Au Pilori ! A propos du dernier congrès de la CGT Mexicaine

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Si quelqu'un avait eu la moindre illusion sur le caractère de la direction de la C.G.T., le dernier congrès de cette organisation la lui aurait enlevée. Si quelqu’un, hier encore, pouvait espérer que la direction de la C.G.T. était capable d'évoluer dans un sens progressiste, il faudrait aujourd'hui tirer un trait sur ces espérances. M. Ramirez – et ses compères ont démontré avec une franchise louable toute la profondeur de leur dégénérescence et de leur chute. Il n’existe pas dans le langage politique de termes qui conviennent pour caractériser aujourd’hui la physionomie politique de cette clique. Avant la campagne électorale qui approche et les enjeux et prébendes qui y sont liés, les chefs de la C.G.T. ont, tout d’un coup, abandonné leur « anarchisme » et leur « internationalisme » de Mardi Gras pour s’unir à l’État bourgeois nationaliste. Sous le prétexte de lutter contre le stalinisme, ils ont livré une organisation ouvrière à la pire réaction bourgeoise qui s’est mise au service de l’impérialisme étranger. Pour les magnats du pétrole et autres capitalistes, Ramírez agit ouvertement aujourd’hui comme un agent de second ordre. Personne n’a rendu ni ne pouvait rendre un plus grand service à Lombardo Toledano et, de façon générale, à toute l’agence stalinienne que celui que leur a rendu la clique des dirigeants de la C.G.T.

L’écrasante majorité des membres ouvriers de cette organisation n’a bien évidemment pas la moindre idée de l’intrigue de trahison qui a été ourdie dans son dos. Les ouvriers ne sont que les victimes des machinations personnelles et fractionnelles de messieurs les « chefs ». Cela rend plus criminel et honteux le virage réactionnaire qui est arrivé à son apogée au dernier congrès de la C.G.T. et qui a ouvert une ère de prostitution politique authentique et débridée.

Les calomniateurs du camp stalinien font courir le bruit que la IVe Internationale et les groupes qui sont proches d’elle cherchent à constituer un bloc politique avec les sommets de la C.G.T. Nous repoussons cette calomnie, comme toutes les autres, avec un dégoût compréhensible. Le devoir élémentaire du marxiste révolutionnaire consiste à effectuer un travail systématique dans les organisations de masse du prolétariat et en premier lieu les syndicats. Ce devoir est valable pour le C.T.M., la C.G.T. et toutes les organisations syndicales en général. Mais un travail persévérant à l’intérieur des syndicats, l’éducation de ses militants de base dans l’esprit du marxisme révolutionnaire sont aussi éloignées de la politique du bloc aventuriste avec les chefs syndicaux corrompus que l’est le ciel de la terre. Qui donne un doigt au diable risque d’y perdre sa main ! Mais il n’existe pas un seul marxiste révolutionnaire qui donne, ne disons pas un doigt, mais même pas un bout d’ongle à l’actuelle clique dirigeante de la C.G.T. Une lutte implacable contre elle, devant la classe ouvrière, est le devoir révolutionnaire élémentaire. M. Ramírez et ses compères doivent être cloués pour toujours au pilori par l’avant-garde prolétarienne.

La clique de Toledano-Laborde organise des persécutions physiques contre la C.G.T. : attaques contre ses locaux et ses réunions, sabotage technique des transmissions de radio, etc. Cette sorte de gangstérisme, introduit dans le mouvement ouvrier mondial par Staline, n’a rien de commun avec une véritable lutte contre la réaction : il n’est qu’un des moyens ordinaires par lesquels les différentes cliques de la bureaucratie ouvrière ont l’habitude de régler entre elles leurs comptes. Le travail de la politique révolutionnaire ne consiste pas à empêcher mécaniquement un chef syndical de s’exprimer, mais à enseigner aux masses la méfiance vis-à-vis des chefs réactionnaires et à les chasser.

Il est impossible de ne pas relever une fois de plus que les staliniens, à l’instar de leur maître, emploient à leurs fins, de façon de plus en plus impudente et ouverte, toutes sortes de formes de répression « totalitaire » ; mais, étant donné qu’au Mexique ils n’ont pas le pouvoir, ils sont obligés de se limiter à la lutte à l’intérieur de la classe ouvrière. Les méthodes totalitaires dans l’État bourgeois, c’est-à-dire dans une société basée sur la propriété privée, ne sont pas autre chose que du fascisme. En ce sens, les procédés de Toledano-Laborde ouvrent la voie à la dictature fasciste. Toutes les restrictions à la démocratie dans la société bourgeoise retombent en fin de compte de tout leur poids sur la classe ouvrière. Les véritables précurseurs du fascisme au Mexique, ce ne sont pas seulement Ramírez, agent de la réaction ouverte, mais aussi les staliniens Laborde et Toledano. Il n’y a pourtant aucune raison de croire qu’ils trouveraient l’absolution sous la dictature fasciste qu’ils préparent. Non, dans le cas d’une victoire de cette dernière, ils se retrouveront dans un camp de concentration... s’ils ne prennent pas la fuite à temps. Une fois dans un camp de concentration, ils comprendront enfin peut-être la signification des avertissements que nous leur avons donnés.