Lettre à Rose Karsner, 5 juin 1939

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Le Visa pour Elsa

Chère Camarade Rose^,

Je vous écris au sujet d’Elsa Reiss. Vous savez qu’elle veut à tout prix venir aux États avec son fils. Il existe trois ou quatre plans. L’un est que nous obtenions pour elle en tant que secrétaire un visa pour le Mexique. Je suis bien entendu prêt à faire tout ce qui est possible, mais ce plan a beaucoup d’inconvénients. Je ne peux pas abuser de mes privilèges dans la question des secrétaires. Quand elle viendra au Mexique comme secrétaire, elle et son fils devront vivre dans notre maison, qui est déjà surpeuplée. Cela crée les plus grandes difficultés, particulièrement pour Natalia. Si elle vient ici et vit en dehors de la maison, les autorités l’interpréteront comme un abus de confiance et je veux à tout prix éviter toute suspicion. Et puis, aussi, l’objectif d’Elsa est d’aller aux États et ce n’est pas facile d’y aller d’ici.

Le second plan est qu’elle épouse un Mexicain et devienne citoyenne mexicaine. C’est faisable, mais la difficulté demeure d’entrer aux États-Unis.

Le troisième plan est qu’elle épouse un citoyen des États-Unis. Il me semble qu’un tel plan avait été accepté avec Jim, mais, jusqu’à présent, on n'a rien entendu de sa réalisation. Je vous serais très reconnaissant de me faire savoir ce qui a été et ce qui sera fait.

J’ai écrit une lettre à Jim sur la composition sociale du parti. J’ai peur que le prochain congrès ne passe sur cette question avec une résolution générale, mais sans mesures pratiques énergiques. Tout milieu social a son conservatisme et particulièrement celui de la petite-bourgeoisie juive. Sans mesures héroïques et au besoin chirurgicales, un tournant de la politique du parti vers un milieu social entièrement différent est impossible.