Lettre à Léon Sedov, 27 septembre 1931

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Mon cher Ljova,

1. J'envoie une copie de ma lettre à Nin sur la question en discussion d'une fraction "large" ou "étroite". Il faut traduire cette lettre en français aussi vite que possible et l'envoyer à Lacroix, au secrétariat et à Raymond, qui a de toute évidence pris une position fausse sur cette question.

2. On a enfin retrouvé la trace de Tarass... nous avons été heureux de recevoir un petit mot de Sénine car nous avions réellement commencé à nous inquiéter à son sujet. Ses impressions helléniques ont été très réconfortantes. Pour des raisons évidentes, il n’est pas recommandé de correspondre avec lui d’ici, mais je ferai tout mon possible. Il est très important de maintenir un lien étroit avec le représentant à Paris. Ecris lui que le rapport de Nin sur le haut niveau et le caractère de combat de leur organisation m'a rendu extrêmement heureux.

3. Je vais écrire à Sénine personnellement demain ou après demain. Il est en train de s'inquiéter pour les (??? – NdE) et les homards. Dis lui que tout va très bien. Le lendemain de son départ, on a pris trois homards. Il y a quelques jours on en a pris cinq autres. Maintenant, c'est le maquereau qui apparait. Là dessus il ne doit pas s'inquiéter.

4. Je ne peux pas en ce moment du tout m'occuper de la rivalité anglo américaine, car je dois à une revue américaine toute une série d'articles avant le 1° novembre. Concernant nos doutes sur la question de savoir si nous n'avons pas surestimé la force de la concurrence anglo américaine, je ne ferai qu'un seul commentaire : la crise actuelle de la livre sterling est réellement le résultat de cette rivalité. Après la guerre, l'Angleterre avait pris la décision ferme de restaurer l'hégémonie de la livre sur le marché mondial des monnaies. C'était un duel avec le dollar. L’Angleterre ne pouvait rester une puissance financière mondiale qu'en maintenant l'étalon or, au contraire de la France qui allait à la faillite. L'Amérique se refusait à tout allègement des dettes de guerre, précisément pour obliger l'Angleterre à mourir d'une hémorragie d'or. Maintenant, l'Amérique y est arrivée. Ainsi, nous sommes aujourd'hui devant les résultats d'un chapitre massif de l'après guerre dans la rivalité financière entre Angleterre et Etats Unis. L'un des principaux arguments de mes critiques sur cette question (Radek, Larine, etc.) consiste après tout en la "sous estimation" de la puissance financière de l'Angleterre dont ils disent qu'elle a déjà restauré sa position dans le marché financier mondial, sinon sur le marché industriel. L'Angleterre a capitulé sur la question de la flotte. Maintenant elle est en train de le faire sur la question du dollar et de la livre. Mais la lutte n'est pas terminée. La question des colonies se pose toujours. La lutte continuera avec un rapport de forces qui sera moins favorable encore à l'Angleterre. Mais je ne peux pas m'étendre plus sur ce thème.

5. J'espère que tu as reçu ma lettre dans laquelle je parle de Zimmer. Si nécessaire, je suis prêt à lui écrire quelques lignes, car j’ai de lui le meilleur souvenir. Que fait il à présent ? Où travaille t il ?