Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
551 octets ajoutés ,  16 août 2017 à 18:22
m
aucun résumé des modifications
Ligne 9 : Ligne 9 :  
Les grandes grèves et manifestations ouvrières qui éclatent en février dans la capitale [[Petrograd|Petrograd]] deviennent vite incontrôlables pour le pouvoir tsariste. L'État-major fait alors pression sur l'empereur pour que celui-ci abdique ''« afin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie »''. Le général Mikhaïl Alexeïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en soutenant que l'abdication est le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne.
 
Les grandes grèves et manifestations ouvrières qui éclatent en février dans la capitale [[Petrograd|Petrograd]] deviennent vite incontrôlables pour le pouvoir tsariste. L'État-major fait alors pression sur l'empereur pour que celui-ci abdique ''« afin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie »''. Le général Mikhaïl Alexeïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en soutenant que l'abdication est le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne.
   −
Dès le 27 février, le [[Soviet_de_Petrograd|soviet de Petrograd]] est fondé et il a le contrôle de l'armée, des usines et des voies ferrées. C'était un véritable organe d'[[Autogestion|autogestion]] des ouvriers et des soldats, qui créait un véritable ''« [[Double_pouvoir|double pouvoir]] »'' dans la capitale. Cependant, ceux qui ont la majorité dans le soviet de Petrograd sont des socialistes modérés, les [[Menchéviks|menchéviks]] alliés aux [[socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]], et n'ont pas l'intention d'aller plus loin qu'une [[Révolution_bourgeoise|révolution bourgeoise]]. Ils cherchent donc la [[conciliateurs|conciliation]] avec les représentants de la bourgeoisie. Le soviet est présidé par le menchévik [[Nicolas_Tchkheidzé|Nicolas Tchkheidzé]], avec [[Alexandre_Kerensky|Alexandre Kerensky]] comme vice-président. Ce dernier, du fait de ses talents d'orateurs déjà connus avant la révolution, passe pour un porte parole des ''« socialistes »'' , mais il n'est pas vraiment un homme de parti. Il s'était rattaché à la formation politique socialiste la plus à droite ([[Troudoviks|parti troudovik]]), mais rejoint vite le [[parti_socialiste-révolutionnaire|parti socialiste-révolutionnaire]] qui devient le plus gros parti de Russie.
+
Dès le 27 février, le [[Soviet_de_Petrograd|soviet de Petrograd]] est fondé et il a le contrôle de l'armée, des usines et des voies ferrées. C'était un véritable organe d'[[Autogestion|autogestion]] des ouvriers et des soldats, qui créait un véritable ''« [[Double_pouvoir|double pouvoir]] »'' dans la capitale. Cependant, ceux qui ont la majorité dans le soviet de Petrograd sont des socialistes modérés, les [[Menchéviks|menchéviks]] alliés aux [[Socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]], et n'ont pas l'intention d'aller plus loin qu'une [[Révolution_bourgeoise|révolution bourgeoise]]. Ils cherchent donc la [[Conciliateurs|conciliation]] avec les représentants de la bourgeoisie. Le soviet est présidé par le menchévik [[Nicolas_Tchkheidzé|Nicolas Tchkheidzé]], avec [[Alexandre_Kerensky|Alexandre Kerensky]] comme vice-président. Ce dernier, du fait de ses talents d'orateurs déjà connus avant la révolution, passe pour un porte parole des ''« socialistes »'' , mais il n'est pas vraiment un homme de parti. Il s'était rattaché à la formation politique socialiste la plus à droite ([[Troudoviks|parti troudovik]]), mais rejoint vite le [[Parti_socialiste-révolutionnaire|parti socialiste-révolutionnaire]] qui devient le plus gros parti de Russie.
    
Le 2 mars 1917, Nicolas II renonce au trône en faveur de son frère, le grand-duc Mikhaïl Alexandrovitch Romanov. Devant la protestation populaire, celui-ci renonce à la couronne le lendemain, et accepte qu'un gouvernement provisoire dirige le pays jusqu'à ce qu'une [[Assemblée_constituante_russe_de_1918|assemblée constituante]] ait déterminé la nouvelle forme de gouvernement en Russie.
 
Le 2 mars 1917, Nicolas II renonce au trône en faveur de son frère, le grand-duc Mikhaïl Alexandrovitch Romanov. Devant la protestation populaire, celui-ci renonce à la couronne le lendemain, et accepte qu'un gouvernement provisoire dirige le pays jusqu'à ce qu'une [[Assemblée_constituante_russe_de_1918|assemblée constituante]] ait déterminé la nouvelle forme de gouvernement en Russie.
Ligne 15 : Ligne 15 :  
=== Comité provisoire de la Douma ===
 
=== Comité provisoire de la Douma ===
   −
Dès le 27 février, un groupe de députés de la <span class="new">Douma</span> refuse l'ordre de dissolution lancé par le tsar (parce qu'ils savaient que la révolution l'emportait et voulaient en prendre la tête) : ils foment le Comité provisoire de la Douma pour «&nbsp;le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public&nbsp;». Ils sont dirigés par [[Michel_Rodzianko|Michel Rodzianko]], ancien officier du Tsar, monarchiste [[Octobriste|octobriste]] et riche propriétaire terrien. Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, et d'abord, au retour des soldats mutinés dans leurs baraquements.
+
Dès le 27 février, un groupe de députés de la <span class="new">Douma</span> refuse l'ordre de dissolution lancé par le tsar (parce qu'ils savaient que la révolution l'emportait et voulaient en prendre la tête)&nbsp;: ils foment le Comité provisoire de la Douma pour «&nbsp;le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public&nbsp;». Ils sont dirigés par [[Michel_Rodzianko|Michel Rodzianko]], ancien officier du Tsar, monarchiste [[Octobriste|octobriste]] et riche propriétaire terrien. Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, et d'abord, au retour des soldats mutinés dans leurs baraquements.
   −
Le comité exécutif du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] décide aussitôt de s'entendre avec les libéraux, mais de ne pas [[Ministérialisme|participer au gouvernement]] (comme les [[menchéviks|menchéviks]] l'avaient soutenu depuis 1905 : ce n'est pas le rôle du prolétariat d'exercer le pouvoir). [[Nicolas_Tchkheidzé|Tchkheidzé]], [[Soukhanov|Soukhanov]] et Sokolov rencontrent de façon très cordiale les libéraux [[Milioukov|Milioukov]], Goutchkov, et [[Gueorgui_Lvov|Lvov]].
+
Le comité exécutif du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] décide aussitôt de s'entendre avec les libéraux, mais de ne pas [[Ministérialisme|participer au gouvernement]] (comme les [[Menchéviks|menchéviks]] l'avaient soutenu depuis 1905&nbsp;: ce n'est pas le rôle du prolétariat d'exercer le pouvoir). [[Nicolas_Tchkheidzé|Tchkheidzé]], [[Soukhanov|Soukhanov]] et Sokolov rencontrent de façon très cordiale les libéraux [[Milioukov|Milioukov]], Goutchkov, et [[Gueorgui_Lvov|Lvov]].
   −
Le 2 mars, il est convenu que le soviet reconnaît, en attendant la convocation d'une <span class="mw-redirect">assemblée constituante</span>, la légitimité d'un <span class="new">gouvernement provisoire</span> à tendance <span class="new">libérale</span>. De son côté le <span class="new">gouvernement provisoire doit </span>appliquer immédiatement certaines réformes démocratiques : [[libertés_fondamentales|<span class="new">libertés fondamentales</span>]], [[suffrage_universel|suffrage universel]], abolition de la [[peine_de_mort|<span class="new">peine de mort</span>]], de l'[[antisémitisme|antisémitisme]] d'Etat et de toute forme de discrimination légale, suppression de la police (remplacée par une [[Police_et_milice_en_1917|milice]]), reconnaissance des [[Prikaz_n°1|droits du soldat-citoyen]] et <span class="new">amnistie</span> immédiate de tous les [[prisonniers_politiques|<span class="new">prisonniers politiques</span>]]. L’[[Église_orthodoxe|Église orthodoxe]], sous tutelle depuis Pierre le Grand, s'organise librement.
+
Le 2 mars, il est convenu que le soviet reconnaît, en attendant la convocation d'une <span class="mw-redirect">assemblée constituante</span>, la légitimité d'un <span class="new">gouvernement provisoire</span> à tendance <span class="new">libérale</span>. De son côté le <span class="new">gouvernement provisoire doit </span>appliquer immédiatement certaines réformes démocratiques&nbsp;: [[Libertés_fondamentales|<span class="new">libertés fondamentales</span>]], [[Suffrage_universel|suffrage universel]], abolition de la [[Peine_de_mort|<span class="new">peine de mort</span>]], de l'[[Antisémitisme|antisémitisme]] d'Etat et de toute forme de discrimination légale, suppression de la police (remplacée par une [[Police_et_milice_en_1917|milice]]), reconnaissance des [[Prikaz_n°1|droits du soldat-citoyen]] et <span class="new">amnistie</span> immédiate de tous les [[Prisonniers_politiques|<span class="new">prisonniers politiques</span>]]. L’[[Église_orthodoxe|Église orthodoxe]], sous tutelle depuis Pierre le Grand, s'organise librement.
    
=== Premier cabinet ministériel ===
 
=== Premier cabinet ministériel ===
Ligne 41 : Ligne 41 :  
Le 18 avril, le ministre [[Parti_KD|<span class="mw-redirect">KD</span>]] [[Milioukov|<span class="new">Milioukov</span>]] s'engage dans une note secrète aux Alliés à ne pas remettre en cause les traités tsaristes et à poursuivre la guerre jusqu'au bout. Lorsque cette note fuite dans la presse, des [[Journées_d'avril|manifestations armées d'ouvriers et de soldats]] éclatent (20-21 avril) et s'affrontent violemment à des manifestants pro-gouvernement. Seul le poids des leaders conciliateurs des soviets parviennent à calmer les esprits. Le 2 mai, Milioukov et Goutchkov démissionnent. Les libéraux et Kerenski mettent la pression sur les leaders conciliateurs, qui se sentent finalement obligés le 5 mai de participer à un gouvernement de coalition pour renforcer la légitimité de l'Etat bourgeois.
 
Le 18 avril, le ministre [[Parti_KD|<span class="mw-redirect">KD</span>]] [[Milioukov|<span class="new">Milioukov</span>]] s'engage dans une note secrète aux Alliés à ne pas remettre en cause les traités tsaristes et à poursuivre la guerre jusqu'au bout. Lorsque cette note fuite dans la presse, des [[Journées_d'avril|manifestations armées d'ouvriers et de soldats]] éclatent (20-21 avril) et s'affrontent violemment à des manifestants pro-gouvernement. Seul le poids des leaders conciliateurs des soviets parviennent à calmer les esprits. Le 2 mai, Milioukov et Goutchkov démissionnent. Les libéraux et Kerenski mettent la pression sur les leaders conciliateurs, qui se sentent finalement obligés le 5 mai de participer à un gouvernement de coalition pour renforcer la légitimité de l'Etat bourgeois.
   −
Le poids de [[Kerensky|Kerensky]] est renforcé, il devient ministre de la Guerre et de la Marine. Deux menchéviks deviennent ministres ([[Tsereteli|Tsereteli]] aux Courriers et télégraphes, et [[Matvei_Ivanovitch_Skobelev|Skobelev]] au Travail). [[Victor_Tchernov|Tchernov]] (fondateur du [[Parti_SR|parti SR]]) intègre le gouvernement (à l'Agriculture), ainsi que 2 autres SR : [[Pavel_Pereverzev|Pereverzev]] (Justice), [[Alexei_Pechekhonov|Pechekhonov]] (Ravitaillement).
+
Le poids de [[Kerensky|Kerensky]] est renforcé, il devient ministre de la Guerre et de la Marine. Deux menchéviks deviennent ministres ([[Tsereteli|Tsereteli]] aux Courriers et télégraphes, et [[Matvei_Ivanovitch_Skobelev|Skobelev]] au Travail). [[Victor_Tchernov|Tchernov]] (fondateur du [[Parti_SR|parti SR]]) intègre le gouvernement (à l'Agriculture), ainsi que 2 autres SR&nbsp;: [[Pavel_Pereverzev|Pereverzev]] (Justice), [[Alexei_Pechekhonov|Pechekhonov]] (Ravitaillement).
   −
Ce gouvernement a momentanément le soutien des classes populaires : beaucoup veulent croire que Kerensky (devenu ministre de la guerre) obtiendra une victoire militaire rapide, que les ministres [[menchéviks|menchéviks]] seront favorables aux ouvriers, et que les ministres SR accorderont une [[Mouvement_paysan_en_Russie|réforme agraire aux paysans]].
+
Ce gouvernement a momentanément le soutien des classes populaires&nbsp;: beaucoup veulent croire que Kerensky (devenu ministre de la guerre) obtiendra une victoire militaire rapide, que les ministres [[Menchéviks|menchéviks]] seront favorables aux ouvriers, et que les ministres SR accorderont une [[Mouvement_paysan_en_Russie|réforme agraire aux paysans]].
    
Le 16 mai, le Comité exécutif du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet]] adopta des propositions de mesures [[Interventionnisme|interventionnistes]] radicales pour redresser l'économie en crise, et les transmis au gouvernement en l'avertissant qu'il risquait de chuter s'il ne réglait pas la situation. Le 17 mai, le ministre du Commerce et de l'Industrie Konovalov (KD) donna bruyamment sa démission. Il fut provisoirement remplacé par l'ingénieur Paltchinsky.
 
Le 16 mai, le Comité exécutif du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet]] adopta des propositions de mesures [[Interventionnisme|interventionnistes]] radicales pour redresser l'économie en crise, et les transmis au gouvernement en l'avertissant qu'il risquait de chuter s'il ne réglait pas la situation. Le 17 mai, le ministre du Commerce et de l'Industrie Konovalov (KD) donna bruyamment sa démission. Il fut provisoirement remplacé par l'ingénieur Paltchinsky.
Ligne 49 : Ligne 49 :  
=== Troisième cabinet, 2<sup>e</sup> coalition ===
 
=== Troisième cabinet, 2<sup>e</sup> coalition ===
   −
Mais [[offensive_Kerenski|l'offensive lancée par Kerenski]] contre les Allemands en juin est un fiasco, qui débouche sur une crise politique. Elle débouche aussi sur des [[Journées_de_juillet_1917|manifestations quasi insurrectionnelles les 3-4 juillet]], qui seront durement réprimées. Finalement, un nouveau cabinet de coalition est formé dans la nuit du 7 juillet.
+
Mais [[Offensive_Kerenski|l'offensive lancée par Kerenski]] contre les Allemands en juin est un fiasco, qui débouche sur une crise politique durable. Elle débouche aussi sur des [[Journées_de_juillet_1917|manifestations quasi insurrectionnelles les 3-4 juillet]], qui seront durement réprimées. Un nouveau cabinet de coalition est formé dans la nuit du 7 juillet, mais reste en crise.
   −
[[Kerenski|Kerenski]] devient chef du gouvernement (''«&nbsp;ministre-président&nbsp;»'') en plus de ministre de la Guerre, [[Tsereteli|Tsereteli]] devient ministre de l'Intérieur. Les leaders [[bolchéviks|bolchéviks]] sont accusés d'être des agents de l'Allemagne, [[Lénine|Lénine]] doit s'enfuir, beaucoup sont emprisonnés comme [[Trotsky|Trotsky]].
+
[[Kerenski|Kerenski]] devient chef du gouvernement (''«&nbsp;ministre-président&nbsp;»'') en plus de ministre de la Guerre, [[Tsereteli|Tsereteli]] devient ministre de l'Intérieur. Les leaders [[Bolchéviks|bolchéviks]] sont accusés d'être des agents de l'Allemagne, [[Lénine|Lénine]] doit s'enfuir, beaucoup sont emprisonnés comme [[Trotsky|Trotsky]].
    
Les vélléités de [[Tchernov|Tchernov]] de faire passer une réforme agraire scandalisent les propriétaires fonciers et leurs relais au gouvernement. Les KD exigent sa démission. Le gouvernement provisoire devait aussi faire face, de plus en plus, aux revendications des [[Minorités_nationales_en_Russie|minorités nationales opprimées]], notamment des Finlandais et des Ukrainiens. Sa position était sur tous les sujets d'attendre la [[Assemblée_constituante_russe|Constituante]]. La Rada (parlement) ukrainienne déclare son indépendance en juillet. Le gouvernement s'y oppose, mais tente de négocier.
 
Les vélléités de [[Tchernov|Tchernov]] de faire passer une réforme agraire scandalisent les propriétaires fonciers et leurs relais au gouvernement. Les KD exigent sa démission. Le gouvernement provisoire devait aussi faire face, de plus en plus, aux revendications des [[Minorités_nationales_en_Russie|minorités nationales opprimées]], notamment des Finlandais et des Ukrainiens. Sa position était sur tous les sujets d'attendre la [[Assemblée_constituante_russe|Constituante]]. La Rada (parlement) ukrainienne déclare son indépendance en juillet. Le gouvernement s'y oppose, mais tente de négocier.
Ligne 57 : Ligne 57 :  
Quatre ministres KD démissionnent. Le KD Nekrassov quitte le parti et reste au gouvernement.
 
Quatre ministres KD démissionnent. Le KD Nekrassov quitte le parti et reste au gouvernement.
   −
Le 19 juillet, Kerenski nomme le général [[Kornilov|Kornilov]] à la tête de l'armée. Kornilov annonçait clairement qu'il avait l'intention de restaurer la [[discipline|discipline]] dans l'armée, et il détestait les comités de soldats et les soviets. C'est pourquoi il plaisait aux [[classes_possédantes|classes possédantes]].
+
Le 19 juillet, Kerenski remplace par décret Broussilov par [[Kornilov|Kornilov]] à la tête de l'armée (''«&nbsp;généralissime&nbsp;»''). Kornilov annonçait clairement qu'il avait l'intention de restaurer la [[Discipline|discipline]] dans l'armée, et il détestait les comités de soldats et les soviets. C'est pourquoi il plaisait aux [[Classes_possédantes|classes possédantes]].
    
=== Quatrième cabinet, 3<sup>e</sup> coalition ===
 
=== Quatrième cabinet, 3<sup>e</sup> coalition ===
   −
Après des négociations avec les [[Parti_KD|KD]] pour leur retour, un nouveau cabinet de coalition est formé le 24 juillet. [[Tsereteli|Tsereteli]] quitte le gouvernement. [[Kerenski|Kerenski]] n'aimait pas non plus [[Tchernov|Tchernov]], mais réussit à convaincre les KD qu'il était politiquement nécessaire de l'avoir au gouvernement...
+
Après des négociations avec les [[Parti_KD|KD]] pour leur retour, un nouveau cabinet de coalition est formé le 24 juillet. [[Tsereteli|Tsereteli]] quitte le gouvernement. [[Kerenski|Kerenski]] n'aimait pas non plus [[Tchernov|Tchernov]], mais réussit à convaincre les KD qu'il était politiquement nécessaire de l'avoir au gouvernement... Neuf ministres « socialistes » s'y trouvent formellement en majorité mais ne jouent en réalité qu’un rôle très secondaire face à Kerenski.
    
Sous pression de [[Milioukov|Milioukov]], le gouvernement reporte l'[[Assemblée_constituante_russe_de_1918|Assemblée constituante]]. Les KD savaient que dans le contexte actuel, les élections donneraient beaucoup plus de poids aux socialistes qu'aux KD.
 
Sous pression de [[Milioukov|Milioukov]], le gouvernement reporte l'[[Assemblée_constituante_russe_de_1918|Assemblée constituante]]. Les KD savaient que dans le contexte actuel, les élections donneraient beaucoup plus de poids aux socialistes qu'aux KD.
Ligne 67 : Ligne 67 :  
A partir fin août, la situation se tend dans tout le pays. De plus en plus de soldats se révoltent, les ouvriers bolchéviques relèvent la tête, les minorités nationales ne veulent plus attendre, et finalement des révoltes paysannes éclatent. Pris entre sa droite et sa gauche, Kerenski n'ose ni faire des réformes sociales, ni recourir à une répression radicale. Le gouvernement est paralysé.
 
A partir fin août, la situation se tend dans tout le pays. De plus en plus de soldats se révoltent, les ouvriers bolchéviques relèvent la tête, les minorités nationales ne veulent plus attendre, et finalement des révoltes paysannes éclatent. Pris entre sa droite et sa gauche, Kerenski n'ose ni faire des réformes sociales, ni recourir à une répression radicale. Le gouvernement est paralysé.
   −
La majorité du parti KD, derrière [[Milioukov|Milioukov]], se radicalise à droite. Elle ne croit plus à la coalition, et cherche à s'appuyer sur Kornilov, qui émerge lors de la [[Conférence_d'Etat_de_Moscou_(1917)|Conférence d'Etat de Moscou]]. A la fin août, [[Putsch_de_Kornilov|Kornilov tente un putsch]], mais subit un échec cinglant : Kerenski panique, demande de l'aide aux soviets qui se remobilisent, les ouvriers sont armés, les troupes refusent d'obeir, et les bolchéviks regagnent une forte estime dans la population en se montrant en première ligne.
+
La majorité du parti KD, derrière [[Milioukov|Milioukov]], se radicalise à droite. Elle ne croit plus à la coalition, et cherche à s'appuyer sur Kornilov, qui émerge lors de la [[Conférence_d'Etat_de_Moscou_(1917)|Conférence d'Etat de Moscou]]. A la fin août, [[Putsch_de_Kornilov|Kornilov tente un putsch]], mais subit un échec cinglant&nbsp;: Kerenski panique, demande de l'aide aux soviets qui se remobilisent, les ouvriers sont armés, les troupes refusent d'obeir, et les bolchéviks regagnent une forte estime dans la population en se montrant en première ligne.
   −
Cela provoque des forts remous dans les partis socialistes : parmi les menchéviks la minorité internationaliste grossit et le centre s'allie avec elle, parmi les SR également. Dans les rangs des [[conciliateurs|conciliateurs]] beaucoup ne veulent plus de coalition avec les KD, notamment [[Tchernov|Tchernov]].
+
Cela provoque des forts remous dans les partis socialistes&nbsp;: parmi les menchéviks la minorité internationaliste grossit et le centre s'allie avec elle, parmi les SR également. Dans les rangs des [[Conciliateurs|conciliateurs]] beaucoup ne veulent plus de coalition avec les KD, notamment [[Tchernov|Tchernov]].
    
=== Directoire et cinquième cabinet ===
 
=== Directoire et cinquième cabinet ===
   −
Le 1<sup>er</sup> septembre, Kerenski forme un Directoire de 5 membres, en même temps qu'il proclame la [[République|République]] (mesure démocratique réclamée depuis longtemps par la gauche, tout en restant tolérable pour les possédants). Kerenski concentre également le commandement de l'armée dans ses mains depuis la destitution de Kornilov. Même chez les conciliateurs on dénonce le [[bonapartisme|bonapartisme]] à la tête de l'Etat.
+
Le 1<sup>er</sup> septembre, Kerenski forme un Directoire avec 4 autres membres ([[Alexei_Verkhovski|Verkhovski]], [[Dimitri_Verderevski|Verderevski]], [[Alexei_Nikitine|Nikitine]] et [[Mikhail_Térechtchenko|Térechtchenko]]), en même temps qu'il proclame la [[République|République]] (mesure démocratique réclamée depuis longtemps par la gauche, tout en restant tolérable pour les possédants). Kerenski concentre également le commandement de l'armée dans ses mains depuis la destitution de Kornilov. Même chez les conciliateurs on dénonce le [[Bonapartisme|bonapartisme]] à la tête de l'Etat.
   −
Les socialistes prennent l'initiative de convoquer une «&nbsp;[[Conférence_démocratique_(Russie)|Conférence démocratique]]&nbsp;» qui doit prendre des décisions sur le pouvoir. Il s'agit d'encadrer Kerenski, mais aussi de faire contrepoids aux [[soviets|soviets]] en s'appuyant des délégués d'organisations beaucoup moins populaires et plus modérées. En effet, dans les soviets, les [[conciliateurs|conciliateurs]] sont en train de perdre la majorité au profit des bolchéviks (le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] bascule le 9 septembre).
+
Les socialistes prennent l'initiative de convoquer une «&nbsp;[[Conférence_démocratique_(Russie)|Conférence démocratique]]&nbsp;» qui doit prendre des décisions sur le pouvoir. Il s'agit d'encadrer Kerenski, mais aussi de faire contrepoids aux [[Soviets|soviets]] en s'appuyant des délégués d'organisations beaucoup moins populaires et plus modérées. En effet, dans les soviets, les [[Conciliateurs|conciliateurs]] sont en train de perdre la majorité au profit des bolchéviks (le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] bascule le 9 septembre).
    
Malgré les contestations et les votes qui montrent un clair rejet des KD, [[Tseretelli|Tseretelli]] parvient à faire adopte une motion floue qui permet de laisser les mains libres à Kerenski et aux leaders socialistes droitiers comme lui pour former une nouvelle coalition. Avant même que la [[Conférence_démocratique_(Russie)|Conférence]] n'ait adopté la résolution, les correspondants des journaux anglais et américains communiquaient par télégraphe que la coalition avec les KD était garantie et donnaient avec assurance les noms des nouveaux ministres. De son côté, le Conseil moscovite des personnalités en vue, sous la présidence de Rodzianko, félicitait un de ses membres, Trétiakov, d'avoir été invité à participer au gouvernement.
 
Malgré les contestations et les votes qui montrent un clair rejet des KD, [[Tseretelli|Tseretelli]] parvient à faire adopte une motion floue qui permet de laisser les mains libres à Kerenski et aux leaders socialistes droitiers comme lui pour former une nouvelle coalition. Avant même que la [[Conférence_démocratique_(Russie)|Conférence]] n'ait adopté la résolution, les correspondants des journaux anglais et américains communiquaient par télégraphe que la coalition avec les KD était garantie et donnaient avec assurance les noms des nouveaux ministres. De son côté, le Conseil moscovite des personnalités en vue, sous la présidence de Rodzianko, félicitait un de ses membres, Trétiakov, d'avoir été invité à participer au gouvernement.
Ligne 85 : Ligne 85 :  
=== Le renversement du gouvernement ===
 
=== Le renversement du gouvernement ===
   −
Après la [[Putsch_de_Kornilov|débâcle de Kornilov]], les [[bolchéviks|bolchéviks]] avaient interpelé les [[conciliateurs|conciliateurs]] pour leur proposer de rompre avec la bourgeoisie, et de réaliser un gouvernement uniquement socialiste. Face à la persistance de leurs leaders dans la coalition qui exaspérait les masses, et suite à la majorité qu'ils obtenaient dans les soviets, les bolchéviks préparent une insurrection.
+
Après la [[Putsch_de_Kornilov|débâcle de Kornilov]], les [[Bolchéviks|bolchéviks]] avaient interpelé les [[Conciliateurs|conciliateurs]] pour leur proposer de rompre avec la bourgeoisie, et de réaliser un gouvernement uniquement socialiste<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170916d.htm Au sujet des compromis]'', septembre 1917</ref>. Face à la persistance de leurs leaders dans la coalition qui exaspérait les masses, et suite à la majorité qu'ils obtenaient dans les soviets, les bolchéviks préparent une insurrection.
    
Mi-octobre, le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] constitue un [[Comité_militaire_révolutionnaire|Comité militaire révolutionnaire]] (CMR), auquel les soldats et les ouvriers (dont les [[Garde_rouge_(Russie)|gardes rouges]]) de la ville font confiance. Quand le gouvernement tente d'envoyer les troupes au front (pour les éloigner), le CMR refuse.
 
Mi-octobre, le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] constitue un [[Comité_militaire_révolutionnaire|Comité militaire révolutionnaire]] (CMR), auquel les soldats et les ouvriers (dont les [[Garde_rouge_(Russie)|gardes rouges]]) de la ville font confiance. Quand le gouvernement tente d'envoyer les troupes au front (pour les éloigner), le CMR refuse.
Ligne 91 : Ligne 91 :  
Le 24 octobre, le gouvernement tente des mesures répressives contre les bolchéviks, mais se heurte à la puissance du Soviet. Dans la nuit du 24-25 octobre, [[Insurrection_d'Octobre_1917|le CMR s'empare de tous les points clés de la ville]], et commence à encercler le Palais d'Hiver, siège du gouvernement. Ce dernier est renversé dans la nuit du 25-26.
 
Le 24 octobre, le gouvernement tente des mesures répressives contre les bolchéviks, mais se heurte à la puissance du Soviet. Dans la nuit du 24-25 octobre, [[Insurrection_d'Octobre_1917|le CMR s'empare de tous les points clés de la ville]], et commence à encercler le Palais d'Hiver, siège du gouvernement. Ce dernier est renversé dans la nuit du 25-26.
   −
Le [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets des 25-26 octobre]] vote pour la constitution d'un nouveau gouvernement, le [[Soviet_des_commissaires_du_peuple|Soviet des commissaires du peuple]], qui ne comporte à l'origine que des [[bolchéviks|bolchéviks]] car les autres socialistes ont condamné l'insurrection, à l'exception des SR de gauche. Ces dernières intègreront en décembre le gouvernement.
+
Le [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets des 25-26 octobre]] vote pour la constitution d'un nouveau gouvernement, le [[Soviet_des_commissaires_du_peuple|Soviet des commissaires du peuple]], qui ne comporte à l'origine que des [[Bolchéviks|bolchéviks]] car les autres socialistes ont condamné l'insurrection, à l'exception des SR de gauche. Ces dernières intègreront en décembre le gouvernement.
    
Jusqu'à la dissolution de l'assemblée constituante (janvier 1918), le [[Sovnarkom|gouvernement bolchevique]] fut qualifié de «&nbsp;provisoire&nbsp;».
 
Jusqu'à la dissolution de l'assemblée constituante (janvier 1918), le [[Sovnarkom|gouvernement bolchevique]] fut qualifié de «&nbsp;provisoire&nbsp;».

Menu de navigation