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Appliquant à la Russie elle-même ce qu’il exigeait formellement de tous les pays (c’est-à-dire en réalité ce qu’il appelait tous les prolétariats et paysanneries d’Europe à réaliser par leur lutte révolutionnaire), le gouvernement soviétique décréta « ''l’égalité et la souveraineté de tous les peuples de Russie'' », c’est-à-dire le « ''droit des peuples de Russie à disposer librement d’eux-mêmes, y compris le droit de sécession et de formation d’un État indépendant'' », « ''l’abolition de tout privilège et restriction de caractère national ou religieux ''» et « ''le libre développement des minorités nationales et groupes ethniques peuplant le territoire russe'' ». En conséquence, la Finlande proclame son indépendance le 6 décembre 1917, l’Ukraine le 22 janvier 1918, la Pologne le 11 novembre 1918. On objecte souvent que le gouvernement soviétique a accordé l’indépendance à des peuples à peu de frais, car il n’occupait plus ces territoires du fait de l’avance allemande. Mais, si l’indépendance (même formelle) de la plupart de ces pays a été reconnue à la fin de la guerre par les puissances impérialistes, c’est avant tout par la crainte que la frustration du sentiment national de ces peuples ne donne un nouveau souffle à la vague révolutionnaire qui déferle sur l’Europe à partir d’octobre 1917. Par ailleurs, le gouvernement ouvrier et paysan supprima totalement à l’intérieur même de ses frontières toute discrimination en fonction de la nationalité ou de la religion — alors qu’à cette époque, dans bien des États bourgeois , de telles restrictions étaient encore légales, y compris les restrictions pour l’accès à certains métiers pour les Juifs par exemple.
 
Appliquant à la Russie elle-même ce qu’il exigeait formellement de tous les pays (c’est-à-dire en réalité ce qu’il appelait tous les prolétariats et paysanneries d’Europe à réaliser par leur lutte révolutionnaire), le gouvernement soviétique décréta « ''l’égalité et la souveraineté de tous les peuples de Russie'' », c’est-à-dire le « ''droit des peuples de Russie à disposer librement d’eux-mêmes, y compris le droit de sécession et de formation d’un État indépendant'' », « ''l’abolition de tout privilège et restriction de caractère national ou religieux ''» et « ''le libre développement des minorités nationales et groupes ethniques peuplant le territoire russe'' ». En conséquence, la Finlande proclame son indépendance le 6 décembre 1917, l’Ukraine le 22 janvier 1918, la Pologne le 11 novembre 1918. On objecte souvent que le gouvernement soviétique a accordé l’indépendance à des peuples à peu de frais, car il n’occupait plus ces territoires du fait de l’avance allemande. Mais, si l’indépendance (même formelle) de la plupart de ces pays a été reconnue à la fin de la guerre par les puissances impérialistes, c’est avant tout par la crainte que la frustration du sentiment national de ces peuples ne donne un nouveau souffle à la vague révolutionnaire qui déferle sur l’Europe à partir d’octobre 1917. Par ailleurs, le gouvernement ouvrier et paysan supprima totalement à l’intérieur même de ses frontières toute discrimination en fonction de la nationalité ou de la religion — alors qu’à cette époque, dans bien des États bourgeois , de telles restrictions étaient encore légales, y compris les restrictions pour l’accès à certains métiers pour les Juifs par exemple.
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Au cours des années suivant la révolution d'Octobre, 5 états indépendants furent créés, et au sein de la fédération russe 17 républiques autonomes et régions furent établies.
    
=== Egalité juridique entre citoyens, et entre hommes et femmes ===
 
=== Egalité juridique entre citoyens, et entre hommes et femmes ===
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Le gouvernement soviétique prit toutes les mesures démocratiques radicales dans le domaine politique, assurant l’égalité formelle de tous les citoyens : les ordres ([[Noblesse|noblesse]], [[Clergé|clergé]], etc.) et les privilèges qui y étaient liés sont abolis, ainsi que tous les titres nobiliaires et qualifications ; les biens de ces privilégiés sont immédiatement confisqués.
 
Le gouvernement soviétique prit toutes les mesures démocratiques radicales dans le domaine politique, assurant l’égalité formelle de tous les citoyens : les ordres ([[Noblesse|noblesse]], [[Clergé|clergé]], etc.) et les privilèges qui y étaient liés sont abolis, ainsi que tous les titres nobiliaires et qualifications ; les biens de ces privilégiés sont immédiatement confisqués.
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La loi accorde exactement les mêmes droits aux femmes qu’aux hommes, y compris le droit de vote (alors que, dans la plupart des pays capitalistes, cela ne viendra qu’après la révolution russe, voire après la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], comme en France…) et égalité totale des droits dans le mariage (alors que, en France, par exemple, les inégalités de droits entre la femme et l’homme ne seront intégralement supprimées que dans les années 1960 !).
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La loi accorde exactement les mêmes droits aux femmes qu’aux hommes, y compris le droit de vote (alors que, dans la plupart des pays capitalistes, cela ne viendra qu’après la révolution russe, voire après la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], comme en France…) et égalité totale des droits dans le mariage (alors que, en France, par exemple, les inégalités de droits entre la femme et l’homme ne seront intégralement supprimées que dans les années 1960 !). Ainsi que l’expliquait un législateur le mariage « ''devait cesser d’être une cage dans laquelle mari et femme vivent comme des condamnés'' ».
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Fin de la discrimination à l’égard des enfants illégitimes. Dépénalisation de l'homosexualité. Légalisation de l'avortement en 1920.
    
{{Voir|Condition des femmes en URSS}}
 
{{Voir|Condition des femmes en URSS}}
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Les bolchéviks sont bien sûr parfaitement conscients que ces mesures en elles-mêmes ne sauraient assurer l’égalité réelle entre tous les citoyen-nes. Lénine explique inlassablement cette vérité essentielle, par exemple à propos de la question de l’égalité entre hommes et femmes :
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«&nbsp;''Naturellement, les lois ne sont pas suffisantes, et nous ne nous contentons pas de décrets. Mais, dans le domaine législatif, nous avons fait tout le nécessaire pour élever la femme au niveau de l'homme et nous pouvons en être fiers. La situation de la femme dans la Russie des Soviets peut servir d'idéal aux États les plus avancés. Pourtant, ce n'est encore là qu'un commencement. La femme dans le ménage reste encore opprimée. Pour qu'elle soit réellement émancipée, pour qu'elle soit vraiment l'égale de l'homme, il faut qu'elle participe au travail productif commun et que le ménage privé n'existe plus. Alors seulement, elle sera au même niveau que l'homme (…). La femme a beau jouir de tous les droits, elle n'en reste pas moins opprimée en fait, parce que sur elle pèsent tous les soins du ménage (…). Nous créons des institutions modèles, des restaurants, des crèches, pour affranchir la femme du ménage. Il faut reconnaître qu'à l'heure présente en Russie ces institutions, qui permettent à la femme de sortir de sa condition d'esclave domestique, sont très rares. Leur nombre est infime et les conditions militaires et alimentaires actuelles sont un obstacle à leur accroissement. Il convient cependant de dire qu'il en surgit partout où s'offre la plus petite possibilité. Nous disons que l'émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. De même, l'émancipation des travailleuses sera l’œuvre des travailleuses elles-mêmes. Les travailleuses doivent veiller elles-mêmes au développement de ces institutions&nbsp;; elles arriveront ainsi à changer du tout au tout le sort qui leur était fait dans la société capitaliste. ''»
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=== Enseignement général obligatoire, laïque et gratuit. ===
 
=== Enseignement général obligatoire, laïque et gratuit. ===
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La Russie est un pays dans lequel, en 1917, l’écrasante majorité de la population ne sait ni lire, ni écrire. C’est évidemment un obstacle considérable à la mise en place d’une démocratie authentique et à tout développement économique moderne. C’est pourquoi le gouvernement décide la mise en place d’un enseignement général, obligatoire et gratuit. Il supprime toutes les barrières légales à l’accès des enfants d’ouvriers et de paysans à l’enseignement supérieur général et technique.
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La Russie est un pays dans lequel, en 1917, l’écrasante majorité de la population ne sait ni lire, ni écrire. C’est évidemment un obstacle considérable à la mise en place d’une démocratie authentique et à tout développement économique moderne. C’est pourquoi le gouvernement décide la mise en place d’un enseignement général, obligatoire et gratuit. Il supprime toutes les barrières légales à l’accès des enfants d’ouvriers et de paysans à l’enseignement supérieur général et technique, et affaiblit les barrières sociales : abolition des frais universitaires, réduction drastique des examens et l’apprentissage basé sur la mémorisation pure...
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Les bolchéviks sont bien sûr parfaitement conscients que ces mesures en elles-mêmes ne sauraient assurer l’égalité réelle entre tous les citoyens. Lénine explique inlassablement cette vérité essentielle, par exemple à propos de la question de l’égalité entre hommes et femmes&nbsp;: «&nbsp;''Naturellement, les lois ne sont pas suffisantes, et nous ne nous contentons pas de décrets. Mais, dans le domaine législatif, nous avons fait tout le nécessaire pour élever la femme au niveau de l'homme et nous pouvons en être fiers. La situation de la femme dans la Russie des Soviets peut servir d'idéal aux États les plus avancés. Pourtant, ce n'est encore là qu'un commencement. La femme dans le ménage reste encore opprimée. Pour qu'elle soit réellement émancipée, pour qu'elle soit vraiment l'égale de l'homme, il faut qu'elle participe au travail productif commun et que le ménage privé n'existe plus. Alors seulement, elle sera au même niveau que l'homme (…). La femme a beau jouir de tous les droits, elle n'en reste pas moins opprimée en fait, parce que sur elle pèsent tous les soins du ménage (…). Nous créons des institutions modèles, des restaurants, des crèches, pour affranchir la femme du ménage. Il faut reconnaître qu'à l'heure présente en Russie ces institutions, qui permettent à la femme de sortir de sa condition d'esclave domestique, sont très rares. Leur nombre est infime et les conditions militaires et alimentaires actuelles sont un obstacle à leur accroissement. Il convient cependant de dire qu'il en surgit partout où s'offre la plus petite possibilité. Nous disons que l'émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. De même, l'émancipation des travailleuses sera l’œuvre des travailleuses elles-mêmes. Les travailleuses doivent veiller elles-mêmes au développement de ces institutions&nbsp;; elles arriveront ainsi à changer du tout au tout le sort qui leur était fait dans la société capitaliste. ''»
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En un an le nombre d’école augmenta de plus de 50%, et il y avait des campagnes pour apprendre aux illettrés à lire et à écrire. OL’étude scolaire fut combinée au travail manuel, et des mesures de contrôle démocratique furent apportées, impliquant tous les travailleurs scolaires et les élèves âgés de plus de 12 ans. Lénine attachait personnellement une grande attention à l’expansion des bibliothèques.
    
== Les mesures économiques ==
 
== Les mesures économiques ==
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Parmi les toutes premières mesures du nouveau gouvernement, il y eut également l’appel à la constitution par chaque soviet d’une milice propre. À l’opposé de l’État bourgeois où l’armée et la police sont des détachements spéciaux d’hommes armés, servant les besoins de répression du mécontentement ou du soulèvement populaire, l’État soviétique dirigé par les bolcheviks est caractérisé par le fait que le pouvoir est détenu par le peuple en armes&nbsp;: c’est la seule garantie sérieuse que la violence soit toujours utilisée dans l’intérêt des ouvriers et des paysans et non contre eux.
 
Parmi les toutes premières mesures du nouveau gouvernement, il y eut également l’appel à la constitution par chaque soviet d’une milice propre. À l’opposé de l’État bourgeois où l’armée et la police sont des détachements spéciaux d’hommes armés, servant les besoins de répression du mécontentement ou du soulèvement populaire, l’État soviétique dirigé par les bolcheviks est caractérisé par le fait que le pouvoir est détenu par le peuple en armes&nbsp;: c’est la seule garantie sérieuse que la violence soit toujours utilisée dans l’intérêt des ouvriers et des paysans et non contre eux.
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Le système judiciaire fut complètement réformé. Des courts populaires furent mises en place avec des juges élus.
    
Enfin, un système de [[Comité_d’usine|Comités d’usine]] complète le système politique de l’[[État_ouvrier|État ouvrier]]. Ce sont eux qui assurent le [[Contrôle_ouvrier|contrôle ouvrier]] en relation avec les [[Soviets|soviets]].
 
Enfin, un système de [[Comité_d’usine|Comités d’usine]] complète le système politique de l’[[État_ouvrier|État ouvrier]]. Ce sont eux qui assurent le [[Contrôle_ouvrier|contrôle ouvrier]] en relation avec les [[Soviets|soviets]].
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Ainsi, les bolchéviks, marxistes fidèles au combat du prolétariat pour son auto-émancipation, ont-ils agi dès la prise du pouvoir pour briser la machine de l’État bourgeois et la remplacer par un État du type de la Commune de Paris de 1871, c’est-à-dire un État dans lequel tout travailleur peut participer directement et activement à la vie politique.
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Ainsi, les bolchéviks, marxistes fidèles au combat du prolétariat pour son auto-émancipation, ont-ils agi dès la prise du pouvoir pour briser la machine de l’État bourgeois et la remplacer par un État du type de la Commune de Paris de 1871, c’est-à-dire un État dans lequel tout travailleur peut participer directement et activement à la vie politique. Lénine insistait sur l’importance de l’auto-émancipation de la classe ouvrière, disant que la révolution devait «&nbsp;''développer cette initiative indépendante des travailleurs, de tous les prolétaires et les exploités en général, la développer aussi largement que possible en travail organisationnel créatif. A tout prix nous devons rompre le vieil, absurde, sauvage, détestable et dégoûtant préjugé que seules les ‘classes supérieures’, seuls les riches, et ceux qui sont passés par les écoles des riches, sont capables d’administrer l’État et de diriger le développement organisationnel de la société socialiste''&nbsp;». Malgré les terribles privations de la période post-révolutionnaire, beaucoup de travailleurs se sentirent délivrés des limitations de leur ancien mode de vie. On trouve des récits contemporains de travailleurs, après une journée de travail, improvisant et produisant des pièces, ou assistant à des cours pour apprendre à écrire de la poésie.
    
Le 18 mars 1918, le [[Conseil_des_commissaires_du_peuple_(URSS)|Conseil des Commissaires du peuple]] fixe le traitement mensuel maximum à 500 roubles. Quelques mois plus tard, il attribue aux techniciens hautement qualifiés d'une rémunération plus élevée, ce que [[Lénine|Lénine]] reconnaît comme étant ''«&nbsp;un certain abandon des principes de la Commune de Paris&nbsp;»'' imposé par les impératifs de la gestion administrative de l'Etat.
 
Le 18 mars 1918, le [[Conseil_des_commissaires_du_peuple_(URSS)|Conseil des Commissaires du peuple]] fixe le traitement mensuel maximum à 500 roubles. Quelques mois plus tard, il attribue aux techniciens hautement qualifiés d'une rémunération plus élevée, ce que [[Lénine|Lénine]] reconnaît comme étant ''«&nbsp;un certain abandon des principes de la Commune de Paris&nbsp;»'' imposé par les impératifs de la gestion administrative de l'Etat.
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*Introduction du calendrier grégorien,&nbsp;remplaçant le calendrier julien (Décret du 8 février 1918)  
 
*Introduction du calendrier grégorien,&nbsp;remplaçant le calendrier julien (Décret du 8 février 1918)  
 
*Réforme de [[Langue#R.C3.A9forme_de_la_langue_russe_en_1917|simplification de l'alphabet russe]] (Décret de décembre 1917)  
 
*Réforme de [[Langue#R.C3.A9forme_de_la_langue_russe_en_1917|simplification de l'alphabet russe]] (Décret de décembre 1917)  
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La Russie révolutionnaire connut une effervescence d’innovations et d’expérimentations dans les domaines de la littérature, de la peinture et du cinéma. La position de l’artiste dans la société était transformée. Comme le dit le poète Maïakovski&nbsp;: «&nbsp;''Les rues plutôt que des pinceaux nous utiliserons /Nos palettes, les places et leurs espaces grand ouverts''&nbsp;» (Ordre à l’armée des arts, 1918).
    
== Postérité ==
 
== Postérité ==

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