. L’opposition actuelle a mené la lutte en 1925 contre la base étroite imposé à notre travail syndical, et a ainsi aidé le parti à briser à nouveau son isolement et à lancer le mouvement de masse des mineurs. L'opposition, telle qu'elle est actuellement constituée, a travaillé ensemble comme un bloc pour une ligne politique cohérente, qui a été dans l'ensemble correcte, et fonctionne aujourd'hui dans la même direction.

Le rôle décisif de l'opposition actuelle dans la lutte historique contre le sectarisme clandestin et le « gauchisme » syndical n'est nullement en contradiction avec notre position actuelle. Nous ne voyons pas plus de vertu dans le radicalisme de « gauche » aujourd’hui que nous ne l'avons vu alors, et nous n'offrons aucune panacée ultra-gauche au parti. Notre principal combat est désormais sur un autre front, car les circonstances ont placé le danger du centrisme et de l'opportunisme au premier plan (bien que le sectarisme, en particulier sur les questions des syndicats et du Labor Party, ne soit en aucun cas liquidé).

La lutte actuelle de notre parti et de l'Internationale tout entière est avant tout une lutte contre l'opportunisme et la corruption bureaucratique qui les sapent. La lutte contre ces périls mortels prime sur toutes les autres. La lutte à laquelle est confrontée l'avant-garde communiste dans tous les partis aujourd'hui est la lutte pour préserver le mouvement communiste. Telle est la mission historique de l'opposition à l'échelle internationale. La tâche de l'Opposition est de lutter de tout son pouvoir contre la dégénérescence opportuniste et bureaucratique du parti, sans tomber sur la voie latérale de l'isolement sectaire. Cela nécessite d'abord une fermeté de principe et une ligne tactique réaliste basée sur des principes fondamentaux.

Ceci, la ligne actuelle de l'opposition, est parfaitement clair pour les sociaux-démocrates ainsi que pour les éléments du parti les plus à droite. L'ensemble du groupe centriste du Workers Council, qui a rejoint le parti seulement en 1922, les dirigeants syndicaux opportunistes des métiers de l'aiguille, toute la bureaucratie de la section finlandaise - tous ces éléments ont unanimement et avec enthousiasme dénoncé l'Opposition. Les éléments de la section finlandaise de New York et du Massachusetts qui sont entrés en conflit avec le régime du parti sur les questions du mouvement finlandais ont également rejeté la plate-forme de l'Opposition. Tous ces faits sont connus.

La tentative de la direction du parti dans sa déclaration dans le Daily Worker du 15 février de rendre l'opposition responsable de prétendues combinaisons avec des éléments réactionnaires et antipartis contre le parti (« Les trotskystes américains, le groupe renégat de Cannon, ont maintenant ouvertement formé une alliance dans les coopératives finlandaises avec les fascistes, avec les partisans gardes blancs de Mannerheim, le massacreur du prolétariat finlandais, avec les truqueurs de l'Armée du Salut, et avec les sociaux-démocrates réunis autour du Raavaij contre le Workers (Communist) Party of America » ) est une calomnie délibérée digne seulement de l'école qui a inventé le fameux conte sur « l'officier de Wrangel » et l'Opposition russe.

Toutes les tendances à rompre avec le parti sur sa droite, à modérer la lutte contre le Parti Socialiste ou à former une combinaison aveugle d'éléments opportunistes et antipartis contre le parti n'ont rien de commun avec nos vues ou nos objectifs. Notre ligne est une ligne de principe. Nous nous battons comme détachement de l'Opposition léniniste internationale pour la régénération du mouvement communiste, dans la lutte contre l'opportunisme de l'extérieur comme de l'intérieur du parti. Bien qu’exclus du parti, nous poursuivons notre travail révolutionnaire dans la lutte des classes sur la base de notre plate-forme.

Le régime Staline-Boukharine transforme la lutte des factions en un jeu de confusion des membres du parti et de maniement de marionnettes depuis Moscou. L'opposition du parti américain, unie à la ligne de l'opposition russe, brise ce jeu honteux et corrompu. Il clarifie la lutte du parti, et donne à la tendance prolétarienne une ligne directrice ferme. Il élève la lutte à un niveau international, la fonde sur des principes, lui donne un contenu révolutionnaire, et commence l'éducation du parti en lutte pour les fondamentaux léninistes sur les grandes questions mondiales de l'époque.

Notre combat en tant que part de l'Opposition internationale pour la ligne léniniste à l'échelle mondiale est en même temps un combat pour préserver le mouvement communiste en Amérique et le transformer en une puissance ouvrière capable de remplir sa grande mission historique.

L'opposition actuelle lutte pour la révolution russe depuis 1917, et pour l'Internationale communiste depuis le premier jour où sa bannière a été hissée. Notre combat aujourd'hui est une continuation, sur la même ligne, et pour les mêmes principes de base.

Nous soulevons devant la convention du parti la question du rétablissement comme membres à part entière du parti des camarades de l'opposition expulsés, sur la base de la déclaration d'objectifs et de vues exposée ici. Nous proposons également à la convention de prendre position pour le rétablissement de l'unité de l'Internationale communiste, en appelant à la réintégration de l'opposition russe et internationale, et à la cessation immédiate des mesures qui sapent particulièrement le parti et la dictature prolétarienne et renforcent les ennemis de la classe ouvrière - les arrestations, l'exil et le bannissement de l'opposition russe.

L’organisation du parti[modifier le wikicode]

L'organisation du parti, dans les unités du parti et dans les fractions syndicales et linguistiques, se trouve aujourd'hui un état de chaos et de démoralisation. L'exécution de la réorganisation et le fonctionnement du parti de haut en bas depuis cette période ont semé la confusion, l'inaction et l'indifférence dans les rangs du parti.

La base de l'organisation du parti est aujourd'hui le noyau d’entreprise et le noyau de rue (branche internationale). C'est correct. L'organisation de noyaux de rue (branches internationales), où les noyaux d’entreprises ne peuvent être organisés avait pour objectif un développement politique accéléré et une activité générale de la part de tous les membres. Les anciennes branches linguistiques ont été officiellement liquidées afin que les membres de langue étrangère puissent être amené dans le domaine du travail général américain, de l'activité politique et de la vie de parti, et échapper à l'étroitesse des groupements nationaux.

Mais que trouvons-nous réellement ? Les noyaux de rue ou les branches internationales sont pour la plupart des organes non fonctionnels au sens politique. Sur le plan organisationnel, il y a l'anomalie selon laquelle trois, quatre ou cinq noyaux de rue, avec vingt membres ou plus chacun sur le compte rendu, se réuniront dans la même salle à la même heure, souvent en mélangeant ou en combinant leur travail (dans le district de New York). On peut supposer que le noyau de rue est organisé sur la base territoriale (les habitations) des membres. Généralement dans tout le parti, les noyaux de rue sont formellement organisés de cette manière. En fait, le noyau de rue (branche internationale) assouplit cette pratique et l'adhésion devient générale indépendamment de la résidence. Ce n'est cependant pas le principal défaut. Les défauts sont si remarquables, et connus de tout membre qui veut les voir, qu'il n'est nécessaire que de les mentionner sous une forme générale. Les fonctions exercées par les noyaux de rue sont des caricature de l'activité de la classe ouvrière et de la vie politique. Il est courant que les membres du parti lors de leurs réunions d'unité se retrouvent confrontés à une orgie de vente de billets, de collecte d'argent et d'activités techniques similaires, jusqu'à ce qu'ils sentent qu'ils sont de petits vendeurs et agents au lieu de communistes actifs qui se préoccupent des questions vitales de la classe ouvrière. Le bureaucratisme est endémique ; les fonctions d'activité politique, de discussion et de décision sont usurpées par les commissions et les fonctionnaires.

Il est nécessaire que l'organisation du parti soit révisée. Les noyaux d’entreprises doivent être formés dans des endroits où il y a suffisamment de membres qui travaillent pour permettre au noyau de fonctionner activement (édition d’un bulletin d’entreprise, organisation des non-organisés, etc.).

Les noyaux de rue (branches internationales) doivent être constitués sur une base territoriale authentique, et compter entre pas moins de vingt-cinq membres, et pas plus de cinquante membres. Le parti doit souligner le caractère politique du travail du noyau. A savoir, que les cellules doivent se préoccuper des problèmes politiques et du travail (discussion et action sur les problèmes d'atelier, questions syndicales, activité parlementaire, grèves, etc.). Tous les travaux techniques, tels que le paiement des cotisations, les autres recouvrements financiers, etc., doivent être placés à titre subsidiaire à l'ordre du jour, et effectués à des périodes spécifiques uniquement, de manière à ne pas interférer avec les tâches principales.

La vitalisation générale de la vie de parti pour chaque membre est essentielle. Chaque membre doit se sentir comme un acteur et un contributeur à la vie et aux besoins du parti. La pratique de penser et d'administrer d'en haut, sans réelle consultation et participation des membres, doit laisser la place à la possibilité pour chaque membre d'apporter ses idées. De simples ordres ne suffisent pas à produire une vie de parti saine et à participer à la lutte des classes. La pensée des membres est une condition préalable. Les membres doivent avoir la possibilité, par le biais de réunions d'adhérents plus fréquentes (à l'échelle d'une ville ou d'une section, en fonction de la taille des membres), de prendre en compte les principaux enjeux et campagnes du parti afin qu'ils puissent bien comprendre l'objectif du parti, et mieux être en mesure de réaliser ses objectifs. La pratique qui a fait des réunions de fonctionnaires (permanents) presque le principal et le seul moyen de discussion doit être liquidée. De telles pratiques sont un terrain fertile pour la bureaucratie, pour la séparation entre membres de la base et direction, de haut en bas. Des réunions d'adhérents plus fréquentes permettront au travailleur du terrain de donner son avis et de contrôler les permanents ; en même temps, les fonctionnaires peuvent ainsi obtenir une image plus claire des idées réelles des membres et des ressources et capacités du parti, et le travail du parti pourra ainsi être mieux exécuté. Toutes les organisations, et l'organisation du parti aussi, tendent à développer toujours une certaine inertie, et une tradition conservatrice. Ces tendances doivent être évitées par une constante redynamisation par la base.

Les fractions syndicales[modifier le wikicode]

Les fractions syndicales du parti, là où elles ne sont pas totalement liquidées, sont sans vie et ne fonctionnent généralement qu'en période d'élections syndicales. Dans une large mesure, cela est dû à la quasi-liquidation du travail dans les syndicats existants, et à la mauvaise orientation développée par le parti à cet égard. Des fractions syndicales fonctionnelles dans chaque commerce et industrie, dans chaque syndicat local, conseil de district, etc., sont absolument essentielles pour l'extension de l'influence du parti dans les syndicats. Les fractions syndicales sans vie, ou qui ne fonctionnent pas, favorisent le développement d'une attitude non critique envers les éléments du mouvement ouvrier soi-disant progressistes et de gauche, d'un opportunisme et d'une adaptabilité accommodante d'une part, et d'une attitude complètement « gauchiste » ou sectaire de l'autre. Cette dernière a tendance à confier l'activité dans les syndicats et parmi les non-organisés aux seuls communistes.

Les fractions syndicales doivent être organisées et réanimées dans les syndicats. Le TUEL doit devenir une véritable organisation, et ne pas rester seulement un appendice communiste. La centrale du parti doit mettre ce travail au premier plan, et élaborer aussi pour chaque industrie un programme concret autour duquel et par lequel les fractions pourraient être dynamisées, et devenir de véritables instruments du travail syndical.

Le travail agraire[modifier le wikicode]

La grave crise de l'agriculture, avec toutes ses conséquences aiguës pour les masses d'agriculteurs pauvres et de salariés agricoles, n'a pas été entièrement surmontée par le capitalisme américain. Elle reste l'une des principales sources de faiblesse dans l'armure de la bourgeoisie américaine, et un large champ d'agitation et d'organisation pour le mouvement communiste, dont on n'a pas profité, sauf dans une mesure insignifiante.

Le parti a en effet suivi une ligne systématiquement opportuniste dans ce domaine de travail, allant jusqu'à donner une approbation virtuelle à l'hypocrite McNary – Haugen Bill et à d'autres « remèdes » bourgeois. Il n’a en outre pas réussi à séparer les différentes couches de la population agricole, et n’a donc réussi à s’en approcher correctement. Les agriculteurs ont été considérés « comme une masse », uniquement comme des objets de manœuvre dans les conflits entre parti ouvriers et agraires. Il est nécessaire de changer la ligne du parti à cet égard.

Le premier pas que le parti doit faire est de prendre contact avec les salariés agricoles, les prolétaires de la ferme. C'est le principal devoir du parti de poursuivre ce travail, et surtout d'avoir une approche correcte des travailleurs syndicalistes (les IWW), qui ont été la seule force organisée à agir dans ce domaine jusqu'à présent.

Les rangs du parti ne doivent être ouverts qu'aux agriculteurs qui acceptent le point de vue prolétarien sur la propriété. Il doit concentrer ses principaux efforts parmi les fermiers, sur l'organisation des agriculteurs locataires et de ceux lourdement hypothéqués, qui ressentent la lourde oppression des banquiers, des chemins de fer, des propriétaires de moulins et des grands agriculteurs. Une garantie pour le bon fonctionnement du mouvement des agriculteurs pauvres, qu'ils resteront sur la bonne voie de la lutte au lieu de succomber à la pression des grands agriculteurs, est que les prolétaires et semi-prolétaires de la terre devront avoir la prépondérance dans la direction du mouvement.

Les fermiers noirs, les métayers, et ceux qui sont asservis dans le cadre d'un système de péonage dans le Sud, doivent recevoir l'attention particulière du parti. Il est possible de les organiser : cela a été démontré dans le passé, par l’apparition spontanée d’organisations d'agriculteurs pauvres noirs dans le Sud. Il est possible de les unir aux fermiers pauvres blancs : cela a également été démontré par des expériences passées, même dans le Sud réactionnaire, où, au Texas par exemple, de fortes organisations de fermiers pauvres et locataire, Noirs et Blancs existent et fonctionnent depuis un certain temps.

La Ligue des Jeunes Travailleurs[modifier le wikicode]

La situation dans la Ligue des jeunes travailleurs (communistes) mérite la plus grande attention de l'ensemble du mouvement. La direction et la ligne de la Ligue ne sont qu'une réplique miniature du régime du parti, factionnel et corrompu. Les maux de la direction de Lovestone - Pepper dans le parti sont apparus sous une forme encore plus grotesque dans la direction de la Ligue par Zam - Herberg (partisan de Lovestone). Le factionnalisme rampant, le cynisme petit-bourgeois et l’utilisation de sophisme poussée à l’extrême, l'occupation avec la « haute politique » corrompent la Ligue comme tant de maladies. La Ligue n'est devenue ni plus ni moins qu'une fraction agissant pour le régime de Lovestone. La Ligue n’est pas à l’avant-garde de la lutte contre l’opportunisme au sein du parti, au contraire, elle est toujours prête à l'approuver sans condition.

Dans toutes les luttes où de splendides opportunités de croissance se présentaient, la Ligue n'a pas réussi à en profiter. Face à l'exploitation croissante de la jeunesse ouvrière, et aux possibilités de développement de la lutte, la Ligue a perdu ses membres ou a stagné. Il y a une augmentation de la tendance à la passivité parmi les membres de la Ligue, et sa vie intérieure devient de plus en plus stérile et flétrie. La direction de la Ligue a été une impasse pour l'organisation.

Un symbole de la situation est le fait que les fondateurs du mouvement de jeunesse communiste dans ce pays, et sa direction à l'époque de son développement le plus rapide et le plus sain (Abern, Carlson, Edwards, Shachtman, etc.) ont maintenant été expulsés. A leur place a été placée une direction qui ne peut pas avoir la confiance de la masse des membres ou des jeunes travailleurs, et qui n'a apporté que désintégration, factionnalisme et dégénérescence dans la Ligue. Au lieu d’aider à surmonter cette direction et à la remplacer par un noyau prolétarien solide, qui lui seul, peut résoudre les difficultés auxquelles la ligue est confrontée de façon pressante, le Comité exécutif de l’Internationale Communiste de la Jeunesse a suivi un cours qui, dans les faits, a abouti à l'enracinement de la direction de Zam-Lovestone dans la Ligue. Il s’est passé la même chose dans les rapports entre la direction du Parti et ses Jeunesses.

La Ligue (et même les Pionniers !) sont actuellement mobilisés contre le soi-disant trotskysme, c'est-à-dire contre les principes fondamentaux du léninisme. Au lieu de permettre aux jeunes communistes de développer librement leurs penchants naturels contre l'opportunisme et le révisionnisme, ils sont amenés à soutenir aveuglément la liquidation des enseignements de base du bolchevisme. La tâche principale des membres de la Ligue est de lutter sans relâche pour la ligne des principes révolutionnaires, actuellement défendue par l'opposition léniniste. Une condition préalable supplémentaire est l'éradication de toutes les tendances corrompues et petites-bourgeoises de la Ligue, de la poursuite opportuniste de la voie du factionnalisme dans le régime du parti, du « aleckisme intelligent », du cynisme et des magouilles dans le mouvement ouvrier.