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Special pages :
Lettre à James P. Cannon, 26 juin 1939
| Auteur·e(s) | Léon Trotski |
|---|---|
| Écriture | 26 juin 1939 |
De riches Possibilités
Cher Ami,
En vue du congrès, il me semble nécessaire de souligner un point important qui n’a pas encore été développé dans notre presse.
La perspective générale est la guerre avec toutes ses conséquences révolutionnaires. Dans les pays fascistes aussi, même en première ligne dans ces pays.
Mais imaginez la chose tout à fait incroyable, que les gouvernants réussissent à repousser la guerre pour deux ou trois ans environ. En ce cas, la crise économique la plus terrible, résultat des dépenses d’armement, aggravera la crise générale du capitalisme. Nous aurons une inflation d’après-guerre, même sans guerre (inflation, haut coût de la vie, pénurie alimentaire, chômage, etc.) En un mot, une situation révolutionnaire.
Les sceptiques disent que nous sommes faibles. Exact, mais les fascistes en France, en Belgique, en Angleterre, aux États-Unis, sont encore faibles aussi. Dans les conditions d’une crise sans précédent, qui est inévitable, les fascistes peuvent grandir rapidement. Mais nous aussi. Le résultat de cette nouvelle vague d’armements, même sans guerre, sera que la « démocratie », le « New Deal », avec leur politique de Fronts populaires, etc. iront au diable. Les scissions dans les partis communiste et socialiste et un mécontentement terrible dans les syndicats seront à l’ordre du jour, toutes conditions extrêmement favorables pour nous. Ne pas oublier, s’il vous plaît, que le développement du fascisme a toujours été précédé d’une terrible radicalisation des masses exploitées.
Toutes ces considérations montrent que, dans les deux variantes, une guerre proche ou une guerre retardée, les possibilités d’un parti révolutionnaire seront très grandes et prometteuses. Pas la moindre raison de pessimisme en dépit de tout !