Motion sur la politique générale au 1er congrès

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Premier congrès national - Marseille – 25/30 décembre 1921

Le Congrès, saisi de questions intéressant la politique générale et touchant au problème de la direction du Parti, constate que les difficultés considérables surgies de la scission de Tours et de tous les événements politiques et économiques de cette année, ont été d'une manière générale surmontées d'une façon satisfaisante.

Il enregistre avec joie et fierté les encouragements qui lui viennent de l'Internationale. Il est résolu à redoubler d'efforts pour mériter plus complètement encore la confiance et les approbations de celle-ci.

Il condamne, avec l'Internationale, toutes les réticences de l'opportunisme de droite et les incohérences de l'opportunisme de gauche, d'ailleurs en fait inexistant en France.

Des critiques, dont certaines sont incontestablement justifiées, ont été formulées contre le Comité Directeur sortant. Personne, d'ailleurs, dans le Parti, ne nie le labeur soutenu et l'œuvre considérable du C. D.

Le Parti, tout en rendant hommage au travail accompli, peut, pour l'avenir, donner au C. D. certaines indications.

Le Groupe Parlementaire[modifier le wikicode]

L'action du groupe parlementaire, si l'on excepte les interventions particulièrement heureuses et hardies de quelques camarades, a été faible. Il importe que les élus communistes, bien qu'en petit nombre, jouent au Parlement bourgeois un rôle révolutionnaire plus net et attirant davantage l'attention des masses. Il importe surtout que le groupe, agis sant en corps, ne permette plus certaines interventions individuelles incompatibles avec les nrin-cipes communistes et qui ont été justement relevées. Le Congrès rappelle qu'en vertu des nouveaux statuts du Parti, le groupe parlementaire est placé sous le contrôle immédiat du C D.

Le Congrès estime, avec le C. D. et pour éviter le retour de certaines erreurs de tactique, qu'eu aucun cas un candidat communiste ne pourra faire état des désistements prononcés en sa faveur par des représentants des partis ennemis.

Le Parti de la Classe Ouvrière[modifier le wikicode]

Le Parti déplore profondément la scission dont sont menacées les organisations ouvrières par la seule faute des fonctionnaires confédéraux. Il déclare que, sans examiner pour l'instant, au point de vue international, le problème du front unique, il est résolu à redoubler d'efforts pour grouper autour de ses mots d'ordre à but révolutionnaire, et en masses toujours plus denses, le prolétariat des villes et des champs pour toutes les batailles partielles ou générales qui louchent aux intérêts profonds des travailleurs.

Le Parti Communiste français se déclare prêt à employer tous les moyens de tactique propres à faire apparaître devant les masses encore trompées la preuve expérimentale de la trahison des chefs réformistes ou opportunistes, mais il tient à proclamer devant le peuple laborieux de France et devant l'Internationale qu'il n'existe pour les communistes de ce pays aucune possibilité de rapprochement avec les chefs dissidents, alliés de la bourgeoisie et du gouvernement, ou avec les dirigeants syndicalistes qui ont abandonné la lutte de classes.

Direction du Parti[modifier le wikicode]

Le Communisme français, d'accord avec les thèses du 3e Congrès international, se prononce, en ce qui concerne la direction du Parti, pour le centralisme démocratique contre le centralisme oligarchique, rejeté par l'Internationale et que tous les membres du Parti déclarent repousser. C'est d'ailleurs seulement dans les périodes de guerre civile acharnée que la concentration de tous les pouvoirs en un petit nombre de mains est indispensable.

Il appartiendra d'ailleurs au C. D. de se tenir en contact étroit avec les masses profondes du Parti et de s'inspirer largement des suggestions qui lui viendront des sections et des fédérations.

Il importe, pour permettre au C. D. d'accomplir sa lourde tâche, de le délivrer de tous les soucis secondaires. Dans ce but, il est souhaitable qu'un Bureau Exécutif soit constitué pour expédier les affaires administratives et politiques courantes et pour préparer le travail du C. D. Celui-ci pourra ainsi se consacrer pleinement à sa tâche essentielle. Cette modification pourra être réalisée par le C. D. sans effectuer une révision générale des statuts, qui rendrait nécessaire la convocation d'un Congrès national spécial. Dans tous les cas urgents, le secrétaire général et le Bureau Exécutif convoqueront sans retard le C. D. Dans des circonstances d'extrême gravité, le secrétaire général et le bureau pourront prendre les décisions indispensables que le C. D. aura à ratifier.

Plus de Polémiques personnelles[modifier le wikicode]

Le Congrès, qui constate avec la plus grande satisfaction les manifestations de toute nature, montrant combien est solide l'unité révolutionnaire du Parti, ne peut que déplorer les polémiques qui, ces derniers temps, ont troublé le. communisme français et réjoui ses adversaires. Il approuve le C. D., qui, dans une de ses dernières séances, a voté une motion invitant tous les camarades en cause à cesser ces déplorables polémiques, et il constate avec peine que la décision du C. D. n'a pas été obéie par tous. Il donne pour l'avenir au C. D. le mandat formel de sévir avec la plus grande énergie pour éviter le retour de pareils faits.

La discussion des idées est libre dans le Parti, mais les polémiques personnelles doivent être bannies de la grande famille communiste, et plus les camarades sont élevés en responsabilité et en dignité dans le Parti, plus ils doivent s'abstenir d'attaques visant d'autres membres de l'organisation.

C'est dans le Parti, par la procédure du contrôle, que les différends de toute nature doivent être réglés et non sur la place publique, pour le bénéfice do nos ennemis.

Le Contrôle de la Presse[modifier le wikicode]

Le Congrès invite le C. D. à organiser le contrôle de la presse. Les journaux du Parti : Humanité, Internationale, Bulletin Communiste, doivent être dirigés et rédigés de telle sorte que nul ne puisse dire que des influences d'ordre personnel s'exercent sur eux.

Les journaux politiques n'appartenant pas au Parti, mais dirigés par des membres du Parti, sont de droit soumis au contrôle. Il est inadmissible qu'ils puissent servir à attiser des conflits à l'intérieur du Parti, en favorisant des polémiques personnelles, ou à défendre une tactique opportuniste, condamnée par le Congrès de Tours et par l'Internationale. Le Comité Directeur aura le devoir de prendre dans ce sens les décisions les plus énergiques et les plus rapides.

Le Parti et l'Internationale[modifier le wikicode]

Le Parti est particulièrement soucieux d'assurer dans les meilleures conditions possibles ses relations avec l'Internationale. Il est reconnaissant à son délégué auprès de l'Exécutif pour les efforts accomplis en vue d'assurer un bon service de liaison. Le Congrès constate qu'il n'y a pas eu de désaccord politique entre le C. D. et son représentant. Mais il importe avant tout qu'une harmonie parfaite existe entre le C. D. du Parti et le délégué à l'Exécutif, son porte parole. Le Congrès enregistre les décisions communiquées au Parti par l'Internationale dans le but d'aplanir en cette matière certaines difficultés. Il donne mandat au C. D. de prendre toutes mesures utiles pour que les relations du Parti et de l'Exécutif ne soient plus gênées à l'avenir.

Le Congrès adresse à l'Internationale et à la Révolution russe sont salut fraternel, l'expression de son entière solidarité. Il affirme que le Parti français est résolu à persévérer dans la voie choisie à Tours et à développer de toutes ses forces une action révolutionnaire toujours plus hardie, suivant les règles fixées par les Congrès internationaux de Moscou.