Lettre à Alan C. Collins, 12 juin 1939

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Un coup dur

Cher Monsieur Collins,

Votre lettre du 7 juin a été pour moi un coup dur. C’est simplement que je n’avais pas consulté le contrat, bien que formellement vous ayez raison. Cependant le livre que je suis en train d’écrire est très différent du livre prévu dans le contrat. Ce livre comprenait environ 80000 mots. J’ai déjà achevé au moins 100000 mots et dois en achever 50 à 60000 de plus.

J’ai mobilisé mes amis dans le monde pour l’enquête la plus précise et la plus complète. Au moins en tant que source d’information, ce livre durera autant que l’intérêt pour une biographie de Staline.

J’avais espéré que la diffusion et les droits de séries assureraient ma subsistance pour les deux ans à venir et que je n’aurais besoin d’aucune avance pour le livre sur Lénine. Je dois indiquer ici que je souhaite proposer à l’éditeur de changer l’ordre de publication du livre sur Lénine. J’ai indiqué dans une de mes lettres que j’avais rassemblé pendant longtemps des matériaux et pris des notes pour un livre sur la situation mondiale. Il me semble que ce serait mieux de publier un livre sur la situation mondiale avant le livre sur Lénine. Les deux biographies coïncident à bien des égards et je crois que ce serait mieux s’il y avait un intervalle entre les deux.

J’aimerais proposer simplement aux éditeurs que le livre sur la situation mondiale remplace le livre sur Lénine dans le contrat aux mêmes conditions et que le livre sur Lénine soit renvoyé à l’année suivante. Mais, indépendamment de la question de savoir si les éditeurs acceptent le livre proposé sur la situation mondiale et le changement dans l’ordre de publication, je continue à espérer que les droits d’auteur et de séries sur le livre de Staline élimineront la nécessité d’avances sur le prochain livre.

D’un autre côté, compte tenu du fait que mon enquête méticuleuse sur la biographie de Staline a exigé deux ou trois fois plus de travail que nous le supposions, j’ai été obligé d’abandonner presque toute collaboration à la presse périodique pendant ce temps, et je me suis ainsi trouvé dans une crise financière grave et je ne peux y voir aucune issue si les éditeurs interprètent l’aspect financier du contrat avec la moitié de l’ « élasticité » que j’ai démontrée dans la qualité de l’enquête et ta dimension du livre. Reconsidérez la question, s’il vous plaît, à la lumière de ces considérations ; j’apprécierais une réponse de vous par avion.