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Le matérialisme historique est un outil essentiel du [[Marxisme|marxisme]]. Malgré son nom, il ne s'agit pas seulement, à travers cet outil, de comprendre le passé, le pourquoi et le comment de l'enchaînement des différents types de sociétés qu'a connu l'humanité. Le matérialisme historique permet également de comprendre quelles sont les forces sociales à l'oeuvre aujourd'hui, d'où elles viennent, ce qu'elles représentent, etc.  
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'''Le matérialisme historique''' est un outil essentiel du [[Marxisme|marxisme]]. Malgré son nom, il ne s'agit pas seulement, à travers cet outil, de comprendre le passé, le pourquoi et le comment de l'enchaînement des différents types de sociétés qu'a connu l'humanité. Le matérialisme historique permet également de comprendre quelles sont les forces sociales à l'oeuvre aujourd'hui, ce qu'elles représentent, et finalement, où il est le plus utile de concentrer l'action révolutionnaire.  
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Le matérialisme historique est donc un outil essentiel pour comprendre le passé, le présent et le devenir de l'humanité et ce dans le but de mener une action efficace et de peser, par l'action [[Révolution socialiste|révolutionnaire]], sur ce présent, ce devenir. Il ne s'agit donc pas simplement de "pure" théorie, les aspects concrets et pratiques du matérialisme historique (pour notre activité révolutionnaire, nos tâches, etc.) sont évidents. Car le marxisme, à travers notamment le matérialisme historique, se distingue par l'[[Théorie et pratique|unité entre la théorie et la pratique]] et les liens permanents entre ces deux attitudes: "La pensée marxiste n'est pas seulement pensée orientée vers l'action. Elle est théorie de l'action, réflexion sur la praxis, c'est-à-dire sur le possible et l'impossible. (...) La pensée critique n'a de sens et de portée que par l'action pratique révolutionnaire, critique en acte de l'existant."
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== L'élaboration du matérialisme historique ==
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= Les différentes conceptions de l'histoire  =
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''Article détaillé : [[La formation du matérialisme historique chez Marx et Engels|La formation du matérialisme historique chez Marx et Engels]]''
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Avant [[Karl Marx|Marx]] et à son époque, il existait quatre grandes conceptions de l'histoire : la [[Conception théologique de l'histoire|conception théologique de l'histoire]], la [[Idéalisme historique|conception idéaliste de l'histoire]], la [[Conception téléologique de l'histoire|conception téléologique de l'histoire]] et la conception matérialiste de l'histoire. C'est cette dernière qui va être revisitée et approfondie par Marx.
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=== Les conceptions antérieures de l'histoire ===
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= La conception matérialiste de l'histoire avant Marx =
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Avant [[Karl Marx|Marx]] et à son époque, il existait quatre grandes conceptions de l'histoire : la [[Conception théologique de l'histoire|conception théologique de l'histoire]], la [[Idéalisme historique|conception idéaliste de l'histoire]], la [[Conception téléologique de l'histoire|conception téléologique de l'histoire]] (Hegel) et la conception matérialiste de l'histoire. C'est cette dernière qui va être revisitée et approfondie par Marx.
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Plusieurs [[Philosophie|philosophes]] d'inspiration [[Matérialisme|matérialiste]] vont répudier la [[Conception téléologique de l'histoire|théorie idéalistehégélienne]]. Le plus connu d'entre eux fut [[Ludwig Feuerbach|Ludwig Feueurbach]]. Pour ce dernier, laréalisation de l'union entre la pensée et l'être, entre l'esprit et la matière, ne peutpartir de l'Idée ou de l'Esprit, mais bien de la réalité concrète et sensible, de la [[Nature|natureet]] de l'homme. Feueurbach développe ainsi une conception matérialiste de l'histoiredont l'élément moteur n'est plus le développement de la [[Conscience|conscience]], maisl'intégration de l'homme concret dans la nature et dans la société. Mais Feueurbach sesitue dans l'absolu, l'homme concret dont il parle reste un homme abstrait cartotalement déterminé par sa réalité sensible. Bref, il s'agit d'une conception[[Matérialisme mécaniste|matérialiste mécaniste]] car la primauté qu'il accorde au concret fait de l'homme unêtre passif, subissant l'influence de la nature qui l'entoure et sans pouvoir sur cettedernière.
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=== Synthèse du matérialisme et de la dialectique  ===
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= La formation du matérialisme historique chez Marx et Engels =
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La [[Conception téléologique de l'histoire|conception hégélienne]] commençait déjà à être rejetée en tant que théorie [[Idéaliste|idéaliste]], notamment par le matérialiste [[Ludwig Feuerbach|Ludwig Feueurbach]]. Marx et Engels sont eux-aussi convaincus que c'est la réalité concrète qui prédomine et qu'il n'y a pas d'arrière-monde où planeraient les Idées. Cependant, ils considèrent que la méthode dialectique de Hegel décrit à merveille les grands mouvements de l'histoire. C'est ce qui les conduira à utiliser les deux outils théoriques dans leur conception de l'histoire.
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== Genèse  ==
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Vers la fin du XIXème siècle, après mûrissement de leurs idées et confirmation par la réalité, ils en viendront à la conclusion que le nouveau paradigme est le [[Matérialisme dialectique|matérialisme dialectique]], dont le matérialisme historique est un corollaire.<br>  
 
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A travers leurs critiques successives de la [[Religion|religion]], de la [[Philosophie|philosophie]] et de la [[Politique|politique]](de l'[[Etat|État]]), [[Karl Marx|Marx]] et [[Friedrich Engels|Engels]] vont découvrir l'importance des phénomènes[[Economie|économiques]] dans la compréhension des sociétés humaines. Schématiquement,leur évolution intellectuelle, au cours des années 1844-1846, peut se résumercomme suit&nbsp;: leur critique de la religion (du [[Christianisme|christianisme]]), en tant que production del'homme qui se construit une image idéalisée, parfaite (et donc inaccessible) de lui-mêmeà travers [[Dieu(x)|Dieu]], les amènent à critiquer la philosophie car cette dernière, en tant qu'interprétation abstraite de l'homme, découle de la religion. La critique de la&nbsp; philosophie passe inévitablement par la critique du philosophe dominant de l'époque&nbsp;: [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]]. Et, puisque dans la philosophie hégélienne l'État est l'incarnation de l'[[Esprit universel (Hegel)|Esprit]], de la Raison, Marx et Engels passent à la critique de l'État. Cette critique de l'État hégélien leur permet de découvrir que les fondements de l'[[Etat bourgeois|État bourgeois]] (comme de n'importe quel autre type&nbsp; d'État) ne sont pas à rechercher en lui-même mais bien dans la société civile car il&nbsp; exprime un rapport de forces déterminé au sein de cette dernière. Cette analyse débouche à son tour sur l'étude du pourquoi de ce rapport de forces entre différentes [[Classes sociales|classes sociales]], question qui abouti à la nécessité d'étudier la façon dont les hommes s'organisent pour assurer leur subsistance, leur production (soit l'[[Economie politique|économie politique]]).
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Marx et Engels, à travers leur critique de l'[[Conception téléologique de l'histoire|idéalisme de Hegel]] et du matérialisme "contemplatif" de [[Ludwig Feuerbach|Feuerbach]] (qui, le premier, tenta de démonter le système hégélien,mais tout en restant dans le domaine [[Idéologie|idéologique]]) vont donc développer une nouvelle conception de l'histoire, le matérialisme historique, où il s'attacheront à démontrer l'importance et la place de la production matérielle, de l'économie, pour la compréhension des sociétés et de leur développement historique.
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== "Retournement" de la conception hégélienne:  ==
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Cette découverte, [[Karl Marx|Marx]] l'exprima ainsi: "Les rapports juridiques - ainsi que les formes&nbsp; politiques (de l'[[Etat|État]]) - ne peuvent être compris ni à partir d'eux-mêmes, ni par la prétendue&nbsp; évolution générale de l'[[Esprit universel (Hegel)|Esprit humain]], mais qu'ils prennent au contraire leurs racines dans les conditions d'existence matérielles de la vie dont Hegel (...) comprend l'ensemble sous le nom de "société civile", et que l'anatomie de la société civile doit être cherchée à son tour dans l'[[Economie politique|économie politique]]. " <ref name="critiqueecopol">[[Karl Marx]], [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1859/01/km18590100b.htm Introduction à la " Contribution à la critique de l'économie politique "]</ref>
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Marx opère donc un "retournement" de la théorie idéaliste hégélienne&nbsp;: "ce n'est pas la [[Conscience|conscience]] des hommes qui détermine leur vie sociale, c'est au contraire leur vie sociale (concrète, réelle) qui détermine leur conscience". Ce "retournement" qui donne à la vie concrète, réelle, une primauté sur la conscience des hommes se base sur les conclusions mêmes des [[Philosophie|philosophes]] [[Idéalisme historique|idéalistes]] ou [[Conception téléologique de l'histoire|téléologiques]]. Plusieurs philosophes idéalistes, bien qu'ils maintinssent leur conception de l'importance première de l'idée dans l'évolution historique, se sont ainsi accordés sur le fait que ces "idées" ne sont pas innées en l'homme. Elles proviennent de l'expérience de ces derniers, expérience qui découle de leur "état social Mais aucun d'entre eux n'expliquait les causes de cet état social. Or, pour Marx, si les idées peuvent expliquer certaines choses et exercent une influence importante sur les hommes, elles n'expliquent pas tout&nbsp;: "les idées ne peuvent rien réaliser. Pour réaliser les idées, il faut des hommes qui mettent en oeuvre une force pratique." <ref name="saintefamille">[[Karl Marx]], [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1844/09/kmfe18440900.htm "La Sainte famille", 1844]</ref> De même, dans le domaine de l'interprétation de l'histoire, les idées ne peuvent êtres considérées comme sujet de cette histoire car, comme le dit Marx, "Il ne faut pas expliquer la vie des hommes par leurs idées, il faut expliquer les idées des hommes par leur vie". Les idées se forment au contraire dans et par la pratique matérielle. Il faut donc chercher à expliquer cette pratique matérielle et son origine. C'est en cela que Marx transforme la conception hégélienne de l'histoire.
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== Contre [[Ludwig Feuerbach|Feueurbach]]  ==
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Feueurbach, tout comme [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]], a fortement influencé [[Karl Marx|Marx]]. Ce dernier a, tour à tour,adopté leurs vues pour ensuite critiquer ces dernières en utilisant certaines méthodes ou conclusions de l'un ou l'autre. Marx, en rejetant le système hégélien, va néanmoins garder de celui-ci, en la transformant, sa méthode [[Dialectique|dialectique]] (voir plus bas). A Feueuerbach, Marx reproche que sa méthode ne permet pas de saisir tout le réel dans sa complexité car il n'est pas toujours concret ou "sensible". Car la réalité est constitué de la confrontation entre la théorie et la réalité, la pensée et l'action, etc. L'homme "sensible" de Feueurbach est, en outre, considéré hors de toute l'histoire, ce qui en fait un homme "abstrait" éternel, alors que l'homme, à chaque époque, est le produit de conditions sociales, économiques, politiques, etc. bien déterminées. De plus, les théories matérialistes de Feueurbach n'apportaient aucune conclusion pratique en terme de lutte politique puisque son matérialiste est fondamentalement passif et [[Matérialisme mécaniste|mécaniste]] (ce qui est doit être tel qu'il est). C'est contre cet aspect de la théorie de Feueurbach que Marx écrira la onzième de ses célèbres [[Thèses sur Feuerbach|''Thèses sur Feuerbach'']]&nbsp;: "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde, or il s'agit de le transformer."
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Mais laissons Marx continuer l'exposé de sa critique&nbsp;: "Feueurbach a l'avantage de considérer l'homme comme une "chose sensible" (...) mais il ne le conçoit pas comme activité sensible. Il reste dans le domaine de la théorie et ne considère les hommes ni dans leurs rapports sociaux donnés ni dans les conditions présentes d'existence qui les ont faits tels qu'ils sont - il ne parvient jamais jusqu'aux hommes actifs, réellement existants (...). Dans la mesure où Feueurbach est matérialiste, l'histoire n'occupe, dans sa philosophie, aucune place, et dans la mesure où il tient compte de l'histoire, il n'est pas matérialiste. Le matérialisme et l'histoire sont chez lui complètement dissociés." <ref name="ideoall">[[Karl Marx]], [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450000.htm "L'idéologie allemande" (1846)]</ref>
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== La signification du matérialisme historique  ==
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Le matérialisme historique de Marx/Engels est une théorie de la formation et destransformations sociales dans l'histoire. Il est un rejet à la fois de l'idéalisme, quiconsidère la conscience des hommes comme étant indépendante de toute formematérielle-concrète et supérieure à cette dernière, et un rejet du matérialismevulgaire ou contemplatif qui ne considère que l'importance du concret, du réel audétriment des idées. Il est à la fois opposé à l'empirisme (qui voit uniquement dansles faits eux-mêmes leur propre explication) matérialiste (" les rapports juridiquesainsi que les formes de l'État ne peuvent être compris par eux-mêmes) et àl'idéalisme ( "... ils ne peuvent (non plus) être compris par l'évolution générale del'Esprit humain "). Le matérialisme de Marx est au contraire critique et pratique, il estun dépassement de cette opposition entre les conceptions idéalistes et matérialistesclassiques car, tout en affirmant la détermination première du réel, du concret, ilprend en compte les interactions entre ces deux conceptions. " Les deux interprétations du monde, le matérialisme et l'idéalisme, tombent avec la praxis (marxiste) révolutionnaire. Elles perdent leur opposition (...). La spécificité du marxisme , son caractère révolutionnaire (donc son caractère de classe) ne proviennent donc pas d'une prise de position matérialiste, mais de son caractère pratique, dépassant la spéculation, donc la philosophie, donc le matérialisme comme l'idéalisme. " <ref name="lefebvre">Henri Lefèbvre, "Sociologie de Marx ", Ed. P.U.F. 1974.</ref> Car toute pratique est constituée à la fois de concret et de "pensé" ,le travail, par exemple, nécessite à la fois la réflexion et l'action. Le matérialisme historique n'est donc pas une simple conception ou interprétation passive de l'histoire, il est pratique car il est un outil pour l'analyse des sociétés humaines dans leur développement historique afin de mener une pratique révolutionnaire basée sur l'étude scientifique des faits, des sociétés. Il n'est pas non plus une philosophie car " les philosophe n'ont fait qu'interpréter le monde dediverses manières, or ce qui importe, c'est de le transformer " <ref name="thesesfeuerbach">[[Karl Marx]], Thèse XI dans [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450001.htm "Thèses sur Feuerbach"], 1845.</ref>Mais qu'est ce que la théorie du matérialisme historique?<br>
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= La conception marxiste de l'histoire: résumé<br>  =
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Se rendant compte que l'ancien matérialisme était inconséquent, incomplet et unilatéral, Marx conclut qu'il fallait «&nbsp;mettre la science de la société... en accord avec la base matérialiste, et la reconstruire en s'appuyant sur elle&nbsp;». Si, d'une manière générale, le matérialisme explique la conscience par l'être et non l'inverse, cette doctrine, appliquée à la société humaine, exigeait qu'on expliquât la conscience sociale par l'être social. «&nbsp;La technologie, dit Marx, met à nu le mode d'action de l'homme vis-à-vis de la nature, le procès de production de sa vie matérielle, et, par conséquent, l'origine des rapports sociaux et des idées ou conceptions intellectuelles qui en découlent&nbsp;» (Le Capital, livre I). On trouve une formulation complète des thèses fondamentales du matérialisme appliqué à la société humaine et à son histoire dans la préface de Marx à son ouvrage Contribution à la critique de l'économie politique, où il s'exprime comme suit&nbsp;: «&nbsp;... dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s'élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociale déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie sociale, politique et intellectuelle en général. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur être&nbsp;; c'est inversement leur être social qui détermine leur conscience. A un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n'en est que l'expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s'étaient mues jusqu'alors. De formes de développement des forces productives qu'ils étaient, ces rapports en deviennent des entraves. Alors s'ouvre une époque de révolution sociale. Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l'énorme superstructure. Lorsqu'on considère de tels bouleversements, il faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel - qu'on peut constater d'une manière scientifiquement rigoureuse - des conditions de production économiques et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le mènent jusqu'au bout. Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de bouleversement sur sa conscience de soi&nbsp;; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports de production... A grands traits, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être qualifiés d'époques progressives de la formation sociale économique".&nbsp;» (Voir la brève formule que Marx donne dans sa lettre à Engels en date du 7 juillet 1866&nbsp;: «&nbsp;Notre théorie de la détermination de l'organisation du travail par les moyens de production.&nbsp;») La découverte de la conception matérialiste de l'histoire, ou, plus exactement, l'application conséquente et l'extension du matérialisme au domaine des phénomènes sociaux, a éliminé les deux défauts essentiels des théories historiques antérieures. En premier lieu, ces dernières ne considéraient, dans le meilleur des cas, que les mobiles idéologiques de l'activité historique des hommes, sans rechercher l'origine de ces mobiles, sans saisir les lois objectives qui président au développement dusystème des rapports sociaux et sans discerner les racines de ces rapports dans le degré de développement de la production matérielle. En second lieu, les théories antérieures négligeaient précisément l'action des masses de la population, tandis que le matérialisme historique permet d'étudier, pour la première fois et avec la précision des sciences naturelles, les conditions sociales de la vie des masses et les modifications de ces conditions. La «&nbsp;sociologie&nbsp;» et l'historiographie d'avant Marx accumulaient dans le meilleur des cas des faits bruts, recueillis au petit bonheur, et n'exposaient que certains aspects du processus historique. Le marxisme a frayé le chemin à l'étude globale et universelle du processus de la naissance, du développement et du déclin des formations économiques et sociales en examinant l'ensemble des tendances contradictoires, en les ramenant aux conditions d'existence et de production, nettement précisées, des diverses classes de la société, en écartant le subjectivisme et l'arbitraire dans le choix des idées «&nbsp;directrices&nbsp;» ou dans leur interprétation, en découvrant l'origine de toutes les idées et des différentes tendances, sans exception, dans l'état des forces productives matérielles. Les hommes sont les artisans de leur propre histoire, mais par quoi les mobiles des hommes, et plus précisément des masses humaines, sont-ils déterminés&nbsp;? Quelle est la cause des conflits entre les idées et les aspirations contradictoires&nbsp;? Quelle est la résultante de tousces conflits de l'ensemble des sociétés humaines&nbsp;? Quelles sont les conditions objectives de la production de la vie matérielle sur lesquelles est basée toute l'activité historique des hommes&nbsp;? Quelle est la loi qui préside à l'évolution de ces conditions&nbsp;? Marx a porté son attention sur tous ces problèmes et a tracé la voie à l'étude scientifique de l'histoire conçue comme un processus unique, régi par des lois, quelles qu'en soient la prodigieuse variété et toutes les contradictions.<br>  
      
= La conception marxiste de l'histoire: exposé du matérialisme historique  =
 
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