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[[Image:DettePubliqueIllégitime.jpg|right|DettePubliqueIllégitime.jpg]]La '''dette publique''' d'un pays est le total des [[Dette|dettes]] de l'[[État|État]], des collectivités territoriales et des organismes publiques ([[Sécurité sociale|Sécurité sociale]]...) d'un pays envers les [[Banque|banques]], [[Entreprise|entreprises]] ou autres États. La dette de l'Etat représente généralement la majeure partie de la dette publique d'un pays. L'endettement des États auprès des grands capitalistes est l'un des symptomes les plus importants de la domination [[Bourgeoisie|bourgeoise]]. C'est également l'un des mécanismes essentiels de la domination [[Impérialisme|impérialiste]] sur les pays dits "du Sud". <br>
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[[File:DettePubliqueIllégitime.jpg|right|DettePubliqueIllégitime.jpg]]La '''dette publique''' d'un pays est le total des [[Dette|dettes]] de l'[[État|État]], des collectivités territoriales et des organismes publiques ([[Sécurité_sociale|Sécurité sociale]]...) d'un pays envers les [[Banque|banques]], [[Entreprise|entreprises]] ou autres États. La dette de l'Etat représente généralement la majeure partie de la dette publique d'un pays. L'endettement des États auprès des grands capitalistes est l'un des symptomes les plus importants de la domination [[Bourgeoisie|bourgeoise]]. C'est également l'un des mécanismes essentiels de la domination [[Impérialisme|impérialiste]] sur les pays dits "du Sud".
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{{Voir|Dette publique française}}  
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{{Voir|Dette publique française}}
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== Le rôle de la dette publique ==
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== Le rôle de la dette publique ==
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La dette publique est liée au [[Capitalisme|capitalisme]] depuis son origine, et en particulier à l'[[Etat bourgeois|Etat bourgeois]]., ce qui faisait dire à [[Marx|Marx]]&nbsp;:  
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La dette publique est liée au [[Capitalisme|capitalisme]] depuis son origine, et en particulier à l'[[Etat_bourgeois|Etat bourgeois]]., ce qui faisait dire à [[Marx|Marx]]&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;La dette publique, en d’autres termes, l’aliénation de l’État, qu’il soit despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte le capitalisme. La seule partie de la prétendue richesse nationale qui entre réellement dans la propriété collective des peuples modernes, c’est leur dette publique.&nbsp;»<ref name="Marx">[http://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-31.htm Le capital, Livre I, chapitre 31]</ref> </blockquote>  
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<blockquote>«&nbsp;La dette publique, en d’autres termes, l’aliénation de l’État, qu’il soit despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte le capitalisme. La seule partie de la prétendue richesse nationale qui entre réellement dans la propriété collective des peuples modernes, c’est leur dette publique.&nbsp;»<ref name="Marx">[http://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-31.htm Le capital, Livre I, chapitre 31]</ref></blockquote>  
Les plus puissants détenteurs de [[Capitaux|capitaux]] profitent des besoins de financement des Etats pour acheter des actifs (bons du Trésor ou autres obligations), et la stabilité de ces institutions en fait des produits rentables. Les variations de cette stabilité, ou la comparaison entre pays, permet depuis le début à ces grands [[Capitalistes|capitalistes]] de spéculer et de s'enrichir. Mais aucun enrichissement de ce genre ne serait possible s'il n'y avait pas création de richesse, c'est pourquoi le coeur du capitalisme reste l[['exploitation|'exploitation]] des travailleurs. Les rentiers de l'Etat, qui donnent l'illusion comme tous les rentiers de créer de l'argent à partir de l'argent (A-A'), récupèrent en fait une partie de la plus-value extraite dans la [[Production|production]]. Mais cette impression, combinée au fait que la dette publique, via l'[[Impôt|impôt]], a beaucoup pesé sur les [[Salariés|salariés]], la [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]], et la [[Paysannerie|paysannerie]], donne parfois l'impression que la dette est le problème majeur.  
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Les plus puissants détenteurs de [[Capitaux|capitaux]] profitent des besoins de financement des Etats pour acheter des actifs (bons du Trésor ou autres obligations), et la stabilité de ces institutions en fait des produits rentables. Les variations de cette stabilité, ou la comparaison entre pays, permet depuis le début à ces grands [[Capitalistes|capitalistes]] de spéculer et de s'enrichir. Mais aucun enrichissement de ce genre ne serait possible s'il n'y avait pas création de richesse, c'est pourquoi le coeur du capitalisme reste l[['exploitation|'exploitation]] des travailleurs. Les rentiers de l'Etat, qui donnent l'illusion comme tous les rentiers de créer de l'argent à partir de l'argent (A-A'), récupèrent en fait une partie de la plus-value extraite dans la [[Production|production]]. Mais cette impression, combinée au fait que la dette publique, via l'[[Impôt|impôt]], a beaucoup pesé sur les [[Salariés|salariés]], la [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]], et la [[Paysannerie|paysannerie]], donne parfois l'impression que la dette est le problème majeur.
<blockquote>«&nbsp;La grande part qui revient à la dette publique et au système de fiscalité correspondant, dans la capitalisation de la richesse et l’expropriation des masses, a conduit à y chercher, à tort, la cause première de la misère des peuples modernes.&nbsp;»<ref name="Marx" /> </blockquote>  
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<blockquote>«&nbsp;La grande part qui revient à la dette publique et au système de fiscalité correspondant, dans la capitalisation de la richesse et l’expropriation des masses, a conduit à y chercher, à tort, la cause première de la misère des peuples modernes.&nbsp;»<ref name="Marx" /></blockquote>  
== Mécanismes de l'endettement public<br>  ==
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== Mécanismes de l'endettement public ==
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La dette publique varie au cours de l'histoire, suivant des processus souvent similaires et que l'on peut résumer ici.<br>
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La dette publique varie au cours de l'histoire, suivant des processus souvent similaires et que l'on peut résumer ici.
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=== Cadeaux fiscaux<br>  ===
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=== Cadeaux fiscaux ===
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La première cause de l'endettement public sont les nombreuses [[Défiscalisation|défiscalisations]] dont bénéficient les grands groupes capitalistes, y compris les banques auxquelles recourent ensuite les États pour leurs emprunts. En guise d'exemple, on estime qu'en France ceux-ci paient en moyenne trois fois moins d'impôts que les PME (en poids relatif). Il faut ajouter à cela les gros [[Marché public|marchés publics]] à l'utilité sociale plus que douteuse, ou les [[Subvention|subventions]] qui sont accordées de façon tout à fait routinière par l'État ou les [[Collectivités territoriales|collectivités]], qui bénéficient principalement aux grands groupes.<br>
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La première cause de l'endettement public sont les nombreuses [[Défiscalisation|défiscalisations]] dont bénéficient les grands groupes capitalistes, y compris les banques auxquelles recourent ensuite les États pour leurs emprunts. En guise d'exemple, on estime qu'en France ceux-ci paient en moyenne trois fois moins d'impôts que les PME (en poids relatif). Il faut ajouter à cela les gros [[Marché_public|marchés publics]] à l'utilité sociale plus que douteuse, ou les [[Subvention|subventions]] qui sont accordées de façon tout à fait routinière par l'État ou les [[Collectivités_territoriales|collectivités]], qui bénéficient principalement aux grands groupes.
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=== Plans de relance et renflouements<br>  ===
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=== Plans de relance et renflouements ===
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Mais au delà du copinage entre les cercles du pouvoir et le patronat, l'[[État bourgeois|État bourgeois]] a l'importante tâche de faire tout ce qu'il peut pour garder à flots l'économie. Cela se traduit souvent par des [[Plan de relance|plans de relance]], qu'il faut comprendre comme de vastes injections de liquidités pour perpétuer les conditions de l'[[Accumulation|accumulation]].<br>
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Mais au delà du copinage entre les cercles du pouvoir et le patronat, l'[[État_bourgeois|État bourgeois]] a l'importante tâche de faire tout ce qu'il peut pour garder à flots l'économie. Cela se traduit souvent par des [[Plan_de_relance|plans de relance]], qu'il faut comprendre comme de vastes injections de liquidités pour perpétuer les conditions de l'[[Accumulation|accumulation]].
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Les grands renflouements de banques auxquels on a pu assister suite à la [[Crise actuelle|crise financière de 2008]] ne sont qu'un cas extrême de ce rôle de sauvetage des banques qui revient à l'État. La servilité des gouvernements, aussi bien de droite que [[Social-démocratie|sociaux-démocrates]], a éclaté au grand jour au cours de ces gigantesques déblocages de millions, parfois sans la moindre condition.<br>
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Les grands renflouements de banques auxquels on a pu assister suite à la [[Crise_actuelle|crise financière de 2008]] ne sont qu'un cas extrême de ce rôle de sauvetage des banques qui revient à l'État. La servilité des gouvernements, aussi bien de droite que [[Social-démocratie|sociaux-démocrates]], a éclaté au grand jour au cours de ces gigantesques déblocages de millions, parfois sans la moindre condition.
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=== Guerres<br>  ===
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=== Guerres ===
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Les [[Guerre|guerres]] sont un exemple extrême de "plan de relance". Elles offrent aux bourgeoisies belligérantes une occasion parfaite de s'enrichir, exclusivement aux frais de leur [[Prolétariat|prolétariat]]. Les États empruntent alors massivement pour passer commande, voire pour [[Nationalisation|nationaliser]] temporairement et orienter l'[[Industrie|industrie]] vers la guerre. Ainsi le record historique d'endettement de la France a été atteint pendant la [[Seconde guerre mondiale|Seconde guerre mondiale]], à hauteur de 140% de son PIB.<br>
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Les [[Guerre|guerres]] sont un exemple extrême de "plan de relance". Elles offrent aux bourgeoisies belligérantes une occasion parfaite de s'enrichir, exclusivement aux frais de leur [[Prolétariat|prolétariat]]. Les États empruntent alors massivement pour passer commande, voire pour [[Nationalisation|nationaliser]] temporairement et orienter l'[[Industrie|industrie]] vers la guerre. Ainsi le record historique d'endettement de la France a été atteint pendant la [[Seconde_guerre_mondiale|Seconde guerre mondiale]], à hauteur de 140% de son PIB.
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== Positionnements politiques sur la dette publique<br>  ==
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== Positionnements politiques sur la dette publique ==
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=== L'hypocrisie réactionnaire<br>  ===
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=== L'hypocrisie réactionnaire ===
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Les partis au service de l'ordre capitaliste, qui sont les premiers à engendrer l'endettement de l'[[État|État]], sont souvent ceux qui préconisent ensuite de réduire drastiquement les dépenses publiques pour "retrouver un équilibre". Leur discours visant à se poser comme gestionnaires "bons pères de famille" peut leur donner hélas un semblant de crédibilité. Mais dans les faits, comme il est impensable de rendre la [[Fiscalité|fiscalité]] plus progressive (sous peine de fuite de capitaux), ou de cesser de subventionner des entreprises (sous peine de baisse d'activité et perte d'emplois), ce sont toujours des dépenses sociales qui sont réduites. <br>
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Les partis au service de l'ordre capitaliste, qui sont les premiers à engendrer l'endettement de l'[[État|État]], sont souvent ceux qui préconisent ensuite de réduire drastiquement les dépenses publiques pour "retrouver un équilibre". Leur discours visant à se poser comme gestionnaires "bons pères de famille" peut leur donner hélas un semblant de crédibilité. Mais dans les faits, comme il est impensable de rendre la [[Fiscalité|fiscalité]] plus progressive (sous peine de fuite de capitaux), ou de cesser de subventionner des entreprises (sous peine de baisse d'activité et perte d'emplois), ce sont toujours des dépenses sociales qui sont réduites.
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Les [[Social-démocratie|sociaux-démocrates]] déploient des trésors d'ingéniosité pour prétendre faire mieux avec moins, et la droite procède à des coupes franches et [[Privatisation|privatisations]], quand ce n'est pas l'inverse.<br>
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Les [[Social-démocratie|sociaux-démocrates]] déploient des trésors d'ingéniosité pour prétendre faire mieux avec moins, et la droite procède à des coupes franches et [[Privatisation|privatisations]], quand ce n'est pas l'inverse.
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=== Les demi-mesures<br>  ===
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=== Les demi-mesures ===
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Certains refusent les [[Plan d'austérité|politiques d'austérité]] sans remettre en cause qu'il faille payer la dette. Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche défendent un audit de la dette publique pour distinguer une partie qui serait illégitime et une partie légitime.<ref>http://www.france.attac.org/sites/default/files/reponse-jl-melenchon-1.pdf</ref> C'est également la position d'[[ATTAC|ATTAC]]. Mais Mélenchon ajoute que l'[[Inflation|inflation]] est un moyen de dévaloriser les actifs que détiennent les créanciers<ref>http://www.franceinfo.fr/politique-presidentielle/les-invites-de-france-info/melenchon-plaide-pour-un-retour-de-l-inflation-485605-2012-01-02</ref> (en taisant que l'inflation est aussi... nuisible à l'ensemble des travailleurs).<br>
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Certains refusent les [[Plan_d'austérité|politiques d'austérité]] sans remettre en cause qu'il faille payer la dette. Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche défendent un audit de la dette publique pour distinguer une partie qui serait illégitime et une partie légitime.<ref>http://www.france.attac.org/sites/default/files/reponse-jl-melenchon-1.pdf</ref> C'est également la position d'[[ATTAC|ATTAC]]. Mais Mélenchon ajoute que l'[[Inflation|inflation]] est un moyen de dévaloriser les actifs que détiennent les créanciers<ref>http://www.franceinfo.fr/politique-presidentielle/les-invites-de-france-info/melenchon-plaide-pour-un-retour-de-l-inflation-485605-2012-01-02</ref> (en taisant que l'inflation est aussi... nuisible à l'ensemble des travailleurs).
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=== La répudiation de la dette<br>  ===
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=== La répudiation de la dette ===
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Le seul mot d'ordre [[Révolution socialiste|révolutionnaire]] est celui de [[Répudiation de la dette|répudiation de la dette]]. En effet, il faut affirmer que celle-ci est illégitime, comme résultat d'une politique de [[Classe sociale|classe]]. Une telle revendication n'est bien entendu pas applicable par un gouvernement s'inscrivant dans le cadre du [[Capitalisme|capitalisme]]. En ce sens donc, c'est une [[Revendication transitoire|revendication transitoire]]. Dans le cas d'un État [[Impérialisme|impérialiste]], qui possède des titres sur la dette de nombreux pays dominés, les communistes doivent également mettre en avant l'[[Annulation de la dette|annulation de la dette]]. C'est, parmi d'autres, un bouleversement profond qui serait parmi les politiques [[Internationalisme|internationalistes]] les plus concrètes. Une des premières mesures de la [[Révolution d'Octobre|Révolution d'Octobre]] victorieuse a bien sûr été de renier la dette contractée auprès des puissances européennes par l'État tsariste.  
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Le seul mot d'ordre [[Révolution_socialiste|révolutionnaire]] est celui de [[Répudiation_de_la_dette|répudiation de la dette]]. En effet, il faut affirmer que celle-ci est illégitime, comme résultat d'une politique de [[Classe_sociale|classe]]. Une telle revendication n'est bien entendu pas applicable par un gouvernement s'inscrivant dans le cadre du [[Capitalisme|capitalisme]]. En ce sens donc, c'est une [[Revendication_transitoire|revendication transitoire]]. Dans le cas d'un État [[Impérialisme|impérialiste]], qui possède des titres sur la dette de nombreux pays dominés, les communistes doivent également mettre en avant l'[[Annulation_de_la_dette|annulation de la dette]]. C'est, parmi d'autres, un bouleversement profond qui serait parmi les politiques [[Internationalisme|internationalistes]] les plus concrètes.
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== Pays dominés par la dette ==
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L'annulation de la dette publique figurait parmi les ''«&nbsp;revendications immédiates&nbsp;»'' du [[Parti_ouvrier_français|Parti ouvrier français]].<ref>[http://www.marxists.org/francais/inter_soc/pof/18800700.htm Programme du Parti ouvrier français (1880)]</ref> Une des premières mesures de la [[Révolution_d'Octobre|Révolution d'Octobre]] victorieuse a été de renier la dette contractée auprès des puissances européennes par l'État tsariste.
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== Pays dominés par la dette ==
    
{{Voir|Domination par la dette}}
 
{{Voir|Domination par la dette}}
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La question que l'on nomme couramment dans la presse la "[[Dette du Tiers-Monde|dette du Tiers-Monde]]" est un peu spécifique, parce qu'il est un des moyens de l'oppression [[Impérialiste|impérialiste]] sur ces pays. En effet, depuis les années 1970, les [[États|États]] d'Afrique ou encore d'Amérique Latine ont été largement poussés à s'endetter pour importer des [[Marchandises|marchandises]] en provenance des centres impérialistes. Rapidement par la suite, les taux d'intérêts se sont envolés (passant souvent de 7% à près de 18%), forçant ces mêmes pays à s'endetter à nouveau ne serait-ce que pour payer les intérêts de la dette... Ce mécanisme d'usure est tel que ces pays ont déjà virtuellement payé plusieurs fois le montant de leur dette initiale&nbsp;: entre 1980 et 1992, ce sont 1 672 milliards de dollars qui ont été versés, pour une dette qui s'élevait en 1980 à 567 milliards...  
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La question que l'on nomme couramment dans la presse la "[[Dette_du_Tiers-Monde|dette du Tiers-Monde]]" est un peu spécifique, parce qu'il est un des moyens de l'oppression [[Impérialiste|impérialiste]] sur ces pays. En effet, depuis les années 1970, les [[États|États]] d'Afrique ou encore d'Amérique Latine ont été largement poussés à s'endetter pour importer des [[Marchandises|marchandises]] en provenance des centres impérialistes. Rapidement par la suite, les taux d'intérêts se sont envolés (passant souvent de 7% à près de 18%), forçant ces mêmes pays à s'endetter à nouveau ne serait-ce que pour payer les intérêts de la dette... Ce mécanisme d'usure est tel que ces pays ont déjà virtuellement payé plusieurs fois le montant de leur dette initiale&nbsp;: entre 1980 et 1992, ce sont 1 672 milliards de dollars qui ont été versés, pour une dette qui s'élevait en 1980 à 567 milliards...
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Ceci étant dit, il faut se garder d'un schéma Nord-Sud simpliste&nbsp;: l'Union Européenne elle-même est constitué d'un coeur de puissants impérialismes, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Bénélux, et d'une périphérie qui s'avère de plus en plus victime de la crise (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne... - les fameux "PIGS").  
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Ceci étant dit, il faut se garder d'un schéma Nord-Sud simpliste&nbsp;: l'Union Européenne elle-même est constitué d'un coeur de puissants impérialismes, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Bénélux, et d'une périphérie qui s'avère de plus en plus victime de la crise (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne... - les fameux "PIGS").
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Face à la question de la dette, les [[Communistes révolutionnaires|communistes révolutionnaires]] doivent adopter deux revendication symétriques&nbsp;:  
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Face à la question de la dette, les [[Communistes_révolutionnaires|communistes révolutionnaires]] doivent adopter deux revendication symétriques&nbsp;:
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*au sein des pays endettés&nbsp;: la répudiation de la dette (comme le fit notamment la [[Révolution russe (1917)|Russie révolutionnaire]] en 1917)  
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*au sein des pays endettés&nbsp;: la répudiation de la dette (comme le fit notamment la [[Révolution_russe_(1917)|Russie révolutionnaire]] en 1917)  
*au sein des pays détenant une grande part des dettes étrangères&nbsp;: l'annulation de la dette (ce qui un [[Internationalisme|internationalisme]]&nbsp;direct et concret)
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*au sein des pays détenant une grande part des dettes étrangères&nbsp;: l'annulation de la dette (ce qui un [[Internationalisme|internationalisme]]&nbsp;direct et concret)  
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== Historique<br>  ==
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== Historique ==
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=== Origines ===
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=== Origines ===
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Les premières formes de dettes publiques naissent à Venise et Gênes au [[Moyen-Âge|Moyen-Âge]], puis se généralisent en Europe au XVII<sup>ème</sup> siècle. C'est alors le temps des premières manufactures et du commerce colonial, et la [[République des Provinces-Unies|République bourgeoise des Pays-Bas]] est la première à inaugurer ce système. Le néerlandais Johan de Witt (1625-1672) exalte dans ses Maximes comme un système utile pour faire trimer les salariés.  
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Les premières formes de dettes publiques naissent à Venise et Gênes au [[Moyen-Âge|Moyen-Âge]], puis se généralisent en Europe au XVII<sup>ème</sup> siècle. C'est alors le temps des premières manufactures et du commerce colonial, et la [[République_des_Provinces-Unies|République bourgeoise des Pays-Bas]] est la première à inaugurer ce système. Le néerlandais Johan de Witt (1625-1672) exalte dans ses Maximes comme un système utile pour faire trimer les salariés.
   −
Au cours du développement du capitalisme en Europe, les différentes "banques publiques" ou "banques nationales" (ancêtres des banques centrales actuelles) se sont constituées. C'étaient essentiellement des associations de puissants banquiers privés qui obtenaient en accord avec l'Etat le privilège de lui prêter l’argent du public.  
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Au cours du développement du capitalisme en Europe, les différentes "banques publiques" ou "banques nationales" (ancêtres des banques centrales actuelles) se sont constituées. C'étaient essentiellement des associations de puissants banquiers privés qui obtenaient en accord avec l'Etat le privilège de lui prêter l’argent du public.
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Par exemple&nbsp;: la fondation de la Banque d’Angleterre en 1694. Celle-ci commença à prêter son argent au gouvernement à un taux d’intérêt de 8 %, en même temps, elle était autorisée par le Parlement à créer de la monnaie pour le même montant sous forme de billets de banque qu’on lui permit de mettre en circulation.  
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Par exemple&nbsp;: la fondation de la Banque d’Angleterre en 1694. Celle-ci commença à prêter son argent au gouvernement à un taux d’intérêt de 8 %, en même temps, elle était autorisée par le Parlement à créer de la monnaie pour le même montant sous forme de billets de banque qu’on lui permit de mettre en circulation.
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=== XX<sup>ème</sup> siècle<br>  ===
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=== 20<sup>e</sup> siècle ===
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Sur le long terme, la dette publique est liée à la santé de l'accumulation capitaliste. Ansi au début du XX<sup>ème</sup> siècle, à mesure que les pays impérialistes s'enfonçaient dans la [[suraccumulation|suraccumulation]], la dette a eu tendance à s'élever jusqu'à un fort niveau dans les [[Grande_dépression_(1929-1939)|années 1930]], et à s'envoler avec les dépenses de la [[Seconde guerre mondiale|Seconde guerre mondiale]]. La longue période favorable à l'accumulation dans l'[[Après-guerre|Après-guerre]] a par contre conduit à une réducation généralisée des dettes.
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Sur le long terme, la dette publique est liée à la santé de l'accumulation capitaliste. Ansi au début du XX<sup>ème</sup> siècle, à mesure que les pays impérialistes s'enfonçaient dans la [[Suraccumulation|suraccumulation]], la dette a eu tendance à s'élever jusqu'à un fort niveau dans les [[Grande_dépression_(1929-1939)|années 1930]], et à s'envoler avec les dépenses de la [[Seconde_guerre_mondiale|Seconde guerre mondiale]]. La longue période favorable à l'accumulation dans l'[[Après-guerre|Après-guerre]] a par contre conduit à une réducation généralisée des dettes.
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[[Image:DetteUSA-1900-2008.png|right]]Dans les années 1980, les principales puissances impérialistes sont à nouveau engluées dans une crise latente de suraccumulation. Cela va engendrer une chute des [[Investissements|investissements]] et de la croissance, donc une hausse du [[Chômage|chômage]], et au niveau des admnistrations publiques, cela entraîne une tendance à la baisse des recettes fiscales. Mais pour maintenir leurs [[Profits|profits]], les capitalistes vont parasiter de plus en plus les [[Etat bourgeois|Etats]], notamment en les poussant à baisser leurs [[Impôts|impôts]], à leur emprunter avec [[Intérêts|intérêts]]... C'est pourquoi la dette publique va connaître quasiment partout une hausse continue jusqu'à nos jours.<br>
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[[File:DetteUSA-1900-2008.png|right|DetteUSA-1900-2008.png]]Dans les années 1980, les principales puissances impérialistes sont à nouveau engluées dans une crise latente de suraccumulation. Cela va engendrer une chute des [[Investissements|investissements]] et de la croissance, donc une hausse du [[Chômage|chômage]], et au niveau des admnistrations publiques, cela entraîne une tendance à la baisse des recettes fiscales. Mais pour maintenir leurs [[Profits|profits]], les capitalistes vont parasiter de plus en plus les [[Etat_bourgeois|Etats]], notamment en les poussant à baisser leurs [[Impôts|impôts]], à leur emprunter avec [[Intérêts|intérêts]]... C'est pourquoi la dette publique va connaître quasiment partout une hausse continue jusqu'à nos jours.
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Contrairement aux discours réactionnaires, le problème n'est pas que "nous vivons au dessus de nos moyens" 'explosion des dépenses). C'est fondamentalement le capitalisme qui provoque une accumulation de richesse d'un côté et une socialisation des dégâts (via le [[Salaire socialisé|salaire socialisé]] et la dette publique en particulier). Les dépenses ont au contraire tendance à être partout comprimées, en détruisant le "filet social" qui peut rester pour les travailleurs&nbsp;: selon l'OCDE les dépenses dans la zone euro sont passées de 50,4&nbsp;% du PIB en 1990 à 46,1&nbsp;% en 2008.  
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Contrairement aux discours réactionnaires, le problème n'est pas que "nous vivons au dessus de nos moyens" 'explosion des dépenses). C'est fondamentalement le capitalisme qui provoque une accumulation de richesse d'un côté et une socialisation des dégâts (via le [[Salaire_socialisé|salaire socialisé]] et la dette publique en particulier). Les dépenses ont au contraire tendance à être partout comprimées, en détruisant le "filet social" qui peut rester pour les travailleurs&nbsp;: selon l'OCDE les dépenses dans la zone euro sont passées de 50,4&nbsp;% du PIB en 1990 à 46,1&nbsp;% en 2008.
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Pour certains idéologues du [[Néolibéralisme|néolibéralisme]], c'était d'ailleurs clair depuis le départ, le déficit public devait amener à détruire l'[[Etat-providence|Etat-providence]]&nbsp;:  
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Pour certains idéologues du [[Néolibéralisme|néolibéralisme]], c'était d'ailleurs clair depuis le départ, le déficit public devait amener à détruire l'[[Etat-providence|Etat-providence]]&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;Le déficit engendré par la baisse des impôts apparaît comme un formidable moyen de pression pour contraindre l’État à rétrécir. Il n’y a en vérité aucun autre moyen que cette pression&nbsp;» <ref>Guy Sorman, ''La solution libérale'', 1984</ref> </blockquote>  
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<blockquote>«&nbsp;Le déficit engendré par la baisse des impôts apparaît comme un formidable moyen de pression pour contraindre l’État à rétrécir. Il n’y a en vérité aucun autre moyen que cette pression&nbsp;» <ref>Guy Sorman, ''La solution libérale'', 1984</ref></blockquote>  
Mais réduire les aides sociales aussi rapidement que le capitalisme se dégradait aurait été pratiquement impossible sans attiser de révoltes du prolétariat, d'où la tendance générale dans les [[Pays impérialistes|pays impérialistes]] à l'accumulation d'une forte dette publique.  
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Mais réduire les aides sociales aussi rapidement que le capitalisme se dégradait aurait été pratiquement impossible sans attiser de révoltes du prolétariat, d'où la tendance générale dans les [[Pays_impérialistes|pays impérialistes]] à l'accumulation d'une forte dette publique.
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=== Crise actuelle<br>  ===
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=== Crise actuelle ===
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La [[Crise actuelle|crise ouverte depuis 2008]] entraîne une augmentation rapide de la dette publique dans de nombreux pays.<br>
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La [[Crise_actuelle|crise ouverte depuis 2008]] entraîne une augmentation rapide de la dette publique dans de nombreux pays.
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*directement, du fait des milliards dépensés en sauvetage des capitalistes ou [[Plans de relance|plans de relance]]<br>
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*directement, du fait des milliards dépensés en sauvetage des capitalistes ou [[Plans_de_relance|plans de relance]]  
*indirectement, du fait de la baisse d'activité qui réduit les recettes fiscales<br>
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*indirectement, du fait de la baisse d'activité qui réduit les recettes fiscales  
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Depuis 2008, l'endettement des Etats-Unis a augmenté de 2 000 milliards de dollars, celui de l'Italie de 300 milliards d'euros, celui de la France de 300 milliards. Mais c'est dans les pays fragilisés de la périphérie de la zone euro que la dette publique pèse le plus sur l'économie. La Grèce en particulier ouvre une nouvelle composante de cette crise, la [[Crise de la dette publique|crise de la dette publique]].<br>
+
Depuis 2008, l'endettement des Etats-Unis a augmenté de 2 000 milliards de dollars, celui de l'Italie de 300 milliards d'euros, celui de la France de 300 milliards. Mais c'est dans les pays fragilisés de la périphérie de la zone euro que la dette publique pèse le plus sur l'économie. La Grèce en particulier ouvre une nouvelle composante de cette crise, la [[Crise_de_la_dette_publique|crise de la dette publique]].
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[[Image:DettePubliqueZoneEuro.jpg|center|489x341px|DettePubliqueZoneEuro.jpg]]  
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[[File:DettePubliqueZoneEuro.jpg|center|489x341px|DettePubliqueZoneEuro.jpg]]
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== Notes et sources<br>  ==
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== Notes et sources ==
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''[http://www.carre-rouge.org/IMG/pdf/G-_Chesnais_1_.pdf La dette publique, question névralgique de la lutte des classes en Europe]'', [[François Chesnais|François Chesnais]], Novembre 2010<br>
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''[http://www.carre-rouge.org/IMG/pdf/G-_Chesnais_1_.pdf La dette publique, question névralgique de la lutte des classes en Europe]'', [[François_Chesnais|François Chesnais]], Novembre 2010
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[[Catégorie:Économie]] [[Catégorie:Capitalisme]]
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[[Category:Économie]] [[Category:Capitalisme]]

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