L’arrivée de Lénine à Petrograd

De Marxists-fr
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Le 3 avril, nous accueillîmes Lénine à la gare de Biéloostrov. Presque toute l’organisation de Petrograd était présente. Lui et Nadejda Konstantinovna étaient tellement entourés – et ils furent immédiatement submergés de questions – que Bélénine et moi eûmes du mal à les atteindre. Le comité de Saint-Pétersbourg m’avait chargé de saluer Lénine par un bref discours et de lui offrir des fleurs.

Bélénine et Lénine tombèrent dans les bras l’un de l’autre. Je lui serrai la main, mais Bélénine me donna un coup de coude : « Si vous ne faites pas de discours, donnez au moins un baiser de bienvenue à Ilitch ».

Nadejda Konstantinovna s’inquiéta alors : « Ils ont harcelé Ilitch pendant tout le trajet, il y a eu des discours de bienvenue dans chaque gare, partout en Finlande. Les Finlandais aussi l’ont applaudi. [Kustaa] Rovio, qui nous accompagnait, a parfaitement bien tout traduit. Offrez au moins du thé à Ilitch ; voyez comme il est épuisé ! »

Nous nous dirigeâmes vers le wagon. Je m’assis avec Lénine dans un compartiment. Nadejda Konstantinovna et Inéssa Armand s’installèrent dans le compartiment voisin. Dans le couloir, les camarades de Petrograd se pressèrent à nouveau, tous voulurent parler à Ilitch. Celui-ci retira son manteau et ôta sa casquette, et comme s’il se débarrassait ainsi de sa fatigue, il posa des questions et écouta attentivement ce que les camarades racontèrent ; il ne fronça les sourcils que lorsque Kamenev les interrompit par des exclamations et des ajouts.

Une réunion de la fraction bolchevique du soviet de Petrograd était prévue pour le lendemain, le 4 avril. Comme je faisais partie du bureau de la fraction, je me rendis dès le matin au Palais de Tauride. À l’époque, j’habitais dans l’appartement de Tatiana Chtchepkina-Koupernik sur la Kirotchnaïa et je me rendais habituellement à pied au Palais de Tauride ; quand j’avais de la chance, je prenais aussi un fiacre. Mais ce ne fut pas le cas matin-là et j’étais en réalité assez contente de pouvoir marcher ainsi dans les rues.

Le soleil brillait, le printemps se faisait sentir partout et j’étais pleine d’élan et d’une humeur combative. J’étais encore sous l’impression de l’arrivée de Lénine, de ses discours et de la joie avec laquelle la foule des ouvriers et des soldats l’avait accueilli et l’avait compris avec son cœur et son esprit à la gare de Finlande, puis devant l’ancienne maison de Kchessinskaïa[1], où le centre bolchevique avait pris ses quartiers.

Les idées qu’exprima alors Lénine m’étaient déjà connues, tant par les lettres qu’il m’avait adressées que par ses articles. Mais la conscience qu’il était lui-même ici, dans cette nouvelle Russie chaotique où tout était bouleversé, donnait un sentiment de sécurité et de stabilité. Il était également réjouissant de constater que les choses commençaient à se remettre en bon ordre parmi les bolcheviques eux-mêmes, parmi ceux qui hésitaient encore…

Entre-temps, j’arrivais au Soviet de Petrograd. Je me précipitais vers la galerie où se réunissait habituellement le bureau de notre fraction des membres bolcheviks du soviet.

L’état d’esprit de la fraction était tout naturellement excité et animé. Les thèses de Lénine furent débattues avec passion. Pour beaucoup, ces pensées étaient nouvelles, inattendues. Ceux qui savaient que j’avais été en contact permanent avec Vladimir Ilitch à l’étranger pendant la guerre impérialiste se pressèrent autour de moi et me firent part de leurs questions et de leurs inquiétudes. Je ne m’attendais pas à une telle ruée et je m’empressai de donner des explications et des réponses aux questions qui m’étaient adressées. Mais je me demandais en pensée si le transport de la littérature et des lettres de Lénine vers la Russie avait vraiment été aussi mauvais au cours de ces années. Est-ce que nous, les « agents de liaison » en Scandinavie, avions vraiment fourni aux camarades russes si peu des précieux matériaux issus de la plume de Lénine ? Pourquoi ses idées nouvelles et grandioses sur la transformation de la révolution bourgeoise en une révolution socialiste et sa ligne visant à mettre fin à la guerre n’étaient-elles pas encore connues de tous ? Mais je n’avais pas le temps de m’en préoccuper davantage, il fallait agir.

La réunion du bureau de la fraction fut ouverte par Padérine. La fraction fut informée que Lénine avait l’intention de s’exprimer le jour même lors d’une assemblée commune de tous les groupes socialistes siégeant au Soviet. Certains estimèrent qu’il était prématuré que Lénine s’exprime devant les députés du soviet. Ils pensaient qu’il fallait d’abord se faire une idée claire des thèses de Lénine. Quelqu’un fit valoir que Kamenev était du même avis. Le bureau de la fraction exigea cependant avec fermeté que Lénine prenne la parole sans délai, c’est-à-dire le jour même. La tactique du parti fut ainsi définitivement arrêtée, apportant ainsi un appui à ceux qui s’opposaient aux camarades hésitants…[2]

Au cours de la journée, nous nous rendîmes dans la salle de conférence, où la séance commune des groupes sociaux-démocrates du Soviet de Petrograd s’était déjà réunie. En parcourant les allées, je remarquai que l’animation parmi les députés était exceptionnelle. Ils se réunissaient par groupes et discutaient avec ardeur. Des bribes de conversation parvinrent à mes oreilles : « Je l’ai entendu moi-même hier : il faut que les Soviets prennent le pouvoir et concluent la paix ! ».

Dans un groupe de mencheviks, Martov[3] affirmait qu’aucun membre raisonnable du soviet ne pourrait jamais soutenir les propositions « blanquistes » de Lénine : « Le peuple russe n’a que faire des utopies ».

Un groupe de soldats me barra le chemin. « Bonjour, camarade Kollontaï. C’est donc vrai que Lénine va parler aujourd’hui ? Mais peut-être ne viendra-t-il pas ? »

Lorsqu’ils apprirent que Lénine se trouvait déjà au Palais de Tauride, ils réagirent avec joie : « C’est formidable ! » En se rendant dans la salle, ils se rappelèrent les paroles prononcées par Lénine la veille.

Ces soldats étaient déjà de notre côté…

Dans la salle semi-circulaire du Palais de Tauride, où se tenaient les séances plénières du Soviet de Petrograd, les places réservées aux députés étaient bondées. On sentait la curiosité et l’espoir que Lénine allait dire quelque chose de nouveau, qui remettrait tout en ordre immédiatement, mais surtout qui mettrait fin à la guerre sanglante pour laquelle le peuple n’avait aucune tolérance et qu’il détestait…

Lénine arriva discrètement à la tribune et s’assit non pas à la table du présidium, mais sur une chaise au fond. Un murmure traversa la salle : « Lénine ! »

Lorsque Vladimir Ilitch et les bolcheviks qui l’accompagnaient apparurent à la tribune, j’eus immédiatement le sentiment qu’une atmosphère hostile émanait d’une bonne partie de la salle. On sentait toute la méfiance condescendante des députés petits-bourgeois, des sociaux-démocrates, avec laquelle ils s’apprêtaient à écouter les « utopies » de Lénine. Notre aile gauche, où siégeaient les bolcheviques, accueillit par contre Vladimir Ilitch par des applaudissements nourris.

Mais le bloc bolchevique placé dans la partie gauche de la salle était alors encore très réduit, il ne s’élargi fortement qu’après le 4 avril, à tel point qu’il chassa peu à peu des bancs des députés du soviet tous les social-patriotes et autres traîtres au peuple travailleur. Et cela non seulement à Petrograd, mais aussi progressivement dans toute l’immense Russie.

Comme toujours à cette époque, ce fut le menchevique Tchkeïdzé qui fut élu président de la séance. Il donna la parole à Lénine.

Lénine ne se dirigea pas vers le pupitre mais s’avança tranquillement jusqu’au bord de l’estrade, comme s’il voulait être le plus proche possible des députés, comme s’il voulait s’entretenir simplement avec eux, tel qu’il l’avait toujours fait dans les réunions d’émigrés politiques à Genève ou à Paris. Sur les bancs où les soldats et les ouvriers étaient assis en groupes, leurs yeux attentifs et pleins d’attente étaient braqués sur lui.

Lénine commença à parler d’une voix régulière et calme, d’une simplicité et d’une intelligibilité frappantes. Beaucoup me dirent plus tard : « Comment Lénine arrive-t-il à dire ce que je pense depuis longtemps en moi-même, sauf que je n’ai pas trouvé les mots pour l’exprimer ? ».

Lénine parla de choses grandes et importantes : de la réorientation sur de nouvelles voies de toute la politique de la jeune révolution. Le peuple laborieux russe, l’ouvrier, le paysan, le soldat et le marin, pouvait, par le biais du pouvoir des soviets, bâtir un pays nouveau et heureux pour lui-même et ses enfants. S’il ne s’aligne pas sur l’étranger, s’il ne permet pas aux marchands et aux industriels russes de s’emparer du pouvoir, il peut lui-même, par ses propres moyens, avec son bon sens et en s’appuyant sur la doctrine de Marx, construire le socialisme. Mais avant cela, il fallait mettre un terme au massacre sanglant dans lequel des millions de Russes périssent pour la seule gloire de l’Entente.

La salle écouta Lénine en silence, le souffle retenu, comme envoûtée. Des applaudissements nourris et enthousiastes interrompirent le discours de Lénine lorsqu’il déclara que seul le peuple, seul le pouvoir des Soviets pouvait mettre fin à la guerre.

Il continua à parler. Sa voix se fit un peu plus violente et plus agressive. Lénine expliqua l’idée que pour les bolcheviks, il n’était pas question de s’allier avec les traîtres aux intérêts de la classe ouvrière, avec les conciliateurs, que seule la voie conséquente de la prise du pouvoir par les soviets permettrait de mettre fin à la guerre, de sauver la Russie de l’anarchie et de l’effondrement économique et de libérer les travailleurs de l’exploitation des capitalistes et des propriétaires terriens. Une fois de plus, une tempête d’applaudissements éclata dans la salle…

Les thèses d’avril, qui posaient les bases de toute la politique future du parti et définissaient la tactique à suivre pour la poursuite de la révolution et la conquête du pouvoir par les ouvriers et les paysans, mettaient ainsi lumière la véritable signification et la vocation des soviets.

Pour beaucoup, ces thèses furent une révélation. Pour d’autres, elles étaient quelque chose qui ne pouvait pas être compris ni assimilé d’un seul coup. Pour les troisièmes, les ennemis de la révolution, ces thèses étaient une plate-forme politique extrêmement dangereuse.

Il était évident que l’humeur des personnes présentes changeait rapidement au fur et à mesure du développement de la chaîne logique des grandes thèses de Lénine. L’expression des visages se modifiait. Chez les dirigeants mencheviques, elle devint d’abord confuse, puis la peur et la malveillance prirent le dessus. En revanche, les visages des simples députés, des soldats et des ouvriers, s’éclairèrent de plus en plus, comme s’ils avaient découvert une nouvelle voie.

Cette immense salle des Soviets, inondée de lumière, était habituée aux discours vides de sens des mencheviks et des socialistes-révolutionnaires. Aujourd’hui, ce fut un leader du peuple, un génie de l’humanité, qui connaissait et fixait les objectifs et les voies de la révolution, qui conduisait le peuple à se libérer des guerres et du pouvoir du capital.

Le pire pour les conciliateurs, pour les partisans de la demi-mesure, c’était cette clarté et cette logique avec lesquelles Lénine exposait ses thèses géniales. Vladimir Ilitch ne parlait pas du tout comme l’avocat de salon Kerenski ou le mielleux Tsérétélli, ces bavards notoires. Lénine ne faisait pas de discours, il menait une discussion politique objective et sérieuse avec les députés du Soviet, et il semblait parler à chacun d’entre eux, tant ses thèses étaient claires et évidentes. Il parlait simplement et était compréhensible pour chaque ouvrier, pour chaque soldat.

Lorsque Lénine acheva son discours, presque toute la salle l’applaudit avec enthousiasme.

J. P. Mechkowski-Goldenberg et V. S. Voïtinski contestèrent alors les thèses de Lénine. Mechkowski s’efforça de « démontrer » que les thèses de Lénine constituaient un énorme danger pour la révolution : Lénine voulait briser l’unité des forces révolutionnaires et planter en Russie l’étendard de la guerre civile (!?).

Après Mechkovski et Voïtinski, d’autres adversaires suivirent, non seulement des mencheviks et des membres du groupe intermédiaire (K. K. Youréniev), mais aussi quelques membres de la fraction bolchevique du soviet.

Je fus à la fois indigné de cela et en colère contre moi-même que le bureau de la fraction n’eut pas enjoint à la fraction de voter en faveur de la position de Lénine, et donc de soutenir ses thèses. Au Soviet, on savait que j’étais un membre actif du bureau de la fraction bolchevique. Je décidais donc de prendre moi-même la parole. Il s’agissait de montrer que nous étions solidaires des thèses de Vladimir Ilitch et d’opposer une fin de non-recevoir à ces tentatives de nous diviser. J’étais tellement indigné que je n’étais même pas émue comme d’habitude lorsque je prenais la parole, même si je remarquais des regards malveillants et entendais des exclamations de désapprobation qui m’étaient destinés.

Nadejda Konstantinovna se trouvait assise dans l’un des premiers rangs, avec Inéssa Armand à ses côtés. Elles me sourirent toutes les deux pour me donner du courage. Vladimir Ilitch était assis à la tribune, et lorsque j’eus terminé mon discours, je m’assis près de lui.

Lénine écouta les orateurs qui s’opposaient à lui avec le calme qui le caractérisait. Il semblait étudier les députés, il les regardait attentivement. C’était comme si la composition du soviet l’intéressait bien plus que ce que disaient les orateurs.

Il régnait dans la salle une atmosphère extraordinairement exaltée, voire confuse, dirais-je, et Vladimir Ilitch ne pouvait pas ne pas s’en rendre compte. Il devait sentir que ses thèses avaient bousculé les sommités mencheviques, jusque-là inébranlables, et avaient fait réfléchir plus d’un député. Et c’était justement ce à quoi Lénine aspirait.

Vladimir Ilitch appela plusieurs fois des camarades de la fraction bolchevique et s’enquit avec intérêt auprès d’eux de différentes gens et de leur état d’esprit. Il n’écoutait plus les orateurs. Mais lorsque Tchkeïdzé (qui présidait la réunion) donna la parole à Tsérétélli, Lénine se tourna vers lui et se mit à suivre attentivement son discours.

Mais lorsque Tsérétélli commença à couvrir d’éloges le groupe de contact social-démocrate qui avait convoqué cette réunion et proposa de former immédiatement un comité pour la convocation d’un congrès social-démocrate de toutes les fractions, Vladimir Ilitch ne put s’empêcher de sourire ironiquement et de me dire en se tournant vers moi : « Comme ils tombent bien bas, ces conciliateurs ! L’homme lui-même n’est pas stupide, mais il débite des âneries bourgeoises ».

Avant l’élection d’un tel organe pour la préparation d’un congrès de réunification, une déclaration fut faite au nom du comité central des bolcheviks, selon laquelle ceux-ci considéraient que cette élection était inopportune et que la fraction des bolcheviks ne prendrait donc pas part au vote.

Cette déclaration sema le trouble parmi les membres du soviet, bien qu’une telle décision découlât logiquement du discours de Lénine. Mais refuser de participer au vote, ce n’était déjà plus des mots, c’était des actes. Les bolcheviks s’apprêtaient à rediriger la révolution sur une nouvelle voie. Et la déclaration refusant de voter en faveur d’une réunification avec les « défenseurs de la patrie » en était le premier pas concret, basé sur les thèses célèbres et limpides de Lénine. Les membres du soviet de Petrograd chuchotèrent entre eux avec excitation et ne prêtèrent guère attention à la suite de la réunion. Tchkeïdzé dut rappeler à l’ordre à plusieurs reprises…

Nous autres, membres du bureau de la fraction du soviet, quittâmes la séance du 4 avril avec le sentiment d’avoir remporté une victoire morale.

Mon discours, dans lequel j’avais défendu les thèses de Lénine, m’avait valu non seulement la haine particulière de nos adversaires au soviet de Petrograd, mais aussi l’hostilité du gouvernement provisoire. Depuis ce jour, les journaux bourgeois se déchaînèrent contre moi, écrivant non seulement des articles haineux à mon égard, mais aussi des feuilletons ironiques ; les correspondants me qualifiaient de « valkyrie de la révolution ».

Les thèses de Lénine firent l’effet d’un coup de tonnerre. Elles semèrent la confusion dans les rangs des socialistes-révolutionnaires et des mencheviques, et effrayèrent les ministres capitalistes qui avaient tellement voulu croire que la révolution était déjà derrière eux. Les masses ouvrières et les soldats comprirent la pensée de Lénine et s’en emparèrent ; ils avancèrent dès lors sur la voie de la révolution socialiste sous la ferme direction de notre parti…

Mais pour moi commença une période d’agitation intense pour la paix, pour le pouvoir des soviets, pour la fraternisation sur le front, pour la libération de la femme et la reconnaissance de ses droits égaux.

  1. L’ancien « Palais de la Kchessinskaïa » avait appartenu à une danseuse-étoile issue de la noblesse polonaise qui fut la maîtresse du tsar Nicolas II. Après la Révolution de Février, le parti bolchevique le réquisitionna et en fit son quartier général A son arrivée à Petrograd le 3 (16) avril 1917, Lénine prononça un discours sur la place de la gare de Finlande du haut d’une voiture blindée, dans lequel il félicita les ouvriers et les soldats russes pour leur victoire sur le tsarisme et les appela à lutter pour la révolution socialiste mondiale. Dans cette même nuit du 3 au 4 avril, lors d’une réunion au palais de la Kchessinskaïa, Lénine prit la parole devant les responsables du parti sur les nouvelles tâches du parti bolchevik et salua à plusieurs reprises, depuis le balcon du palais, les ouvriers, les soldats et les marins rassemblés sur la place.
  2. Dans ce récit, Alexandra Kollontaï ne mentionne pas l’exposé « Sur les tâches du prolétariat dans la présente révolution » (les Thèses d’Avril) que Lénine fit le matin du 4 avril devant les membres du Comité central et du comité du parti de Petrograd, ainsi que devant les délégués bolcheviques au congrès pan-russe des soviets de députés ouvriers et soldats. Mais elle revient ensuite en détail sur un deuxième exposé que Lénine fit le 4 avril sur ses Thèses d’avril, lors de la réunion commune des bolcheviques et des mencheviques.
  3. Il s’agit d’une erreur car, en réalité, Martov était encore en Suisse à cette date.