Des révolutions socialistes victorieuses peuvent seules empêcher la troisième guerre mondiale

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Introduction[modifier le wikicode]

La première Conférence mondiale de la IV° Internationale tenue depuis la fin de la deuxième guerre impérialiste, s'est réunie à un moment où la crise de la société a atteint une profondeur et une ampleur d'un degré jusqu'alors inconnu. Face au spectacle des ruines fumantes, de la dévastation, du sang répandu dans ce dernier holocauste, se prépare la troisième guerre mondiale ! Les empires de l'Allemagne nazie, de l'Italie fasciste et du Japon ont été détruits par les «Nations Unies ». Mais déjà les vainqueurs sont engagés dans une furieuse compétition qui les met aux prises pour la possession de l'arme destructive la plus perfectionnée, la bombe atomique. Ce qui reste encore debout après une guerre totalitaire menée avec des forteresses volantes et des tanks lourds, des fusées volantes et des bazookas, des lance‑flammes et des katiuchas, est menacé d'annihilation totale par la plus perfectionnée et la plus horrifiante de toutes les inventions de mort. La crise de l'humanité est ainsi devenue une question de vie ou de mort, au sens le plus plein et le plus littéral du terme.

Tromperie des « quatre libertés »[modifier le wikicode]

La seconde guerre impérialiste a été solennellement consacrée par les gouvernements des « Nations Unies » et leurs larbins à la tête des partis « socialistes » et « communistes» aussi bien que des bureaucraties syndicales, comme une guerre contre le fascisme et pour la démocratie, C'était une guerre pour les « Quatre Libertés », selon, l'expression de son plus éminent protagoniste, le chef décédé de l'impérialisme américain, Franklin Roosevelt.

Au lieu d'être « délivrée de la peur » l'Humanité se trouve devant la menace de sa propre destruction par l'énergie atomique.

Au lieu d'être « libéré du besoin », le monde pour les trois quarts est ravagé par la famine et les épidémies.

En guise de « Liberté d'expression », la grande majorité des peuples doit obéir aux ordres de gouvernements militaires ou de fantoches installés par les vainqueurs.

Seule la fallacieuse « liberté de religion » demeure, comme un outil toujours très souple aux mains des dirigeants qui leur permet d'exciter la haine et les querelles parmi leurs sujets. Tel est le vrai visage de la liberté et de la démocratie promise. Pendant ce temps, sous l’œil bienveillant des vainqueurs, le fascisme relève la tête sous des formes nouvelles, par exemple le mouvement de « l'Homme Quelconque » en Italie, et encore ailleurs.

Tels furent les prétendus buts de guerre, les promesses brandies devant les masses populaires. Ce n'était ‑ la preuve est faite ‑ qu'un ramassis de mensonges trompeurs. Dans le Manifeste lancé par la Conférence d’Alarme de la IV° Internationale de mai 1940, nous avions par avance stigmatisé ces mensonges. La IV° Internationale, seule, a dit la vérité !

« Contrairement aux fables officielles forgées pour chloroformer le peuple », est‑il dit dans le Manifeste de 1940, écrit par Trotsky, « la cause essentielle de la guerre, comme de tous les autres maux sociaux : chômage, cherté du coût de la vie, fascisme, oppression coloniale, réside dans la propriété privée des moyens de production et dans l'Etat bourgeois dont elle est le fondement. »

Comme Lénine au cours de la première guerre mondiale, nous avions donné cet avertissement: « Aussi longtemps que les principales forces productives de la société resteront aux mains des trusts, c'est‑à‑dire de petites cliques capitalistes, la lutte pour les marchés, pour les sources de matières premières, pour la domination du monde, acquerra inévitablement un caractère de plus en plus destructif. »

Voilà les véritables buts. Et aujourd'hui encore, ils demeurent les forces motrices de la prochaine guerre.

Si de victorieuses révolutions ouvrières n'abattent pas le système rapace de la propriété privée et n'établissent pas un système socialiste de production planifiée pour satisfaire les besoins de l'humanité, nous le répétons avec Lénine et Trotsky : la guerre impérialiste éclatera sûrement une fois de plus. Elle sera, cette fois, accompagnée par l'annihilation grâce à l'énergie atomique, des régions industrielles de pays tout entiers, d'un seul coup.

C'est pourquoi ce manifeste s'adresse aux travailleurs, aux exploités, aux opprimés. Le destin de l'humanité est entre leurs mains, et entre leurs mains seulement.. Vers eux se tourne cette conférence de la IV° Internationale, parti mondial de la révolution socialiste, leur expliquant la situation que nous devons ensemble affronter et les appelant à l'action contre les maîtres du monde.

Résultats de la première guerre mondiale[modifier le wikicode]

La guerre avait pour véritables buts la lutte pour les marchés, les sources de matières premières et l'hégémonie sur l'économie mondiale. Deux groupes de puissances capitalistes s'opposaient dans le conflit.

D'un côté se trouvaient les vieilles nations impérialistes boursouflées comme l’Angleterre et la France qui s’étaient, il y a Iongtemps taillé la part du lion du marché mondial dans les colonies, mais dont la technique indus­trielle surannée rendait l'emprise économique très précaire. De l'autre côté, se dressaient des nations plus jeunes comme l'Allemagne et le Japon, tard venues dans le marché mondial et bénéficiant de ce fait d'un outillage industriel plus moderne mais trouvant le marché mondial déjà partagé et ne pouvant arracher des colonies aux vieilles puissances que par la force des armes.

Dans l'orbite du premier groupe gravitaient également des puissances secondaires « rassasiées » telles que la Belgique et la Hollande. Dans l'orbite de l'autre des puissances « affamées » comme l'Italie. Leur alignement était fonction de leur arrivée précoce ou tardive sur la scène du développement capitaliste.

Sur le tout planait la menace du benjamin capitaliste le géant américain, tard venu, lui aussi, dans l'arène; le vaste marché intérieur de l'Amérique lui permit pour une longue période de, s'enrichir sans entrer en conflit immédiat avec les autres puissances et de construire en même temps l'appareil de production le plus moderne du monde. Dans la première guerre impérialiste, qui servit, seulement de prélude à la seconde, la participation des Etats‑Unis n'avait été qu'une mesure préventive. Ils voulaient prévenir le danger d'une Allemagne ayant englouti l'ensemble de l'Europe.

Toutefois, l'appareil productif du capitalisme mondial dans son ensemble prenait une expansion telle qu'il en résultait une diminution relative des marchés existants. La lutte pour les marchés mettait ainsi en conflit toutes les nations impérialistes les unes contre les autres. Le recours à la guerre n'était déterminé que par le degré d'exacerbation de la lutte pour les marchés. « Exporter ou mourir », tel était le cri de guerre de l'Allemagne nazie dans sa lutte pour « l'espace vital ».

Déjà, par la première guerre mondiale au même titre que l'Allemagne vaincue, l'économie de l'Angleterre et de la France avait été considérablement affaiblie au plus grand bénéfice de l'Amérique qui en retira les profits les plus importants.

Mais un facteur de première importance, la grande révolution prolétarienne d'octobre 1917 en Russie, réduisit le marché du capitalisme dans son ensemble. En abolissant la propriété privée et en socialisant toute l'industrie, la révolution conduite par le Parti bolchevick arracha d'un seul coup le sixième du globe à l'exploitation capitaliste.

Sous le choc de cet événement, les premiers grands soulèvements coloniaux éclatèrent en Extrême-orient avertissant l'impérialisme de l'approche d'une révolte universelle contre sa domination. Après de vains efforts pour écraser la jeune République socialiste par l'intervention armée de 1917 à 1921, toutes les puissances capitalistes jetèrent des regards avides sur ce marché perdu. Leur crainte de pertes ultérieures, par l'extension à l'Europe de la révolution et leur désir de rattraper la perte initiale atténuèrent pendant plus de vingt-cinq ans leurs luttes intérieures. C'est pourquoi tous les vainqueurs de 1914‑1918 contribuèrent à la restauration du capitalisme allemand. Ils entendaient se servir de l'Allemagne comme d'un bélier pour abattre l'U.R.S.S. L'Angleterre espérait affaiblir son rival français, et trouver des alliances contre le colosse américain. l'Amérique et la France avaient des buts pareils.

Montée et chute de l’Allemagne nazie[modifier le wikicode]

Mais une fois remis sur pied, le capitalisme allemand, avec le haut degré de développement technique qu'il avait atteint, ne pouvait se contenter de ce rôle. L'unification de l'Europe n'ayant pas été accomplie par une révolution prolétarienne victorieuse sur le continent, cette tâche fut entreprise par les capitalistes allemands et à des fins réactionnaires. Cela devait leur servir de tremplin pour la domination du monde. Pour réaliser leurs ambitions, ils choisirent la plus meurtrière et la plus barbare de toutes les formes de gouvernement, l'Etat nazi d'Adolphe Hitler. L'Etat nazi avait pour tâche de briser la classe ouvrière en Allemagne, de dominer l'Europe capitaliste, d'écraser l'U.R.S.S. et d'entrer en lutte pour la domination du monde avec les U.S.A.

Les puissances démocratiques contribuèrent directement au premier stade de cette tâche. Les politiques de banqueroute, de couardise et de trahison des sociaux­-démocrates, des staliniens et de la bureaucratie syndicale, la facilitèrent. Même quand leurs propres peaux étaient en jeu, ils ne purent pas former un Front Unique de la classe ouvrière pour lutter contre le nazisme. Les dernières phases provoquèrent le conflit avec les puissances occidentales aux côtés desquelles, participèrent dans la guerre, d'abord les sociaux‑démocrates plus tard les staliniens.

En Extrême‑Orient, les impérialistes voyaient aussi dans le Japon un bastion contre l'U.R.S.S. Mais là aussi, le Japon ne se contenta pas de ce rôle. Ayant avalé la moitié de la Chine avec la tolérance des autres puissances, l'empire du Mikado défia la domination américaine et anglaise sur les marchés du Pacifique, dans le but de créer une « Grande Asie Orientale » japonaise.

Les ressources économiques de l'Italie, de l'Allemagne et du Japon s'avérèrent insuffisantes pour la deuxième guerre impérialiste totalitaire qui se déclencha. L'un après l'autre, ils finirent, par succomber dans la lutte. Mais l'Angleterre, la France et les autres puissances secondaires n'étaient également pas à la hauteur de cette lutte aux proportions mondiales. Chacune d'elle est sortie de la guerre dans une position très réduite, avec, une économie plus affaiblie que jamais et un empire menacé de désagrégation. Pas plus que le Japon et l'Allemagne, elles n'ont atteint leurs véritables buts de guerre garder leurs marchés, continuer et accroître leur exploitation coloniale, sauvegarder leur vieux système du profit.

Perspectives des vainqueurs capitalistes[modifier le wikicode]

Seuls les U.S.A. sont sortis de la guerre formidablement renforcés. Leurs rivaux, le Japon et l'Allemagne sont anéantis. Leurs alliés la France et l'Angleterre, se sont endettés jusqu'à devenir des vassaux. Mais à quel prix les impérialistes américains triomphèrent‑ils ? L'U.R.S.S., ce vaste secteur du marché mondial enlevé à l'exploitation capitaliste en 1917, est toujours debout. Elle menace même d'engloutir beaucoup d'autres pays situés sur ses frontières, provoquant ainsi un rétrécissement ultérieur du marché capitaliste.

Ce qui reste du monde sous la férule capitaliste a été considérablement appauvri et dévasté par la guerre et ses populations ont un pouvoir d'achat réduit de moitié. Parallèlement la capacité de production américaine a plus que doublé au cours de la guerre.

Même si sa domination sur le monde capitaliste était absolue, et incontestée, l'impérialisme américain ne pourrait faire des bénéfices que pendant une courte période d'essor, pour remplir les rayons laissés vides, en Amérique et à l'étranger, par le passage de toute l'industrie à la production de guerre dans la période passée. Lorsque l'industrie reconvertie commencera à satisfaire la demande accrue, le capitalisme américain se trouvera devant une crise de « surproduction », une dépression si forte qu’elle laissera dans l’ombre les souvenirs de 1929-33 et leurs 15.000.000 de chômeurs.

Mais la domination de Wall Street n'est ni incontestée, ni absolue. Les autres Etats impérialistes, avec leur standard de vie et leurs salaires infé­rieurs, restent encore des rivaux suffisamment importants pour le harceler.

La reprise de la production planifiée en U.R.S.S., et en particulier son accélération grâce à un renversement révolutionnaire du régime de Staline et au rétablissement de la démocratie ouvrière, est une menace toujours présente.

En même temps les nombreuses révoltes ont mûri, commençant par l'Indonésie et l’Indochine et s'étendant aussi bien à l'Inde et à la Chine, sans parler du Proche‑Orient et de l'Afrique.

Les masses européennes ont commencé un déplacement vers la gauche, défiant tout le système capitaliste, y compris celui de la plus vieille bourgeoisie du monde, celle d’Angleterre. Seules la pleutrerie et la traitrise des partis traditionnels (Labour Party, réformistes, staliniens) vers lesquels les ouvriers se sont tournés dans la première étape de cette marche, et le manque de partis révolutionnaires de masse ont pour le moment arrêté sa transformation en révolutions victorieuses.

Reflétant l'état d’esprit de la classe ouvrière, la propre armée de Wall­ Street réclame à grands cris de tous les avant‑postes du monde, le retour aux U.S.A. Les GIs ne veulent pas être la chiourme d’un monde d’esclaves. Et aux U.S.A. le grand capital a engagé une campagne de blocage des salaires et destruction des syndicats afin de préparer une production meilleur marché qui consoliderait les marchés conquis par la force des armes. Mais les dirigeants trouvent devant eux une vague de rebellion forte de millions et de millions de grévistes qui s'opposent à cette campagne et qui s’opposent à cette campagne et qui luttent pour aligner leurs salaires à la montée du coût de la vie.

Résultats de la seconde guerre mondiale[modifier le wikicode]

Même en ce qui concerne leurs buts véritables, la seconde guerre impérialiste n'a résolu aucun des problèmes fondamentaux pour les maîtres du monde. Au contraire, ils sont devenus plus aigus que jamais. Tant que subsiste la propriété privée des moyens de production, la production pour le profit, la recherche d'un marché exclusif, qui s'accompagnent d’une baisse constante du pouvoir d'achat des masses ‑ c'est‑à‑dire tant que le capitalisme continue à vivre - la misère, le chaos et le recours inévitable et inefficace à la guerre subsisteront.

Avec ses 50 millions de morts, ses 50 millions d’estropiés, avec ses centaines de millions de gens arrachés à leurs foyers, avec ses immenses destructions de villes et, la dévastation des campagnes, la seconde guerre impérialiste n'a rien résolu. Mais elle était inévitable. La troisième guerre mondiale qui approche et, dont la seule conclusion serait l’anéantissement par I’énergie atomique de la masse de l’humanité, est tout aussi inévitable, tant que le capitalisme existe.

Pas d'erreur à ce sujet; la troisième guerre mondiale est en route. Les harangues anti‑soviétiques, anti­communistes de Churchill, l'espionnite autour de la bombe atomique, les ordres rétablissant le secret des mouvements de troupes et reconstituant les forces aériennes dans l'armée américaine, en sont les signes annonciateurs. Dans leur avidité de super‑profits, les capitalistes se moquent complètement du sort de l'humanité. Les deux guerres mondiales depuis 1914 l’ont démontré de façon éclatante. Des révolutions prolétariennes victorieuses qui transformeraient la société en un système socialiste planifié, peuvent seules empêcher la troisième guerre mondiale et l'autodestruction barbare de l'humanité.

Puissance des prévisions marxistes[modifier le wikicode]

Lorsque les tanks nazis roulaient à travers l'Europe vers la Manche et qu’Hitler maintenait encore son pacte avec Staline, certaines gens impressionnables, rejetant la « théorie, » marxiste tiraient des conclusions innovatrices. D’après eux, l’Europe se trouvait devant une époque de « l’ordre nouveau ». Quelques‑uns même allaient si loin qu'ils voyaient dans les évènements et dans le pacte Staline‑Hitler l'avènement d'une nouvelle classe destinée à remplacer à la direction de la société les capitalistes qui s'y accrochaient aussi bien que le prolétariat qui les menace. Ils parlaient d'une nouvelle « société bureaucratique » (Managerial society ) accolant sous une seule étiquette le Parti National Socialiste d’Hitler, le parti fasciste de Mussolini, le New Deal de Roosevelt et la bureaucratie stalinienne. Ces innovateurs trouvèrent un large écho auprès de la petite bourgeoisie et pénétrèrent même les rangs de l'avant‑garde prolétarienne. Défendant le Marxisme contre les novateurs révisionnistes, la IV° Internationale écrivit dans son Manifeste de 1940 :

« Pour compenser l'asservissement des peuples, Hitler promet d'établir sur l'Europe « une paix germanique » pour une période de plusieurs siècles. Mirage creux ! La paix britannique qui suivit la victoire sur Napoléon put à peine durer un siècle ‑ et non pas un millier d'années ! ‑ et seulement parce que la Grande‑Bretagne était le pionnier d'une nouvelle technique et d'un système de production progressif. Malgré la puissance de son industrie, l'Allemagne d'aujourd'hui tout comme ses ennemis, est le représentant d'un système social condamné. »

Avec quelle rapidité s'est vérifiée cette appréciation. Avec quelle rapidité celles des révisionnistes ont été réfutées ! La force de la IV° Internationale est basée sur son programme, qui est capable de résister à l'épreuve des grands événements.

La chute de l'Allemagne nazie comme celle de l'Italie fasciste ont simplement prouvé que même la forme la plus brutale et la plus franche de dictature étatique ne peut résoudre les inextricables contradictions de la classe capitaliste. Le fascisme frénétique, tout comme la démocratie bourgeoise décadente, sont condamnés parce qu'ils sont simplement des formes différentes d'un même système social croulant depuis longtemps, condamné par le développement des forces productives.

La IV° Internationale en 1940 flétrissait aussi le mensonge d'une fédération démocratique des Etats d'Europe parrainée par les Etats‑Unis vainqueurs dans la guerre, et partageant avec celle‑ci le marché mondial.

« L'État n'est pas une abstraction », disait le Manifeste, « mais l'instrument du capitalisme des monopoles. Une renonciation volontaire par l'Etat le plus puissant à l'avantage que lui confère sa force est une utopie tout aussi ridicule qu'un partage volontaire des capitaux entre les trusts ».

Sur l'avenir des U.S.A. eux‑mêmes, le Manifeste déclarait :

« Pourtant, la force industrielle, financière et militaire des Etats‑Unis, la première puissance capitaliste du monde, ne garantit pas du tout un épanouissement économique en Amérique, mais au contraire prête à la crise de son système social un caractère particulièrement grave et convulsif. »

Comparez ces pronostics faits il y a six ans, à la réalité d'aujourd'hui. Sur chaque point important l'analyse de la IV° Internationale a supporté l'épreuve du temps !

L’URSS contre l’impérialisme mondial, antagonisme fondamental dans le monde actuel[modifier le wikicode]

Des considérations épisodiques fondées à l'époque sur le pacte Staline-Hitler provoquèrent des spéculations sur l'alignement « fondamental » de l'U.R.S.S. avec les états fascistes, tout comme la rupture de ce pacte et le déclenchement de la guerre entre partenaires donnèrent lieu ensuite à d'autres spéculations sur un alignement « fondamental » de l'U.R.S.S. avec les Etats « démo­cratiques ». Les thèses de la IV° Internationale avaient depuis longtemps fourni une appréciation toujours valable :

« Les accords épisodiques entre la bourgeoisie et l'U.R.S.S. ne changent rien au fait que, prise à l'échelle historique, la contradiction qui existe entre l'impérialisme dans son ensemble et l'Union Soviétique est infiniment plus profonde que les antagonismes qui opposent l'un à l'autre les pays capitalistes. »

C'est seulement sur la base de cette estimation qu'on peut expliquer le déchaînement de la guerre d'Hitler contre l'U.R.S.S. après le pacte Hitler-Staline. C'est seulement sur la base de cette estimation qu'on peut expliquer aujourd'hui la campagne habituelle et violente de préparation à la guerre menée par l'impérialisme américain et par son cadet britannique contre leur alliée d'hier, l'Union Soviétique.

La politique mondiale pour toute la période qui s'ouvre devant nous, est caractérisée par cette contradiction fondamentale. Aussi longtemps que l’U.R.S.S. subsiste dans sa structure sociale actuelle, en dépit de la dégénérescence toujours plus monstrueuse qu'elle subit sous la direction de la bureaucratie stalinienne, elle reste un obstacle sur la route des convoitises impérialistes pour les marchés. La seconde guerre mondiale n'a pas résolu cette contradiction, elle n'a fait que l'aiguiser.

La dévastation de toutes les régions industrielles de la partie occidentale de l'U.R.S.S. a considérablement affaibli l'Union Soviétique au point de vue économique. La politique réactionnaire chauvine de banditisme de la bureau­cratie stalinienne a affaibli l'U.R.S.S. politiquement, en lui aliénant de larges couches de ses alliés naturels, les masses en Europe Orientale. Mais le fait même que l'U.R.S.S. ait survécu à la guerre, que la bureaucratie n'ait pas été capable de détruire à l'intérieur ses fondations sociales et qu'elle ait même été obligée de donner une impulsion vers une transformation sociale, à des degrés divers, dans l'économie des pays occupés par l'Armée Rouge et placés sous son contrôle, a augmenté l'acuité du problème, pour l'impérialisme. C'est pourquoi les impérialismes ont posé le règlement des comptes avec l'U.R.S.S. comme leur tâche la plus pressante.

La IV° Internationale demeure, sans aucune réserve pour la défense de l'U.R.S.S. contre l'impérialisme. Mais cette défense, aujourd'hui plus que jamais, ne peut être qu'une défense révolutionnaire. Elle ne peut, par conséquent rien avoir de commun avec la politique contre‑révolutionnaire du Kremlin.

Le rôle de la bureau­cratie stalinienne[modifier le wikicode]

« La défense de l'U.R.S.S. coïncide en principe avec la préparation de la révolution prolétarienne mondiale. Nous rejetons absolument la théorie du socialisme dans un seul pays, cette élucubration du stalinisme ignorant et réactionnaire. Seule la révolution mondiale peut sauver l'U.R.S.S. par le socialisme. Mais la révolution mondiale entraîne inévitablement l'éviction de l'oligarchie du Kremlin. »

Depuis 1924, date où pour la première fois cette funeste théorie fut proclamée par Staline, la politique du Kremlin a servi à empêcher l'établissement du socialisme, dans tout pays. En fait, cette théorie fut inventée pour justifier la consolidation d'une caste privilégiée de bureaucrates nationalistes. Tirant ses origines de l'isolement dans lequel se trouva le jeune Etat soviétique au cours du déclin de la première vague révolutionnaire dans l'Europe capitaliste, et de la fatigue provoquée en Russie même par les années de guerre civile, la bureaucratie chercha à s'assurer une position privilégiée aux dépens des masses sur les épaules desquelles elle monta au pouvoir. Rejetant la politique internationaliste de Lénine qui, avec l'aide des travailleurs de tous les pays, sauva l'U.R.S.S. dans ses premières années contre l'intervention impérialiste, la clique stalinienne se servit de l'Internationale Communiste qu'il avait fondée pour ruiner toute une série de possibilités révolutionnaires.

Ainsi, en 1926, au moment de la grève générale en Angleterre, elle se livra à des marchandages opportunistes avec le conseil général des Trade Unions, afin d'empêcher le développement révolutionnaire de la grande vague de grève. En Chine, de 1925 à 1927, elle livra le Parti Communiste pieds et poings liés à la politique du Kuomintang bourgeois, ce qui aboutit à la dictature de Tchang Kaï‑Chek, bourreau du prolétariat chinois. De 1929 à 1933 elle répandit l’idée du « social­-fascisme », mettant dans le même sac sociaux‑démocrates et nazis, empêchant un Front Unique de combat des organisations ouvrières et permettant ainsi à Hitler d'accéder au pouvoir. En 1936, quand la vague d'occupation d'usines posa en France la question du pouvoir, Ie Front Populaire qu'elle avait créé avec les réformistes, transigeait pour attacher la classe travailleuse au capitalisme. Quand, la même année, la guerre civile éclata en Espagne, elle fit tout ce qui était en son pouvoir pour freiner l'action révolutionnaire des masses et les maintenir dans le nœud coulant de la démocratie bourgeoise, rendant ainsi possible la victoire de Franco. Le développement de toute cette politique, était commandée par le désir de parer aux attaques de l'extérieur et de permettre à la bureaucratie de se consolider à l’intérieur de l'U.R.S.S. en quêtant les faveurs des dirigeants capitalistes et de leurs agents petits‑bourgeois dans les masses. Au cours de ce processus, les partis communistes furent transformés en simples instruments de la politique étrangère du Kremlin. Les staliniens conduisirent de défaite en défaite les alliés naturels de l’U.R.S.S., les masses de tous les pays capitalistes.

Dans l'Union Soviétique elle‑même, l'oligarchie du Kremlin lança une violente vague de répression contre l'opposition de gauche dirigée par Léon Trotsky. Car Trotsky enregistrait chacun des pas de la trahison grandissante, depuis la proclamation de la théorie du « socialisme dans un seul pays » jusqu'à l'étranglement de la révolution espagnole. Seuls des militants communistes d'avant‑garde dans tous les pays, ralliant la bannière de Trotsky et de l'opposition de gauche internationale pouvaient au début saisir la portée contre‑révo­lutionnaire de l'évolution de cette clique qui avait usurpé, le pouvoir dans le premier Etat ouvrier. Mais les procès de Moscou et l'épuration sanglante, menée en 1937 contre toute la génération des compagnons de Lénine, commença à ouvrir les yeux de couches toujours plus larges d'ouvriers sur le rôle contre-révolutionnaire du stalinisme.

Le pacte Hitler‑Staline fut accompagné du partage de la Pologne et d'une propagande destinée à blanchir l'impérialisme nazi en le représentant comme « ami » de la « paix ». Le fascisme est devenu selon Molotov « une affaire de goût ». De larges masses de travailleurs furent partout écœurées par cet abaissement volontaire et vil du Kremlin. Lorsque, pour prix de ce service qui inaugura la guerre, Hitler paya la clique de Staline en déchaînant toute sa machine de guerre contre l'Union Soviétique, le Kremlin fit une complète volte‑face. Dans une campagne de chauvinisme le plus sauvage, Staline stigmatisa non seulement la bande nazie, hier encore « amie de la paix », mais tout le peuple allemand pour les crimes d’Hitler.

Aujourd'hui, les opérations militaires terminées, l'Armée Rouge, sous les ordres de Staline, a pour mission de ravager, de piller l'industrie et les foyers en Allemagne, en Autriche et dans toutes les parties de l'Europe Orientale conquises. Le but prétendu est la reconstruction de l'industrie soviétique ruinée. Mais c'est un mensonge infect. Les pillages ne sont entrepris que pour couvrir la banqueroute du régime stalinien, auquel les masses soviétiques sont de moins en moins dociles.

La politique extérieure actuelle du Kremlin, qui sert seulement la bureaucratie et ses privilégiés, a ostensiblement pour but de renforcer l'U.R.S.S. contre l'impérialisme, tout comme l'ensemble de sa politique avant la guerre avait pour but de « neutraliser » les Etats capitalistes et d'empêcher la guerre. Mais le bloc, avec les bonzes des syndicats anglais, la capitulation devant Tchang Kaï‑Chek, la trahison des révolution française et espagnole, la possibilité donnée à Hitler d'arriver au pouvoir sans combat, et pour finir le pacte Hitler-Staline, toutes ces « habiles » manœuvres n'ont pas empêché la guerre d'Hitler et la ruine de la moitié de l'industrie en Union Soviétique. Elles ont considérablement affaibli l'Union Soviétique et ont arrêté ses progrès pour des années. De la même façon, la politique contre‑révolutionnaire actuelle de pillage de l'Europe Orientale et en Asie, et de complète suppression dans ces pays du mouvement des masses ne peut que conduire au renforcement inévitable de l'Amérique et des préparatifs qu'elle fait pour écraser définitivement l'U.R.S.S.

En 1940, Trotsky écrivait :

« Comme conséquence de la première période de la guerre, la position internationale de l'U.R.S.S., en dépit de ses succès apparents, a déjà notablement empiré. La politique étrangère du Kremlin a aliéné à l'U.R.S.S. de larges couches de la classe ouvrière et des peuples opprimés... Dans le même temps, l'Allemagne a obtenu la partie la plus industrialisée de la Pologne, et a acquis une frontière commune avec l'U.R.S.S., c'est‑à‑dire une porte ouverte sur l'Orient. »

Un an plus tard cet avertissement s'était complètement réalisé !

Aujourd'hui, la IV° Internationale prévient que, en dépit des acquisitions territoriales apparentes et des pillages massifs, la politique du Kremlin a, dans cette dernière phase de la guerre, encore plus affaibli la position internationale de l’U.R.S.S. Les peuples de l’Europe orientale souffrent de la criminelle politique du Kremlin et, comme les élections en Autriche et en Hongrie l'ont mon­tré, se tournent vers les partis les plus arriérés pour exprimer leur colère. En Extrême-Orient, l'état d'esprit insurrectionnel des masses se fait sentir non seulement dans les territoires placés sous la domination anglaise et améri­caine, mais aussi en Corée, en Mandchourie que contrôle l'Armée Rouge. Cepen­dant, l'impérialisme américain a partout pénétré jusqu'aux avant‑postes mêmes de l'U.R.S.S., encerclant stratégiquement son territoire depuis l'Europe occiden­tale jusqu'à la Chine, sur toute l'étendue du globe.

L'oligarchie du Kremlin favorise ainsi les desseins de l'impérialisme contre l'U.R.S.S. elle‑même et en même temps entreprend la tâche de supprimer directement les mouvements indépendants des masses pour leur émancipation, mouvements dont elle partage la haine et la crainte avec les dirigeants capitalistes.

Seule l'action révolutionnaire des masses peut contrecarrer les plans de rapine de l'impérialisme, défendre en étendant le bouleversement social d'octobre 1917. Mais l'action révolutionnaire des masses n'est possible que dans une lutte pour le renversement du régime stalinien contre‑révolutionnaire en U.R.S.S. et son remplacement par des Soviets librement élus par les ouvriers et les paysans. Ainsi la défense de l'U.R.S.S. implique directement la défense de la révolution européenne et mondiale contre le stalinisme.

La situation révolutionnaire actuelle[modifier le wikicode]

Les conditions sont‑elles mûres pour une action révolutionnaire des masses ? Le stalinisme d'une part, de l'autre les complices sociaux‑démocrates de l'impérialisme mondial, n'empêcheront‑ils pas une fois de plus le développement révolutionnaire d'aboutir à une issue victorieuse ? La IV° Internationale, avec les faibles forces dont elle dispose à l'heure actuelle, réussira‑t‑elle à surmonter ces obstacles et à donner une direction aux masses? Telles sont les questions que sans aucun doute se posent des ouvriers sérieux.

Les défaites passées de la classe ouvrière, sous la direction social‑démocrate et stalinienne, pèsent en vérité très lourdement. Ce furent des coups terribles. Le grand poids du stalinisme aujourd'hui demeure sans aucun doute un obstacle de taille. Mais par contre il faut mettre sur l'autre plateau de la balance la situation du capitalisme mondial aujourd'hui plus critique et plus grave que jamais. Tel est le point de départ pour des révolutionnaires, pour ceux qui cherchent à montrer aux masses la voie de l'action.

Il y a longtemps, la IV° Internationale énumérait les conditions de la révolution prolétarienne :

« Les conditions fondamentales permettant la victoire de la révolution prolétarienne ont été établi, grâce à l'expérience historique et clarifiées par la théorie. Ce sont :

  1. La situation sans issue de la bourgeoisie et la confusion qui en résulte pour les classes dirigeantes;
  2. Un mécontentement aigu et les efforts pour un changement décisif, dans les rangs de la petite bourgeoisie, sans le soutien de laquelle la grande bourgeoisie ne peut se maintenir;
  3. La conscience d'une situation intolérable et la préparation à l'action révolutionnaire dans les rangs du prolétariat;
  4. Une propagande claire et une direction ferme de l'avant‑garde prolétarienne. »

Jamais la situation sans issue du capitalisme n'a été aussi embrouillée, Jamais la confusion n'a été, répandue aussi largement dans la classe dirigeante. L'inflation rampe de pays à pays. Le fardeau de la dette publique atteint des chiffres astronomiques. L'abaissement du niveau de la vie et l'appauvrissement des masses dans leur ensemble prennent des proportions sans précédent. En dépit de l'intervention et du contrôle gouvernemental à un degré jamais atteint, la crise économique continue à grandir en une vertigineuse spirale et, alors qu'elle est déjà aiguë en Europe et aux colonies, menace de troubler l'économie la plus stable du monde, celle des U.S.A.

Après la première guerre mondiale, dans le but de rétablir dans la société l'équilibre des classes menacé par la vague révolutionnaire commencée en Russie, la bourgeoisie dut se décider à faire des concessions économiques considérables aux masses. Elle prêta ainsi une certaine stabilité au régime politique du réformisme, qu'elle avait appelé à sa rescousse pour la sauver de la destruction. Après cette guerre‑ci, une telle stratégie est un luxe que la classe capitaliste ne peut plus se permettre. En Europe, en particulier, où les dépenses improductives pour les besoins de la guerre et l'énorme destruction de capital ont considérablement réduit le poids spécifique de l'économie sur le marché mondial. La bourgeoisie ne peut espérer tant soit peu reconstruire son capital producteur de profits que par un nouvel assaut contre les salaires et le niveau de vie des masses. Mais ceci est vrai dans son sens le plus large pour l'Angleterre, ainsi que pour les USA.

Si, par conséquent, le gouvernement, a pu tomber aux mains du Parti Travailliste en Angleterre ou d'une coalition des socialistes et des staliniens avec les partis démocratiques bourgeois dans un « Front Populaire » en France, en Belgique, etc, tel n'était pas le dessein de la bourgeoisie. La classe dirigeante tolère, ces régimes « de gauche » parce que la pression des ouvriers et de la masse populaire est trop puissante, que ses propres forces sont encore trop faibles pour établir une dictature ouverte. Les capitalistes escomptent que les conséquences de l'effondrement économique amoncelleront le discrédit sur les partis traditionnels des masses qui ont été poussés à prendre le pouvoir. Ils apprécient justement la pleutrerie de ces partis qui redoutent d'aller au-delà des limites de la structure bourgeoise de l'Etat, qui laissent intactes l'armée et la police réactionnaires, qui respectent religieusement la propriété privée, aussi sacrée pour eux que pour la bourgeoisie.

Tandis que la haine des trusts pousse les ouvriers et les paysans à réclamer la socialisation de l'industrie, les partis ouvriers sont contraints de prendre des mesures de « nationalisation ». Mais ces mesures ne portent pas atteinte aux droits de propriété du grand capital. Elles assurent aux possédants des établissements « nationalisés » une compensation pleine et entière, imposant ainsi de nouvelles charges à une économie déjà surchargée. Les titres gouvernementaux qui leur sont délivrés à la place de leurs précédentes actions assurent aux capitalistes la continuation de leurs profits. La direction des industries « nationalisées », au lieu de revenir à des comités ouvriers, est en fait laissée aux mains des anciens directeurs au service des trusts. Par ces « nationalisations » fictives, la bourgeoisie vise ainsi à concentrer davantage son emprise sur l'ensemble de l'économie dans la poigne du capitalisme de monopoles.

Tandis que les ministres socialistes et staliniens désarment les milices indépendantes ouvrières et paysannes qui s'étaient formées sous l'occupation nazie, tandis qu'ils écrasent toutes les manifestations, la révolte de classe dans les forces armées, la bourgeoisie concentre dans ses propres mains l'appareil permanent de son Etat (l'armée la police, les services secrets). Dans les coulisses, elle se prépare, elle conspire avec les dynasties royales et les généraux réactionnaires, pour le moment favorable où elle pourra saisir le contrôle total sur l'Etat et installer de nouvelles dictatures bonapartistes.

Cependant, toute sa politique, assise sur une situation économique qui s'aggrave est marquée d'indécision et d'oscillations. Après plus d'une année d'efforts pour consolider sa position à l'aide d'ultimata autoritaires, de Gaulle, en France, se retrouve à l'arrière‑plan. En Belgique, la bourgeoisie avance et recule dans sa campagne pour le retour du roi Léopold. En Grèce, les efforts pour réinstaller la monarchie sous la protection des baïonnettes britanniques sont les prémisses d'une guerre civile ouverte, etc...

En même temps, la petite bourgeoisie, dont le soutien a été, dans le passé, indispensable au capitalisme de monopoles à la fois pour ses buts intérieurs (le fascisme) et pour sa politique étrangère (la guerre) s'est trouvée détachée de l'emprise du grand capital. Dans les pays où le fascisme a été la forme d'État, tout comme dans les pays « démocratiques », le processus de prolétarisation et de paupérisation des classes moyennes urbaines‑ non seulement n'a pas été ralenti, mais a été accéléré par la désagrégation des économies et le déclin absolu du niveau de vie amené par l'inflation D'autre, part, la paysannerie qui, comme dans toute guerre semble avoir profilé du marché noir, n'a pas en réalité une situation meilleure qu'auparavant. Ses profits sont essentiellement en monnaie dévaluée. Avec sa fortune en papier, elle ne peut acheter les machines agricoles indispensables et qui deviennent de plus en plus cher, l'engrais, le bétail, etc,... Ainsi une crise agricole nouvelle et plus aiguë pointe à l'horizon.

De plus, la guerre a crevé les vieilles illusions petites‑bourgeoises d'unité nationale. La grande bourgeoisie s'est révélée parfaitement « collaborationnisle ». Le mécontenlernent de la petite bourgeoisie et ses efforts pour un changement décisif se montrent dans son déplacement massif vers les partis, qui traditionnellement représentent pour elle des partis ouvriers. La formidable victoire du Parti Travailliste anglais, les votes écrasants pour les socialistes et les staliniens en France, en Belgique, en Italie, le soutien donné par la masse à l'E.A.M. en Grèce, etc.... ne peuvent être compris que sous ce jour.

Entre temps, la vague montante de grèves qui, en Europe et, en Extrême-Orient, emporte pays après pays, pour atteindre, son point culminant en Amérique même, la citadelle du capitalisme mondial, et s'étendre dans ses semi-colonies de l'Amérique du Sud, témoigne par sa persistance, par son haut degré de combativité comme par ses mots d'ordre avancés (échelle mobile des salaires, ouverture des livres de, comptes des grandes entreprises, etc ... ) d'une conscience croissante des ouvriers de leur situation intolérable. La constitution de milices ouvrières, de comités d'usines en Italie, en France, en Belgique, qui commença pendant la première période de la fin de la guerre et qui est pour l'instant brisée par la connivence des staliniens et des réformistes avec la bourgeoisie, est une signe clair d'une préparation à l'action révolutionnaire.

Si ces éléments d'une préparation à l'action révolutionnaire ne sont pas encore mûrs en Europe à l'heure actuelle cela provient dans une large mesure de l'effondrement physique sans précédent de l'Allemagne. L'éclatement de la révolution allemande était attendu comme le signal de l'intensification de la lutte révolutionnaire sur tout le continent. La criminelle campagne de chauvinisme déchaînée durant la guerre par le Kremlin contre le peuple allemand, y compris la classe ouvrière ‑ et soutenue par les partis traîtres réformistes et staliniens dans tous les pays « démocratiques » ‑ a servi à désorienter les masses allemandes dans le cours des événements militaires catastrophiques et à paralyser leur action quand la débâcle du régime nazi s'est précipitée. Au même moment, les Trois Grands s'entendirent pour prévenir l'éclatement de la révolution par des destructions physiques bien concentrées et telles qu'on n'en vit jamais dans l'histoire (sur une échelle beaucoup plus vaste que les bombardements contre l'insurrection de Turin et de Milan, après la chute du fascisme).

Avant que la classe ouvrière allemande, la plus puissante de l'Europe et celle qui a les plus anciennes traditions révolutionnaires, puisse reprendre le chemin de la révolution, ce qu'elle fera sans aucun doute, il faut que soient remplies des prémices physiques : rétablissement d'un minimum d'alimentation, de logements, de communications et le retour des millions de jeunes gens prisonniers dans les camps. Mais l'absence d'un éclatement immédiat de la révolution en Allemagne a seulement retardé le rythme de son développement; elle n'en a pas le moins du, monde modifié l'orientation.

En dépit de ce fait, du désarmement des milices ouvrières, de l'écrasement de l'insurrection armée des masses en Grèce, nous n'avons pas assisté à un retour vers la réaction. Aucune de ces défaites n'a été décisive. Au contraire toutes les tentatives de la réaction pour se consolider (à travers la monarchie en Grèce, Italie, Belgique, à travers l'établissement d'un pouvoir exécutif autoritaire en France) ont rencontré, la plus vive résistance de la part des masses et ont aussi échoué dans leurs desseins.

D'autre part, les ouvriers ne se limitent pas à combattre toutes ces tentatives réactionnaires. Ils passent à l'offensive par des grèves contre le blocage des salaires dirigées contre les régimes bourgeois auxquels participent leurs « propres » partis, transforment objectivement chaque grève en une action qui pose la question du pouvoir d'Etat.

Tandis que les développements révolutionnaires en Europe présentent un rythme ralenti, ils prennent ailleurs une allure plus rapide. Les vagues de grèves et de manifestations de soldats aux U.S.A. prouvent un développement rapide de la conscience révolutionnaire des masses américaines, beaucoup plus arriérées à ce point de vue que celles de l'Europe dans le passé. Mais ce qui est d'une importance encore plus grande, c'est l’actuelle maturation de la lutte révolutionnaire aux colonies. Commençant par des insurrections tenaces contre les impérialismes anglais, français et hollandais en Indonésie et en Indochine, par une révolte naissante même contre l'hypocrite impérialisme américain « libérateur » dans les Philippines, la vague des luttes en Extrême‑Orient a pénétré dans les masses indiennes, où de grandes grèves politiques et des mutineries ouvrent le prélude à l'éclatement d'insurrections nationales ayant pour but de rejeter toute domination impérialiste. L'effet s'en fera sûrement sentir en Chine et plus tard au Japon. De même, dans le Proche‑Orient, les incessantes démonstrations et les grèves des masses égyptiennes annoncent le soulèvement révolutionnaire des masses dans tous les pays arabes.

Ainsi, la situation mondiale présente tous les symptômes prouvant, qu'elle remplit les trois premières conditions pour la victoire de la révolution prolétarienne, posées dans le manifeste de 1940. Qu'en est‑il pour la quatrième? Y a‑t‑il « un programme clair et une direction ferme de l'avant‑garde prolétarienne » ?

En d'autres termes, la question revient à ceci: dans une situation qui, sans doute aucun, est plus favorable que jamais à la révolution, à la fois à cause du caractère profond de la crise et de son extension universelle, le parti nécessaire pour conduire une révolution à la victoire existe‑t‑il ? Autrement dit, réussirons‑nous à transformer la minorité révolutionnaire actuelle en partis de masse de la classe ouvrière ? Ou bien les vieux partis, les réformistes et les staliniens, seront‑ils une fois de plus capables de trahir la révolution.

Pour répondre à cette question, il faut la poser correctement. La situation actuelle n'est pas une situation de crise conjoncturelle. Il ne s'agit pas d'un soulèvement isolé, dans un pays donné. Il s'agit de toute une période révolutionnaire à l'échelle mondiale. Le monde capitaliste n'a pas d'autre issue qu'une agonie prolongée. Dans une semblable période, les programmes des vieux partis - les socialistes et les staliniens ‑ ne peuvent avoir la moindre valeur pour les masses. C'est pourquoi ils seront obligés d'entrer en conflit avec celles‑ci. Par ailleurs, notre programme est édifié précisément pour cette période. Dans l'époque de troubles où nous vivrons notre programme a déjà trouvé, et continuera à trouver un écho grandissant.

Il y a seulement quelques années, des sceptiques et des dilettantes tournaient en ridicule le programme de transition de la IV° Internationale. Aujourd'hui ses mots d'ordre essentiels ‑ échelle mobile des salaires et des heures de travail, nationalisation sans indemnité ni rachat, ouverture des livres de comptes des grandes entreprises au contrôle ouvrier, milices ouvrières, gouvernement ouvrier et paysan ‑commencent à trouver un écho chez des millions de travailleurs dans toutes les parties du monde. Le programme est clair. L'écho grandissant qu'il trouve montre quelles grandes possibilités s'ouvrent pour la construction de partis de masse de la IV° Internationale.

Cependant, la construction de partis de masse, même dans les situations les plus favorables, est un processus qui comporte de grandes difficultés. Il faut savoir dominer tout un ensemble de problèmes organisationnels compliqués. Il faut établir la confiance dans les rapports entre la direction et le parti, le parti et les masses. Ce processus se développe inégalement partout. Sans aucun doute, il y aura encore des situations où l'absence de développement en temps voulu d'un parti de masse ou d'une direction révolutionnaire entraînera une défaite partielle. Mais c'est précisément parce qu'une époque tout entière est en question que de telles défaites sont partielles, que la tâche de construire rapidement des partis de masse est constamment posée à nouveau devant nous, et que les possibilités en augmentent. Voilà la perspective sur laquelle travaillent les jeunes partis de la IV° Internationale.

Une direction révolutionnaire solide se forge d'abord dans la défense du programme. Si le programme de la IV° Internationale commence aujourd'hui à pénétrer parmi des millions d'hommes, s'il commence à se vérifier dans l’épreuve de l'action, cela est du, d'abord et avant tout, à la capacité des jeunes partis de cadres de l'Internationale à résister fermement à tous les obstacles placés sur leur route.

La IV° Internationale a survécu à l’épreuve de la guerre et de la réaction[modifier le wikicode]

Les cadres de la IV° Internationale se sont rassemblés dans la plus acharnée des luttes à contre‑courant pendant les années de réaction qui suivirent le déclin de la vague révolutionnaire, clôturant la première guerre mondiale. Dès le début de son développement en 1923, le mot d'ordre de Trotsky, le fondateur de la IV° Internationale, fut « Retour à Lénine ! ». Ce fut le premier cri de guerre de l'opposition de gauche trotskyste contre Staline et toute la clique qui commençait alors sa carrière contre‑révolutionnaire en révisant la théorie internationaliste de lutte de classes de Marx et Lénine. Ce fut le cri de guerre qui, dans les années suivantes, exprima l'attachement des trotskystes au programme et à la conception du parti bolchevik, le premier et le seul parti dans l'histoire qui ait montré comment la révolution prolétarienne peut être victorieusement accomplie.

Au début de la guerre actuelle la IV° Internationale, une fois de plus, a eu à combattre d'autres tentatives de révision des fondements du programme révolutionnaire, cette fois dans ses propres rangs. C'est dans cette lutte que la lV° Internationale s'est armée du dedans à l'épreuve difficile des années de guerre qui suivirent. « Retour a Lénine ! », retour à l'internationalisme prolétarien, à la fraternisation entre les peuples belligérants, à la défense révolutionnaire de l’U.R.S.S., à la continuation de la lutte de classe, à la préparation aux tâches révolutionnaires qui viennent ‑ tel était le cri de guerre de la IV° Internationale pendant les années sombres de la terreur nazie et au milieu de la persécution « alliée ».

La II° Internationale a disparu sans laisser de traces et les partis sociaux-démocrates qui la composaient se sont transformés en misérables agences de propagande pour l'impérialisme anglo‑américain. Son écroulement a répété sous une forme plus grotesque son exhibition de 1914‑1918.

Après avoir été rongée par des années de trahison, la Ill° Internationale a tout simplement été rayée du monde par Staline, en échange du prêt‑bail de Wall Street.

Toutes les organisations centristes internationales, comme le Bureau de Londres, se sont simplement cassées en leurs composantes.

Seule la IV° Internationale a maintenu bien haut le drapeau de l'internationalisme prolétarien, de la lutte révolutionnaire contre la guerre. Seule la IV° Internationale a résisté à l'épreuve de la guerre. Seule la IV° Internationale est restée fidèle au programme du rnarxisme, aux traditions de la révolution d'octobre. « Retour à Lénine », cela demeure notre cri de guerre, car c'est le cri de guerre de la victoire prolétarienne.

La guerre a été une terrible épreuve pour la IV° Internationale. Tous les pouvoirs de la société actuelle se trouvaient ligués contre elle, depuis l'impé­rialisme et sa machine de guerre, jusqu'à la bureaucratie stalinienne et sa Guépéou. ‑

Dans la première année même de la guerre, en août 1940, la IV° Internationale a été privée de son fondateur et organisateur, du grand génie révolutionnaire de notre temps. Léon Trotsky fut assassiné de façon ignoble par un agent de la Guépéou au Mexique. Ce fut un coup terrible. Nos ennemis pensaient qu'il serait fatal à la jeune Internationale. Mais Trotsky avait bâti plus solidement qu'ils ne le croyaient. Trotsky était mort, mais l'Internationale qu'il avait construite releva ce lâche coup comme un défi. La IV° Internationale honora la mémoire de son grand martyr en s'étendant et en se développant plus largement que jamais auparavant.

En France, en Belgique, en Hollande, en Grèce, sur l'ensemble du continent européen, les cadres de la IV° Internationale subirent la terreur meurtrière de la Gestapo hitlérienne.

Léon Lesoil, Marcel Hic, Pantelis Polioupolos et leurs camarades, toute une génération d'héroïques dirigeants trotskystes, est tombée, victime de la bestialité nazie et fasciste.

En plein milieu de la domination nazie sur l'Europe, les trotskystes français et allemands organisèrent, ensemble la fraternisation entre soldats et ouvriers. Ils publièrent et diffusèrent dans la Wehrmacht d'Hitler « Arbeiter und Soldat » (Ouvrier et Soldat) remarquable journal qui maintint bien haut le drapeau de l'internationalisme prolétarien, même quand l'ouragan du chauvinisme faisait encore rage. Soixante soldats et ouvriers trotskystes, travaillant sous la direction de l'indomptable Victor Widelin, payèrent ce travail de leur vie. Leur mémoire sera honorée par tous les travailleurs quand la IV° Internationale triomphera.

En Grèce, les vils agents de Staline assassinèrent une centaine des meilleurs combattants de la IV° Internationale au cours de la guerre civile de décembre 1944.

Mais il ne purent pas tuer le parti mondial de la révolution socialiste. En dépit des pertes terribles et affaiblissantes, les sections de la IV° Internationale ont grandi dans tout le continent européen.

En Angleterre et en Amérique, la bourgeoisie « démocratique » enferma les dirigeants des partis trotskystes, seuls d'entre tous les partis de la classe ouvrière, dans les prisons de Roosevelt et de Churchill, Ils cherchaient à décapiter les partis. Mais les trotskystes anglais et américains, comme leurs frères d'Europe, relevèrent la persécution comme un défi et redoublèrent d'activité.

Encore plus terribles furent les emprisonnements et les persécutions exercées contre nos camarades aux Indes, en Chine, dans les Colonies. Mais là aussi, les combattants de la IV° Internationale se montrèrent à la hauteur du défi des gouvernants.

En plein milieu de la guerre, quand la terreur et la persécution étaient à leur paroxysme, de nouvelles sections de la IV° Internationale se sont créées aux Indes, en Egypte, en Italie et en Amérique du Sud.

Le fait que ni Staline ni Hitler, ni les impérialismes « démocratiques » ne furent capables d'enrayer la marche en avant de la IV° Internationale est un signe pour l'avenir. Il montre aux ouvriers que le chemin le plus sûr pour surmonter la trahison du stalinisme et du réformisme est de se joindre aux nouveaux partis, aux partis qui ont appris à lutter à contre‑courant avec le programme de la IV° Internationale.

L'épreuve de la guerre a montré que la IV° Internationale n'est pas seulement une réalité vivante, mais qu'elle possède une vitalité telle que même les conditions les plus défavorables ne peuvent empêcher sa croissance. Faisant l'appel des sections, après des années de relations interrompues, cette conférence peut dire fièrement aux travailleurs au monde :

Notre Internationale vit ! La IV° Internationale a survécu aux pires années de la réaction et de la guerre impérialiste ! Les partis de la IV° Internationale sont partout en voie de développement et de mûrissement !

Plus encore, cette conférence peut rapporter aux travailleurs du monde que, en dépit de l'isolement et du manque de relations directes pendant la guerre, les partis de la IV° Internationale se trouvent dans une solidarité programmatique plus grande que jamais. La force de la IV° Internationale, ses propres expériences l'ont montré, réside clans son programme marxiste inébranlable. La survie et la croissance de la IV° Internationale dans la lutte contre la réaction et la guerre fait bien augurer du développement de ses sections en partis révolutionnaires de masse indispensables pour transformer les situations révolutionnaires actuelles favorables en révolutions victorieuses. Le renversement du capitalisme, les prochains pas vers l'établissement d'une fédération mondiale d'Etats socialistes qui peut seule empêcher l'anéantissement qu'entraînerait une autre guerre et résoudre la crise de l'humanité ‑ telle est la tâche à laquelle la IV° Internationale s'est préparée par tout son passé.

Le programme de la IV° Internationale[modifier le wikicode]

Cette conférence de la IV° Internationale se réunit après que la prétendue « Organisation des Nation Unies » a ajourné ses sessions à Londres et pendant que des préparatifs sont faits pour tenir la conférence « de la Paix » en session secrète à Paris. La conférence de l'O.N.U. a été marquée par les heurts entre les représentants de l'impérialisme américain et anglais d'une part, et ceux de la bureaucratie stalinienne d'autre part. Les soucis hypocrites du sort des petites nations ont servi à masquer les heurts. Le « travailliste » Bevin gémit sur le sort de l'Iran, de la Roumanie et de la Bulgarie entre les mains du Kremlin tout en continuant à poursuivre intégralement la politique superimpérialiste de Churchill dans l'Empire britannique et en Grèce. Vichinsky, le représentant de la bureaucratie staliniste, gémit sur le sort de la Grèce et de l'Indonésie dans les mains de la Grande‑Bretagne, pendant que le Kremlin violente la conscience des ouvriers du monde entier par ses actions honteuses en Europe occidentale et en Asie. Deux bureaucrates hissés au pouvoir sur les épaules des travailleurs jouent le jeu de « maîtres du monde », selon les règles établies par la diploma­tie impérialiste pourrie. L'O.N.U. a même élu le « socialiste » Spaak de Belgique comme président et le « travailliste » Lie de Norvège comme secrétaire général. Mais rien dans ce camouflage « de gauche » ne peut dissimuler le fait que l'O.N.U. est tout simplement une nouvelle édition de cette Société des Nations impérialiste que Lénine baptisa de « caverne de brigands ». Pas un seul acte de cette assemblée ne soulève le moindre enthousiasme dans les masses du monde entier. Tous les peuples suivirent ses débats avec peur et appréhension et dans le meilleur des cas avec apathie. Personne n'exprima l'espoir qu'elle résoudrait l'un quelconque des problèmes qui se posent à l'humanité. Elle ne fut acceptée, en démenti complet de son propre nom, que comme une nouvelle arène, de combat des puissances aux prises. La Conférence de la « Paix » de Paris n'est pas envisagée avec plus d'optimisme.

Pendant même que les diplomates se font obstruction les uns aux autres à Londres et à Paris, l’orage révolutionnaire s'amoncelle aux Indes et en Egypte. Les événements qui s'y déroulent y suivent le modèle tracé non par le programme de l'O.N.U., ou d'un quelconque de ses participants, mais par celui de la IV° Internationale. C'est pourquoi nous pouvons dire avec assurance que les délibérations de notre Conférence sont d'une importance infiniment plus grande que celles de « l'Internationale » bourgeoise, en dépit de sa façade imposante et de tout le camouflage « ouvrier » que lui confèrent les traîtres du réformisme et du stalinisme.

Cette conférence de la IV° Internationale en appelle à tous les ouvriers, à tous les exploités et à tous les opprimés, non pour désespérer devant l’œuvre de leurs maîtres mais pour engager la lutte contre ceux‑ci, Non pour dédaigner simplement leurs mauvais guides, mais pour leur imposer leur propre volonté. Les maîtres actuels du monde brandissent la menace de l'épouvantable bombe atomique pour intimider le genre humain. Mais ils oublient que les bombes atomiques elles aussi ont besoin de mains ouvrières pour être produites. Ils oublient qu'il faudra des travailleurs en uniforme pour manier ces armes redoutables. Des ouvriers emplis de défiance contre leurs patrons avides, sauront faire grève dans les usines de bombes atomiques aussi bien qu'en d'autres lieux de la production. Les soldats remplis de haine pour leurs dirigeants impérialistes sauront prévenir l'emploi de cette arme d'auto‑destruction. Ils n'auront besoin que d'être conscients de la puissance de la solidarité mondiale du prolétariat et de son objectif révolutionnaire socialiste. C'est la seule voie pour faire face à la menace de la bombe atomique.

En appelant le prolétariat international à l'action, la Conférence Mondiale de la IV° Internationale salue avant tout la lutte héroïque des masses indiennes et égyptiennes qui sont entrées dans la voie du renversement révolutionnaire de l'impérialisme britannique. Elle note avec satisfaction dans ces soulèvements de masse les indices déjà évidents que la tentative de l'impérialisme américain de mettre à profit les difficultés de son rival britannique, se heurte à une hostilité ouverte et à une résistance manifeste. Elle met en garde contre les efforts de la bourgeoisie coloniale liée à l'impérialisme par ses intérêts capitalistes, pour freiner la lutte et la trahir. Pas de confiance en Gandhi, Nehru, Patel et consorts ! La lutte de l'Inde, de l'Egypte, de l'Indonésie, de l'Indochine et de tous les autres peuples coloniaux pour l'indépendance nationale, pour la libération totale de l'oppression impérialiste, ne peut triompher que dans un combat intransigeant contre les oppresseurs. Seule la jeune classe ouvrière appuyée par les masses paysannes peut conduire la lutte à son achèvement victorieux !

Formez vos propres conseils d'ouvriers et de paysans pour diriger la lutte ! Emparez‑vous des terres pour ceux qui les cultivent ! Instaurez le contrôle des usines par les comités ouvriers ! Ne permettez pas aux dirigeants bourgeois et aux traîtres staliniens de passer un compromis avec l'impérialisme ! Exigez la convocation immédiate d'une Assemblée Constituante où s'exprimeront librement la volonté du peuple et son droit à se gouverner à sa guise !

La lutte des masses coloniales pour la liberté n'est qu'une partie de la lutte des ouvriers d'Angleterre, d'Europe, d'Amérique contre les mêmes maîtres impérialistes. La IV° Internationale appelle les ouvriers des grandes métropoles à se rassembler pour la défense des masses coloniales: bas les pattes devant la révolution indienne ! Bas les pattes devant la révolution en Indochine, en Indonésie, en Egypte, en Extrême Orient et dans le Proche Orient ! Ainsi doit se faire entendre la voix résolue des ouvriers d'Angleterre, d'Amérique, de l'Europe contre les manigances de leurs maîtres capitalistes !

Au moment où l'oppression dans les vieilles colonies se heurte à la rebellion, les maîtres impérialistes, en accord avec la bureaucratie du Kremlin, s'efforcent d'imposer la même sorte d'oppression et de rapine sur les masses ces nations impérialistes vaincues : Allemagne, Japon, Italie.

La IV° Internationale appelle les travailleurs des nations « démocratiques » à se dresser contre ces plans réactionnaires. Contre les mensonges chauvins qui tentent de faire retomber la responsabilité de la guerre de tous les impérialismes sur les épaules des prolétaires d'Allemagne, du Japon et d'Italie, la IV° Internationale appelle les ouvriers américains, anglais et européens à manifester leur solidarité, de classe envers les travailleurs des pays vaincus. Retrait des troupes d'Allemagne, du Japon et d'Italie ! Pleine liberté d'expression, de presse, de réunion ! Elections libres !

Ce n'est qu'en dressant ces revendications contre les oppresseurs impérialistes et leurs acolytes du Kremlin que les ouvriers des nations « alliées » pourront gagner les masses allemandes, japonaises et italiennes à leurs buts communs « Les Etats Unis Socialistes d'Europe et du Monde ».

Dans tous les pays il faut résister à l'inflation déchaînée et à l'énorme programme d'impôts, au moyen desquels les capitalistes du monde entier s'efforcent de reporter le fardeau de leur dette de guerre sur les épaules des travailleurs, par une contre‑offensive des masses dirigée par la classe ouvrière. La IV° Internationale appelle les ouvriers à sa défense en déclenchant la lutte sous les mots d'ordre suivants:

Echelle mobile des salaires pour faire face au coût montant de la vie ! Taxez les riches, non les pauvres. Confiscation des profits de guerre des grandes sociétés !

En même temps, la bourgeoisie prémédite de se débarrasser du fardeau de la dépression qui approche, en rejetant des millions d'hommes hors de la production, de démoraliser ainsi les prolétaires et de les dresser les uns contre les autres. La IV° Internationale appelle les ouvriers à combattre les plans de dépression des capitalistes sous les mots d'ordres :

Echelle mobile des heures de travail ! Division du travail entre tous ceux qui sont aptes au travail ! Réduction de la semaine de travail sans réduction de salaire !

La guerre a révélé les prodigieux exploits de production dont l'industrie moderne était capable. Mais en régime capitaliste tous ces grands efforts productifs ne servent qu'à la guerre et à la destruction. La guerre finie, les usines ferment leurs portes. Le capitalisme ne peut pas produire pour la paix. La IV° Internationale fait appel aux ouvriers de tous les pays pour qu'ils exigent :

Ouverture des usines fermées ! Mise en marche de celles‑ci sous le contrôle ouvrier ! En réponse aux jérémiades de la bourgeoisie selon lesquelles ces mesures « mineraient » l'économie, la IV° Internationale appelle les ouvriers à revendiquer : Remise des livres des trusts à l'inspection des comités ouvriers !

Abolition des secrets commerciaux ! C'est de cette manière que seront révélée à tous le vol et le pillage du capitalisme des monopoles.

En Grande‑Bretagne, en France, dans les autres pays d'Europe occidentale, la radicalisation des masses a contraint les capitalistes de monopoles et leurs trusts à une position défensive. Aux exigences croissantes pour la socialisation de l'industrie, le gouvernement travailliste et les coalitions des socialistes‑réformistes et les stalinistes avec les partis bourgeois, répondent par des « nationalisations » qui laissent intacts les profits capitalistes. Les monopoles se trouvent ainsi en état d'utiliser de telles « nationalisations » comme couverture pour accroître leur emprise sur l'économie. La IV° Internationale met en garde contre ces mesures illusoires et appelle les ouvriers a exiger: Des nationalisations sans indemnité ni rachat ! Le contrôle ouvrier sur les industries nationalisées !

Pour réaliser ces mesures indispensables sans lesquelles il n'y a pas moyen d'empêcher la crise mondiale de plonger l'humanité plus avant dans l'agonie du capitalisme, les organisations ouvrières doivent rompre avec les partis capitulards et poursuivre une politique de classe indépendante. C'est pourquoi la IV° Internationale appelle les masses a exiger de leurs organisations traditionnelles :

Rompez la coalition avec les capitalistes ! Prenez tout le pouvoir ! Formez des gouvernements ouvriers et paysans ! Appliquez un véritable programme anti‑capitaliste sous le contrôle et la protection des ouvriers et des paysans !

La IV° Internationale avance ces mots d'ordre tout en participant acti­vement aux luttes quotidiennes des masses, en partageant leurs expériences et en tirant les leçons de celles-ci. Au cours de cette lutte commune, les partis de la IV° Internationale déploient leur programme total, le programme de la révolution socialiste et l'instauration de républiques ouvrières libres, dans une fédération mondiale d’Etats socialistes. Dans la lutte pour ce programme, la IV° Internationale appelle les ouvriers a combattre le chauvinisme aussi bien du type réformiste que, du type staliniste. Dans les pays d'Europe orientale en particulier, elle appelle les ouvriers à combattre le chauvinisme féroce du Kremlin par la fraternisation avec les troupes de l'Armée Rouge. Pour combattre la politique bureaucratique et réactionnaire, de pillage et de rapine, ils doivent, développer leur mouvement indépendant de conseils d'ou­vriers et de paysans, pour imposer la socialisation de l'industrie et la division des terres entre les paysans pauvres, pour lutter pour leurs droits démocra­tiques et pour le droit de toutes les nationalités à disposer d'elles‑mêmes. Afin de lutter victorieusement pour ces revendications, les travailleurs d'Europe orientale uniront leurs forces aux travailleurs de l'Union Soviétique pour ren­verser la bureaucratie réactionnaire de Staline et établir une véritable démocratie soviétique dans l'Etat ouvrier.

En opposition aux sociaux réformistes et, aux stalinistes, la IV° Interna­tionale n'édifie pas sa politique sur la base des desseins militaires et diploma­tiques des États capitalistes mais sur les besoins criants des ouvriers, des exploités, des opprimés, Son programme est le programme de l'émancipation totale du prolétariat de !'exploitation capitaliste, des peuples coloniaux du joug impérialiste, des masses du cancer de la bureaucratie para­lysante. La IV° Internationale ne soutient aucun des régimes existants. Elle appelle les ouvriers à renverser ces régimes et à édifier leur propre pouvoir. Le renversement du capitalisme et l'établissement du pouvoir ouvrier est une tâche qui ne peut être remplie qu'à l'échelle mondiale.

Seuls des Etats Socialistes Unis dans une Fédération Mondiale de Républiques Socialistes peuvent bannir la guerre pour toujours organiser la production pour les besoins de l'humanité et assurer l'abondance pour tous et créer une société d'hommes libres et égaux.

Seule une Fédération Socialiste Mondiale peut transformer l'énergie atomique qui menace à présent d'annihiler le genre humain en un bienfait sans précédent pour le progrès de l'humanité.

Tel est notre programme.

Travailleurs du monde entier, il n'y a pas d'autre issue que de s'unir sous le drapeau de la IV° Internationale !

Bruxelles, avril 1946

La Conférence Internationale de la IV° Internationale, Parti mondial de la Révolution Socialiste.