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La haine du régime tyrannique des tsars dans les classes populaires russes était également très forte. Elle avait déjà conduit à la révolution de février 1917. Mais le gouvernement provisoire bourgeois ne prenait aucune mesure radicale, ne répondait pas aux besoins sociaux, et surtout, prolongeait la guerre. Dans cette situation d'entre-deux, le camp des révolutionnaires ([[Bolchéviks|bolchéviks]]) se renforçait, en parallèle du renforcement de la contre-révolution.
 
La haine du régime tyrannique des tsars dans les classes populaires russes était également très forte. Elle avait déjà conduit à la révolution de février 1917. Mais le gouvernement provisoire bourgeois ne prenait aucune mesure radicale, ne répondait pas aux besoins sociaux, et surtout, prolongeait la guerre. Dans cette situation d'entre-deux, le camp des révolutionnaires ([[Bolchéviks|bolchéviks]]) se renforçait, en parallèle du renforcement de la contre-révolution.
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L'insurrection d'Octobre basée sur la majorité obtenue par les bolchéviks dans les soviets a été la prise d'initiative révolutionnaire qui a lancé toutes les forces [[Réactionnaires|réactionnaires]] dans un assaut enragé contre le nouveau pouvoir.
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L'insurrection d'Octobre basée sur la majorité obtenue par les bolchéviks dans les soviets a été la prise d'initiative révolutionnaire qui a lancé toutes les forces [[Réactionnaires|réactionnaires]] dans un assaut enragé contre le nouveau pouvoir, et qui a également contribué à un [[Révolutions_de_1917_à_1923|élan révolutionnaire mondial entre 1917 et 1923]].
    
== Les débuts de la guerre civile ==
 
== Les débuts de la guerre civile ==
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Les troupes japonaises débarquaient à Vladivostock le 5 avril 1918. Elles étaient fortes de 30 000 hommes, puis bientôt de 70 000 hommes, épaulés par de petits contingents anglo-franco-américains. En mai 1918, tout le long de à ligne du Transsibérien, les légions tchécoslovaques, fortes de 20 000 hommes, s'emparaient de plusieurs villes. Pendant l'été 1918, des contingents français et anglais débarquaient à Mourmansk et Arkhangelsk, et plus tard, après la fin de la guerre en Europe occidentale, débarquaient respectivement à Odessa et Bakou. L'armée turque également intervint au Caucase en 1919.
 
Les troupes japonaises débarquaient à Vladivostock le 5 avril 1918. Elles étaient fortes de 30 000 hommes, puis bientôt de 70 000 hommes, épaulés par de petits contingents anglo-franco-américains. En mai 1918, tout le long de à ligne du Transsibérien, les légions tchécoslovaques, fortes de 20 000 hommes, s'emparaient de plusieurs villes. Pendant l'été 1918, des contingents français et anglais débarquaient à Mourmansk et Arkhangelsk, et plus tard, après la fin de la guerre en Europe occidentale, débarquaient respectivement à Odessa et Bakou. L'armée turque également intervint au Caucase en 1919.
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Le prolétariat dans les pays agresseurs n'est pas resté passif. Début 1919, la pression ouvrière obligeait également le Royaume-Uni à cesser l'agression de la Russie. Lloyd Georges, Premier Ministre anglais, annonçait non seulement que l’intervention britannique était finie, mais que les révoltes sur le Clyde et au sud de pays de Galle alarmaient l’Etat sur le front intérieur: ''« si une opération militaire était entreprise contre les bolcheviks, l’Angleterre deviendrait bolchevique et il se constituerait un soviet à Londres. »''
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Fin mai 1919, la [[CGT|CGT]] décide de coorganiser une grève générale avec les Belges, les Britanniques et les Italiens, pour la journée de huit heures, le relèvement des salaires, la démobilisation, l’amnistie des pacifistes poursuivis pendant la guerre et la non-intervention en Russie. Mais les négociations sur la date vont traîner pendant des semaines. Ce sera finalement le 21 juillet. Les [[grèves_de_juin_1919|<span class="new">grèves de juin 1919</span>]], notamment celles des métallos de la région parisienne, auraient pu constituer le point de départ d'une révolution. Mais la direction de la CGT a préféré refroidir l'atmosphère. A tel point qu'après la démoralisation complète de la base syndicale, la CGT annule la grève générale internationale du 21 juillet.
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== Espoirs et difficultés ==
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En juillet 1919, [[Lénine|Lénine]] fait une déclaration pleine d'optimisme :
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« Ce mois de juillet est le dernier mois de juillet difficile. Le prochain mois de juillet, nous saluerons la victoire de la République internationale des Soviets et cette victoire sera irréversible et totale »<ref>Lénine, Rapport sur la situation intérieure et extérieure de la République, Conférence du P.C. de Russie (bolchevik) pour la région de Moscou, 12 juillet 1919</ref>
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Toutefois, l’atmosphère turbulente qui menaçait le capitalisme ne dura pas longtemps. A la fin mai, la république soviétique bavaroise, isolée même en Allemagne, tombait. Elle fut suivie en août par la république soviétique hongroise qui succombait à cause de disputes internes et face à l’armée roumaine appuyée par les Alliés. A l’automne, la menace Blanche, en Russie, atteignait son maximum. Youdenitch était aux portes de Petrograd, Koltchak arrivait de Sibérie et Denikine d’Ukraine. En octobre et novembre 1919, la survie du régime ne tenait qu’à un fil.
    
== L'enthousiasme révolutionnaire ==
 
== L'enthousiasme révolutionnaire ==
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Trotsky disait&nbsp;: ''«&nbsp;Ce n’est pas par la terreur que l’on fait des armées (...). Pour notre armée, le ciment le plus fort, ce furent les idées d’Octobre.&nbsp;»''. Ou encore&nbsp;: ''«&nbsp;Le communisme ne sera instauré que par la persuasion et par l’exemple.&nbsp;»'' (1919)
 
Trotsky disait&nbsp;: ''«&nbsp;Ce n’est pas par la terreur que l’on fait des armées (...). Pour notre armée, le ciment le plus fort, ce furent les idées d’Octobre.&nbsp;»''. Ou encore&nbsp;: ''«&nbsp;Le communisme ne sera instauré que par la persuasion et par l’exemple.&nbsp;»'' (1919)
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Pourtant la situation matérielle était extrêmement difficile. Quand [[Victor_Serge|Victor Serge]] arrive à Petrograd en janvier 1919, il témoigne :
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Pourtant la situation matérielle était extrêmement difficile. Quand [[Victor_Serge|Victor Serge]] arrive à Petrograd en janvier 1919, il témoigne&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;Nous entrions dans un monde mortellement glacé. [...] Nous reçûmes dans un centre d’accueil de minimes rations de pain noir et de poisson sec. Jamais nul d’entre nous n’avait connu de si misérable nourriture. Des jeunes femmes en bandeau rouge et des jeunes agitateurs à lunettes nous résumaient l’état des choses: “famine, typhus et contre révolution partout”. Mais la révolution mondiale va nous sauver.&nbsp;»''</blockquote>  
''«&nbsp;Nous entrions dans un monde mortellement glacé. [...] Nous reçûmes dans un centre d’accueil de minimes rations de pain noir et de poisson sec. Jamais nul d’entre nous n’avait connu de si misérable nourriture. Des jeunes femmes en bandeau rouge et des jeunes agitateurs à lunettes nous résumaient l’état des choses: “famine, typhus et contre révolution partout”. Mais la révolution mondiale va nous sauver.&nbsp;»''
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Un vieux dissident soviétique, Grigori Pomerants, raconte dans la revue russe ''Novy Mir'' d’août 2001 l’épisode suivant, très révélateur. En 1950, il avait comme voisin au Goulag un paysan «&nbsp;devenu antisoviétique&nbsp;», mais, dit-il, ''«&nbsp;en 1920, après avoir entendu un discours de Trotsky ou de Zinoviev, il était prêt à partir à l’assaut du ciel. Et pas seulement lui, son régiment tout entier (...). Les rouges étaient prêts à donner leur vie pour le monde des soviets, pour un monde sans mendiants et sans infirmes.&nbsp;»'' Il ajoute ''«&nbsp;Croyez-en un soldat de la guerre&nbsp;: aucune bataille n’a jamais été gagnée par la terreur. La terreur est un moyen auxiliaire dans le combat&nbsp;; le facteur décisif, c’est l’enthousiasme.&nbsp;»''
 
Un vieux dissident soviétique, Grigori Pomerants, raconte dans la revue russe ''Novy Mir'' d’août 2001 l’épisode suivant, très révélateur. En 1950, il avait comme voisin au Goulag un paysan «&nbsp;devenu antisoviétique&nbsp;», mais, dit-il, ''«&nbsp;en 1920, après avoir entendu un discours de Trotsky ou de Zinoviev, il était prêt à partir à l’assaut du ciel. Et pas seulement lui, son régiment tout entier (...). Les rouges étaient prêts à donner leur vie pour le monde des soviets, pour un monde sans mendiants et sans infirmes.&nbsp;»'' Il ajoute ''«&nbsp;Croyez-en un soldat de la guerre&nbsp;: aucune bataille n’a jamais été gagnée par la terreur. La terreur est un moyen auxiliaire dans le combat&nbsp;; le facteur décisif, c’est l’enthousiasme.&nbsp;»''
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== Les «&nbsp;armées vertes&nbsp;» ==
 
== Les «&nbsp;armées vertes&nbsp;» ==
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Les [[Armées_vertes|Armées vertes]], essentiellement rurales, combattaient à la fois contre l’Armée rouge et contre les armées blanches, refusaient les réquisitions et la conscription.
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Les [[Armées_vertes|Armées vertes]], essentiellement rurales, combattaient à la fois contre l’Armée rouge et contre les armées blanches, refusaient les réquisitions et la conscription. On dénombre&nbsp;113 révoltes durant la guerre civile.
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Ces armées vertes comptaient parfois seulement 500 à 1000 hommes mais elles atteignaient parfois aussi des effectifs bien plus importants&nbsp;: 100 000 pour l’"armée populaire de Sibérie", 40 000 pour celle de Tambov, jusqu’à 50 000 en Ukraine avec [[Makhno|Makhno]]...
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Ces armées vertes comptaient parfois seulement 500 à 1000 hommes mais elles atteignaient parfois aussi des effectifs bien plus importants&nbsp;: 100 000 pour "l’armée populaire de Sibérie", 40 000 pour celle de Tambov avec [[Alexandre_Antonov|Antonov]], jusqu’à 50 000 en Ukraine avec [[Makhno|Makhno]]...
    
== Bilan et conséquences ==
 
== Bilan et conséquences ==
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Les historiens ne s’accordent pas sur le nombre de morts, évalué entre 8 et 20 millions, mais la saignée est énorme, bien supérieure à celle de la [[Première_guerre_mondiale|guerre mondiale]]. En 1922, 4 500 000 enfants russes n’ont ni père ni mère ni famille les prenant en charge.
 
Les historiens ne s’accordent pas sur le nombre de morts, évalué entre 8 et 20 millions, mais la saignée est énorme, bien supérieure à celle de la [[Première_guerre_mondiale|guerre mondiale]]. En 1922, 4 500 000 enfants russes n’ont ni père ni mère ni famille les prenant en charge.
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La guerre civile, à la suite de la [[Guerre_de_1914-1918|guerre de 1914-1917]], avait ruiné le pays, paralysé son industrie. Si bien que la classe ouvrière elle-même, privée de travail, avait fondu&nbsp;: Moscou était passée de 2 000 000 d'habitants à 1 200 000, et Pétrograd de 2 200 000 à 700 000.
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La guerre civile, à la suite de la [[Guerre_de_1914-1918|guerre de 1914-1917]], avait ruiné le pays, paralysé son industrie. La production industrielle était seulement d’un cinquième de celle de 1913 et la production agricole était descendue de moitié. L’économiste bolchevik L Kritsman décrivait la situation comme un effondrement “sans équivalent dans l’histoire de l’humanité”.
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La classe ouvrière elle-même, privée de travail, avait fondu&nbsp;: Moscou était passée de 2 000 000 d'habitants à 1 200 000, et Pétrograd de 2 200 000 à 700 000.
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En 1917, le parti Bolchevik était un parti à dominante prolétarienne. En 1920, ces ouvriers étaient devenus officiers de l’Armée Rouge et de la Tcheka ou fonctionnaires. En 1922, plus des deux tiers des membres du parti étaient administrateurs d’une façon ou d’une autre. Dans le même temps, la lutte contre l’invasion impérialiste et les Blancs avaient conduit à resserrer les rangs. Les discussions internes au parti périclitaient et le plus souvent, les postes des élus locaux étaient assignés par le secrétaire du parti sur la base de l’autorité et du prestige.
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En 1917, le parti Bolchevik était un parti à dominante prolétarienne. En 1920, ces ouvriers étaient devenus officiers de l’Armée Rouge et de la Tcheka ou fonctionnaires. En 1922, plus des deux tiers des membres du parti étaient administrateurs d’une façon ou d’une autre. Dans le même temps, la lutte contre l’invasion impérialiste et les Blancs avaient conduit à resserrer les rangs. Les discussions interne au parti périclitaient et le plus souvent, les postes des élus locaux étaient assignés par le secrétaire du parti sur la base de l’autorité et du prestige.
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Comme le reconnurent plus tard [[Lénine|Lénine]], [[Boukharine|Boukharine]] et d’autres chefs bolcheviks, ils avaient conservé le pouvoir d’Etat mais avaient perdu le prolétariat.
    
== Notes et références ==
 
== Notes et références ==

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