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Lettre aux éditions Fischer, 10 octobre 1931
J'ai récemment évoqué, avec un ami français qui me rendait visite, l'idée d'un ouvrage qui récapitulerait les positions des gouvernements français, des partis français et de la presse française à la suite du premier traité de paix de Versailles, en 1871. Je ne me suis jamais penché en détail sur ce thème rétrospectif, mais je suis toutefois certain que l'on pourrait faire apparaître des parallèles frappants, des contradictions et des quiproquos des plus intéressants. Il ne s'agirait pas d'un écrit de parti ou de propagande au sens étroit du terme, non, plutôt un montage des citations des principaux journaux français à propos du traité de l'époque, de son caractère inaliénable et sacré, etc... comparées à leurs assertions actuelles sur ce même sujet. On peut supposer sans crainte de se tromper que cela serait de quelque effet sur les lecteurs, en particulier en Allemagne. Pour des raisons évidentes, il est bien entendu qu'un tel ouvrage gagnerait à être rédigé par un français, et non un allemand. Je sais qu'en Allemagne, en particulier dans les milieux démocrates, on place de grands espoirs dans un rapprochement germano-français. Ne nous attardons pas sur le fond de cette question, mais même en adoptant cette position, que je considère personnellement plutôt comme une illusion, il n'est pas nécessaire pour autant de fermer les yeux devant des faits historiques avérés. Évidemment, il ne faudrait pas que cet ouvrage fût rédigé dans un esprit anti-français (le fait que l'auteur soit français serait déjà une garantie). Comme il s'agit là d'un pur travail de publiciste, de ce que certains nomment un pamphlet, il ne devrait pas, à mon avis, dépasser 150 à 200 pages, dont les citations occuperaient la plus grande partie.
L'autre partie, le nécessaire commentaire historique, serait plutôt bref et sobre, comme disent les français, rédigée sur un ton de calme ironie. Votre maison d'édition ne se chargerait-elle pas d'un tel manuscrit ? Mon ami français, A. Treint n'a pas de nom comme écrivain, mais c'est un fin connaisseur de toutes les nuances de la politique française, il manie fort bien sa langue natale, et possède une plume plutôt agile. Pour lancer le livre, on pourrait en faire rédiger la préface par quelqu'un " ayant un nom ".
Bien lancé, un tel ouvrage, malgré les temps difficiles, pourrait atteindre en Allemagne un tirage énorme.
Pour éviter tout malentendu, je voudrais préciser que je n'ai dans cette affaire aucun intérêt autre que politique. Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir répondre à ma suggestion.