Lettre à Alfred Rosmer, 6 octobre 1937

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Coyoacán, le 6 octobre 1937

Cher ami,

J’ai reçu votre lettre du 2 octobre et je m’empresse de vous écrire, car je ne sais pas exactement quand vous quittez New York.

Un ouvrier de New York m’exprime dans une lettre ses regrets du fait que la Commission n’ait tenu aucune séance publique. Il écrit que les ouvriers vont se demander : « L’affaire est déjà liquidée ? Comment ? Quand ? Pourquoi en secret ?» Il y a malheureusement quelque chose de vrai là-dedans. La Commission devrait s’expliquer là-dessus d’une manière bien convaincante. Seul un grand meeting sous l’égide de la Commission ou, au moins, avec la participation de ses membres pourrait réparer le désavantage d’une procédure en chambre close.

Oui, je me souviens très bien de la visite que m’a rendue en 1917 le professeur Ross. Il sympathisait un peu à cette époque, si je me souviens bien, avec les socialistes révolutionnaires. Il m’avait produit personnellement la meilleure impression, par sa droiture et l’indépendance de son jugement. Je me réjouis sincèrement de sa participation à la Commission. Cependant, jusqu’à l’arrivée de votre dernière lettre, je ne pensais pas que Mr. Ross, qui m’avait rendu visite à l’aube du régime soviétique, et le sociologue Ross membre de la Commission étaient une seule et même personne.

Vous n’écrivez cette fois-ci rien sur votre santé, qui continue à nous inquiéter. La mienne ne va pas très bien. La pression du sang est trop élevée et je le ressens dans la tête. Le cœur commence aussi à se faire sentir à n’importe quelle occasion. Rien à faire. Engels aimait à répéter à l’occasion de ces symptômes désagréables le proverbe allemand : « Contre cela, aucune herbe n’est encore poussée. »

J’espère que le banquet en l’honneur de la Commission a bien réussi et que nos télégrammes d’ici sont arrivés à temps.