Lettre à Alfred Rosmer, Jeanne Martin, Jean Rous et Rudolf Klement, 12 mars 1938

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Arrêter les conflits autour du testament

Chers Amis,

1. Le testament de Léon exprime son attachement personnel à sa fidèle compagne. Il a certainement voulu dire aux camarades et à tout le monde que, malgré les divergences politiques qui les séparaient et dont il souffrait beaucoup, il avait une confiance absolue en Jeanne et qu’il exigeait la même chose des autres camarades. C’est la vraie et la seule signification de son testament. Nous exigeons de notre part que tous les camarades comprennent bien la volonté de Léon et la respectent.

2. Jeanne nous a écrit que sa première besogne est de nous transmettre les archives, puisque le contenu matériel du testament de Léon n’a et ne pouvait avoir d’autre sens. Cette volonté ferme de Jeanne, en pleine correspondance avec la volonté de Léon et avec la nôtre, élimine toute base pour des conflits d’organisation ou personnels, en tant qu’il s’agit des archives.

3. Nous avons désigné de notre part une délégation, sous la direction de Rosmer, pour assurer la possibilité de se servir immédiatement des documents des archives pour la réfutation des nouvelles falsifications de Moscou. Pour cette délégation, nous avons choisi le camarade Rosmer, qui a participé à l’investigation et qui est notre vieil ami, comme celui de Léon, et d’autres camarades qui étaient et restent solidaires de Léon politiquement.

4. Cette délégation peut s’entendre directement avec Jeanne comme exécutrice testamentaire de Léon, ou avec Jeanne et le camarade Henri [Molinier] qui l’a représentée déjà dans des questions importantes, dans la correspondance avec nous et en l’amitié de qui, malgré toutes les divergences politiques, nous avons pleinement confiance.

5. Comme nous l’avons déjà télégraphié, nous ne pouvons accepter aucune intervention d’autres camarades que Jeanne et Henri d’un côté, Rosmer, Lola, Gérard ou Alexis Bardin de l’autre (en cas de nécessité, Gérard et Alexis Bardin).

6. Une amie viendra bientôt de l’Amérique en France et elle pourra, d’accord avec Jeanne et avec notre délégation, arranger le transport des archives. Cette camarade aura tous les pouvoirs nécessaires.

7. Quant à l’instruction judiciaire, dans la mesure où elle continue, nous réaffirmons nos pleins pouvoirs à nos camarades Jean Rous et Gérard Rosenthal.

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Il est absolument clair que l’acte d’attachement et de confiance de la part de Léon pour Jeanne, que nous aimons comme ta compagne de Léon et comme notre fille, ne change rien dans la situation politique telle qu’elle avait été créée par les circonstances antérieures. Léon était inébranlablement attaché à l’Opposition russe, dont il fut l’un des meilleurs militants, et à la IVe Internationale, dont l’Opposition russe est une section. Sa correspondance, comme toute son activité, démontre qu’il ne jouait pas avec les principes ni avec l’appartenance à l’organisation. Son testament politique n’a pas besoin de commentaires. Personne naturellement ne tentera, nous en sommes sûrs, de provoquer le moindre doute ou malentendu à ce sujet.

Nous prions tous les camarades de cesser complètement les conflits autour du testament de Léon, en se conformant aux idées exprimées dans cette lettre.