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Fondé en 1871, il fut réprimé par Bismarck de 1878 à 1890. Les [[Lassalliens|lassalliens]] y sont d'abord les plus influents.
 
Fondé en 1871, il fut réprimé par Bismarck de 1878 à 1890. Les [[Lassalliens|lassalliens]] y sont d'abord les plus influents.
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Pendant la période d’illégalité (1878-1890) le parti est loin d’être démocratique. Un des traits caractéristiques de cette période était en Allemagne le contrôle de l’activité organisationnelle, non par le comité national élu et en exil mais, tant qu’il lui était possible de le faire, par la fraction des députés du Reichstag qui demeurait légale. Mais cette fraction n’avait jamais été élue par les membres du parti; les députés avaient été élus par le corps électoral. Bien que, de par son utilité pratique, cette situation était souvent admise, Marx et Engels regardaient d’un œil désapprobateur ce qu’ils considéraient comme la « dictature » des députés du Reichstag sur le parti.
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Dans les dernières décennies du 19ème siècle, le développement économique de l’Allemagne s’était accéléré. Sous la direction du chancelier Bismarck, l’Allemagne fut tardivement unifiée en un Empire allemand en 1871. Le pays connut alors un essor industriel rapide, transformant des millions de paysans crevant la faim et d’artisans, en prolétaires. Rien qu’entre 1882 et 1895, le prolétariat augmenta de 40 %, passant de 7 millions d’ouvriers à plus de 10 millions !
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Concentrée dans les centres urbains et les régions industrielles, la classe ouvrière allait mener de nombreux combats contre les patrons et le gouvernement. C’est au travers de ces grèves, de ces manifestations, d’affrontements petits et grands avec la bourgeoisie et son Etat, que les travailleurs allemands allaient apprendre à s’organiser. Et c’est aussi au travers de batailles politiques, notamment électorales, qu’ils devinrent une véritable force politique, postulant à prendre la direction de la société.
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Pourtant pas plus en Allemagne que dans les autres pays, l’idée que le prolétariat formait une classe avec des intérêts politiques distincts n’allait de soi. Les facteurs de divisions ne manquaient pas au sein du jeune prolétariat. Les particularismes de toutes sortes, le nationalisme, les divisions religieuses étaient répandus. Pour combattre ces préjugés et forger une conscience de classe, les militants sociaux-démocrates firent une propagande inlassable, gagnant les ouvriers les plus conscients à leurs idées, éveillant des couches de plus en plus larges du prolétariat à la vie politique, à la compréhension de leur situation et du rôle que pouvait jouer le prolétariat pour transformer la société.
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Devant cette croissance numérique mais surtout sociale et politique du prolétariat, Bismarck, qui considérait les socialistes comme, je le cite, « des bandes de brigands qui campent sur nos places », tenta d’arrêter leur progression en interdisant leur parti. Pendant douze ans, de 1878 à 1890, les lois dites antisocialistes tentèrent de juguler le mouvement ouvrier en train de se développer. Bien sûr, le pouvoir n’avait pas attendu ces lois pour réprimer les grèves, poursuivre les militants devant les tribunaux, condamner les députés à la forteresse.
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Mais si les nouvelles lois contre les socialistes ne les empêchaient pas de se présenter aux élections, elles leur interdisaient de mener toute propagande, et d’éditer des journaux. La police pourchassait les militants, dispersait les réunions. Les militants connus étaient privés de leur gagne-pain, bannis de leur ville. Les libraires, les aubergistes étaient mis sous surveillance. Berlin était placé en état de siège.
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Progressivement, camouflés en groupes de lectures ou de joueurs de cartes dans des appartements privés, en promeneurs du dimanche dans les parcs, les militants renouèrent les contacts et reprirent leurs réunions politiques.
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Une tâche très importante fut celle de continuer à diffuser et à publier la presse qui était rédigée à l’étranger. Il fallait échapper à la censure, en faisant circuler clandestinement cette presse, sous les manteaux, ou dans le double-fond des malles. C’était « la poste rouge ».
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La vie du parti se transforma, autant de façon spontanée que par décision du parti lui-même. Et ce fut une école d’organisation, où les militants apprirent le dévouement, ainsi que l’art de ne pas succomber aux provocations policières. Le parti s’adapta à la répression en menant toute une activité illégale, en organisant les grèves, mais aussi en exploitant toutes les failles possibles du régime policier.
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Et la possibilité de participer aux élections, d’élire des députés au Parlement, en était une de taille. Elle permit à la fois de mener des batailles politiques larges, à l’échelle du pays, et d’avoir une tribune, d’autant que les discours des parlementaires pouvaient être publiés, ce qui permettait de contourner la censure sur la presse.
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La participation aux élections permit aussi de mesurer la croissance de l’influence social-démocrate dans la classe ouvrière.
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Le résultat, ce fut qu’elle progressait inexorablement à chaque élection. Et lorsque les lois antisocialistes furent abandonnées en 1890, le parti avait multiplié par trois le nombre de voix, représentant 20 % de l’électorat et obtenant 36 députés, même si pendant des années encore certains d’entre eux continuèrent les allers-retours entre le parlement et la prison. C’est en utilisant toutes les possibilités, légales comme illégales, pour continuer leur agitation politique, que les socialistes devinrent la première force politique du pays.
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Ainsi, le parti ouvrier allemand réussit à regrouper et à unifier les travailleurs derrière leurs objectifs de classe. La multiplication de grèves de plus en plus puissantes, les succès électoraux, la participation croissante d’ouvriers et de jeunes à l’activité du parti, tout cela lui conférait un poids important dans la vie politique du pays.
    
=== Impérialisme et révisionnisme ===
 
=== Impérialisme et révisionnisme ===
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