L’Ignorance n’est pas une arme révolutionnaire

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Sur des Déclarations scandaleuses de Trinchera Aprista

Nous avons publié dans le n° 3 de notre revue un article de Diego Rivera qui était consacré à une lettre programmatique de Haya de la Torre. L’article du camarade Rivera, comme tous nos lecteurs ont pu s’en rendre compte, traitait des problèmes d’une grande importance et, en outre, était écrit sur un ton extrêmement serein. Cependant l’un des journalistes de l’A.P.R.A., un certain Guillermo Vegas Leon, a répondu par un article qu’on ne peut qualifier autrement que d’impudent et vil. M. Vegas Leon, sous couvert de réponse aux questions principales qui avaient été exposées, utilise l’insinuation personnelle et croit possible d’attaquer Diego Rivera en tant qu’homme et en tant qu’artiste.

Est-il nécessaire de défendre Rivera contre des attaques stupides et sales? Vegas Leon, avec un mépris comique à chaque ligne, appelle le camarade Rivera « le peintre », comme si ce mot comportait en lui-même une effroyable condamnation. M. Vegas Leon, pour ajouter au poids de son ironie l’ironie d’un philistin impuissant aurait dû parler d’un « grand peintre » : si c’est mal d’être un peintre, c’est incomparablement pire d’être un maître de talent. A l’instar de Lombardo Toledano et autres « socialistes » bourgeois, Vegas Leon accuse Rivera de vendre ses peintures à la bourgeoisie. Mais qui, dans la société capitaliste, peut acheter des peintures, sinon la bourgeoisie ? L’écrasante majorité des artistes, dépendants de la bourgeoisie du fait des conditions sociales, sont unis à elle idéologiquement. Rivera constitue un cas exceptionnel parce qu’il maintient une indépendance morale totale vis-à-vis de la bourgeoisie. C’est précisément pour cette raison qu’il a droit au respect de tout ouvrier socialiste et de tout démocrate sincère. Mais Vegas Leon n’appartient à aucune de ces deux catégories.

Vegas Leon s’indigne parce que Rivera traite Haya de la Torre comme un démocrate. Vegas León voit là insulte et calomnie. Haya de la Torre « n’est pas un démocrate mais un révolutionnaire », s’exclame-t-il. Il est tout à fait impossible de comprendre ce que signifie cette opposition. D’un côté, le démocrate peut être opposé au partisan de la monarchie ou à la dictature fasciste ; de l’autre, et de façon différente, il peut l’être au socialiste. Mais opposer le démocrate au socialiste a presque la même signification que d’opposer un rouquin à un avocat. Le démocrate, en France ou aux États-Unis, ne peut naturellement pas être un révolutionnaire ; il est pour le maintien du système existant, il est conservateur. Mais le démocrate d’un pays arriéré, qui se trouve sous la double oppression de l’impérialisme et de la dictature policière, comme c’est le cas au Pérou, ne peut être qu’un révolutionnaire s’il est un démocrate sérieux et conséquent. C’est précisément l’idée que développe Rivera. Diego Rivera fait des critiques à Haya de la Torre pour sa position en tant que défenseur de la démocratie, pas parce qu’il n’apparaît pas comme un socialiste dans sa lettre programmatique. Rivera prend cette position conditionnellement et tente, avec succès, selon nous, de démontrer que Haya de la Torre apparaît comme un démocrate inconséquent. C’est à quoi [Vegas] León aurait dû répondre.

Haya de la Torre appelle les États-Unis « le gardien de notre liberté » et promet de s’adresser lui-même au gardien en cas de danger fasciste (Benavides n’est pas un danger?) « pour demander son aide ». Le camarade Rivera condamne à juste titre l’idéalisation de l’impérialisme nord-américain. Quelle est la réponse de Vegas Leon? Il répond par des injures, invoque des citations de Lénine, cite d’autres déclarations de de la Torre… et plus d’insultes. Mais il n’explique pas de cette façon pourquoi le dirigeant apriste, au lieu de dénoncer le rôle véritable de ce pays, a cru possible, à la veille de la conférence de Lima, de présenter les États-Unis — comme l’a fait [Lombardo] Toledano dans Futuro — comme une poule philanthrope qui protège les poulets latino-américains (y compris le tendre petit poulet Benavides) du vautour de l’autre côté de l’océan. Une telle entorse à la réalité est doublement inadmissible quand elle se trouve sous la plume du démocrate d’un pays opprimé.

Les marxistes révolutionnaires peuvent conclure des accords pratiques avec des démocrates, mais précisément avec ceux qui sont révolutionnaires, c’est-à-dire avec ceux qui s’appuient sur les masses et pas sur la poule protectrice. L’A.P.R.A. n’est pas, aux yeux du marxiste, une organisation socialiste, parce qu’elle n’est pas une organisation de classe du prolétariat révolutionnaire. L’A.P.R.A. est une organisation de la démocratie bourgeoise dans un pays arriéré semi-colonial. Du fait de son type social, de ses objectifs historiques et, dans une large mesure, de son idéologie, elle entre dans la même catégorie que les populistes russes (social-révolutionnaires) et le Guomindang chinois. Les populistes russes étaient beaucoup plus riches en doctrine et en phraséologie « socialiste » que l’A.P.R.A. Cela ne les a pas empêchés cependant de jouer le rôle de démocrates petits-bourgeois, pire encore, de démocrates petits-bourgeois arriérés qui n’ont pas la force de réaliser des tâches purement démocratiques en dépit de l’esprit de sacrifice et de l’héroïsme de leurs meilleurs combattants. Les « social-révolutionnaires » avaient publié un programme agraire révolutionnaire, mais, comme les partis petits-bourgeois, ils étaient prisonniers de la bourgeoisie libérale — cette bonne poule qui protège les petits — et ils ont trahi les paysans au moment décisif pendant la révolution de 1917. Il est impossible d’oublier cet exemple historique. Un démocrate qui répand la confiance dans les « gardiens » impérialistes ne peut que créer d’amères désillusions aux peuples opprimés.

Le camarade Rivera affirme dans ses thèses, comme dans son article, que les peuples opprimés ne peuvent obtenir leur émancipation complète et définitive que par le renversement révolutionnaire de l’impérialisme, et que cette tâche ne peut être réalisée que par le prolétariat mondial en alliance avec les peuples coloniaux. M. Vegas Leon déverse un torrent d’objections injurieuses et quelques arguments du même ordre contre cette idée. Laissant les injures de côté, nous allons essayer de déterminer la base de son argumentation. Le prolétariat des pays impérialistes, dit-il, n’a pas le moindre intérêt pour la lutte des pays coloniaux, et par conséquent ces derniers doivent mener leur propre politique. Considérer que le sort des pays arriérés dépend de la lutte du prolétariat des pays avancés, aussi peu que ce soit, c’est… du « défaitisme ». Nous n’allons pas examiner l’absurdité de cette idée : Vegas Leon donne un exemple pour prouver la validité de ses idées. Le Mexique a exproprié les entreprises pétrolières. N’est-ce pas un pas vers l’émancipation de ce pays de sa dépendance impérialiste ? Cette mesure a néanmoins été adoptée sans la moindre participation du prolétariat américain ou anglais. Cet exemple récent démontre, selon Vegas Leon, que les peuples semi-coloniaux et coloniaux peuvent atteindre leur émancipation complète indépendamment de l’attitude du prolétariat international.

Tout ce raisonnement démontre que le journaliste de l’A.P.R.A. ne comprend pas l’A B C de cette question qui est d’une importance fondamentale pour son parti, à savoir la relation réciproque entre les pays impérialistes et semi-coloniaux. Il est absolument vrai que le Mexique a effectué un pas vers l’émancipation économique en expropriant les intérêts pétroliers. Mais Vegas Leon ferme les yeux sur le fait que le Mexique, en tant que vendeur de produits pétroliers, est maintenant tombé — et c’était inévitable — dans la dépendance des autres pays impérialistes. Quelle forme cette nouvelle dépendance assumera-t-elle ou peut-elle assumer? L’histoire, sur ce point, n’a pas dit son dernier mot.

D’un autre côté, peut-on affirmer que l’action concrète — l’expropriation des entreprises pétrolières — est assurée de façon définitive? Malheureusement, il est impossible de le dire. Une pression militaire ou même purement économique de l’étranger, avec un rapport de forces international défavorable pour le Mexique, c’est-à-dire des défaites et des reculs du prolétariat mondial, peuvent obliger ce pays à faire un pas en arrière. Ce serait pure fanfaronnade creuse que de nier une telle possibilité. Seuls de lamentables utopistes peuvent dépeindre l’avenir du Mexique et celui de tout autre pays colonial ou semi-colonial comme un avenir d’accumulation constante de réformes et d’acquis jusqu’à ce qu’arrive l’émancipation complète et définitive. De la même façon, les social-démocrates, ces opportunistes classiques, ont longtemps espéré qu’ils allaient réussir à transformer la société capitaliste au moyen de séries continues de réformes sociales et arriver ainsi à l’émancipation complète du prolétariat tout entier. En réalité, la voie des réformes sociales n’était possible que jusqu’à un moment donné, quand les classes dominantes, effrayées par le danger, déclenchaient une contre-offensive. La lutte ne peut être tranchée que par la révolution ou la contre-révolution. L’accumulation de réformes démocratiques dans de nombreux pays n’a pas abouti au socialisme mais au fascisme, qui a liquidé tous les acquis sociaux et politiques du passé. La même loi dialectique s’applique à la lutte de libération des peuples opprimés. Des acquis précis, qui vont aider à leur lutte ultérieure pour leur indépendance, peuvent être arrachés de façon relativement pacifique dans certaines conditions favorables. Mais cela ne signifie nullement que de semblables conquêtes partielles vont se poursuivre sans interruption jusqu’à la réalisation de l’indépendance complète. Après avoir fait un certain nombre de concessions secondaires en Inde, l’impérialisme britannique est décidé non seulement à mettre un point final aux réformes, mais à faire tourner la roue dans l’autre sens. L’Inde ne peut être libérée que par la lutte commune et ouvertement révolutionnaire des ouvriers, des paysans, et du prolétariat anglais.

C’est là l’un des aspects de la question. Mais il y en a également un autre. Pourquoi le gouvernement mexicain a-t-il réussi à mener à bien l’expropriation, au moins pour le moment? Grâce, avant tout, à l’antagonisme entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. Il n’y avait pas à craindre d’intervention active, immédiate, de la Grande-Bretagne. Mais c’est une question mineure. Le gouvernement mexicain a également considéré comme peu vraisemblable une intervention militaire de son voisin du Nord au moment où il a décrété l’expropriation. Sur quelle base ces calculs reposaient-ils? Sur l’orientation actuelle de la Maison Blanche : le « New Deal » dans les affaires nationales était accompagné de la politique du « bon voisinage » dans les relations extérieures.

Vegas Leon ne comprend de toute évidence pas que la politique actuelle de la Maison Blanche est déterminée par la crise profonde du capitalisme nord-américain et la croissance de tendances radicales dans la classe ouvrière. Ces tendances nouvelles ont jusqu’à présent trouvé leur expression la plus claire sous la forme du C.I.O. M. Vegas Leon se plaint que le C.I.O. se désintéresse du sort du Pérou. Cela veut probablement dire que la trésorerie du C.I.O. a refusé de financer l’A.P.R.A. Pour notre part, nous n’avons pas la moindre inclination à nous fermer les yeux sur le fait que la conscience politique des dirigeants du C.I.O. n’est pas supérieure à celle de la gauche du parti conservateur de Roosevelt et, on peut ajouter, qu’elle est à certains égards inférieure à ce misérable niveau. Néanmoins l’existence du C.I.O. reflète un bond énorme dans les pensées et les sentiments des ouvriers nord-américains.

La fraction influente de la bourgeoisie américaine dont Roosevelt est le représentant dit (ou disait hier) : « Il est impossible de gouverner par les vieilles méthodes : il faut arriver à un accord. Il faut faire des concessions partielles pour préserver l’essentiel, à savoir la propriété privée des moyens de production. » Telle est précisément la signification du New Deal. Roosevelt étend cette politique aux relations internationales et avant tout à l’Amérique latine : céder sur les questions secondaires afin de ne pas perdre sur les questions importantes.

Ce sont précisément ces rapports politiques internationaux qui ont rendu possible l’expropriation du pétrole au Mexique sans intervention militaire ou blocus économique. En d’autres termes, un pas pacifique sur la route de l’émancipation économique a été possible grâce à une politique plus active et plus offensive de la part de vastes couches du prolétariat nord-américain. Ainsi qu’on peut s’en rendre compte, la question n’est pas de savoir si Lewis et compagnie « sympathisent » ou non avec l’A.P.R.A. et le peuple péruvien. Ces messieurs ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et ne sympathisent avec personne sauf eux-mêmes.

En outre, la question n’est pas de savoir dans quelle mesure les ouvriers américains comprennent aujourd’hui que leur lutte pour leur émancipation doit être liée à celle des peuples opprimés. Bien que la situation, vue sous cet angle, puisse être tout à fait lamentable, il reste indiscutable et surtout très important, que l’intensification de la lutte de classes aux États-Unis a extraordinairement facilité l’expropriation des entreprises pétrolières par le gouvernement mexicain. M. Vegas Leon, comme un typique petit bourgeois qu’il est, ne peut le moins du monde comprendre cette logique interne de la lutte de classes, la relation mutuelle des facteurs intérieur et extérieur.

Il serait radicalement faux de tirer de ce qui a été dit la conclusion que la politique des États-Unis va continuer à se développer à l’avenir dans la même direction, sans interruption, ouvrant ainsi des possibilités toujours plus grandes pour l’émancipation pacifique des peuples latino-américains. Au contraire, on peut prédire en toute certitude que la politique du « New Deal » et du « Bon voisinage », qui n’ont résolu aucune question ni satisfait personne, ne vont que soulever les besoins et l’esprit combatif du prolétariat nord-américain et des peuples latino-américains. L’intensification de la lutte de classes a engendré le New Deal, faisant naître et dominer dans les rangs de la bourgeoisie les tendances les plus réactionnaires, les plus agressives et fascistes. La politique de « bon voisinage » sera inévitablement remplacée, et probablement dans un avenir proche, par celle du « poing menaçant » qui pourrait bien être tendu d’abord contre le Mexique. Seuls les phraseurs du genre Lombardo Toledano ou Vegas Leon peuvent se fermer les yeux devant ces perspectives. Une année plus tôt ou plus tard, cette question se posera sous une forme très aiguë : qui sera maître de ce continent? Les impérialistes des États-Unis ou les masses laborieuses qui peuplent toutes les nations d’Amérique?

Cette question ne peut, par son essence même, être résolue que par un conflit de forces ouvert, c’est-à-dire par la révolution, ou, plus exactement, une série de révolutions. A ces luttes contre l’impérialisme participeront, d’un côté, le prolétariat américain, dans l’intérêt de sa propre défense et, de l’autre, les peuples latino-américains qui luttent pour leur émancipation et qui, précisément pour cette raison, soutiendront la lutte du prolétariat américain.

On peut nettement déduire de ce qui vient d’être dit que nous sommes loin de recommander au peuple latino-américain d’attendre passivement la révolution aux États-Unis ou aux ouvriers nord-américains de se croiser les bras jusqu’au moment où arrivera le moment de la victoire. Qui attend passivement n’obtient rien. Il faut continuer à lutter sans relâche, à étendre et approfondir la lutte en harmonie avec les conditions historiques réellement existantes. Mais, en même temps, on doit comprendre les relations réciproques entre les deux principaux courants de la lutte contemporaine contre l’impérialisme. C’est leur fusion à une étape donnée qui assurera définitivement la victoire.

Naturellement, cela ne veut pas dire que Lewis et Green vont devenir d’éminents avocats de la fédération socialiste du continent américain. Non, ils resteront jusqu’au bout dans le camp de l’impérialisme. Cela ne veut pas dire non plus que tout le prolétariat va apprendre à voir que sa propre émancipation dépend de la lutte des peuples latino-américains. Ni que tout le peuple latino-américain va comprendre qu’il existe une communauté d’intérêts entre lui et la classe ouvrière américaine. Mais le fait même que se poursuive une lutte parallèle signifiera qu’il existe entre eux une alliance objective ; peut-être pas une alliance formelle, mais, en vérité, une alliance très active. Plus vite l’avant-garde prolétarienne américaine, en Amérique du Nord, du Centre et du Sud, comprendra la nécessité d’une collaboration révolutionnaire plus étroite dans la lutte contre l’ennemi commun, plus tangible et fructueuse sera cette alliance. Clarifier, illustrer, organiser cette lutte — c’est en cela que consiste l’une des tâches les plus importantes de la IVe Internationale.

L’exemple que nous avons développé démontre suffisamment le niveau général théorique et politique de M. Vegas Leon. Cela vaut-il la peine, après cela de s’attarder à toutes ses affirmations? Nous ne considérerons que deux des plus importantes.

Leon nous attribue l’idée que l’U.R.S.S. est un pays impérialiste. Naturellement, on ne peut rien trouver de pareil dans l’article de Rivera. Nous avons seulement dit que la bureaucratie soviétique, dans sa lutte pour garder le pouvoir, s’est transformée au cours de quelques dernières années en un agent de l’impérialisme « démocratique ». Afin de gagner les sympathies de ce dernier, elle est prête à toutes les trahisons aux dépens de la classe ouvrière et des peuples opprimés. L’attitude des staliniens au congrès pacifiste de Mexico en septembre 1938 a totalement révélé leur trahison des peuples coloniaux et semi-coloniaux. C’est précisément pour cette raison que les apristes de gauche se sont vivement opposés à la majorité stalinienne de ce congrès. Vegas Leon est-il, oui ou non, d’accord? Quand ce monsieur, prenant l’air important, déclare (autrement que nous?) qu’il n’est pas « un ennemi de l’U.R.S.S. », nous ne pouvons que hausser les épaules avec mépris. Que signifie l’U.R.S.S. pour Leon? Une notion géographique ou un phénomène social ? S’il veut étudier la société « soviétique », il doit comprendre que cette société est profondément contradictoire. Il est impossible d’être un ami du peuple de l’U.R.S.S. sans être un ennemi de la bureaucratie « soviétique ». Tous les pseudo-« amis » du Kremlin, comme L. D. Trotsky l’a plus d’une fois démontré, sont des ennemis perfides de la lutte pour l'émancipation menée par les ouvriers et les paysans de la Russie soviétique.

Vegas León nous accuse de « diviser les forces de l’Espagne républicaine » en lutte contre le fascisme, il manifeste une fois de plus sa stupidité réactionnaire. Les marxistes révolutionnaires ont démontré depuis le début même de la révolution espagnole et, avant tout, après le début de la guerre civile, que la victoire n’est possible que sur un programme socialiste : remise immédiate de la terre aux paysans, expropriation des banques et des trusts, possibilité pour les travailleurs de se libérer de l’exploitation capitaliste. La révolution espagnole aurait été invincible dans ces conditions. Mais les avocats et les laquais des propriétaires fonciers, des banquiers, des capitalistes et du clergé répondent : « Non, vous brisez l’unité ! » Tout mouvement révolutionnaire des ouvriers et des paysans a été implacablement écrasé au nom de l’« unité » des exploités avec les exploiteurs. Tous les socialistes révolutionnaires et anarchistes véritables ont été calomniés, emprisonnés, exterminés. Plus encore, le rôle principal est joué par le G.P.U. stalinien. « Non, vous brisez l’unité » — entre les victimes et les bourreaux ! On voit maintenant les résultats de cette politique traître. Les ouvriers et les paysans, déçus, ont tourné le dos aux républicains et ont sombré dans le désespoir, l’apathie et l’indifférence. C’est précisément ce qui a assuré la victoire de Franco. Ceux qui répètent maintenant, après la chute de Barcelone, que les « trotskystes » prêchent la division de l’Espagne républicaine, démontrent par cela seul qu’ils sont des agents des propriétaires fonciers, des banquiers, des capitalistes et du clergé. Cela suffit pour nous contraindre à dire ouvertement aux travailleurs péruviens : ne croyez pas des individus du type de Vegas León ; ce sont des petits-bourgeois conservateurs qui ne comprennent pas la logique de la lutte de classes et sont par conséquent totalement incapables de vous diriger dans votre lutte pour l’émancipation nationale et sociale, ils ne peuvent vous apporter que des défaites !

Nous pensons en avoir assez dit. Les insultes et les insinuations de Vegas León ne sont pas des arguments. L’absence de vergogne n’excuse pas l’ignorance. Et l’ignorance n’est pas un instrument de la révolution.