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Special pages :
Lettre à Fred Zeller, 10 mars 1936
Quelques désaccords à discuter
Cher Camarade Fred[1],
Votre lettre du 3 mars nous a bien réjouis ici. Je vois bien que vous ne perdez pas courage malgré (les) quelques échecs des derniers mois. Ce que vous dites sur l'état d'âme des ouvriers est très intéressant. Pourquoi ne pas le publier sur Révolution ? Mais d'une manière plus concrète. J'ai beaucoup insisté en son temps sur la nécessité de développer dans les colonnes de Révolution un reportage vivant et sérieux. Malheureusement, on a tout à fait étouffé ce genre d'articles.
Sur la défense de l'U.R.S.S., je ne puis aucunement accepter le point de vue que vous exposez. La bureaucratie est un facteur très important, mais il n'y a pas que la bureaucratie. Il y a tout le régime social qui détermine notre politique. Et le régime social de l'U.R.S.S., malgré la bureaucratie perfide et réactionnaire, est le seul régime progressif du monde : le développement rapide des forces productives et de la culture, etc. En défendant l'Abyssinie contre l'impérialisme, nous ne défendons pas le Négus (3), au contraire : la victoire éventuelle de l'Abyssinie sur l'Italie (avec l'aide du prolétariat mondial) donnerait une poussée formidable à tous les peuples coloniaux ‑ non seulement contre les impérialistes mais aussi contre leurs propres négus. La même chose pour la bureaucratie soviétique : la victoire de l'U.R.S.S. signifierait en même temps un échec formidable pour les pays impérialistes et, eo ipso[2], le développement de la révolution mondiale. Dans ce tourbillon, la bureaucratie soviétique ne pourrait que trouver sa perdition. Il faut envisager la question de l'U.R.S.S., de sa bureaucratie, etc. dans l'enchaînement dialectique des événements historiques. D'ailleurs, je parle là‑dessus plus largement dans une brochure que je prépare.
Quant aux élections législatives en France, je ne crois pas qu'on puisse accepter le boycottisme. Faire de la propagande pour les comités d'action : oui. Opposer les futurs comités d'action à la présente action électorale : non ! On ne peut boycotter le parlementarisme que quand on est assez fort pour le remplacer par l'action directe révolutionnaire. Mais là‑dessus aussi on s'expliquera plus largement.
Pensez‑vous rester encore longtemps à Lyon ? Avez‑vous visité Grenoble où nous avons d'excellents amis, Violette et Alexis Bardin[3] ?
Je réfléchirai à quelques suggestions pratiques que vous faites dans votre dernière lettre.
- ↑ Fred Zeller (né en 1912), étudiant aux Beaux‑Arts, avait été dirigeant de l'Entente des Jeunesses socialistes de la Seine et leader de la tendance I.S.R. Adversaire résolu de l'Union sacrée, il avait été exclu ainsi que les autres dirigeants de l'Entente, notamment bolcheviks- léninistes, en juillet 1935, lors de la conférence de Lille sous la pression des dirigeants de la S.F.I.O. Il avait rendu visite à Trotsky à Hǿnefoss et avait été convaincu par lui de rejoindre le G.B.L. Il avait participé en janvier 1936 à la fondation des J.S.R. et était ensuite parti en province pour une tournée de trois mois.
- ↑ "eo ipso" : par cela même.
- ↑ Alexis Bardin (né en 1905) était professeur de dessin industriel à l'école Vaucanson de Grenoble quand Trotsky habitait à Domène. Chargé par ses deux frères, militants du G.B.L., de jouer un rôle de courrier, il s'était laissé convaincre par Trotsky qui l'avait pris en amitié, ainsi que sa femme, Violette et leur fille, appelée Léone.