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Lettre à Henri Lacroix, 20 juin 1931. Réponses aux questions
Cher Camarade Lacroix,
J'ai reçu votre deuxième lettre du 12 juin. Vous y mentionnez une troisième lettre que je n'ai pas reçue. Je veux essayer de répondre à vos questions.
- C'est tout à fait juste que nous devons faire tout le possible pour démontrer aux communistes du rang et aux ouvriers en général que nous sommes du parti et non de ses ennemis. Mais cela n'exclut pas des actions énergiques contre la direction du parti quand l'occasion s'en présente. Je prends un exemple électoral: dans une circonscription où nous sommes supérieurs au parti, nous pouvons, après que le parti aura refusé notre proposition du front unique, établir notre candidature. Même si la division des voix donne des résultats malheureux, la responsabilité en retomberait sur le parti qui a refusé l'entente. Si nous avons réussi à avoir un des nôtres aux Cortes, même contre le parti, notre député pourra développer au parlement une activité dirigée totalement vers l'unité des range communistes et par cela faire beaucoup plus pour cette unité que par l'adaptation docile à la volonté des bureaucrates pendant les élections. Dans la question de l'application du principe de l'unité communiste, il faut être moins rigide, plus flexible et entreprenant.
- J'espère que vous avez reçu ma critique de la plate-forme du Bloc ouvrier et paysan. C'est un document malheureux. Il faut suivre de près l'évolution de la Fédération catalane et la critiquer dans Communismo. Malheureusement je ne reçois ni les documents du parti officiel, ni ceux de la Fédération catalane. Il faudrait organiser à Madrid un petit bureau de traduction de tous les documente importants en français et envoyer les traductions au SI et aussi à moi, pour qu'on puisse donner son avis à temps.
- Vous me demandez quel sens a l'allusion du Biulleten de la soi-disant Gauche française du groupe syndicalisant Gourget, Sizoff etc. se rapportant au travail du camarade Nin dans la Fédération catalane. Le but de cette allégation est de semer la confusion et de camoufler le vrai caractère de la collaboration de Gourget et Collinet dans l'Opposition unitaire. Le communiste qui ne sait pas travailler dans les organisations larges, même confuses, ne vaut rien. Mais celui qui cache sa physionomie pour ne pas heurter les dirigeants confus ne vaut pas grand chose non plus. Le tact nécessaire n'a rien de commun avec la diplomatie pourrie. On ne faisait pas autre chose dans l'Opposition unitaire qui s'adapte à la mentalité de quelques ci-devant communistes désabusés, fatigués, mais qui se gênaient en même temps de passer ouvertement dans le camp anticommuniste. Personne n'a protesté contre la collaboration de Gourget à l'Opposition unitaire, mais seulement contre le caractère de cette collaboration dont les résultats sont négatifs et démoralisants.
- Je voudrais bien éliminer un malentendu possible et préciser quelques éléments de la situation espagnole. J'affirme dans ma deuxième étude sur l'Espagne qu'entre la révolution d'avril et la révolution prolétarienne, il n'y aura pas une révolution intermédiaire. Mais cela ne signifie guère que la situation politique et la composition du gouvernement doivent rester les mêmes jusqu'à la révolution prolétarienne et que notre tactique doit se réduire à l'accumulation des forces. Non, aucunement. Entre le gouvernement (Alcala) Zamora et le gouvernement prolétarien, il pourra y avoir des combinaisons multiples un gouvernement Lerroux, par exemple ou même un gouvernement socialiste avec une minorité bourgeoise-radicale, ou socialiste pur et simple. Tout cela, ce sont des étapes possibles, mais - et même inévitablement - on peut être sûr par avance que les changements gouvernementaux se produiront chaque fois sous un choc des masses. Il faut seulement bien comprendre que ces changements ne changent pas le caractère essentiel de l'Etat bourgeois. Le gouvernement "socialiste" ne signifierait pas l'Etat; neutre, purement "démocratique". C'est dans ce sens que nous nions catégoriquement la possibilité d'une révolution intermédiaire. Mais nous avons le plus grand intérêt à provoquer et accélérer l'évolution du gouvernement bourgeois vers la gauche. Par exemple, les communistes peuvent provoquer, nourrir, guider des grandes démonstrations contre Zamora personnellement au moment où il se compromet par quelque acte de brutalité. Pas contre Lerroux, mais contre Zamora, ou pas pour les socialistes, mais contre Lerroux.
Le point le plus essentiel : les socialistes doivent répondre aux ouvriers qu'ils ne peuvent pas tout faire parce qu'ils sont liés à leurs alliés. Les communistes peuvent suggérer aux ouvriers le mot d'ordre que les socialistes rompent avec la bourgeoisie et prennent tout le pouvoir entre leurs mains. Ce serait l'équivalent de notre mot d'ordre "A bas les dix ministres capitalistes !" . C'est un point politique très important. Je vous prie de le discuter dans la direction et de vous prononcer là-dessus pour lancer cette idée dans le mouvement sans retard.
Naturellement, ce mot d'ordre ne peut avoir de succès que quand les communistes participent à tous les mouvements de masse pour renforcer leur pression sur les socialistes.
- Dans le bulletin russe, il y a beaucoup d'articles que vous pourriez utiliser pour Communismo. Mais il faut trouver un traducteur. Entendez-vous là-dessus avec le camarade Mill ou avec Markine. Peut-être peut-on en trouver un à Paris ou à Berlin.
- Je demande à mon fils quelques photos pour pouvoir vous en envoyer. Pour l'instant, je n'en possède aucune.