Lettre aux camarades américains, 19 mai 1932

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Chers Camarades,

Dans une lettre adressée au camarade Glotzer, j'ai déjà élucidé le curieux malentendu concernant le Labour Party dans mon interview au New York Times. J'espère que le camarade Glotzer vous a déjà donné les éléments d'information nécessaires.

Je vous envoie ci-joint un texte traitant plus complètement de cette question.

Ce document a vu le jour dans les conditions suivantes : le camarade Weisbord, qui est venu ici mandaté par son groupe et sans m'en avoir avisé et qui séjourne ici chez nous depuis plusieurs jours (outre Weisbord, il y a encore ici trois étrangers) nous a exposé les conceptions de son groupe sur la question du Labour Party. Cela a évidemment donné lieu à une discussion et à l'issue de cette partie de la discussion, j'ai dicté au camarade Weisbord les lignes ci-jointes. Du point de vue littéraire, elles sont très imparfaites, car Weisbord a transcrit presque littéralement ce qu'il appelle une version anglaise. Si vous voulez publier cela, il vous faudra vous charger de la peaufiner.

Je vais avoir encore d'autres discussions avec Weisbord. Je dois avouer qu'il me fait un bien meilleur effet personnellement qu'à travers ses articles et ses lettres. Evidemment, je m'abstiens de toute prise de position sur les questions d'organisation, c'est-à-dire que je lui rappelle que la League américaine est notre seule organisation en Amérique et que les questions en litige doivent être réglées en Amérique. Comme vous le lirez dans le document ci-joint, j'ai pris la défense énergique de la direction de la League contre Weisbord et ses critiques (pas par diplomatie, bien sûr, mais par conviction). Il me semble toutefois que le groupe de Weisbord serait maintenant disposé à rejoindre la League, si les conditions ne sont pas trop "humiliantes". Ne pensez-vous pas qu'après réfutation énergique par moi des erreurs théoriques et tactiques de ce groupe, il serait alors possible d'ouvrir à Weisbord et aux siens un pont menant à la League ? Ce n'est qu'une suggestion. Je ne m'engage en aucune façon, ni en votre nom, ce qui serait impossible, ni non plus au mien propre. Mais je dois dire que le rapport du camarade Glotzer à propos de l'absence totale d'activité des groupes de la League m'a inquiété. Peut-être y a-t-il tant soit peu de vrai dans les critiques de Weisbord concernant "les actions de masse", alors que ses autres parties critiques sont fausses.

Je suis très satisfait que vous ayez adopté une position bien arrêtée sur les questions internationales. En ce.qui concerne la conférence internationale, je vous fais parvenir une lettre de Gourov. Vous comprendrez aisément pourquoi l'auteur de la lettre signe ainsi. Cette lettre est, elle aussi, une réfutation de l'idée fantastique du groupe Weisbord, de convoquer une conférence à laquelle participeraient non seulement les sections nationales, mais aussi les groupements et têtes folles de tout acabit. Vous savez certainement que plusieurs camarades espagnols caressent cette idée. Dans le groupe tchécoslovaque, qui est également depuis peu dans nos rangs, il ne règne pas non plus une bien grande clarté dans les questions internationales. Cela n'en rend que plus nécessaire d'adopter à l'avance une position ferme concernant les participants à la conférence, de façon à prévenir toute confusion et toutes combines d'intrigants.