Lettre à Alois Neurath, 16 février 1939

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Nous ferons le possible

Cher Ami,

Je reçois presque en même temps votre lettre du 18 janvier et le télégramme concernant les moyens financiers. Comment pouvez-vous douter qu’on mettra en œuvre tout ce qui est humainement possible? Les communications sont très mauvaises. Je ne voulais pas écrire directement, non pas parce que cela aurait pu me nuire de quelque façon, mais au contraire parce que je ne voulais pas éveiller bêtement les soupçons, eu égard à nos amis de là-bas. Mais lorsqu’on correspond à de si énormes distances par personne interposée, on perd nécessairement beaucoup de temps et même parfois les lettres elles-mêmes.

Avec nos amis Julik et Otto, tout a été facile et rapide, car j’ai pu les présenter comme mes secrétaires en m’engageant à ce qu’ils habitent dans ma maison. Votre initiative n’est venue que plus tard. Il était absolument impossible de continuer à procéder de la même façon car, dans le second cas déjà, celui d’Otto, j’ai déclaré qu’il s’agissait du dernier secrétaire allemand. Il a donc fallu régler l’affaire sur une base générale, c’est-à-dire bureaucratiquement. J’ai écrit immédiatement une lettre personnelle au ministre de l’Intérieur, et j’ai bien sûr demandé très chaudement que l’affaire soit réglée. C’est votre nom que j’ai mis le premier sur la liste, en vous recommandant tout particulièrement à l’attention du ministre. J’ai reçu une réponse très aimable mais qui me renvoyait aux règles générales en vigueur et me demandait des informations plus précises concernant les professions et situations matérielles des personnes dont les noms figurent sur la liste. Il fallait en même temps télégraphier au consulat mexicain de Prague. Mais il semble qu’entre-temps on ait fermé le consulat. En tout cas, votre télégramme montre que, si vous n’avez pas eu de nouvelles du consulat mexicain, vous avez au moins reçu notre lettre. Van s’adresse aujourd’hui par télégramme à qui de droit. Pour ma part, je suivrai cette affaire de façon aussi urgente que possible.

Malheureusement je ne peux émettre de jugement définitif sur les chances de succès de cette affaire. Des milliers de demandes proviennent de toutes parts. Le gouvernement doit s’en remettre aux consulats locaux, les enquêtes sont longues, etc. C’est pourquoi vous devriez faire tout votre possible dans d’autres directions. Pour notre part, je le répète, nous ferons ce qui est en notre pouvoir. Quoi qu’il en soit, le télégramme reçu aujourd’hui va faciliter nos démarches.