La politisation du parti

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La nécessité de politiser le parti émerge d'une réalité objective et elle devient plus aiguë dans la conjoncture, mais elle va au-delà toutes les conjonctures. En dernière instance, la tâche historique du parti est de politiser la classe ouvrière et le peuple pour qu'ils fassent la révolution. Nous ne pourrons pas réaliser cette tâche sans nous politiser, et sans nous politiser, nous ne pourrons pas non plus croître, moins encore diriger la révolution.

La politisation du parti commence par la direction et elle doit agir sur tous les échelons, à commencer par les directions régionales et zonales, à condition qu'elle s'étende jusqu'aux équipes les plus arriérées et les plus neuves du parti, sans quoi nous aurons toujours un maillon faible, celui par lequel nous établissons un dialogue quotidien avec le mouvement ouvrier et le peuple.

Mais qu'est-ce que la politisation ? Dans le Bilan de mars 1984, nous avons fait une définition que nous reproduisons maintenant intégralement, car elle est toujours d'actualité. [...]

Tout d'abord, nous politiser, cela veut dire être de plus en plus internationaliste. Tout le parti doit comprendre que notre analyse de la situation nationale ne peut s'expliquer que dans le cadre de nos analyses internationales, que notre orientation politique nationale est une expression particulière de notre orientation internationale. Qui plus est, nous devons obtenir un parti qu'il faudra freiner quand une tâche internationaliste lui est proposée. C'est très peu le cas aujourd'hui : la revue n'est pratiquement pas lue et les problèmes théoriques, politiques et pratiques de la situation internationale ne sont pas incorporés dans l'activité quotidienne et les discussions politiques des équipes. Nous devons en tirer une conclusion pratique : il y a lieu de stimuler la lecture et l'étude de Courrier International.

Deuxièmement, politiser le parti, cela veut dire obtenir que tous les militants aient la passion et l'obsession pour la politique, plutôt que pour les problèmes organisationnels. Nous devons habituer tout le monde à faire des analyses politiques et à les discuter, afin de donner des réponses socialistes révolutionnaires. Voilà l'objectif central du parti. Toutes ses activités, toutes, sans exception, doivent servir à donner des réponses socialistes révolutionnaires aux situations de la lutte de classes et du parti lui-même. Il n'y a pas de tâche, de campagne, de « but », d'« engagement », d'« objectif », ou comme vous voulez l'appeler, qui pourrait être posé, si ce n'est pas pour cela. Et c'est la première chose à discuter par tout organisme du parti, de la direction jusqu'à la base : l'analyse et l'orientation politiques, d'où découle n'importe quelle tâche ou campagne. Il s'ensuit, qu'à tous les niveaux, la tâche la plus importante est de lire, ou de discuter de vive voix, ensemble avec les questions internationales, les rapports politiques et les articles centraux du journal ou d'autres publications.

Troisièmement, politiser le parti, cela veut dire s'habituer à se tenir au courant constamment des analyses et des politiques des partis ennemis et des directions syndicales, qui sont en concurrence avec nous pour la direction du mouvement ouvrier et des masses afin de les trahir. Nous devons en finir avec ce vice sectaire d'agir sur l'avant-garde et les masses comme si nous étions seuls. Nous sommes dans un combat avec les courants bourgeois, petits-bourgeois et bureaucratiques, et tout le parti doit étudier et gérer au mieux ce qu'ils proposent aux travailleurs, aux étudiants et aux militants démocratiques, afin de pouvoir les combattre.

Quatrièmement, nous politiser, cela veut dire étudier très bien les secteurs sur lesquels le parti intervient ou devrait intervenir, sur la base d'analyses sociales et politiques. Par exemple, en ce qui concerne le milieu syndical, quels sont les secteurs à privilégier ? Qu'en est-il du travail de quartier ? Et cette étude ne peut pas se limiter à l'échelon national, elle doit faire l'objet d'une discussion permanente dans chaque régionale et dans chaque équipe. Quelles usines, quelles écoles ou facultés, quels secteurs politiques actifs dans la zone favorisons-nous dans notre activité ?

En cinquième lieu, mais pas en ordre d'importance, nous politiser, cela veut dire étudier la théorie et la politique comme une tâche spécifique du parti, une tâche à laquelle il faut réserver du temps et de l'intérêt. Nous devons en finir avec la phrase malheureusement classique : « aujourd'hui, je ne peux pas étudier, car je dois militer ». Nous ne sommes pas d'avis que l'étude est l'unique forme de politisation du parti, ou même qu'elle en soit la principale forme, mais il n'y a pas de politisation sans étude. Par conséquent, l'étude est militantisme et elle doit être assumée comme tel par tous les camarades, à commencer par la direction, et intégrée de façon harmonieuse dans le reste des activités du parti. Nous avons avancé beaucoup avec les tâches de propagande, mais l'étude doit devenir une activité plus quotidienne.