Lettre à Martin Abern, 8 mai 1939

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La Mise au point de la traduction

Cher Camarade Abern,

J’ai reçu deux lettres de Mendel (Longmans & Green éditeurs) concernant la traduction. C’est un homme prétentieux et indigne de confiance. Il ne sait pas l’anglais et ne comprend pas grand-chose au marxisme. Je ne peux pas lui permettre de changer un mot de la traduction. Il a essayé également d’éliminer quelque chose de l’introduction sous le prétexte que j’avais dépassé les limites. Mais c’est faux. J’ai accepté les 10000 mots et je les ai remis. Alors ils ont beaucoup insisté pour un supplément. J’ai accepté. Ils sont gênés par ma critique de l’économie des États-Unis. A cet égard, bien entendu, je ne leur sacrifierai pas un seul mot. Pourtant un travail de mise au point sérieux et prudent s’impose. Malamuth n’est pas un Américain, mais un Russe qui connaît l’anglais. Ce n’est pas la même chose. Je ne sais pas non plus jusqu’à quel point il connaît bien la terminologie marxiste. Il nous faut considérer que les plus légères erreurs seraient utilisées par nos adversaires, non seulement contre l’auteur, mais contre notre parti aux États. C’est pourquoi j’ai proposé une mise au point avec l’aide du comité national ou au moins d’une seul camarade, compétent. Peut-être recevrai-je une réponse à cette question ce matin, mais il faut que j’envoie cette lettre par le prochain avion.

Mendel a quelques questions et suggestions concernant le texte. Il ne m’est pas possible de régler ces problèmes par une correspondance avec lui. Il devrait transmettre ces questions à vous ou directement au camarade qui est engagé dans ce travail.

Malamuth a demandé s’il ne serait pas mieux de dire que le New Deal se réalise aux dépens de la prospérité, plutôt que ce que je dis dans mon texte, aux dépens des générations passées. Mais je voudrais dire une chose très simple, à savoir que la possibilité du New Deal est assurée par la richesse accumulée par tes anciennes générations. Bien entendu, c’est aussi un fardeau sur les générations qui viennent, mais seule une nation très riche peut se permettre une telle politique. il faudrait changer le texte dans ce sens.

P.-S. Je viens de recevoir votre lettre du 5 mai. Merci beaucoup. Mendel insiste maintenant que pour l’introduction soit réduite de 15000 à 10000 mots. Je ne ferai aucune concession à cet égard. Ils ont manœuvré longtemps pour remplacer les États-Unis par d’autres pays. J’inclus une copie de ma dernière lettre à Longmans & Green.