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La péninsule ibérique verra des révolutions tout au long du XIX<sup>ème</sup> siècle (de la Constitution démocratique proclamée à Cadix en 1812 à la monarchie&nbsp;constitutionnelle établie par les Coites en 1876).
 
La péninsule ibérique verra des révolutions tout au long du XIX<sup>ème</sup> siècle (de la Constitution démocratique proclamée à Cadix en 1812 à la monarchie&nbsp;constitutionnelle établie par les Coites en 1876).
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Lénine dira que ''«&nbsp;presque toutes les révolutions démocratiques [bourgeoises] de l'Europe au XIX° siècle&nbsp;»'' ont été&nbsp;''«&nbsp;une fausse couche, un avorton, une chose bâtarde&nbsp;»''.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1905/08/vil19050800.htm Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique]'', 1905</ref>
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[[Lénine|Lénine]] dira que ''«&nbsp;presque toutes les révolutions démocratiques [bourgeoises] de l'Europe au XIX° siècle&nbsp;»'' ont été&nbsp;''«&nbsp;une fausse couche, un avorton, une chose bâtarde&nbsp;»''.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1905/08/vil19050800.htm Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique]'', 1905</ref>
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Ce cycle de révolutions se clôt&nbsp;par la [[révolution_mexicaine_de_1910-1920|révolution mexicaine de 1910-1920]] et la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe de février&nbsp;1917]]. Cette dernière est justement à la croisée des débats sur les révolutions bourgeoises, mais aussi de débats plus contemporains sur l'idée de [[révolution_permanente|révolution permanente]].
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Ce cycle de révolutions se clôt&nbsp;par la [[Révolution_mexicaine_de_1910-1920|révolution mexicaine de 1910-1920]] et la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe de février&nbsp;1917]]. Cette dernière est justement à la croisée des débats sur les révolutions bourgeoises, mais aussi de débats plus contemporains sur l'idée de [[Révolution_permanente|révolution permanente]].
    
=== Asie ===
 
=== Asie ===
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Mais de le processus, des transformations ont eu lieu dans leur poids respectifs. La noblesse avait énormément perdu, et l’économie de marché s’étend au travers de toutes les brèches, ce qui profite avant tout à la bourgeoisie de par sa place dans les [[Rapports_de_production|rapports de production]]. Cela n'empêche pas que la noblesse a souvent préservé de beaux restes, mais son avenir n’est plus comme seigneurs féodaux mais comme grands propriétaires foncier capitalistes. L’État absolutiste vaincu est remplacé par un État qui désormais protègera ces rapports de production capitalistes ou semi-capitalistes.
 
Mais de le processus, des transformations ont eu lieu dans leur poids respectifs. La noblesse avait énormément perdu, et l’économie de marché s’étend au travers de toutes les brèches, ce qui profite avant tout à la bourgeoisie de par sa place dans les [[Rapports_de_production|rapports de production]]. Cela n'empêche pas que la noblesse a souvent préservé de beaux restes, mais son avenir n’est plus comme seigneurs féodaux mais comme grands propriétaires foncier capitalistes. L’État absolutiste vaincu est remplacé par un État qui désormais protègera ces rapports de production capitalistes ou semi-capitalistes.
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== Plébéiens ==
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== Rôle des classes dominées ==
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Les schémas marxistes de la révolution bourgeoise ont été beaucoup imprégnés de l’image immédiate de la lutte des classes prolétariat-bourgeoisie des XIX<sup>e</sup> et XX<sup>e</sup> siècles. Les sans-culottes de 1793<ref>Par exemple Daniel Guérin dans ''Les Luttes de classes sous ta Première république. Bourgeois et Bras nus'' Gallimard, Paris, 1973.</ref> ou encore les niveleurs de la révolution anglaise<ref>Edouard Bernstein, [http://www.marxists.org/reference/archive/bernstein/works/1895/cromwell/ Cromwell and Communism], 1895</ref> sont vus parfois de façon anachronique comme des prolétaires modernes.&nbsp; Or les études de George Rudé des foules révolutionnaires ont démontré que si les prolétaires (ouvriers de manufactures, chômeurs, journaliers) ont bien sûr constitué une fraction lentement croissante du peuple urbain dans l’évolution qui va du XVI<sup>e</sup> siècle au XIX<sup>e</sup> siècle, leur mobilisation n’a pas acquis un caractère politique propre, se distinguant de l’ensemble plébéien auquel ils étaient jusqu’alors mêlés, avant les années 1790 pour ce qui est de l’Angleterre, et pour ce qui est du continent européen, avant les années 1830&nbsp;; même si leurs luttes revendicatives économiques, professionnelles (par exemple, leurs grèves) sont bien sûr plus anciennes,
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=== Plébéiens et prolétaires ===
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Les schémas marxistes de la révolution bourgeoise ont été beaucoup imprégnés de l’image immédiate de la lutte des classes prolétariat-bourgeoisie des 19<sup>e</sup> et 20<sup>e</sup> siècles. Les sans-culottes de 1793<ref>Par exemple Daniel Guérin dans ''Les Luttes de classes sous ta Première république. Bourgeois et Bras nus'' Gallimard, Paris, 1973.</ref> ou encore les [[niveleurs|niveleurs]] de la [[Première_Révolution_anglaise|révolution anglaise]]<ref>Edouard Bernstein, [http://www.marxists.org/reference/archive/bernstein/works/1895/cromwell/ Cromwell and Communism], 1895</ref> sont vus parfois de façon anachronique comme des prolétaires modernes.&nbsp; Or les études de George Rudé des foules révolutionnaires ont démontré que si les prolétaires (ouvriers de manufactures, chômeurs, journaliers) ont bien sûr constitué une fraction lentement croissante du peuple urbain dans l’évolution qui va du 16<sup>e</sup> siècle au 19<sup>e</sup> siècle, leur mobilisation n’a pas acquis un caractère politique propre, se distinguant de l’ensemble plébéien auquel ils étaient jusqu’alors mêlés, avant les années 1790 pour ce qui est de l’Angleterre, et pour ce qui est du continent européen, avant les années 1830&nbsp;; même si leurs luttes revendicatives économiques, professionnelles (par exemple, leurs grèves) sont bien sûr plus anciennes.
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=== Révolution populaire ou révolution par en haut ===
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{{Voir|Révolution populaire}}
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L'implication plus ou moins importante des paysans et des plébéiens/prolétaires détermine la distinction que l'on peut faire entre deux types de révolutions bourgeoises&nbsp;:
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*celles où seule la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] est à l'initiative, généralement faible dans sa portée et dans sa dynamique par rapport à la [[Réaction|réaction]] [[Féodalisme|féodale]],
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*celles qui sont véritablement des ''révolutions populaires'' et qui balaient tout l'ordre ancien ([[démocratie_bourgeoise|démocratie]] la plus complète, [[réforme_agraire|réforme agraire]]...), accélérant brusquement l'histoire et créant les meilleures conditions pour la future [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]].
    
== Historique des débats et recherches ==
 
== Historique des débats et recherches ==
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=== La bourgeoisie classe révolutionnaire&nbsp;? ===
 
=== La bourgeoisie classe révolutionnaire&nbsp;? ===
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Les révolutions bourgeoises n’ont pas été voulues par une «&nbsp;classe révolutionnaire&nbsp;» ou un parti révolutionnaire. La bourgeoisie ne fut certainement pas la classe qui «&nbsp;prend-la-tête-de-la-nation-opprimée&nbsp;». Sa caractérisation de révolutionnaire dans l’Ancien Régime doit être sérieusement relativisée. La désignation en son sein d’une couche plus véritablement révolutionnaire est une question tout à fait non résolue de l’interprétation marxiste. On devrait plutôt caractériser le rôle de la bourgeoisie comme réformiste. Ce qu’une majorité déterminante en son sein en était arrivé à souhaiter, c’était des aménagements limités, une certaine forme de monarchie constitutionnelle, les «&nbsp;carrières ouvertes aux talents&nbsp;» et non plus à la naissance, des libéralisations de marchés, une rationalisation des lois et de certaines institutions étatiques, un droit de vote élargi peut-être, mais restant étroitement censitaire. Elle fut débordée par l’explosion paysanne et plébéienne qu’elle ne souhaitait ni ne dirigeait. Et dans la tourmente, elle improvisa comme tout le monde.
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Les révolutions bourgeoises n’ont pas été voulues par une «&nbsp;[[classe_révolutionnaire|classe révolutionnaire]]&nbsp;» ou un [[parti_révolutionnaire|parti révolutionnaire]]. La bourgeoisie ne fut certainement pas la classe qui «&nbsp;prend-la-tête-de-la-nation-opprimée&nbsp;». Sa caractérisation de révolutionnaire dans l’[[Ancien_Régime|Ancien Régime]] doit être sérieusement relativisée. La désignation en son sein d’une couche plus véritablement révolutionnaire est une question tout à fait non résolue de l’interprétation marxiste. On devrait plutôt caractériser le rôle de la bourgeoisie comme réformiste. Ce qu’une majorité déterminante en son sein en était arrivé à souhaiter, c’était des aménagements limités, une certaine forme de monarchie constitutionnelle, les «&nbsp;carrières ouvertes aux talents&nbsp;» et non plus à la naissance, des libéralisations de marchés, une rationalisation des lois et de certaines institutions étatiques, un droit de vote élargi peut-être, mais restant étroitement censitaire. Elle fut débordée par l’explosion paysanne et plébéienne qu’elle ne souhaitait ni ne dirigeait. Et dans la tourmente, elle improvisa comme tout le monde.
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Mais c’est justement ce réformisme de la bourgeoisie au départ, si timide fût-il, qui fait la différence entre une révolution bourgeoise, et une simple insurrection plébéienne, vite matée dans le sang, comme l’Ancien Régime en connut souvent. Toutes ces révolutions voient à leur déclenchement une mobilisation paysanne ou plébéienne réussir à ébranler l’État absolutiste par le fait qu’elle trouve un relais dans ce réformisme bourgeois (ou/et un réformisme nobiliaire&nbsp;!) prêt un moment, dans une certaine mesure, à jouer la carte populaire pour arracher des concessions au roi.
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Mais c’est justement ce réformisme de la bourgeoisie au départ, si timide fût-il, qui fait la différence entre une révolution bourgeoise, et une simple insurrection plébéienne, vite matée dans le sang, comme l’Ancien Régime en connut souvent. Toutes ces révolutions voient à leur déclenchement une mobilisation paysanne ou plébéienne réussir à ébranler l’État [[absolutiste|absolutiste]] par le fait qu’elle trouve un relais dans ce réformisme bourgeois (ou/et un réformisme nobiliaire&nbsp;!) prêt un moment, dans une certaine mesure, à jouer la carte populaire pour arracher des concessions au roi.
    
=== Problèmes de la révolution anglaise ===
 
=== Problèmes de la révolution anglaise ===
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=== Question agraire ===
 
=== Question agraire ===
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En France, la révolution a morcelé la grande propriété aristocratique pour donner naissance à un océan de petits paysans propriétaires qui a subsisté jusqu’au milieu du XX<sup>e</sup> siècle. En Angleterre, les paysans ont été expulsés massivement après la révolution, assurant la survie jusqu’à nos jours de la grande propriété aristocratique, mais transformée par l’affermage systématique, dès la fin du XVII<sup>e</sup> siècle, à des entrepreneurs agricoles capitalistes.
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En France, la révolution a morcelé la grande propriété aristocratique pour donner naissance à un océan de petits paysans propriétaires qui a subsisté jusqu’au milieu du 20<sup>e</sup> siècle. En Angleterre, les paysans ont été expulsés massivement après la révolution, assurant la survie jusqu’à nos jours de la grande propriété aristocratique, mais transformée par l’affermage systématique, dès la fin du 17<sup>e</sup> siècle, à des entrepreneurs agricoles capitalistes.
    
Dans la révolution anglaise de 1640-1660, les paysans ont été battus, dans la révolution française de 1789-1815 les paysans ont été victorieux. Les univers agraires anglais et français en ont été projetés durablement, jusqu’à nos jours, sur deux voies divergentes avec toutes leurs conséquences sur les mentalités et le développement économique du pays&nbsp;: d’un côté l’univers de la petite propriété paysanne française, d’une petite paysannerie propriétaire nombreuse en France jusqu’à ces dernières années. De l’autre côté, l’univers de la grande propriété foncière anglaise, à la fois aristocratique et entrepreneuriale qui marque de ses traits la campagne anglaise aujourd’hui.
 
Dans la révolution anglaise de 1640-1660, les paysans ont été battus, dans la révolution française de 1789-1815 les paysans ont été victorieux. Les univers agraires anglais et français en ont été projetés durablement, jusqu’à nos jours, sur deux voies divergentes avec toutes leurs conséquences sur les mentalités et le développement économique du pays&nbsp;: d’un côté l’univers de la petite propriété paysanne française, d’une petite paysannerie propriétaire nombreuse en France jusqu’à ces dernières années. De l’autre côté, l’univers de la grande propriété foncière anglaise, à la fois aristocratique et entrepreneuriale qui marque de ses traits la campagne anglaise aujourd’hui.

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