Lettre à Léon Sedov, 28 juin 1931

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Mon cher Ljova,

1. Evidemment une de tes lettres s'est perdue, car je n'ai rien lu au sujet du travail d'un groupe-tampon.

2. Tes idées sur la concurrence entre les deux organes allemands sont dénuées de tout fondement. Un de ces organes - le nôtre - aura le caractère d'un organe de contrôle, sinon officiellement, du moins en fait, de la Gauche internationale. Il sera consacré à un résumé systématique de la situation mondiale, à combattre sur des questions politiques dans des pays individuels, à des problèmes théoriques, des polémiques de principe, etc. Il ne prendra pas de lecteurs à l'organe officiel de l'Opposition allemande, mais, au contraire, ouvrira la voie à cet organe comme un brise-glace.

3. Si cette affaire de journal marche, il nous faudra quelqu'un qui sera pris à temps plein. Epstein pourrait-il être l'homme qu'il faudrait ? C'est essentiel pour toi d'arriver à le savoir. Il pourrait être possible de créer sur place une troïka comprenant, disons, Schürer et Hurm, ou Erwin et Hurm, quoiqu'Erwin soit trop occupé; mais une telle troïka ne déterminerait rien de plus que la composition de chaque numéro, alors que toute la réalisation pratique devra rester aux mains d'un seul. Il n'est pas besoin de dire que le dernier mot en matière éditoriale doit nous être laissé entièrement. Aussi Epstein ne conviendrait-il que s'il est d'accord pour faire le travail pratique sans aspirer à administrer le moins du monde la publication. Il faut le lui donner à comprendre, naturellement de façon polie.

4. La brochure espagnole et le n° 1 du Bulletin allemand sont arrivés.

5. La brochure polonaise n'est pas encore arrivée. Dans le journal grec, il y a un leader consacré à mon article déformé. Reuter a envoyé de Varsovie un télégramme vil avec des références à mon prétendu article. Tout cela doit être réfuté, même si c'est seulement dans Aktion et dans la Permanente sinon dans des tribunes plus élevées.

6. Nous recevons les deux organes du Komintern. Pour le moment, tout ce qu'il faut, c'est un abonnement au Berliner Tageblatt.

7. Je ne sais pas pourquoi il n'est pas possible de faire deux éditions de la brochure; en dehors de la routine, je ne vois pas d'autre obstacle.

8. L'annonce du Journal doit être dans une certaine mesure consacrée à justifier son nom. Il faut ici opposer la révolution prolétarienne à la révolution populaire en démontrant avec rigueur qu'il ne peut y avoir de révolution nationale indépendamment de la révolution prolétarienne. Il faut lier la question de la révolution espagnole à cela, en réfutant la fiction d'une révolution "ouvriers-paysans" spéciale, en tant que variété de la révolution "populaire".
Il faut dire fermement que ce dont il s'agit en Allemagne, ce n'est pas de "l'émancipation nationale et sociale" mais de la révolution prolétarienne, qui libérera le peuple allemand que dans la mesure où elle se transformera en révolution européenne.
Dans sa plate-forme actuelles le Parti officiel a construit des ponts pour les chauvins vers le Communisme. C'est un pont de ce genre qu'a traversé l'officier Scheringer, dont la brochure Ervachendes Volk est du début à la fin du chauvinisme déguisé en communisme. Notre tâche est donc d'arracher les ouvriers à l'influence des chauvins à la Scheringer.
Nous opposons le mot d'ordre d'Etats-Unis soviétiques d'Europe à celui de "libération nationale du peuple allemand'. Le premier mot d'ordre est celui de la révolution prolétarienne, le deuxième est l'ambiguïté d'un escroc pour prendre au piège des chauvins exaltés.
Il nous faut indiquer l'importance décisive que va revêtir la développement ultérieur de la révolution espagnole pour le destin de l'U.R.S.S. comme pour le cours du développement de la révolution allemande. Cette interprétation des événements est aussi leur interprétation du point de vue de la Révolution permanente.
L'annonce ne doit pas être longue. Au contraire, plus elle est courte et mieux c'est. L'Opposition de gauche, après tout, ne commence pas au début : elle a ses propres documents, sa plate-forme, etc.

9. S'il n'est pas vrai qu'ils ont pris la correspondance alors, écris-le tout de suite à Mill. Mais, dans ce cas, de quels documents Landau parlait-il à Senine ?

10. J'envoie sans faute à Seipold le tableau synoptique. Il est seulement difficile de dicter à Frankel, car il est extraordinairement absorbé. Néanmoins je l'enverrai bientôt sans faute.

11. Les comptes-rendus de l'Histoire sont, sans aucun doute, chez l'éditeur. Si tu as l'occasion demande-le à Pfemfert qu'on ne dépense pas encore de l'argent pour rien. Je n'ai pas vu l'article de Dan.