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Special pages :
Lettre à David Riazanov, mai 1928
Les Relations avec le Gosizdat
Cher David Borissovitch,
Permettez-moi de vous rendre compte de l’état, encore très modeste, de mon travail pour l’Institut. De Herr Vogt, j’ai traduit à peu près trois feuilles d’imprimerie russe. Il faut encore les revoir, surtout les passages où il y a des citations en plusieurs langues. On me dit que vous n’insistez pas pour cette traduction. En tout cas, ce serait dommage que la partie déjà traduite ne soit pas utilisée. J’ai donc l’intention de la réviser et, selon votre réponse, de vous l’envoyer. Je ne refuse cependant pas de faire une traduction complète de tout le livre, je vous prie seulement de ne pas insister pour une date précise.
En ce qui concerne Hodgskin, dans un autre mois et demi je l’aurai terminé. Il fait des citations de Ricardo, McCulloch et Mill. Leur traduction ne pose aucun problème, mais, si je comprends bien, vous êtes en train ou vous avez déjà publié Ricardo. Peut-être, dans l’intérêt de la préservation d’une consistance scientifique, pour votre maison d’édition, faudrait-il que les citations suivent le texte de votre édition. Pour cela, il faudrait que je reçoive Ricardo.
J’ai reçu aujourd’hui le premier volume des œuvres de Marx et Engels. L’édition, au premier coup d’œil, superficiel, il est vrai, fait une magnifique impression. Je vais commencer aujourd’hui à lire attentivement ce livre. Autant que je le comprenne, ma tâche revient au travail qui consiste purement à polir le texte, c’est-à-dire à substituer d’autres expressions à celles qui ne vont pas. Ai-je bien compris ? En ce qui concerne les passages dont le sens même me paraît douteux, comme je ne dispose pas de l’original, je ne peux qu’attirer là-dessus l’attention de l’équipe d’édition.
Ce sont là toutes les questions que j’ai liées au travail fait pour l’Institut.
Mon fils m’a dit que vous avez manifesté de l’intérêt pour la question de mes comptes et de mes rapports généraux avec Gosizdat. Là-dessus, voici où en sont les choses. A l’initiative du Gosizdat et après que Mechtchériakov et d’autres eurent beaucoup insisté, j’ai accepté la publication d’un recueil de mes œuvres. Mon secrétariat était inclus dans le contrat avec Gosizdat, de mon côté. Selon ce contrat, Gosizdat devait payer normalement le travail d’édition, les auteurs des notes, les dactylos, etc. En ce qui me concerne, j’ai refusé tout paiement pour maintenir bas le prix de la publication. C’était stipulé dans l’accord sous la forme d’un point spécial.
Gosizdat a interrompu la publication pour des raisons politiques et pas commerciales. Bien avant l’interruption de la publication, toutes les mesures étaient prises pour que la souscription à la publication soit rendue très difficile. Les ventes au détail ont semble-t-il été complètement supprimées, etc. En arrêtant la publication, Gosizdat a donné comme raison formelle le fait que, dans le contrat, la taille d’ensemble de l’édition était de 500 feuilles d’imprimeurs et que l’édition avait en réalité dépassé ces limites. C’est possible. Mais quand le contrat a été rédigé, ces 500 feuilles ne constituaient nullement une limite. Il fallait simplement mettre sur le papier un nombre approximatif de volumes et le coût général de l’édition. Le travail sur la publication était constamment conduit en fonction du matériel disponible et non sur la base du nombre approximatif de feuilles mentionné ci-dessus. La meilleure preuve de cela est que les volumes les plus importants, auxquels aussi bien les éditeurs de mes œuvres que le comité de Gosizdat attachaient plus de signification, sont restés non publiés jusqu’au bout. On a fait à leur sujet un travail plus soigné et plus détaillé. Par exemple, le volume sur l’I.C., dans lequel il fallait mettre les nombreux documents de l’I.C. que j’ai moi-même rédigés. La publication en a été abandonnée sous le faux prétexte mentionné plus haut. Plusieurs volumes qui étaient achevés et pourvus de notes, sont dans mes archives. Les gens qui ont travaillé dessus n’ont pas été payés ou à moitié. Je suis incapable de vous en donner un compte exact, puisque le camarade Poznansky était chargé de ce travail. Je me souviens qu’il m’a dit que les représentants de Gosizdat indiquaient en privé leur position contradictoire. Ils disaient que la publication pourrait apporter à Gosizdat un bénéfice important, mais qu’ils étaient obligés de mener une politique déficitaire. Pourtant ils n’avaient pas intérêt à avoir un déficit, etc. Quoiqu’il en soit, le rôle de Gosizdat dans cette affaire, tant vis-à-vis de moi que vis-à-vis de mes collaborateurs, n’a pas été, c’est le moins qu’on puisse dire, correct.
En conclusion, permettez-moi de vous remercier beaucoup, beaucoup, des livres que m’a envoyés l’Institut et d’exprimer le modeste espoir que cela puisse continuer à l’avenir. Je vous présente une liste des livres reçus séparément. Les livres sont arrivés directement au tarif des livres recommandés, quoique le premier volume de Marx et Engels ait un peu souffert en route.
Avec mes salutations marxistes et communistes.
P.S. Où aimeriez-vous que je fasse mes commentaires sur les textes de Marx et d’Engels : dans les marges du livre lui-même, ou sur feuille séparée avec l’indication du numéro de la page ? Si vous préférez la première méthode, alors il faudra une autre copie des œuvres, autrement je n’en aurai pas à moi.