Le ministère de la contre-révolution

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Cologne, 22 septembre.

Donc, c'était vrai ! Le ministère du prince de Prusse est prêt, la contre-révolution veut risquer le dernier coup, le coup décisif.

Qu'on lise la lettre suivante d'un député :

« Berlin, 20 septembre, 10 heures du soir. Nous venons d'avoir la certitude qu'un ministère entièrement contre-révolutionnaire a été constitué, à savoir (suit la liste des ministres telle que nous la donnions hier d'après l'édition spéciale de la Zeitungs-Halle). Ce ministère lira à la séance du matin un message royal où la dissolution de l'Assemblée est envisagée. La conséquence en est une déclaration de permanence qui sera probablement suivie d'une nouvelle révolution sanglante. Tous les partis de l'Assemblée nationale délibèrent en permanence dans leurs locaux. Le peuple est très agité. Wrangel a passé aujourd'hui l'armée en revue. Tout est en question. »

Donc, c'était vrai ! La couronne se place sous la protection des Grands de l'Uckermarck et les Grands de l'Uckermarck s'opposent au mouvement révolutionnaire de l'année 1848. Les Don Quichotte de Poméranie, les vieux guerriers, les propriétaires fonciers endettés auront enfin l'occasion de laver leurs épées rouillées dans le sang des agitateurs[1]. Les gardes, couronnés d'une gloire à bon marché acquise au Schleswig, doivent donner le coup décisif à la révolution qui touche aux droits de la couronne, qui veut interdire aux officiers de comploter en silence et qui, par la main inexorable des mesures financières d'Hansemann, a porté un « coup » terriblement « hardi[2] » aux bourses, déjà plates sans cela, des hobereaux de la Marche. La garde se vengera de la honte du 18 mars, elle dispersera l'Assemblée de Berlin et Messieurs les officiers abattront les tilleuls sur les corps des révolutionnaires.

Qu'ils y aillent ! En avant avec Dieu, pour le roi et la patrie !

  1. En 1848-49, en Allemagne, les Constitutionnels nommaient « agitateurs » les républicains qui traitaient leurs adversaires de « hurleurs ».
  2. Ce mot « un coup hardi », employé en premier lieu à l'Assemblée nationale de Francfort par le député Mathy et le président Gagern à propos de la création d'un pouvoir central en Allemagne, devint vite populaire.