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Special pages :
L'économie mondiale et l'impérialisme (recension)
Auteur·e(s) | Nikolaï Boukharine |
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Écriture | mars 1928 |
Dans un ouvrage que l’on cite, à juste titre, comme l’une des bases essentielles de la doctrine marxiste-léniniste sur l’évolution du capitalisme, Lénine a déjà démontré, par l’analyse des éléments constitutifs du capitalisme et de leur évolution corrélative, que l’impérialisme est la dernière phase du capitalisme. Il en a donné cette définition brève mais éminemment suggestive par sa précision :
« Monopole, oligarchie, tendance à la domination et non à la liberté, exploitation d’un nombre croissant de nations petites ou faibles par une infime minorité de nations riches ou puissantes, tels sont les caractères distinctifs de l’impérialisme, qui font de lui un capitalisme parasitaire en décomposition. » (L’Impérialisme, dernière Etape du Capitalisme, p. 107)
La particularité la plus déterminante de l’impérialisme est représentée par la tendance progressive de celui-ci à la monopolisation et à la centralisation du capital financier mondial.
Par quelles voies et dans quelles conditions s’accomplit cette monopolisation ? Quelle est, par suite, la nature des rapports nouveaux qui s’établissent entre le capital financier monopolisateur et les pays dont il a subjugué toutes les forces de production par son intrusion dans l’économie nationale, par sa prépondérance sur le marché financier mondial ?
Ces problèmes, on ne peut que le reconnaître, sont d’une actualité brûlante. L’instabilité des changes, la dépréciation de la monnaie nationale, la guerre des tarifs douaniers, l’insécurité du marché des valeurs, l’aggravation de la fiscalité intérieure comme remède ou frein à l’inflation, etc., tels sont les phénomènes visibles de répercussion de l’évolution de l’impérialisme dans sa forme la plus redoutable pour l’indépendance des économies nationales : la monopolisation du capital financier international.
La connaissance approfondie de ces problèmes ne peut s’acquérir sans méthode. Il faut savoir, dans la complexité et l’interpénétration de tous les éléments qu’ils embrassent, discerner ceux qui sont à l’origine de cette évolution de ceux que celle-ci a fait naître soit par besoin soit par conséquence naturelle. Pour cette tâche importante, un guide éclairé devient indispensable.
N. Boukharine nous paraît à cet égard, être ce guide éclairé et sûr que l’on écoute avec attention et intérêt, tant pour ce qu’il dit que pour la manière simple dont il exprime sa pensée sur les sujets les plus difficiles ou les moins accessibles à l’intelligence ordinaire. Avec lui, on est assuré de comprendre les questions les plus ardues pour peu qu’on s’y intéresse.
Précisément, l’un de ses principaux ouvrages. L’Economie mondiale et l’Impérialisme (1), dont nous venons de recevoir les bonnes feuilles, concerne l’étude des problèmes que nous avons évoqués plus haut.
L’ouvrage comprend quatre parties : 1° l’économie mondiale et le processus d’internationalisation du capital ; 2° l’économie mondiale et le processus de nationalisation du capital ; 3° l’impérialisme, reproduction élargie de la concurrence capitaliste ; 4° l’avenir de l’économie mondiale et l’impérialisme.
Les premiers chapitres sont consacrés à l’analyse de l’économie mondiale, dont l’auteur nous donne la notion la plus large que l’on puisse souhaiter et nous montre le développement et les formes d’organisation (trusts, cartels, etc.)
Dans la seconde partie, l’auteur étudie la structure interne des économies nationales (modes de concentration, rôle des banques, système de l’expansion capitaliste, etc.) et la politique douanière ; il examine ensuite les manifestations extérieures de l’économie nationale dans ses rapports avec l’économie mondiale (échanges, formation des prix et du surprofit, politique coloniale, débouchés, concurrences, etc.) ; puis, nous voici transportés sur le marché mondial ou nous assistons alors au grand ’œuvre de l’impérialisme : fixation des limites du marché, des conditions d’écoulement des produits, etc. ; circulation du capital et influence de ce dernier sur les formes économiques des liaisons internationales, etc.
Le dernier chapitre de l’ouvrage a trait aux rapports du socialisme prolétarien avec l’économie mondiale. Dans un raccourci extrêmement clair et puissant,
N. Boukharine situe exactement la position du socialisme en face des problèmes de l’économie mondiale et marque tout l’intérêt résultant, pour le prolétariat, de l’exacerbation des antagonismes impérialistes, qui fait que l’impérialisme, en dépit de ses tendances à la monopolisation et par elles, est bien la dernière phase du capitalisme dépérissant.
(1) Un volume 12 frs, à paraître à la fin du mois, aux Editions Sociales Internationales, 3, rue Valette — Paris.