Lettre au Secrétariat International, 26 juin 1932

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Chers Camarades,

Le comportement du camarade Frey est étrange. Il ne discute pas, il ne répond pas, il ne fait que donner des ordres et menacer. De sorte qu'on se demande: s'il en use ainsi avec l'organisation internationale, qu'est-ce que cela doit être à l'intérieur de son groupe ?

Il vous reproche de vous ingérer dans ses affaires d'organisation, au lieu de vous en tenir à sa déclaration politique. En toute bonne foi, cette déclaration politique n'est constituée que de banalités, que Landau aime aussi à répéter. Auparavant, le camarade Frey avait déclaré qu'il n'avait aucune divergence politique avec nous, mais seulement des différences organisationnelles qu'il considérait comme si importantes qu'elles l'ont amené à abandonner l'Opposition de gauche internationale. Mais, au secrétariat international, il ne permet que de s'occuper de politique et pas d'aborder les questions d'organisation. Mais il se trouve que les positions politiques sont généralement corroborées par la pratique d'organisation. Adopter du bout des lèvres les positions de l'Opposition de gauche internationale ne nous suffit pas. Lorsqu'on a déjà une fois quitté l'organisation internationale avec une légèreté incroyable, il faut d'abord regagner notre confiance. Les façons d'agir du camarade Frey ne me semblent pas de nature à y parvenir.

Il considère que ce sont les intrigues de Landau qui ont été cause de son différend avec l'organisation internationale. Cette conception est entièrement fausse et démontre que le camarade Frey n'a tiré aucun profit de son expérience. Des intrigues, il y en aura encore. Le problème est de savoir comment on les combat, comment on les surmonte, afin que cela éduque toute l'organisation et que cela amène des progrès. Si quelqu'un a ralenti le règlement de l'affaire Landau et a soutenu Landau, c'est bien le camarade Frey, car il entendait n'adresser à l'organisation internationale que des ultimatums et ne cherche aucunement à faire mûrir la décision sur la base des expériences communes. Maintenant, il tente de nous imposer le même manège à propos des camarades Grad et Kernmeyer. Je crois que cela ne marchera pas. La proposition pratique de dépêcher une commission à Vienne me semble toutefois fort raisonnable. Si l'on trouve des camarades impartiaux, calmes, mais fermes, la commission pourrait faire un excellent travail et ancrer plus profondément encore l'Opposition de gauche en Autriche, à travers autre chose que les sautes d'humeur du camarade Frey.

Cette lettre n'est destinée qu'à votre information car, tant qu'existe encore un espoir de rapprochement, je veux m'abstenir de tout acte qui puisse rendre ce rapprochement plus difficile.