Lettre-circulaire, 22 septembre 1928. L’Attitude vis-à-vis des décistes

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Chers Camarades,

Vous soulevez à nouveau la question de nos rapports avec les « décistes » sur un plan général. Cette question, visiblement, est en train de mûrir. J’espérais, et j’espère qu’elle se résoudra par une absorption dans nos rangs de tous les éléments vivants du groupe Centralisme démocratique (déciste), qui en recèle indubitablement de très précieux. C’est précisément l’évolution qui se fait. Depuis un an et demi, nous avançons main dans la main, sans qu’il reste aucune des anciennes « nuances », avec de remarquables travailleurs de ce groupe, tels que Rafail, V. Kossior, Drobnis, Bogouslavsky, Nikolaiev, Kharlamov. Très récemment a commencé à se produire une véritable fusion avec les travailleurs « décistes ». Achkenazi et d’autres camarades ont signé notre déclaration. J’ai reçu de Moscou un télégramme collectif selon lequel un groupe déciste considérerait qu’il n’a plus de divergences avec nous. Tout cela est extrêmement positif et c’est sur cette voie que nous avancerons. V. Smirnov est le représentant fossilisé de la dévotion au groupuscule. Les nombreux faits cités, qui sont loin d’être les seuls, le déroutent complètement; moins il est en mesure d’élaborer une ligne indépendante, et plus ses écrits prennent un caractère haineux et susceptible, à en juger par sa dernière lettre qui m’est parvenue récemment. Je pense que nous devons nous charger de diffuser cette lettre de Smirnov, car nul autre que lui ne montrera mieux au militant déciste conscient qu’il n’y a rien à faire sur sa voie. Répondre à ses attaques par d’autres attaques n’aurait évidemment pas de sens. Nous avons présenté au congrès un document qui aborde tous les problèmes. Ceux-ci seraient, bien sûr, plus précis, plus complets et meilleurs, si nous avions pu en discuter collectivement. Mais, ainsi qu’en témoignent les lettres des camarades, ces documents, sous leur forme actuelle, représentent le point de vue dominant de l’ensemble de l’Opposition. V. Smirnov y oppose des points de vue personnels et de grossières erreurs sur les questions fondamentales du marxisme. Dans ma seconde lettre consacrée au VIe Congrès, j’ai analysé sa totale incompréhension de l’interdépendance au plan international des fractions nationales de la classe ouvrière. Il reste une accusation de sa part : nous nous bornerions à de « petits amendements », alors que lui, V. Smirnov, proposerait une ligue radicale. La plate-forme « déciste » est le reflet d’un travail collectif antérieur ; après l’interruption de ce travail collectif, nous n’avons vu émaner des dirigeants décistes aucun document de quelque valeur théorique et politique que ce soit. Le débat d’idées d’un groupe politique qui a perdu ses droits et son existence propre prend inévitablement un caractère parasitaire. Comment comprendre l’idée selon laquelle nous nous bornerions à de « petits amendements » ? Le contenu de ces « petits amendements » est exposé dans nos documents ; si Smirnov a des corrections à y apporter, qu’il les expose à son tour, et nous les étudierons avec la plus grande attention. Sur la question des deux partis et de la IVe Internationale, il semblerait que la direction « déciste » se soit solidarisée avec nous. Aujourd’hui comme hier, nous pensons que le rétablissement de l’unité du parti communiste, comme celle de l’Internationale, sont envisageables, et cela reste une de nos tâches ; nous la ferons, non par des combinaisons au sommet, en renonçant à nos idées, ou par n’importe quelle forme de capitulation, avouée ou non, mais uniquement en posant des limites préalables, à l’intérieur du parti et de l’Internationale communiste, fondées sur l’opposition entre leur noyau prolétarien et la direction centriste et opportuniste. S’il ne s’agit là que de « petits amendements », il faut alors leur opposer le drapeau d’un second parti et d’une IVe Internationale. En bref, pour justifier l’existence d’un groupe séparé, il faut nous opposer des idées de fond, profondes et essentielles. Une simple chicane n’est pas suffisante. Il serait cependant erroné d’adopter envers tous les camarades du groupe l’attitude que nous avons envers Smirnov et deux ou trois autres dirigeants. Évidemment, la route est libre pour ceux qui voudront se solidariser avec la lettre de Smirnov. Mais chaque camarade « déciste » doit savoir qu’un travail commun nous est précieux et que nous sommes prêts à écouter toute critique de bonne foi avec une extrême attention, pour faciliter son intégration dans nos rangs.