L’économie mondiale au troisième trimestre 1924 (suite). La crise agraire.

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Pourquoi la crise agraire n’est pas terminée — L’avantage de la Russie sur l’Amérique — Perspectives[modifier le wikicode]

La hausse des prix des céréales a-t-elle mis un terme à la crise agraire ou n’est-elle qu’une conséquence de la mauvaise récolte de cette année ?

L’histoire du XIXe siècle connaît plusieurs grandes crises agraires. Elles ont toujours été provoquées par la baisse des prix des produits agricoles, ces prix ne suffisant plus à couvrir les frais de la production. D’une enquête faite au printemps 1923 par le Ministère de l’Agriculture américain, sur la situation de 68 000 farmers-propriétaires, il ressort .que 4% ont fait faillite, 4,5% ont renoncé à cultiver leurs terres et 15%, complètement ruinés, n’ont évité la faillite que grâce à l’indulgence des créanciers. La même enquête, portant sur la situation d’un nombre égal de fermiers, a établi que 7,2% sont en faillite, 73% ont quitté leurs fermes et 21,3% ne devaient d’y rester qu’à l’indulgence des créanciers.

Les crises agraires sont toujours la conséquence des « ciseaux ». Par « ciseaux » il ne faut pas toujours comprendre la disproportion entre les prix des produits agricoles et des produits industriels. Il y a une autre forme des ciseaux, par exemple la disproportion entre les prix des produits agricoles baissant rapidement et le fermage, les intérêts des dettes hypothécaires etc., demeurés invariables. Les causes de la grande crise agraire du XIXe siècle ont été les suivantes :

1) Le développement rapide de l’agriculture aux Etats-Unis grâce au rendement supérieur d’un sol récemment défriché et aux frais de production peu élevés.

2) L’affluence du blé américain sur les marchés européens grâce au bon marché des transports.

La grande crise agraire s’est terminée pour les raisons suivantes :

1) Augmentation des frais de la production rurale aux Etats-Unis.

2) Adaptation, en Europe, des prix des terres et des fermages aux prix des céréales. 3) Relèvement du rendement du sol en Allemagne, Angleterre, etc. Accroissement de la consommation de produits alimentaires à l’époque de la prospérité capitaliste. La crise agraire actuelle a des traits analogues à ceux de la crise antérieure. Dans les dernières années la production agraire du Canada a pris un grand essor. La surface ensemencée de blé y a passé de 4 millions d’hectares en 1909 — 1913, à 10 millions en 1921. Les Etats-Unis, auxquels le Canada, pays exportateur produisant à bon marché, fait une grande concurrence, ont aussi vu augmenter rapidement leur production rurale et la surface ensemencée de blé. La Russie comme pays exportateur ne joue presque aucun rôle. Dans les pays consommateurs, la consommation de blé n’a pas augmenté, ce qui nous fait penser que la hausse actuelle des prix de céréales ne signifie pas la fin Varga, 1924, articles dans La Correspondance Internationale

67 de la crise agraire et ne constitue qu’un phénomène passager. Pour le démontrer, nous publions cidessous des statistiques sur la production rurale et la consommation mondiale de blé. Avant la guerre, les pays suivants étaient considérés comme exportateurs de céréales panifiables: Etats-Unis, Canada, Argentine, Indes britanniques, Australie, Russie, Roumanie, Bulgarie, Serbie et Hongrie.

L’Europe centrale et occidentale constituait leur marché principal.

Depuis la guerre la Russie a temporairement cessé de figurer parmi les pays exportateurs. Les pays importateurs sont restés les mêmes, à moins que l’on n’y ajoute encore la Chine et le Japon qui, depuis quelques années, reçoivent une faible quantité de blé des Etats-Unis et du Canada. Nous faisons remarquer que les données reproduites par nous, sont empruntées aux publications de l’Institut International d’Agriculture de Rome. Ces chiffres sont loin d’être précis. Nous les avons arrondis. A cause des modifications territoriales survenues après la guerre, il est difficile de faire des comparaisons précises entre les périodes d’avant et d’après guerre. Les données relatives à la Russie d’avant-guerre et à l’Union Soviétiste sont éliminées ou figurent comme chiffres se rapportant à ces territoires pris comme unité.

En vue de faciliter la compréhension de ces statistiques, nous avons divisé les principaux pays exportateurs et importateurs en deux blocs : bloc des pays exportateurs : Etats-Unis, Canada, Indes britanniques, Argentine, Australie ; bloc des pays importateurs : Allemagne, Belgique, France, Grande-Bretagne, Italie.

Tableau I[modifier le wikicode]

Prix du blé par quintal en francs-or[modifier le wikicode]

Mouvement des prix dans les pays exportateurs
Moyenne 1913 Août 1921 Août 1922 Août 1923 Juillet 1924 Août 1924 Septembre 1924 Octobre 1924
Canada :
Winnipeg (Manitoba 1) 16,8 31 24,0 19,9 23,0 28,3 25.8 29,9
Etats-Unis:
Chicago (Winter 1) 17,2 23 21,3 18,7 22,4 25,4 23,9 27,8
Minneapolis (Northern 1) 16,9 28 24,8 21,3 23,8 26.1 24,1 27,2
New York (Winter 2). 18,5 27 24,7 21,4 25,0 27,5. 26,4 30,8
Indes:
Karakhi 17,3 24,1 18,2 21,4 27,0 25,6 27,8
Argentine :
Buenos Aires (Barletta). 19,0 30 23,4 19,2 22,9 27,8 27,1 29,6
Prix du blé importé à Londres :
Moyenne 1913 Août 1921 Août 1922 Août 1923 Juillet 1924 Août 1924 Septembre 1924 Octobre 1924
Manitoba 1 20,9 29,5 23,2 26,3 31,7 30,3 34.5
Winter 2 20,7 26,2 21,5 25,4 28,8 27,3 32,1
Plata 20,6 27,1 21,9 24,5 28,8 28.7 32,9
Karakhi 20,9 22,2 25,3 28,8 29,1 32,9
Prix du blé Indigène en…
Moyenne 1913 Août 1921 Août 1922 Août 1923 Juillet 1924 Août 1924 Septembre 1924 Octobre 1924
Allemagne, Berlin 24,6 14 21,1 22,2 17,4 23,3 26,7 30,4
Belgique, Anvers 19,9 34 27,9 22,2 27,1 30,4
France, Paris 27,3 34 31,3 25,6 30,1 31,5
Angleterre, Londres 19,9 27,8 28,6 26,7 *7.6 28,6
Italie, Milan 28,1 26 29,1 20,6 23,4 25,3 27.2 31,9
Hollande, Rotterdam 20,6 28,3 29,0 34,1

Il ressort de ce tableau que l’augmentation des prix de céréales jusqu’en juin 1924 a été inférieure à celle des prix de gros pour toutes les marchandises. Les prix actuels de céréales sont de 30 à 40% supérieurs à ceux de 1923.

Tableau II[modifier le wikicode]

Surface ensemencée de blé et de seigle (en millions d’hectares)[modifier le wikicode]

1909

1913

1914

1919

1919

1923

1919 1920 1921 1922 1923 1924
Pays importateurs d’Europe 32,5 29,2 27,7 27,9 27,6 28,5 27,1 27,4 26,7
Pays exportateurs d’Europe (sans la Russie) 8,4 8,4 6,6 5,7 5,7 6,3 7,4 7,8 7,8
Total (sans la Russie) 40,9 27,6 34,3 33,6 33,3 34,8 34,5 35,2 35,7
Le grand bloc des pays importateurs d’Europe occidentale 21,9 19,5 17,6 16,9 17,5 18,0 17,5
Le grand bloc des pays exportateurs (sans la Russie)
Etats-Unis 20,0 23,5 27,9 32,7 26,5 27,6 27,3 25.7
Canada 4,0 6,0 8,9 8,0 7,7 10,1 9,2 9,8 9,6
Indes britanniques 11,8 12,9 11,2 9,6 12,1 10,4 11.4 12.5 12,«
Argentine 6,5 6,8 6,6 6,6 6,2 6,0 6,6 7,1 7,2
Australie 3,1 4,2 3,6 2,6 3,7 3,9 4,0 3.8 4,0
Total 45,4 53,4 58,2 60,0 56,2 58,0 56,5 58,9 56,9
Russie (61,4)

La surface ensemencée en Europe a diminué de plus d’un sixième jusqu’à 1920; cette année elle recommence à augmenter. Par contre, la surface ensemencée du bloc des pays exportateurs a augmenté d’un tiers de 1914 à I919 et n’a depuis diminué que de 8%.

La surface ensemencée en Europe et dans les pays constituant le grand bloc exportateur, a été en 1924 de 92.6 millions d hectares contre 86.3 millions dans la période d’avant-guerre.

Nous donnons ci-après les chiffres relatifs aux récoltes dans la même période. Les chiffres pour 1924 n’ont pu être additionnés, vu que les données sur l’Argentine et l’Australie ne sont pas encore connues. Certains chiffres pour 1924 sont approximatifs.

Tableau III[modifier le wikicode]

Récolte de blé et de seigle (en millions de quintaux)[modifier le wikicode]

1909

1913

1914

1919

1919

1923

1919 1920 1921 1922 1923 1924
Pays importateurs Europe 449,9 350,3 344,6 321,9 305,6 304,1 320,1 381,2 333,5
Pays exportateurs d’Europe (sans la Russie) 102,3 78,5 63,2 48,5 52,7 63,7 65,0 75,9 78,4
Total (sans la Russie) 552,2 428,8 407,8 370,4 358,3 457,8 385,1 467,1 411,9
Le grand bloc des pays importateurs d’Europe occidentale
Allemagne 154,5 118,6 83,7 81,8 71,8 97,3 81,9 95,8 85,2
Belgique 9,9 4,4 7,9 6,5 7,4 9,3 7,6 8,9 8,4
France 98,9 66,6 78,3 58,6 73,3 99,3 76,0 84,3 86,9
Grande-Bretagne 16,2 19,2 17,7 18,8 15,5 20,1 17,8 16,1 14,5
Italie 51,3 47,0 49,8 47,4 39,7 53,9 45,4 62,8 49,6
Total 330,8 255,8 247,4 213,2 207,7 279,9 218.7 267,0
Le grand bloc des pays exportateurs (sans la Russie)
Etats-Unis 195,8 239,0 258,7 276,6 242,1 237,5 257,3 229,9 245,1
Canada 54,1 68,5 93,8 55,2 74,5 87,3 117,0 134,9 82,7
Indes britanniques 95,8 96,1 89,6 76,2 102,8 68,1 99,7 101,4 99,1
Argentine 40,6 44 ;5 54,9 59,2 42,7 52,3 51,9 68,3 --
Australie 24,6 29,8 30,1 12,5 39,7 25,1 29,2 34,2 --
Total 410,9 477,9 527,1 479,7 501,8 480,3 555,1 568,7 --

Il ressort de ce tableau que la production de céréales panifiables en Europe (sans la Russie) a diminué dans une mesure plus forte que la surface ensemencée. Par contre, la production rurale a considérablement augmenté dans le grand bloc des pays exportateurs. Ainsi, la récolte en 1923 l’ensemble des pays d’Europe et des pays exportateurs a été supérieure à celle d’avant-guerre.

Moyenne de la récolte de 1909 à 1913..................... 963 millions de quintaux

Moyenne de la récolte de 1919 à 1923........... 935 millions de quintaux

Moyenne de la récolte de 1923.........................1036 millions de quintaux

La récolte en 1924 a été dans l’hémisphère nord de 637 millions de qu. contre 719 millions en 1923. Elle correspond à peu près à la moyenne de la récolte dans les dernières cinq années que l’Institut d’Agriculture de Rome évalue a 623 millions de qu.

Tableau IV[modifier le wikicode]

Importation et exportation de blé, farine de blé, seigle et farine de seigle (en millions de qu.).[modifier le wikicode]

1909 - 10

1913 - 14

1914 - 18 1919 - 20

1923 - 24

1919 - 20 1920 - 21 1921 - 22 1922 - 23 1923 - 24
Importation des pays importateurs d’Europe 144,6 113,7 159,3 154,4 164,3 148,0 165,0 164,8
Importation du grand bloc des pays importateurs d’Europe occidentale
Allemagne 12,2 0,8 17,2 10,3 22,2 20,6 21,0 12,0
Belgique 14,9 6,5 10,3 9,4 9,0 11,1 10,9 11,4
France 12,8 21,3 15,5 25,6 21,0 4,4 12,8 14,9
Grande-Bretagne 58,3 54,1 56,6 56,8 53,3 55,5 55,6 62,4
Italie 14,7 8,7 8,7 21,9 28,1 27,4 31,6 21,2
Total : 112,9 91,4 125,6 124,0 133,6 119,0 131,9 121,9
a) Exportation des pays exportateurs d’Europe (sans la R u s s i e ) 31,8 3,3 ? 0,6 3,1 4,9 2,2 ?
Exportations du grand bloc des pays exportateurs
Etat- Unis 27,8 57,8 66,2 63,3 94,5 74,1 63,7 35,7
Canada 25,5 41,5 58,7 25,1 45,4 50,6 77,3 95,0
Indes britanniques 13,5 8,9 4,6 0,8 3,9 4,9 7,8 5,5
Argentine 25,8 20,6 41,2 33,6 53,9 32,1 38,2 47,5
Australie 13,3 11,3 24,4 29,5 16,6 30,6 13,0 2,4
Total 105,9 140,1 195,1 152,3 214,3 192,3 200,0 206,1
Total des exportations des groupes a) et b) 137,7 143,4 __ 152,9 217,4 197,2 __ __
(Russie) (49,4) __ __ __ __ __ __ 3,0

Le tableau IV donne des chiffres sur les importations et les exportations de blé, farine de blé, seigle et farine de seigle exprimés en unités de seigle. Il en ressort que les importations des pays d’Europe n’ont augmenté que très peu contre celles de la période d’avant-guerre. Nous donnons dans le tableau V les chiffres relatifs à la consommation de céréales panifiables en Europe et dans le grand bloc des pays exportateurs sans la Russie. Nous avons obtenu ces chiffres en additionnant les chiffres de la récolte et des importations de céréales dans les pays importateurs et en déduisant de la récolte les exportations dans les pays exportateurs. Les chiffres sont calculés pour chaque année économique du premier juillet à fin juin, méthode grossière qui ne tient pas compte des excédents des années précédents, des quantités réservées à l’ensemencement et de celles destinées à nourrir le bétail.

[Nous décomposons le tableau V de Varga en deux parties : 1) les populations, 2) la consommation de céréales panifiables. Quelques éléments semblent erronés, comme la population Russe…]

Tableau V [1ère partie][modifier le wikicode]

Nombre d’habitants, en millions[modifier le wikicode]

1911 1911
Pays importateurs d’Europe 278,3 271,8
Block de pays importateurs d’Europe occidentale:
Allemagne 64,9 59,9
Belgique 7,4 7,5
France 39,6 39,6
Grande-Bretagne 45,1 47,4
Italie 34,7 38,8
Total 191,8 192,8
(Russie) 40,5 [ ?] 42,2 [ ?]
Pays exportateurs d’Europe
Le grand bloc des pays exportateurs :
Etats-Unis 92,0 105,7
Canada 7,2 8,8
Indes britanniques 8,8 318,9
Argentine 7,5 8,7
Australie 4,5 5,4

Tableau V [2ème partie][modifier le wikicode]

Consommation totale de céréales panifiables en millions de quintaux[modifier le wikicode]

1909 - 10 1913 - 141914 - 181919 - 20 1923 - 241919 - 201920 - 211921 - 221922 - 231923 - 24
Pays importateurs d’Europe594,5464,0503,9476,3469,9542,1485,1546,0
Block de pays importateurs d’Europe occidentale:
Allemagne166,7119,4100,992,194,0117,992,9107,8
Belgique24,810,918,215,916,420,418,520,3
France111,787,993,884,294,3103,788,899,2
Grande-Bretagne74,573,374,375,768,875,673,478,5
Italie66,056,775,869,376,881,377,084,0
Total :443,7347,2363,6337,2341,3398,9350,6389,8
(Russie)70,575,2?47,949,658,8??
Pays exportateurs d’Europe
Le grand bloc des pays exportateurs :
Etats-Unis168,0181,2192,5213,3147,6163,4193,6194,2
Canada28,626,035,130,129,136,739,739,9
Indes britanniques82,387,285,075,498,963,291,995,9
Argentine14,813,913,725,6- 11,220,213,720,8
Australie11,318,55,7- 17,023,14,55,811,8
(Russie)(406,6)

De ce tableau il ressort que : la consommation des pays importateurs d’Europe est d’environ 10% inférieure à celle des 5 dernières années d’avant-guerre, bien que le nombre des habitants n’ait diminué que de 2,5% par rapport à la période d’avant-guerre. La consommation a surtout baissé dans le grand bloc des pays importateurs (Allemagne, Belgique, France, Grande-Bretagne, Italie), pays où 1a crise de l’économie capitaliste se manifeste de la façon la plus forte. Dans ces pays, la consommation a baissé d’environ 13%. La consommation du grand bloc exportateur a augmenté proportionnellement à l’augmentation du nombre des habitants.

On peut tirer des chiffres donnés dans les cinq tableaux, précédents, les conclusions suivantes:

1) Par suite de la diminution de la capacité d’achat des pays industriels d’Europe, il y a, en dépit de la diminution de surface ensemencée aux Etats-Unis, sur le marché mondial, surproduction de céréales.

2) La récolte déficitaire de cette année ne justifie pas l’énorme hausse des prix des céréales. 3) La hausse des prix des céréales aura pour conséquence l’augmentation de la surface ensemencée en automne 1924. Aux Etats-Unis, cette augmentation est déjà évaluée à 7,5%. 4) Il est à peu près certain, que la Russie réapparaitra l’année prochaine en qualité de grand exportateur de blé sur le marché mondial.

5) On peut donc prédire avec une quasi-certitude que le niveau actuel des prix ne pourra pas être maintenu. Au contraire, il f a u t compter dans les années qui vont suivre avec une forte surproduction et une baisse considérable des prix, en conséquence de la réapparition de la Russie sur le marché mondial. La crise agraire n’est pas surmontée. Elle n’est que temporairement interrompue. I l f a u t compter avec une grande concurrence sur le marché mondial entre 1a Russie et les pays exportateurs d’Amérique[1].

Dans cette lutte, c’est la Russie qui l’emportera, précisément en raison de ses méthodes arriérées de production. Les exportations de blé de la Russie se composent des excédents de la récolte de plus de 20 millions de paysans indépendants produisant surtout pour leurs propres besoins et dont les intérêts ne sont pas mis en jeu par l’augmentation ou la diminution des prix du marché mondial. Par contre, les producteurs ruraux américains seraient directement touchés par une baisse éventuelle des prix mondiaux qui pourrait les acculer à la faillite. C’est pourquoi nous sommes d’avis que la Russie arriérée battra les pays capitalistes comme ça a déjà été le cas l’année dernière avec le seigle.

Au point de vue social, les petits cultivateurs, produisant pour leurs propres besoins, ne se ressentiront pas des effets de la baisse des prix qui leur sera même avantageuse s’ils sont obligés à faire des achats de blé. Les paysans moyens et riches et les grands propriétaires seront par contre directement touchés par une baisse éventuelle des prix de céréales.

  1. « La réapparition de la Russie, à laquelle reviennent de plus en plus les forces économiques, attendue avec le plus grand espoir par le consommateur européen, inspire la plus grande crainte aux farmers américains ». E. G. Nourse: L'agriculture américaine et le marché européen, p. 201. Edition de l’Institut Carnegie.