Lettre à Alois Neurath, 6 mai 1932

De Marxists-fr
Aller à la navigation Aller à la recherche


Cher Camarade Neurath,

C'est avec grand intérêt que j'ai lu votre correspondance avec Brandler. Je n'ai pas pu prendre connaissance de la lettre publiée, car je ne possède plus l'Arpo. Je vais dès aujourd'hui envoyer à nos amis de Berlin les exemplaires que vous m'avez fait parvenir, afin qu'on en publie au moins des extraits dans le Bulletin international. Je suppose donc que vous en êtes d'accord. Mais si, pour une raison quelconque, vous considériez que la publication de ces lettres n'est pas indiquée, je vous prie d'écrire immédiatement au camarade Grylewicz.

Les derniers télégrammes indiquent qu'aux élections françaises également le parti communiste a perdu un quart de ses voix de 1928, c'est- à- dire environ 250 000 voix. quelle terrifiante dialectique de l'Histoire : les autorités officielles et l'appareil de la première révolution prolétarienne sont devenus les plus puissants instruments de désagrégation de l'avant- garde internationale.

Nous, qui sommes trop près des choses, ne sommes peut-être pas en état de mesurer toute la dimension de ce phénomène colossal. Le reflux nous atteint nécessairement nous aussi et rend nos progrès considérablement plus difficiles. Mais de nombreux symptômes indiquent que le processus dans son ensemble approche d'un tournant : en Union soviétique, où la situation économique devient extrêmement critique, comme à l'Ouest, mais aussi à l'Est.

Ce qui est actuellement nécessaire, c'est un bon hebdomadaire allemand et un mensuel théorique. J'espère que nous mettrons sur pied l'un et l'autre dans le courant de l'été prochain.

Pas de réponse du gouvernement tchèque. Que je doive jouer un rôle équivalant à celui des Habsbourg, voilà qui est vraiment un curieux mélange. Mais lorsqu'on est déjà l'avant- garde de la contre- révolution bourgeoise, on n'est plus à un Habsbourg près.

Dans le cas où les radicaux l'emporteraient en France, et tel semble bien être le cas, je m'adresserai à Herriot sans attendre la réponse des Tchèques.