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Special pages :
Déclaration au comité central du PCUS, 20 novembre 1930
Auteur·e(s) | Nikolaï Boukharine |
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Écriture | 20 novembre 1930 |
Moscou, le 20 novembre 1930.
Etant donné les nombreuses résolutions et demandes ayant trait à ma position à l’égard de la ligne générale du parti et des résolutions du XVIe congrès ainsi qu’a l’égard de la situation actuelle à l’intérieur du parti, j’estime nécessaire de faire la déclaration suivante :
1. Au sujet de la politique intérieure du parti, j’ai déjà reconnu, avant le XVIe congrès, pleinement et intégralement mes erreurs qui ont le caractère d’une déviation de droite. Après la séance plénière du C.C., j’ai donne de concert avec les camarades Tomskî et Rykov, une déclaration dans ce sens. Le 15 décembre 1929 j’ai publié un article dans la Pravda intitulé : « La révolution technique-économique, la classe ouvrière et la corporation des ingénieurs » à la fin duquel j’ai énuméré exactement les articles et documents contenant la reconnaissance de mes fautes. J’ai publié en outre, toujours dans la Pravda, un article intitulé : « La grande reconstruction », dans lequel j’ai défendu sous une forme positive la ligne du Comité central.
2. Je considère que la meilleure forme de solidarité avec les résolutions du congrès est d’adresser une déclaration convenable au congrès ou au C C. du P.C. de l’U S. J’ai eu tort de ne pas l’avoir fait. Cependant, immédiatement avant le congrès je suis tombé malade à la suite d’une pneumonie et je me trouvais en congé de maladie pendant le congrès. Immédiatement après et pendant mon congé, j’ai pris deux fois, en réunion publique la défense des résolutions du XVIe congrès. Malheureusement notre presse centrale n’en a pas été informée.
3. Après mon retour de congé le 15 novembre, j’ai déclaré le 16 novembre, devant la cellule du parti de l’institut d’études scientifiques auprès du Conseil supérieur de l’économie nationale, que je considérais les résolutions du congrès comme justes non seulement formellement, mais pour leur essence même, c’est-à-dire que je les reconnaissais simplement et non sous le seul angle de la discipline formelle. A la réunion contre les saboteurs, j’ai défendu les résolutions du XVIe congrès et j’ai fait un appel à la lutte contre les déviations. Le compte rendu en a été publié dans le journal Za Indoustrializatsion.
4. Il en résulte la condamnation absolue, sans réserve. de ma part, de toutes les attaques contre l’unité du parti, contre toute activité fractionnelle, contre toute tentative d’une lutte ouverte vis-à-vis de la direction du parti, contre !a défense ouverte d’une ligne politique déviant de celle- de la direction du parti, etc., ainsi que la reconnaissance de la nécessité d’une lutte sur deux fronts contre toute déviation, contre le danger de droite, comme danger principal, contre le « conciliationnisme » à l’égard de cette déviation.
5. Je condamne énergiquement le bloc des droitiers avec les « gauches » des camarades Syrtsov-Lominadzé, je condamne le travail fractionnel de leur groupe et je suis d’accord avec les mesures d’organisation que le BP, le CC et le Présidium de la CCC ont prises à l’égard des camarades Syrtsov, Lominadzé, Chatskine, ainsi qu’à l’égard de Novikov, Kavralski. Je condamne avec la même énergie l’activité équivoque et hostile au parti de Rioutine, et je suis d’accord avec les décisions du parti le concernant.
6. Au sujet de la politique internationale je déclare qu’après la rétractation de mes assertions erronées, à la suite de l’assemblée plénière de novembre du CC, je suis absolument d’accord avec les positions des organismes directeurs de l’IC et du PC de l’US. Pour cette raison je condamne catégoriquement la lutte contre l’IC, la scission de cette dernière, les groupes fractionnels et le refus de soumission à ses décisions, comme une désagrégation des rangs du communisme international, faisant le jeu de ses ennemis mortels, les social-démocrates, les partis bourgeois et les gros propriétaires. Je condamne catégoriquement aussi bien les sectaires de droite que de « gauche », leurs positions idéologiques, politiques et leur organisation. Je considère la lutte conséquente contre les déviations dans les sections étrangères de l’IC comme nécessaire, et en première ligne, la lutte contre le danger de droite puis la lutte contre toutes les tentatives de conciliation qui veulent camoufler ou effacer ces déviations.
7. Je condamne particulièrement l’activité du groupe Lovestone aux EtatsUnis, qui combat les positions de l’IC et du PC des Etats-Unis, qui s’oppose systématiquement au parti et se transforme de cette façon en un groupe antiprolétarien, anticommuniste et faisant le jeu des ennemis bourgeois de l’IC.
8. Au sujet du « capitalisme organisé » je reconnais mes fautes que Lénine a découvertes dans « L’économie de la période de transitoire » (1920). J’ai essayé dans mon article « Théorie de l’anarchie économique organisée » de partir des principes d’Engels et de Lénine dans leurs travaux de programme (Critique du projet de programme d’Erfurt, remarques pour le deuxième projet de Plekhanov pour le programme, L’Etat et la Révolution et autres). Mais dans la mesure où j’ai donné ici des formules qui dépassaient le cadre des formules d’Engels et de Lénine et déviaient en quelque sorte de ces dernières, je reconnais ici aussi mes erreurs. Ces articles étaient la suite de mes articles dans l’esprit de la théorie bourgeoise du capitalisme organisé. Ils se sont avérés comme nuisibles dans la politique, fait qui a été très justement condamné dans les résolutions respectives de la session plénière du CE de l’IC.
9. En appréciant la situation générale actuelle dans son ensemble, il faut constater l’accentuation croissante de la lutte de classes aussi bien dans l’Union soviétique (contre le koulakisme et le sabotage) qu’à l’échelle mondiale (contre l’impérialisme international). La découverte de bandes de saboteurs contrerévolutionnaires (Ramzine et Cie, Kondratiev et Cie, auxquelles il faut régler impitoyablement leur compte par le glaive de la dictature prolétarienne. Les bandes contre-révolutionnaires de saboteurs jouaient le rôle d’agents du capital international qui prépare ouvertement l’intervention à l’aide du blocus économique et de la campagne militaire, ainsi que par le travail de diversion au sein de l’Union soviétique. En un tel moment, il faut exiger de chaque membre du parti un dévouement particulier à l’égard du parti et une discipline absolue. Toute spéculation sur les difficultés de l’accentuation de la lutte de classes est un crime envers le parti et la classe ouvrière.
Nous devons mobiliser toutes les forces pour repousser l’ennemi de classe, pour défendre la dictature du prolétariat. La concentration autour du CC du parti, qui en combattant les déviations de la ligne générale, assure l’édification du socialisme dans notre pays, la vigilance, l’unité de la position, de la volonté et des actions dans les rangs du parti et dans l’IC, doivent être pour nous les conditions préalables absolues de la victoire prochaine du prolétariat dans toutes les circonstances. La défense de la dictature du prolétariat et l’édification socialiste grandiose – ce fruit de la tension immense des forces héroïques des masses ouvrières et du parti – sont pour nous la loi suprême de la révolution prolétarienne à laquelle tous doivent se soumettre.