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Page créée avec « '''L'État bourgeois''' est la caractérisation marxiste des États de l'époque du capitalisme et de l'accession de la [[Bourgeoisie|b… »
'''L'État bourgeois''' est la caractérisation [[Marxisme|marxiste]] des [[État|États]] de l'époque du [[Capitalisme|capitalisme]] et de l'accession de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] au statut de [[Classe sociale|classe]] dominante. Il peut revêtir des formes politiques assez variées selon les besoins de la bourgeoisie et les rapports de force, mais il conserve sa fonction principale de maintenir l'ordre établi. C'est pourquoi il est un obstacle qu'une [[Révolution socialiste|révolution socialiste]] devra mettra à bas.<br>

== Les grandes fonctions de l’État bourgeois ==

=== Fonction militaire et répressive ===

L’armée a également pour rôle de défendre, le cas échéant, les intérêts de chaque [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] face aux intérêts des autres classes dominantes ou des peuples en lutte pour leur liberté, voire de mener des [[Guerre|guerres]] [[Impérialisme|impérialistes]].

Mais plus fondamentalement, c'est l'ordre à l'intérieur du pays que l' est chargé de maintenir. Cet ordre est potentiellement menacé par la [[Lutte de classe|lutte de classe]], d'où la nécessité pour la bourgeoisie de défendre avec des «&nbsp;bandes d'hommes en armes&nbsp;» ([[Friedrich Engels|Engels]]) l'état d'[[Exploitation|exploitation]] actuel. C'est pourquoi la population doit être désarmée<ref>Le cas des armes en vente libre aux États-Unis est un peu particulier, mais la "violence légale" revient à l'État fédéral, sauf exception (légitime défense...).</ref> et la force publique doit avoir le «&nbsp;le monopole de la violence légale&nbsp;».<ref>''Le Savant et le politique'', [[Max Weber]], 1919</ref> Ces corps spéciaux de [[Répression|répression]] (armée, police…) doivent être distincts de la population et relativement isolés de celle-ci (casernes...). La défense de la [[Propriété privée|propriété privée]] en général et particulièrement des richesses et capitaux de la classe dominante<ref>L'État n'a aucun soucis réel de la sécurité des plus miséreux par contre-exemple...</ref> sont la tâche première des "forces de l'ordre" et du [[Système judiciaire|système judiciaire]] et [[Système pénitentiaire|pénitentiaire]].

Les luttes sociales, qui ont historiquement arraché le droit d'être tolérées par l'État, sont maintenues dans des limites supportables par la propriété capitaliste. Dans une période où la [[Lutte de classe|lutte]] et la [[Conscience de classe|conscience de classe]] sont limitées, comme celle dont nous sortons, cette fonction apparaît sans doute moins clairement. Mais il ne fait aucun doute que la violence d'État refera surface dès qu'une [[Crise sociale|crise sociale]] majeure éclatera.

''Articles détaillés&nbsp;: ''[[Guerre|''Guerre'']]''; ''[[Répression|''Répression'']]''.''<br>

=== Fonction idéologique ===

Mais la violence seule ne suffit pas pour maintenir une [[Société|société]] de [[Domination|domination]]. Les capitalistes cherchent à ce que les travailleurs ignorent, ou acceptent comme inévitable et juste le fait qu’ils sont [[Exploitation|exploités]]. La plupart des individus réfléchissent à leur situation à l’aide d’idées apprises à l’école, l’église ou aux média dominants, qui ne permettent pas de penser les contradictions fondamentales du système. La production d’idées, ou de système d’idées appelées [[Idéologie|idéologies]] est limitée&nbsp;: c’est une petite minorité de la société qui a le pouvoir de le faire. Depuis les prêtres et sorciers des temps anciens jusqu’aux journalistes, aux universitaires, aux institutions diverses d’aujourd’hui, l’idéologie est fabriquée et diffusée par des gens rétribués pour cette fonction. L'[[Idéologie dominante|idéologie dominante]], voire la morale dominante, est celle de la [[Classe dominante|classe dominante]].<br>
<blockquote>"Partout où existe une classe dominante, c’est de ses intérêts de classe et de ses sentiments de supériorité de classe qu'émane une large part de la moralité publique." ''John Stuart Mill'' </blockquote>
''Article détaillé&nbsp;: ''[[Idéologie bourgeoise|''idéologie bourgeoise'']]''.''<br>

=== Fonction économique ===

Les bourgeois sont divisés par la [[Concurrence|concurrence]] au sein du marché, mais le développement même du [[Capitalisme|capitalisme]] exige que certaines fonctions économiques soient prises en charge par l'État&nbsp;:<br>

*une gestion de la monnaie et du crédit, via les Banques centrales,
*une règlementation des marchés, des transactions...
*investissement et entretien de productions non immédiatement rentables&nbsp;: énergie, communications, transports, etc.. <ref>Pour mettre en place ces activités il faut des investissements supérieurs à ce que peuvent fournir des capitaux privés, ce qui n'empêche pas a posteriori des [[privatisation|privatisations]] partielles.</ref>
*une certaine part d'[[Interventionnisme|interventionnisme]] (rigueur, taxes, relance...) adaptée

C’est l’État qui définit et met en oeuvre la politique économique qui permet ce développement, qui assure ces fonctions. La bourgeoisie a besoin d’un arbitre, d’une structure qui dépasse les intérêts immédiats et corporatistes&nbsp;: les sommets de l’appareil d’Etat assument plus ou moins bien cette fonction, tout en étant, en pratique, soumis aux [[Lobbying|lobbies]] les plus puissants.<br>

== Les différentes formes de l’État bourgeois<br> ==

L'État bourgeois a bien sûr une forme politique assez différente selon les pays et les époques. Ses variations sont dues à deux paramètres principaux&nbsp;: les besoins de la bourgeoisie et la contestation sociale.

On peut distinguer rapidement&nbsp;:

*la [[Démocratie bourgeoise|démocratie bourgeoise]] (République, Monarchie constitutionnelle...)
*le [[Bonapartisme|bonapartisme]] (1<sup>er</sup> Empire, 2<sup>nd</sup> Empire)
*le [[Fascisme|fascisme]]

=== XIX<sup>ème</sup> siècle ===

Au XIX° siècle avaient lieu d'intenses [[Lutte de classe|luttes de classes]], non seulement entre [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] et jeune [[Prolétariat|prolétariat]], mais aussi entre différentes bourgeoises ([[Bourgeoisie foncière|foncière]], [[Bourgeoisie industrielle|industrielle]]...). La forme du nouvel État oscillait entre [[Restauration monarchiste|Restauration]] et [[République|République]] au grès de ces luttes.<ref>Voir [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1850/03/km18500301.htm Les luttes de classes en France], [[Karl Marx]]</ref> Mais même lorsque la République était proclamée, la [[Domination|domination]] bourgeoise était claire (cf [[Printemps des peuples|Printemps des peuples]]). Le [[Bonapartisme|bonapartisme]] a signifié un renforcement de l'État bourgeois qui s'érige en maître pour conserver le système menacé par les luttes politiques.<ref>Voir [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1851/12/brum.htm Le 18 brumaire de Louis Bonaparte], [[Karl Marx]], 1851</ref><br>

il n’était pas difficile d’expliquer aux travailleurs que l’État n’était pas «&nbsp;neutre&nbsp;» mais était un instrument de défense des intérêts du capital contre ceux du travail. Seule la bourgeoisie avait le droit de vote ([[Suffrage censitaire|suffrage censitaire]]) et les parlementaires, juges, hauts officiers, hauts fonctionnaires, évêques, tous venaient de la même classe sociale, tous étaient liés entre eux par les liens d’intérêt. Dès que les ouvriers se mettaient en grève, on envoyait les gendarmes ou l’armée, on leur tirait dessus, on les emprisonnait.''<br>''

=== XX<sup>ème</sup> siècle ===

La forme de gouvernement la plus [[Progressisme|progressiste]] dans le cadre du [[Capitalisme|capitalisme]] a été obtenue dans les pays industrialisés, quoique la menace de l'[[Autoritarisme|autoritarisme]] ne soit jamais loin en tant de [[Crise|crise]]. Au parlement les [[Parti bourgeois|partis bourgeois]] ou les [[Parti ouvrier bourgeois|partis ouvriers bourgeois]] peuvent gérer le système avec une bien plus grande stabilité. Ce régime, que le [[Prolétariat|prolétariat]] doit défendre, y compris contre les [[Réaction|réactionnaires]], offre de meilleures conditions pour lutter et dépasser cette [[Démocratie|démocratie]] qui reste formelle.''<br>''

=== Les "30 Glorieuses"<br> ===

Lorsque le rapport de forces devient moins favorable aux travailleurs, la bourgeoisie remet en cause ces «&nbsp;acquis&nbsp;», et particulièrement les acquis non étatiques, comme la sécurité sociale dans laquelle à l’origine était géré par des représentants des salariés une part socialisé du salaire. Aujourd’hui, les politiques bourgeoises cherchent à remodeler le rôle de l’État&nbsp;: - les fonctions économiques et sociales doivent être réduites au profit du libre fonctionnement du marché, pour diminuer autant que possible la masse salariale. Tout ce qui est rentable doit être privatisé. Sur ce qui n’est pas rentable, on fait le maximum d’économies. Toutes les règles qui mettent du sable dans les rouages du capitalisme (le code du travail) doivent être assouplies. - par contre, il n’y a aucun déclin dans la fonction répressive de l’État.

== Les révolutionnaires et l'État ==

=== Défense de la démocratie bourgeoise<br> ===

Même si ces régimes politiques ont le point commun d'être au service de la bourgeoisie, les [[Communisme|communistes]] révolutionnaires ne sont pas indifférents à la forme que prend l’État bourgeois. Nous défendons la [[Démocratie bourgeoise|démocratie bourgeoise]] contre la [[Réaction|réaction]], car les "[[Droits de l'homme|droits de l'homme]]" et la [[Liberté politique|liberté politique]] sont non seulement humainement préférables, mais ils facilitent le [[Militantisme|militantisme]] et l'émancipation des travailleurs. Nous défendons également les réformes tendant à plus de [[Démocratie|démocratie]] comme&nbsp;:<br>

*la réduction des pouvoirs de l’exécutif par rapport au Parlement,
*la fin du présidentialisme,
*élections plus fréquentes, élections à la proportionnelle...
*réduction des salaires des élus, etc.
*plus de transparence dans les décisions et actions des élus et de l’administration

Mais nous n’avons pas d’illusion, pour mettre en place une société [[Socialisme|socialiste]] il faudra aller plus loin.

=== Renversement de la démocratie bourgeoise<br> ===

Sous le [[Capitalisme|capitalisme]], non seulement la [[Démocratie|démocratie]] est très limitée, mais elle s'arrête aux portes des entreprises, c'est d'ailleurs une contradiction fondamentale. L'[[Aliénation|aliénation]] et l'[[Idéologie bourgeoise|idéologie dominante]] tendent à détourner le [[Mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]] de la prise du pouvoir. Mais lors de crises révolutionnaires, il apparaît clairement que l'État s'oppose à l'[[Expropriation|expropriation]] des capitalistes par les travailleurs auto-organisés et qu'il est une institution hors de contrôle de la population.

C'est pourquoi la [[Révolution socialiste|Révolution socialiste]] est inséparable du renversement de l'État bourgeois et son remplacement par le gouvernement des travailleurs auto-organisés. En [[Abolition des classes sociales|abolissant]] les [[Classes sociales|classes]], ce nouvel [[État ouvrier|État ouvrier]] s'abolirait lui-même, et parachèverait la [[Démocratie|démocratie]]., non plus formelle mais réelle et impliquant la fin de tout [[État|État]] au dessus de la [[Société|société]].

== Notes et sources ==

*[http://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530.htm ''La guerre civile en France''], [[Karl Marx|Karl Marx]], 1871
*[http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er00t.htm ''L’Etat et la révolution''], [[Lénine|Lénine]], Septembre 1917
*Mandel: «introduction au marxisme&nbsp;» et «démocratie socialiste et dictature du prolétariat&nbsp;»
*[http://www.marxists.org/francais/blanqui/1851/blanqui_toast_londres.htm ''Le toast de Londres'']'','' [[Auguste Blanqui|Auguste Blanqui]]<br>

<references />

[[Category:Bases_théoriques]] [[Category:Capitalisme]] [[Category:Politique_révolutionnaire|Politique_révolutionnaire]]

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