A propos du Xe anniversaire de la Révolution d’Octobre

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Dix années se sont écoulées depuis que la classe ouvrière de notre pays a renversé le régime de la bourgeoisie et ouvert, par sa révolution, toute une époque d’insurrection prolétarienne, de guerres civiles, de rebellions nationales et coloniales contre les impérialistes. Aujourd’hui, dix ans après ce jour immense et héroïque, le sens historique mondial de notre révolution devient beaucoup plus clair, incommensurablement plus clair.

Sans doute, pour nos adversaires du camp menchéviste, même aujourd’hui, notre révolution est, dans son essence, une révolution bourgeoise. Malheureusement aussi, pour toute une série de « communistes », qui, à l’occasion de l’anniversaire, poussent le cri de « thermidor » elle perd de façon croissante ses traits prolétariens. Mais, il ne s’agit pas ici de ces gens. Au jour de la plus grande fête de la victoire prolétarienne, on ne voudrait parler ni des calomnies de nos ennemis, ni des erreurs et des attaques hystériques de joie douteuse.

Il faut regarder en arrière, regarder de tous les côtés, s’efforcer de sentir le battement du pouls de l’histoire, comprendre ces dix années dans leur ensemble, dix années comme l’histoire n’en avait pas encore connues.

Quatre ans après l’insurrection victorieuse, Lénine, le chef et l’organisateur de la révolution, écrivait :

« Nous avons mené à sa perte la révolution bourgeoise démocratique. En pleine conscience, nous allons de l’avant de façon ferme, sans dévier de notre chemin vers la révolution socialiste, dans la conviction qu’aucune muraille chinoise ne la sépare de la révolution démocratique bourgeoise, et dans la pleine conscience que seule la lutte décidera de la mesure où nous arriverons (au résultat final), quelle partie de nos tâches immenses nous arriverons à remplir, quelle portion de notre victoire nous nous assurerons. Si nous restons en vie, nous verrons. Mais aujourd’hui, déjà nous voyons que, par rapport au pays dévasté, tourmenté, épuisé, que nous avons pris, beaucoup de choses ont été faites pour la transformation socialiste de la société, » (Tome XVIII, 1ere partie.)

Lénine a développé avec une clarté extraordinaire et en même temps toute la prudence possible, la célèbre thèse de la transformation de la révolution démocratique bourgeoise en une révolution socialiste Cette question, d’une très haute importance, a été résolue par lui par une application étincelante de la dialectique marxiste dont Lénine était un grand maître. Toute la complexité, tout le va et vient, toutes les contradictions de ce développement sont englobés dans la définition classique de Lénine. Les rapports entre la révolution bourgeoise démocratique et la révolution démocratique ont été formulés par lui dans ces termes, à la fois si simples et absolument inimitables :

« La première croit et pénètre dans la seconde. La deuxième résout, dans sa marche en avant, les questions de la première. La deuxième affermit la cause de la première. La lutte, et seulement la lutte, décide de la mesure où la deuxième arrive à dépasser la première. » (Ibidem, page 366.)

Lénine considérait, on le sait, comme conquête socialiste : la création d’un nouveau type d’Etat, la fin de la guerre impérialiste et aussi « notre dernière, la plus importante, la plus difficile de toutes les choses que nous ayons à faire, celle que nous n’avons pas encore terminée ; la reconstruction économique, l’édification d’un fondement économique pour le nouvel édifice socialiste, à la place de l’édifice féodal détruit et de l’édifice capitaliste à demi détruit. » (Ibid., page 368.)

Aujourd’hui, nous avons largement progressé dans ce dernier domaine. Chacun sait que notre classe ouvrière, alliée à la paysannerie, a, par ses propres forces, porté à une très grande hauteur l’industrie socialiste, affermi les postes de commandement de l’économie, établi la liaison entre la ville et le village, grâce aux organismes d’Etat et aux coopératives, occupé les principales positions. Economiquement, la ville entraîne la campagne derrière elle. Et, dans les villes, la classe décisive, c’est le prolétariat.

Est-ce que cela signifie que nous puissions déjà nous endormir sur nos lauriers, même si nous ne pensons qu’aux seules forces intérieures de notre pays ? Est-ce que cela signifie que la question de Lénine : « Qui et quand ? » n’existe plus pour nous ? Et d’un autre côté, existe-t-il une différence entre le fond de cette question aujourd’hui et le fond de cette question tel qu’il se présentait du vivant de Lénine ? En d’autres termes, dans quel stade de la révolution socialiste nous trouvons-nous ? A laquelle de ces collines ? Jusqu’où sommes-nous allés de l’avant ? Que pouvons-nous remarquer de neuf dans ce second lustre de la dictature ?

J’ai devant moi l’original d’une lettre de Lénine à la Pravda :

« Chers camarades, je vous envoie mes vœux les plus chaleureux pour le Ve anniversaire de la Révolution d’Octobre. Mon vœu, c’est que nous puissions, après cinq nouvelles années, atteindre, par des moyens pacifiques autant de choses que nous en avons conquis jusqu’à présent les armes à la main.

Le 2-11-1922. Lénine »

Est-ce que ce vœu de Lénine est passé à exécution ?

Les révolutions bourgeoises classiques ont rejeté la domination des seigneurs féodaux après que la puissance économique du capital s’était déjà renforcée sous la croûte du régime féodal. Les révolutions bourgeoises conciliatrices ont sans doute laissé subsister les survivances de l’économie féodale précapitaliste, mais cet ennemi n’était pas particulièrement menaçant pour le capital. Le rapport entre la grosse économie capitaliste, surtout l’industrie des villes, et l’économie demi naturelle, où la simple économie des marchandises de la paysannerie, des artisans, des petits producteurs surtout était caractérisée par des caractères extrêmement originaux.

Le petit producteur souffrait du développement du capitalisme. Le capitalisme le ruinait et créait ainsi une importante partie de son marché intérieur. Et pourtant, les lois du développement ne l’en poussaient pas moins de la plus simple économie des marchandises sur la ligne du développement du capitalisme. Entraîné dans le cercle de l’économie des marchandises et de l’argent, livré à la force aveugle, élémentaire du marché, le petit producteur s efforçait de toutes ses forces d’en sortir par la seule voie qui lui restait ouverte : par la lutte pour le marché, par la concurrence, par l’accumulation individuelle qui, en cas de succès, poussait à un degré plus élevé, c’est-à-dire faisait de lui un petit capitaliste et de son voisin un travailleur salarié, un prolétaire.

La lutte contre le grand capital, contre les profiteurs, contre les grands propriétaires fonciers n’a pas détruit ce stimulant de l’économie privée. Dans le cadre petit-bourgeois, ce stimulant continue à pousser en avant, c’est-à-dire vers le capitalisme. Le développement de l’économie de l’argent et des marchandises a poussé toute la foule de la petite-bourgeoisie sur la grande route capitaliste avec ou sans contradiction, mais non sans protestations de la part de la moitié des âmes travailleuses, des simples producteurs de marchandises.

C’est là-dessus que reposait au fond l’alliance étroite entre l’industrie capitaliste et l’économie paysanne et petite-bourgeoise. Malgré l’appauvrissement du village, malgré que l’industrie ne se soit jamais tournée vers la campagne, la ville capitaliste possédait une base extraordinairement solide et entraînait la campagne d’une main sûre vers elle. C’est à quoi aboutissait le mécanisme des relations du marché, qui tirait à soi et qui stimulait le petit possédant travaillant pour le marché.

La grande production capitaliste entraînait la campagne derrière elle, aussi bien grâce à la force de ses avantages techniques et économiques que grâce au soutien qu’elle recevait des masses petites-bourgeoises se développant sur la base du marché. Il en va autrement dans le développement socialiste. Les rapports entre la grande production socialiste, la ville socialiste et les fermes petites-bourgeoises sont autres. Nous avons ici, particulièrement dans le premier stade de développement, un rapport qui présente une difficulté particulière, et c’est la tâche principale du prolétariat que de le résoudre d’une façon systématique. En fin de compte, on ne peut mettre la grande industrie socialiste en liaison avec les millions de paysans autrement que par le marché, l’achat et la vente, l’argent, la circulation des marchandises. La logique du développement des relations d’argent et de marchandises a pourtant tendance à exclure les petits capitalistes. A cette tendance, s’en opposent d’autres (les coopératives, sous la direction de l’industrie socialiste, poussent au socialisme).

Mais il est une chose que nous devons soulever avant tout : le capitalisme s’appuyait sur la masse qui venait d’en bas, poussée par le développement des rapports du marché et sortant des profondeurs de l’économie petite-bourgeoise. Les assises du socialisme ne peuvent, au contraire, pas trouver directement un pareil appui sur le fondement des relations du marché. Au contraire, elles rencontrent dans les masses petites-bourgeoises une certaine résistance parfois importante.

C’est volontairement que je formule cette différence avec une acuité particulière, car, si l’on ne comprend pas clairement cette différence, c’est la porte ouverte à tous les doutes possibles. Mais il faut ici aussi connaître la véritable mesure, les proportions, voir les frontières et les transitions et ne par courir dans une thèse ou dans une autre, ne pas les marquer comme quelque chose d’absolu, pareil à un roc qui se dresserait dans la mer écumante des événements.

La petite, simple production des marchandises n’est pas une économie capitaliste. Le petit producteur peut le devenir, si l’ensemble du contact social et économique le permet. Mais il a deux âmes : l’âme d’un possédant qui voudrait bien s’élever et l’âme d’un travailleur. Cette dernière moitié de son âme est une réalité, tout comme la première. Elles sont en rapport et en échange constant et changeants suivant l’ensemble des circonstances sociales et économiques environnantes. Sous le capitalisme, la stimulation de l’économie privée l’emporte et détermine le sort du petit producteur (indépendamment du fait qu’il peut devenir, soit un petit capitaliste, soit un travailleur salarié). C’est aussi ce que nous avons dit plus haut.

Et sous les conditions de la dictature prolétarienne ?

Pour cela, si l’on veut répondre de façon absolument précise à cette question, il faut dire : au fond, c’est la deuxième âme qui l’emporte, mais seulement au fond, si l’on prend toute la période de transition dans son ensemble. Mais, complètement [concrètement ?], la chose est différente au cours des différentes étapes de développement de la période de transition elle-même. Quels sont les avantages indubitables que possède l’industrie socialiste vis-à-vis de l’industrie capitaliste du point de vue de leurs relations avec la paysannerie ?

Elle est incomparablement plus centralisée. Elle se soumet à une direction générale systématique. Elle est orientée vers la campagne. Grâce à ce fait, elle est en état de se développer plus vite. En fin de compte, elle fournira des marchandises à meilleur marché.

Mais, tout cela n’est juste qu’en général. Dans la réalité, au contraire, les rapports quantitatifs qui produisent différents résultats qualificatifs sont importants

Si nous parlons des relations entre la ville et la campagne, nous oublions souvent les choses les plus importantes et il nous faut réunir les choses les plus différentes : le simple contact avec le village, la possibilité d’un certain développement économique nécessaire comme un minimum pour maintenir l’ensemble du système économique. La direction par l’industrie socialiste où les postes de commandement économiques entraînent avec eux la campagne au moyen des coopératives et du capitalisme d’Etat (à la campagne, il se poursuit une différenciation qui ne peut être maintenue que par la nationalisation du sol, etc., mais l’industrie est si faible qu’elle n’est pas encore en état de détourner le petit producteur de marchandises de la voie capitaliste, tandis qu’elle est déjà en état d’entrer en relations avec lui par le capitalisme d Etat). Enfin, la direction par la ville socialiste (en remplaçant le capitalisme d’Etat par les coopératives, dont la simple croissance signifie pour nous, selon le mot de Lénine, une croissance du socialisme), lorsque son influence se fait sentir à la campagne dans la transformation des relations économiques en direction des relations socialistes. Entre toutes ces formes, il n’y a naturellement pas de mur de Chine. (Ce n’est qu’en Chine qu’il y ait une muraille de Chine et, même là, elle se trouve, comme on dit, en triste position) L’une pénètre dans l’autre ; la troisième se réunit aux deux secondes. Mais, pourtant, il faut séparer ces formes, ces méthodes, et même les différents stades dans le développement des relations entre la ville et la campagne dans notre Etat. Une direction socialiste, au vrai sens du mot, commence quand, grâce aux relations entre la ville et la campagne, l’économie paysanne commence à se transformer selon le principe socialiste; en d’autres termes, quand le simple producteur de marchandises commence à se détourner de la voie capitaliste ou, autrement dit encore, lorsque le poids spécifique de la deuxième moitié de son âme commence à croître.

En quoi doit s’exprimer concrètement, économiquement ce processus ?

Dans un ralentissement, dans un arrêt du processus de différenciation, mais non pas sur la base de ce qu’on appelle l’égalité dans la misère, mais sur la base d’une montée des forces productives, d’une progression des coopératives dans le domaine de l’approvisionnement et des débouchés, dans une croissance des économies collectives, enfin, dans une socialisation du processus de production dans son ensemble et dans sa réorganisation technique (électrification).

L’expropriation de la bourgeoisie agraire (Comité de Pauvres) a été le point de départ de la révolution socialiste à la campagne. La vraie révolution économique commence au moment où la ville socialiste commence à détourner de la route capitaliste le simple producteur de marchandises et à le mettre sur la route socialiste.

C’est de ce point de vue qu’il faut considérer ce que nous avons atteint en fin de compte et dans quelle période de la révolution prolétarienne nous nous trouvons actuellement.

Au moment de l’introduction de la nouvelle politique économique, les forces économiques de commandement du prolétariat étaient affaiblies au maximum et les avantages aussi bien économiques que techniques de la grande production ne se faisaient pas encore sentir. Le prolétariat lui-même était déclassé et nous nous trouvions, selon l’expression de Lénine, à nous appuyer sur une très faible couche. L’ouverture du marché a ouvert les portes à tous les éléments petits-bourgeois. Il ne fallait pas penser ici à une forte introduction de l’économie socialiste. Il fallait renforcer à tout prix la marche des produits en circulation. C’est à ce moment-là que Lénine écrivait qu’il nous fallait à tout prix atteindre cette augmentation, même s’il fallait pour cela recourir au capital privé, même s’il nous fallait donner en concession une série d’entreprises industrielles, même s’il nous fallait exclure les coopératives.

Le danger d’être submergé par les éléments petits bourgeois était très grand.

Nous tenions à ce moment-là à un fil. La dictature du prolétariat a tenu surtout grâce au capital déjà accumulé de notre alliance militaire avec la paysannerie et grâce à la levée de l’économie de guerre.

Cela signifiait qu’il fallait créer les conditions d’une alliance possible, d’une union des intérêts entre l’industrie d’Etat et la paysannerie.

De plus, à mesure que montait l’industrie des villes (bien que ce ne fût pas sans crises), il se formait chez nous la base d’une alliance avec la paysannerie dans le sens d’un contact économique et du commencement d’un passage (par l’intermédiaire des coopératives) à la direction économique par la ville, c’est-à-dire le début (juste le début) de la réalisation du plan coopératif de Lénine. Ce ne fut possible qu’à condition de renforcer les postes de commandement économique, grâce à la montée des industries, des transports, grâce au développement du système de crédit des banques, etc., qui se trouvaient entre les mains de l’Etat prolétarien.

Avons-nous commencé à détourner le gouvernail du développement de la campagne ? Oui, nous avons commencé. En général (en général !) les coopératives de consommation, aussi bien que les coopératives agricoles sont entre nos mains, en général, elles sont le point central de notre mécanisme. On ne peut, en aucun cas, nier cela. Si, auparavant, le marché était le levier principal du développement capitaliste, des liaisons entre la ville et la campagne, nous avons opposé à cette tendance une organisation qui, avec le commerce d’Etat, a occupé toute une série de positions des plus importantes. A l’intérieur de celles-ci, la lutte se développe de la même façon, mais là le plus gros poids des forces est incontestablement de notre côté.

Est-ce que cela signifie que le prolétariat a complètement vaincu les tendances capitalistes qui proviennent de- éléments petits-bourgeois ? Avons-nous achevé cette victoire ? Certainement non. Il ne faut pas oublier l’extension extraordinaire de la petite industrie qui est très souvent le champ d’action du capital privé. Il faut suivre avec la plus grande intensité, la croissance, la croissance indubitable des koulaks. Le parti met actuellement toutes ces questions au premier plan avec une force particulière en mobilisant contre le koulak les principales forces de la ville et du village. Mais, un fait reste un fait. Nous sommes entrés actuellement dans un stade de développement où la transformation de l’économie paysanne vient de commencer, où la ville (la ville socialiste) commence à entraîner la campagne derrière elle en la transformant peu à peu à sa manière, même si cette transformation se fait lentement.

La direction par la ville vient de commencer à toucher également le processus de production à la campagne. Sans doute tout cela ne se fera que peu à peu. Il s’agit sans doute, jusqu’à présent, de pousser vers l’avenir. Lorsque la technique réorganisée permettra au socialisme de pénétrer avec une force plus grande, victorieuse vers la campagne. Alors, les tendances à la résistance de la petite propriété disparaîtront et le processus d’égalisation avancera à pas rapides. Le stade de la pénétration directe technique sur la paysannerie sera en même temps le stade où l’on liquidera les stimulants de l’économie privée et le type diminuant dans l’économie privée du petit producteur individuel. Lorsque, vers 1890, les narodniki se disputaient avec les marxistes sur le sort du capitalisme en Russie, ceux-ci considéraient la Russie comme un pays capitaliste malgré les nombreuses survivances du féodalisme et la propriété corporelle du moyen âge, dans le système économique de cette monarchie de hobereaux, malgré les survivances de l’économie naturelle à la campagne, malgré que le capitalisme n’ait pas encore complètement englobé la vie économique du pays, malgré que les narodniki niaient absolument l’existence du capitalisme en Russie et prophétisaient, à ceux qui le prêchaient, une faillite inévitable.

Nous avons également nos narodniki qui nient chez nous l’existence du socialisme et prophétisent sa dégénérescence inévitable et sa faillite. Mais pourtant, nous tous, qui travaillons à bâtir le socialisme, nous ne considérons pas notre pays comme un pays socialiste au vrai sens du mot, bien que nous parlions du développement victorieux du socialisme dans l’Union Soviétique. Pourquoi ? Justement parce que nous croyons, sans doute, que le petit possédant et le petit koulak n’arriveront pas à jeter par terre la grande industrie réunie, à détruire nos organismes d’Etat ou à entraîner avec eux la ville. Non, nous sommes justement très éloignés de ces représentations dignes d’un Bernstein ou d’un narodniki. Mais nous savons qu’il y a encore des tendances et qu’il y aura encore une certaine période, où ceux qui sortent de l’élément petit-bourgeois nous mettront en face de difficultés particulières. Il faut arriver à surmonter ces difficultés. Et c’est pour cela que nous ne nommons pas encore notre pays un pays socialiste et que nous mettons toujours à l’ordre du jour la question : « Qui et quand ? ».

Nous n’en voyons pas moins très clairement qu’il n’en est plus de cette question ce qu’il en était en 1921, justement parce que nous avons déjà commencé à diriger économiquement le village et que le développement du socialisme dans notre pays est un processus qui est là devant nous.

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Au Xe anniversaire de la révolution nous pouvons dire : le vœu de Lénine est en train de se réaliser. Sur le front des luttes économiques pacifiques, nous avons conquis beaucoup, beaucoup.

Autour de ce Xe anniversaire, nos relations avec le monde capitaliste se sont pourtant aigries.

Est-ce que cela nous effraie ? Pas le moins du monde.

Nous continuerons à bâtir sans nous croiser les bras devant nous. Si nous avons pu tenir jusqu’à présent, cela marque que nos forces sont aujourd’hui plus grandes et non pas plus réduites, que les masses ont grandi et n’ont pas reculé, que le prolétariat s’est renforcé et ne s’est pas détruit, que nous avons entraîné la campagne derrière nous, que nous n’avons pas capitulé devant les éléments petits-bourgeois. C’est là un succès gigantesque. Mais ce n’est pas seulement notre succès et c’est justement le plus grand succès. MM. les capitalistes peuvent faire ce qu’il leur plaît. Ils sèment le vent et récolteront la tempête. Notre travail, notre construction socialiste, nos succès sont le meilleur appât à tous les travailleurs et à tous les opprimés. Ce sont le drapeau le plus étincelant du communisme international.