Lettre à Karl Kautsky, 15 janvier 1891

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Cher baron,

Tu verras d'après les épreuves ci-jointes, que je ne suis pas un monstre et que j'ai même versé dans mon introduction une légère dose de morphine et de bromure de potassium en guise de calmant, ce qui ne manquera pas de produire un effet sédatif suffisant sur l'humeur élégiaque de notre ami Dietz. J'écrirai aujourd'hui encore à Bebel. Je ne lui ai rien dit de l'affaire auparavant, parce que je n ai pas voulu le mettre dans une fausse position vis-à-vis de Liebknecht. Il aurait été dans l'obligation de lui en parler, et Liebknecht qui avait fait des emprunts au manuscrit, - son discours de Halle[1] sur le programme du Parti est là pour le prouver, - aurait remué ciel et terre pour en empêcher l'impression.

Si le passage « pour satisfaire leurs besoins religieux et corporels » ne peut subsister sans inconvénients, raye les deux mots soulignés et remplace-les par des points. L'allusion n'en sera que plus subtile tout en restant suffisamment intelligible. J'espère qu'il n'y aura plus alors de difficultés.

Par ailleurs, j’ai fait tout ce que vous m’avez demandé, Dietz et toi, pour vous être agréable ; j’ai même fait davantage, comme tu vois…

Ton

F.E.

  1. C'est-à-dire le rapport de W. Liebknecht sur le programme du Parti à l'occasion du congrès du Parti social-démocrate allemand à Halle le 15 octobre 1890.