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=== Troisième Internationale (1919-1943) ===
 
=== Troisième Internationale (1919-1943) ===
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L'[[Internationale_Communiste|Internationale Communiste]] convoqua une première conférence des femmes communistes et créa en 1920 un secrétariat international pour la propagande parmi les femmes, avec représentation permanente au Comité Exécutif de l'Internationale. [[Clara_Zetkin|Clara Zetkin]] disait que [[Lénine|Lénine]] l'avait ''«&nbsp;grandement encouragé&nbsp;»'', car ''«&nbsp;beaucoup de camarades, et de bons camarades, ont vivement combattu l'idée que le Parti devrait avoir des organes spéciaux pour un travail systématique parmi les femmes.&nbsp;»''<ref name="ZetkinLenine">Clara Zetkin, [https://www.marxists.org/francais/zetkin/works/1924/01/zetkin_19240100.htm Souvenirs sur Lénine] ([https://www.marxists.org/archive/zetkin/1920/lenin/zetkin1.htm version anglaise différente]), Janvier 1924.</ref>
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L'[[Internationale_Communiste|Internationale Communiste]] relança l'activité en direction des femmes, avec par exemple la création en 1920 d'un secrétariat international femmes avec représentation permanente au Comité Exécutif. [[File:AfficheSFIC-CGTU-Femmes.jpg|right|385x299px|AfficheSFIC-CGTU-Femmes.jpg]]L'IC insiste sur la nécessité d'accentuer la propagande envers les femmes prolétaires<ref name="3eCongres">III° Congrès de l'Internationale communiste, [https://www.marxists.org/francais/inter_com/1921/ic3_13.htm La propagande parmi les femmes], 1921</ref>.
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L'IC insiste sur la nécessité d'accentuer la propagande envers les femmes prolétaires<ref name="3eCongres">III° Congrès de l'Internationale communiste, [https://www.marxists.org/francais/inter_com/1921/ic3_13.htm La propagande parmi les femmes], 1921</ref>, notamment parce que lorsque celles-ci ne sont pas incluses dans le mouvement communiste, l'influence [[Religieuse|religieuse]] et [[Idéologie_bourgeoise|bourgeoise]] peut les pousser dans le camp [[Réactionnaire|réactionnaire]]. Elle prend comme modèle l'implication des femmes dans la [[Révolution_d'Octobre|Révolution d'Octobre]]. La volonté de faire participer les femmes à tout type de tâches est réaffirmée, ainsi qu'une vigilance pour&nbsp;«&nbsp;''que les ouvrières soient élues à l'égal des ouvriers dans les organes dirigeants des syndicats et des coopératives.''&nbsp;»
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L'IC revendique alors des droits égaux, et est à l'origine de la [[Journée_internationales_des_femmes|journée internationales des femmes]] le 8 mars. La propagande mettait aussi l'accent sur la libération des femmes de l'esclavage des [[Tâches_domestiques|tâches domestiques]], notamment par l'accroissement de la socialisation (cantines, crèches...).
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Des femmes ont été très investies dans les débuts du mouvement communiste au Japon.<ref>ISO, [https://iso.org.nz/2014/07/08/women-and-the-early-years-of-japanese-communism/ ''Women and the Early Years of Japanese Communism''], juillet 2014</ref><ref>Christine Lévy, [https://ebisu.revues.org/568 ''Introduction. Féminisme et genre au Japon''], 2012</ref>
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L'IC réaffirme cependant une nette opposition à toute collaboration avec le féminisme non prolétarien, et donc a fortiori à des "organisations autonomes de femmes". Et dans la continuité du féminisme de la Deuxième internationale, on retrouve une tendance à l'[[Féminisme_différentialiste|essentialisation des femmes]] comme mères.
 
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Dans la continuité du féminisme de la Deuxième internationale, on retrouve une [[Féminisme_différentialiste|essentialisation des femmes]] comme mères.
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<blockquote>«&nbsp;Seul, le communisme créera un état de choses dans lequel la fonction naturelle de la femme, la maternité, ne sera plus en conflit avec les obligations sociales et n'empêchera plus son travail productif au profit de la collectivité. [...]<br/> Reconnaître la maternité comme une fonction sociale, prendre et appliquer toutes mesures nécessaires à la défense de la femme dans sa qualité de mère.&nbsp;»<ref name="3eCongres" /></blockquote>
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L'IC réaffirme aussi une nette opposition à toute collaboration avec le féminisme non prolétarien, et donc a fortiori à des "organisations autonomes de femmes"&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;il n’y a point de question «&nbsp;spécialement féminine&nbsp;»&nbsp;; tout rapport de l’ouvrière avec le féminisme bourgeois ne fait qu’affaiblir les forces du prolétariat et, en retardant la révolution sociale, empêche en même temps la réalisation du communisme, c’est-à-dire l’affranchissement de la femme. Nous n’atteindrons au communisme que par l’union dans la lutte de tous les exploités et non par l’union des forces féminines des deux classes opposées&nbsp;»''</blockquote>
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L'ensemble de l'Internationale fait alors de la propagande pour l'obtention de droits égaux, et célèbre la [[Journée_internationales_des_femmes|journée internationales des femmes]] le 8 mars. La propagande mettait aussi l'accent sur la libération des femmes de l'esclavage des [[Tâches_domestiques|tâches domestiques]], notamment par l'accroissement de la socialisation (cantines, crèches...). En ce sens l'IC n'avait à l'origine pas une vision totalement statique de la [[Famille|famille]], et ne manquait pas d'être attaquée sur ce thème par les [[Réactionnaires|réactionnaires]].
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Après la [[Seconde_guerre_mondiale|seconde guerre mondiale]], les partis staliniens créent la [[Fédération_démocratique_internationale_des_femmes|Fédération démocratique internationale des femmes]] (FDIF), en même temps que d'autres organisations satellites "larges" (la [[Fédération_syndicale_mondiale|FSM]], la [[Fédération_mondiale_de_la_jeunesse_démocratique|FMJD]]...). La FDIF sera centrée sur la paix et l'antifascisme, utilisés pour défendre les intérêts de l'[[URSS|URSS]].
 
Après la [[Seconde_guerre_mondiale|seconde guerre mondiale]], les partis staliniens créent la [[Fédération_démocratique_internationale_des_femmes|Fédération démocratique internationale des femmes]] (FDIF), en même temps que d'autres organisations satellites "larges" (la [[Fédération_syndicale_mondiale|FSM]], la [[Fédération_mondiale_de_la_jeunesse_démocratique|FMJD]]...). La FDIF sera centrée sur la paix et l'antifascisme, utilisés pour défendre les intérêts de l'[[URSS|URSS]].
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=== Partis staliniens ===
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A partir des années 1930, le PC français assume des positions ouvertement anti-avortement et en défense de "la famille". En 1949, lorsqu’apparaît le livre ''Le Deuxième sexe'' de [[Simone_de_Beauvoir|Simone de Beauvoir]], le PCF réagit en déclarant qu’il s’agit d’un scandale et Jean Kanapa, un des intellectuels les plus en vue du parti, qualifie l’ouvrage «&nbsp;d’immondice&nbsp;».Le PCF a dénoncé les partisanes de l'avortement. Elles sont qualifiées d'alliées de la bourgeoisie dont le but serait d'affaiblir les rangs de la classe ouvrière en les privant d'enfants et en la détournant de la vraie lutte pour le pain et le socialisme. (Thorez, 1956) Les femmes sont seulement fêtées en tant que mères. Ainsi le PCF ne soutiendra pas le MLF, malgré la participation de femmes militantes du parti.
 
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Il y avait parfois dans les jeunes partis communistes des militant-e-s réellement investi-e-s sur le sujet de l'oppression des femmes. Par exemple [[Marthe_Bigot|Marthe Bigot]] était une syndicaliste et féministe active, qui voulait que le PC français soit bien plus engagé sur cette question que ne l'était la [[SFIO|SFIO]]. Elle écrivait&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;En résumé on peut dire que le socialisme a aidé, dans une large mesure,&nbsp; à l'émancipation de la femme, mais il n'a pas encore recherché sérieusement, sauf peut-être en ce moment en Russie, la cause profonde de l'esclavage féminin. Il n'a pas fait pour la femme le travail d'investigation théorique qu'il a fait pour le prolétaire. Il a cru trop facilement qu'en émancipant le travailleur, il émanciperait du même coup et entièrement la travailleuse. Cette conception est erronée. La femme occupe une situation inférieure dans la société pour d'autres causes que celles qui influent sur la destinée des travailleurs.&nbsp;»<ref name="BigotServitude">Marthe Bigot, [https://bataillesocialiste.wordpress.com/2008/06/27/la-servitude-des-femmes-1921/ La servitude des femmes], 1921</ref></blockquote>
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Militante de la gauche du parti, elle sera de plus en plus attaquée par la direction, qui taxera de "petit-bourgeois" le journal ''L'Ouvrière'' qu'elle dirigeait. Elle quitte le PC en 1925.
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A partir des années 1930, le PC français assume des positions ouvertement anti-avortement et en défense de "la famille". En 1949, lorsqu’apparaît le livre ''Le Deuxième sexe'' de [[Simone_de_Beauvoir|Simone de Beauvoir]], le PCF réagit en déclarant qu’il s’agit d’un scandale et Jean Kanapa, un des intellectuels les plus en vue du parti, qualifie l’ouvrage «&nbsp;d’immondice&nbsp;».
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Le PCF a dénoncé les partisanes de l'avortement. Elles sont qualifiées d'alliées de la bourgeoisie dont le but serait d'affaiblir les rangs de la classe ouvrière en les privant d'enfants et en la détournant de la vraie lutte pour le pain et le socialisme. (Thorez, 1956) Les femmes sont seulement fêtées en tant que mères. Ainsi le PCF ne soutiendra pas le MLF, malgré la participation de femmes militantes du parti.
      
=== Partis socialistes ===
 
=== Partis socialistes ===
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Elle décrivait cela comme une source de troubles. Mais dans la description de ces troubles, elle n'échappe pas à une certaine normativité. Par exemple lorsqu'elle dit que ce tabou entraîne une «&nbsp;curiosité malsaine&nbsp;», une «&nbsp;virginité morbide&nbsp;», ou des «&nbsp;formes limites&nbsp;» comme «&nbsp;l'homme efféminé et la femme virile&nbsp;», qui inspirent une «&nbsp;horreur parfaitement naturelle de ce qui ne l'est pas&nbsp;».
 
Elle décrivait cela comme une source de troubles. Mais dans la description de ces troubles, elle n'échappe pas à une certaine normativité. Par exemple lorsqu'elle dit que ce tabou entraîne une «&nbsp;curiosité malsaine&nbsp;», une «&nbsp;virginité morbide&nbsp;», ou des «&nbsp;formes limites&nbsp;» comme «&nbsp;l'homme efféminé et la femme virile&nbsp;», qui inspirent une «&nbsp;horreur parfaitement naturelle de ce qui ne l'est pas&nbsp;».
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En 1920, [[Lénine|Lénine]] faisait part à [[Clara_Zetkin|Clara Zetkin]] de ses critiques sur les discussions, trop nombreuses selon lui, qui tournaient autour des questions de [[Sexualité|sexualité]] au sein du parti allemand. A cette occasion, on peut voir qu'il développe une vision très normative de la sexualité.<ref name="ZetkinLenine" /> [[Alexandra_Kollontaï|Alexandra Kollontaï]] fut aussi critiquée par les autres bolchéviks sur ces questions.
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En 1920, [[Lénine|Lénine]] faisait part à [[Clara_Zetkin|Clara Zetkin]] de ses critiques sur les discussions, trop nombreuses selon lui, qui tournaient autour des questions de [[Sexualité|sexualité]] au sein du parti allemand. A cette occasion, on peut voir qu'il développe une vision très normative de la sexualité.<ref>Clara Zetkin, [https://www.marxists.org/francais/zetkin/works/1924/01/zetkin_19240100.htm Souvenirs sur Lénine] ([https://www.marxists.org/archive/zetkin/1920/lenin/zetkin1.htm version anglaise différente]), Janvier 1924.</ref> [[Alexandra_Kollontaï|Alexandra Kollontaï]] fut aussi critiquée par les autres bolchéviks sur ces questions.
    
=== Oppression spécifique&nbsp;? ===
 
=== Oppression spécifique&nbsp;? ===
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L'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] parlait de la «&nbsp;''double oppression&nbsp;: le capitalisme et la dépendance familiale et ménagère.''&nbsp;»<ref name="3eCongres" /> Mais dans sa conception, l'oppression domestique ne renvoyait pas à une lutte spécifique à mener à côté de la lutte des classes, mais à une oppression née de la contradiction entre la "fonction naturelle" (maternité) et le capitalisme (temps de travail trop long...), qui serait donc résolue par le socialisme. Elle maintenait donc le refus de tout front "féministe", ajoutant qu'il n'y a pas de question ''«&nbsp;spécialement féminine&nbsp;»''.
 
L'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] parlait de la «&nbsp;''double oppression&nbsp;: le capitalisme et la dépendance familiale et ménagère.''&nbsp;»<ref name="3eCongres" /> Mais dans sa conception, l'oppression domestique ne renvoyait pas à une lutte spécifique à mener à côté de la lutte des classes, mais à une oppression née de la contradiction entre la "fonction naturelle" (maternité) et le capitalisme (temps de travail trop long...), qui serait donc résolue par le socialisme. Elle maintenait donc le refus de tout front "féministe", ajoutant qu'il n'y a pas de question ''«&nbsp;spécialement féminine&nbsp;»''.
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Cependant il y avait des voix minoritaires qui s'exprimaient. Par exemple [[Marthe_Bigot|Marthe Bigot]], féministe, syndicaliste et communiste, écrivait en 1921 :
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<blockquote>«&nbsp;En résumé on peut dire que le socialisme a aidé, dans une large mesure,&nbsp; à l'émancipation de la femme, mais il n'a pas encore recherché sérieusement, sauf peut-être en ce moment en Russie, la cause profonde de l'esclavage féminin. Il n'a pas fait pour la femme le travail d'investigation théorique qu'il a fait pour le prolétaire. Il a cru trop facilement qu'en émancipant le travailleur, il émanciperait du même coup et entièrement la travailleuse. Cette conception est erronée. La femme occupe une situation inférieure dans la société pour d'autres causes que celles qui influent sur la destinée des travailleurs.&nbsp;»<ref name="BigotServitude">Marthe Bigot, [https://bataillesocialiste.wordpress.com/2008/06/27/la-servitude-des-femmes-1921/ La servitude des femmes], 1921</ref></blockquote>
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Militante de la gauche du parti, elle sera de plus en plus attaquée par la direction, qui taxera de "petit-bourgeois" le journal ''L'Ouvrière'' qu'elle dirigeait. Elle quitte le PC en 1925.
    
=== Système patriarcal&nbsp;? ===
 
=== Système patriarcal&nbsp;? ===

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