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| Le comité exécutif du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] décide aussitôt de s'entendre avec les libéraux, mais de ne pas [[Ministérialisme|participer au gouvernement]] (comme les [[Menchéviks|menchéviks]] l'avaient soutenu depuis 1905 : ce n'est pas le rôle du prolétariat d'exercer le pouvoir). [[Nicolas_Tchkheidzé|Tchkheidzé]], [[Soukhanov|Soukhanov]] et Sokolov rencontrent de façon très cordiale les libéraux [[Milioukov|Milioukov]], Goutchkov, et [[Gueorgui_Lvov|Lvov]]. | | Le comité exécutif du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] décide aussitôt de s'entendre avec les libéraux, mais de ne pas [[Ministérialisme|participer au gouvernement]] (comme les [[Menchéviks|menchéviks]] l'avaient soutenu depuis 1905 : ce n'est pas le rôle du prolétariat d'exercer le pouvoir). [[Nicolas_Tchkheidzé|Tchkheidzé]], [[Soukhanov|Soukhanov]] et Sokolov rencontrent de façon très cordiale les libéraux [[Milioukov|Milioukov]], Goutchkov, et [[Gueorgui_Lvov|Lvov]]. |
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− | Le 2 mars, il est convenu que le soviet reconnaît, en attendant la convocation d'une <span class="mw-redirect">assemblée constituante</span>, la légitimité d'un <span class="new">gouvernement provisoire</span> à tendance <span class="new">libérale</span>. De son côté le <span class="new">gouvernement provisoire doit </span>appliquer immédiatement certaines réformes démocratiques : [[Libertés_fondamentales|<span class="new">libertés fondamentales</span>]], [[Suffrage_universel|suffrage universel]], abolition de la [[Peine_de_mort|<span class="new">peine de mort</span>]], de l'[[Antisémitisme|antisémitisme]] d'Etat et de toute forme de discrimination légale, suppression de la police (remplacée par une [[Police_et_milice_en_1917|milice]]), reconnaissance des [[Prikaz_n°1|droits du soldat-citoyen]] et <span class="new">amnistie</span> immédiate de tous les [[Prisonniers_politiques|<span class="new">prisonniers politiques</span>]]. L’[[Église_orthodoxe|Église orthodoxe]], sous tutelle depuis Pierre le Grand, s'organise librement. | + | Le 2 mars, il est convenu que le soviet reconnaît, en attendant la convocation d'une <span class="mw-redirect">assemblée constituante</span>, la légitimité d'un <span class="new">gouvernement provisoire</span> à tendance <span class="new">libérale</span>. De son côté le <span class="new">gouvernement provisoire doit </span>appliquer immédiatement certaines réformes démocratiques : [[Libertés_fondamentales|<span class="new">libertés fondamentales</span>]], [[Suffrage_universel|suffrage universel]], abolition de la [[Peine_de_mort|<span class="new">peine de mort</span>]], de l'[[Antisémitisme|antisémitisme]] d'État et de toute forme de discrimination légale, suppression de la police (remplacée par une [[Police_et_milice_en_1917|milice]]), reconnaissance des [[Prikaz_n°1|droits du soldat-citoyen]] et <span class="new">amnistie</span> immédiate de tous les [[Prisonniers_politiques|<span class="new">prisonniers politiques</span>]]. L’[[Église_orthodoxe|Église orthodoxe]], sous tutelle depuis Pierre le Grand, s'organise librement. |
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| === Premier cabinet ministériel === | | === Premier cabinet ministériel === |
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| === Second cabinet, 1<sup>ère</sup> coalition === | | === Second cabinet, 1<sup>ère</sup> coalition === |
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− | Le 18 avril, le ministre [[Parti_KD|<span class="mw-redirect">KD</span>]] [[Milioukov|<span class="new">Milioukov</span>]] s'engage dans une note secrète aux Alliés à ne pas remettre en cause les traités tsaristes et à poursuivre la guerre jusqu'au bout. Lorsque cette note fuite dans la presse, des [[Journées_d'avril|manifestations armées d'ouvriers et de soldats]] éclatent (20-21 avril) et s'affrontent violemment à des manifestants pro-gouvernement. Seul le poids des leaders conciliateurs des soviets parviennent à calmer les esprits. Le 2 mai, Milioukov et Goutchkov démissionnent. Les libéraux et Kerenski mettent la pression sur les leaders conciliateurs, qui se sentent finalement obligés le 5 mai de participer à un gouvernement de coalition pour renforcer la légitimité de l'Etat bourgeois. | + | Le 18 avril, le ministre [[Parti_KD|<span class="mw-redirect">KD</span>]] [[Milioukov|<span class="new">Milioukov</span>]] s'engage dans une note secrète aux Alliés à ne pas remettre en cause les traités tsaristes et à poursuivre la guerre jusqu'au bout. Lorsque cette note fuite dans la presse, des [[Journées_d'avril|manifestations armées d'ouvriers et de soldats]] éclatent (20-21 avril) et s'affrontent violemment à des manifestants pro-gouvernement. Seul le poids des leaders conciliateurs des soviets parviennent à calmer les esprits. Le 2 mai, Milioukov et Goutchkov démissionnent. Les libéraux et Kerenski mettent la pression sur les leaders conciliateurs, qui se sentent finalement obligés le 5 mai de participer à un gouvernement de coalition pour renforcer la légitimité de l'État bourgeois. |
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| Le poids de [[Kerensky|Kerensky]] est renforcé, il devient ministre de la Guerre et de la Marine. Deux menchéviks deviennent ministres ([[Tsereteli|Tsereteli]] aux Courriers et télégraphes, et [[Matvei_Ivanovitch_Skobelev|Skobelev]] au Travail). [[Victor_Tchernov|Tchernov]] (fondateur du [[Parti_SR|parti SR]]) intègre le gouvernement (à l'Agriculture), ainsi que 2 autres SR : [[Pavel_Pereverzev|Pereverzev]] (Justice), [[Alexei_Pechekhonov|Pechekhonov]] (Ravitaillement). | | Le poids de [[Kerensky|Kerensky]] est renforcé, il devient ministre de la Guerre et de la Marine. Deux menchéviks deviennent ministres ([[Tsereteli|Tsereteli]] aux Courriers et télégraphes, et [[Matvei_Ivanovitch_Skobelev|Skobelev]] au Travail). [[Victor_Tchernov|Tchernov]] (fondateur du [[Parti_SR|parti SR]]) intègre le gouvernement (à l'Agriculture), ainsi que 2 autres SR : [[Pavel_Pereverzev|Pereverzev]] (Justice), [[Alexei_Pechekhonov|Pechekhonov]] (Ravitaillement). |
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| A partir fin août, la situation se tend dans tout le pays. De plus en plus de soldats se révoltent, les ouvriers bolchéviques relèvent la tête, les minorités nationales ne veulent plus attendre, et finalement des révoltes paysannes éclatent. Pris entre sa droite et sa gauche, Kerenski n'ose ni faire des réformes sociales, ni recourir à une répression radicale. Le gouvernement est paralysé. | | A partir fin août, la situation se tend dans tout le pays. De plus en plus de soldats se révoltent, les ouvriers bolchéviques relèvent la tête, les minorités nationales ne veulent plus attendre, et finalement des révoltes paysannes éclatent. Pris entre sa droite et sa gauche, Kerenski n'ose ni faire des réformes sociales, ni recourir à une répression radicale. Le gouvernement est paralysé. |
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− | La majorité du parti KD, derrière [[Milioukov|Milioukov]], se radicalise à droite. Elle ne croit plus à la coalition, et cherche à s'appuyer sur Kornilov, qui émerge lors de la [[Conférence_d'Etat_de_Moscou_(1917)|Conférence d'Etat de Moscou]]. A la fin août, [[Putsch_de_Kornilov|Kornilov tente un putsch]], mais subit un échec cinglant : Kerenski panique, demande de l'aide aux soviets qui se remobilisent, les ouvriers sont armés, les troupes refusent d'obeir, et les bolchéviks regagnent une forte estime dans la population en se montrant en première ligne. | + | La majorité du parti KD, derrière [[Milioukov|Milioukov]], se radicalise à droite. Elle ne croit plus à la coalition, et cherche à s'appuyer sur Kornilov, qui émerge lors de la [[Conférence_d'Etat_de_Moscou_(1917)|Conférence d'État de Moscou]]. A la fin août, [[Putsch_de_Kornilov|Kornilov tente un putsch]], mais subit un échec cinglant : Kerenski panique, demande de l'aide aux soviets qui se remobilisent, les ouvriers sont armés, les troupes refusent d'obeir, et les bolchéviks regagnent une forte estime dans la population en se montrant en première ligne. |
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| Cela provoque des forts remous dans les partis socialistes : parmi les menchéviks la minorité internationaliste grossit et le centre s'allie avec elle, parmi les SR également. Dans les rangs des [[Conciliateurs|conciliateurs]] beaucoup ne veulent plus de coalition avec les KD, notamment [[Tchernov|Tchernov]]. | | Cela provoque des forts remous dans les partis socialistes : parmi les menchéviks la minorité internationaliste grossit et le centre s'allie avec elle, parmi les SR également. Dans les rangs des [[Conciliateurs|conciliateurs]] beaucoup ne veulent plus de coalition avec les KD, notamment [[Tchernov|Tchernov]]. |