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On peut se demander si les changements de rapports de force sont avant tout économiques, avant tout militaires, ou si ces deux facteurs sont d'importance comparable. [[Lénine|Lénine]] semblait considérer la question comme ouverte :
 
On peut se demander si les changements de rapports de force sont avant tout économiques, avant tout militaires, ou si ces deux facteurs sont d'importance comparable. [[Lénine|Lénine]] semblait considérer la question comme ouverte :
 
<blockquote>«&nbsp;les capitalistes se partagent le monde [...] "proportionnellement aux capitaux", "selon les forces de chacun", car il ne saurait y avoir d'autre mode de partage en régime de production marchande et de capitalisme. Or, les forces changent avec le développement économique et politique; pour l'intelligence des événements, il faut savoir quels problèmes sont résolus par le changement du rapport des forces; quant à savoir si ces changements sont "purement" économiques ou extra-économiques (par exemple, militaires), c'est là une question secondaire qui ne peut modifier en rien le point de vue fondamental sur l'époque moderne du capitalisme.&nbsp;»<ref name="LénineImpérialisme">_</ref><br/></blockquote>
 
<blockquote>«&nbsp;les capitalistes se partagent le monde [...] "proportionnellement aux capitaux", "selon les forces de chacun", car il ne saurait y avoir d'autre mode de partage en régime de production marchande et de capitalisme. Or, les forces changent avec le développement économique et politique; pour l'intelligence des événements, il faut savoir quels problèmes sont résolus par le changement du rapport des forces; quant à savoir si ces changements sont "purement" économiques ou extra-économiques (par exemple, militaires), c'est là une question secondaire qui ne peut modifier en rien le point de vue fondamental sur l'époque moderne du capitalisme.&nbsp;»<ref name="LénineImpérialisme">_</ref><br/></blockquote>
La croissance des pays dominés n'est pas décrite comme impossible. Au contraire, Lénine remarquait qu'elle était souvent forte. Il reprenait aussi l'idée de Kautsky selon laquelle l'indépendance politique facilitait l'industrialisation capitaliste :
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La croissance des pays dominés n'est pas décrite comme impossible. Au contraire, Lénine remarquait qu'elle était souvent forte. Il reprenait aussi l'idée de Kautsky selon laquelle l'indépendance politique facilitait l'industrialisation capitaliste&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;En Asie [...] les conditions pour le développement le plus complet de la production de marchandises, pour la plus libre, la plus large et la plus rapide croissance du capitalisme, ont été créés seulement au Japon, c'est-à-dire dans un État national indépendant.&nbsp;»<ref>Lénine, [https://www.marxists.org/archive/lenin/works/1914/self-det/ch01.htm ''The Right of Nations to Self-Determination''], 1914</ref></blockquote>
«&nbsp;En Asie [...] les conditions pour le développement le plus complet de la production de marchandises, pour la plus libre, la plus large et la plus rapide croissance du capitalisme, ont été créés seulement au Japon, c'est-à-dire dans un État national indépendant.&nbsp;»<ref>Lénine, [https://www.marxists.org/archive/lenin/works/1914/self-det/ch01.htm ''The Right of Nations to Self-Determination''], 1914</ref>
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Pour autant, les communistes ont défendu l'idée que l'impérialisme a un effet parasitaire sur eux. Les mécanismes n'ont pas été vraiment décrits, Lénine évoquait surtout le parasitisme consistant à s'emparer des matières premières, et considérait que l'exportation de capitaux était du ''«&nbsp;parasitisme au carré&nbsp;»''. Les communistes ont ensuite souvent dit que la bourgeoisie des pays dominés avait un rôle parasitaire, ou en tout cas sa frange servant uniquement d'intermédiaire avec les impérialistes ([[Bourgeoisie_compradore|bourgeoisie compradore]]).
 
Pour autant, les communistes ont défendu l'idée que l'impérialisme a un effet parasitaire sur eux. Les mécanismes n'ont pas été vraiment décrits, Lénine évoquait surtout le parasitisme consistant à s'emparer des matières premières, et considérait que l'exportation de capitaux était du ''«&nbsp;parasitisme au carré&nbsp;»''. Les communistes ont ensuite souvent dit que la bourgeoisie des pays dominés avait un rôle parasitaire, ou en tout cas sa frange servant uniquement d'intermédiaire avec les impérialistes ([[Bourgeoisie_compradore|bourgeoisie compradore]]).
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L’analyse<ref>J.A. Hobson, [http://www.marxists.org/archive/hobson/1902/imperialism/index.htm ''Imperialism : A study''], 1902</ref> de John A. Hobson (1902), un intellectuel libéral anglais, a marqué les théoriciens social-démocrates. Il soutient qu’en raison de la sous-consommation des ouvriers, les financiers préfèrent investir dans des colonies (en s’appuyant sur les militaires), transformant en États-rentiers l’Angleterre, la France, l’Allemagne, la Belgique...
 
L’analyse<ref>J.A. Hobson, [http://www.marxists.org/archive/hobson/1902/imperialism/index.htm ''Imperialism : A study''], 1902</ref> de John A. Hobson (1902), un intellectuel libéral anglais, a marqué les théoriciens social-démocrates. Il soutient qu’en raison de la sous-consommation des ouvriers, les financiers préfèrent investir dans des colonies (en s’appuyant sur les militaires), transformant en États-rentiers l’Angleterre, la France, l’Allemagne, la Belgique...
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Poursuivant l’analyse, [[Rudolf_Hilferding|Rudolf Hilferding]] affirme<ref>Rudolf Hilferding, [http://www.marxists.org/francais/hilferding/1910/lcp/index.htm ''Le capital financier''], 1910 (le livre est en fait presque écrit dès 1905)</ref> que le ''capital financier'' (monopoles industriels et bancaires) attise un [[Protectionnisme|protectionnisme]] offensif et s’appuie sur l’[[Etat_bourgeois|Etat]] pour assurer ses investissements plus rentables à l’étranger. Mais il dit à la fois que le capital financier ''«&nbsp;veut non pas la liberté, mais la domination&nbsp;»'' (ce que retiendra [[Lénine|Lénine]]), et qu’il crée une possibilité de dépassement des rivalités si l’Etat intervient (ce que retiendra [[Jaurès|Jaurès]]).
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Poursuivant l’analyse, [[Rudolf_Hilferding|Rudolf Hilferding]] affirme<ref>Rudolf Hilferding, [http://www.marxists.org/francais/hilferding/1910/lcp/index.htm ''Le capital financier''], 1910 (le livre est en fait presque écrit dès 1905)</ref> que le ''capital financier'' (monopoles industriels et bancaires) attise un [[Protectionnisme|protectionnisme]] offensif et s’appuie sur l’[[Etat_bourgeois|Etat]] pour assurer ses investissements plus rentables à l’étranger. Mais il dit à la fois que le capital financier ''«&nbsp;veut non pas la liberté, mais la domination&nbsp;»'' (ce que retiendra [[Lénine|Lénine]]), et qu’il crée une possibilité de dépassement des rivalités si l’Etat intervient (ce que retiendra [[Jaurès|Jaurès]]). A ceux qui disaient que les capitalistes peuvent tout aussi bien investir dans des pays non colonisés, Hilferding répondait :
 
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«&nbsp;Il faut que ce soit des colonies parce que la technique rend la production d’aujourd’hui plus ou moins semblable dans les pays développés, et ce ne sont donc plus les différences de prix mais le pouvoir d’Etat qui détermine quel pays aura l’opportunité d’investir son capital à l’étranger, et donc d’investir à un taux de profit plus élevé qu’en Europe.&nbsp;»<ref>Rudolf Hilferding, ''L’impérialisme allemand et la politique nationale'', 1907</ref>
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Dans son ouvrage<ref>Rosa Luxemburg, [https://www.marxists.org/francais/luxembur/works/1913/ ''L’accumulation du capital''], 1913</ref> de 1913, Luxemburg donne une analyse du capitalisme centrée sur le problème des [[Débouchés|débouchés]]. Selon elle, la reproduction du capital a «&nbsp;''comme première condition un cercle d’acheteurs qui se situent en dehors de la société capitaliste''&nbsp;». Ainsi le capitalisme a besoin d’élargir toujours ses marchés, notamment par les colonies. Son but était de réfuter les [[Révisionnisme_(années_1890)|révisionnistes]], en prouvant qu’il y avait forcément une limite au capitalisme (les colonies ne sont pas infinies) et que le capital engendre forcément une politique impérialiste. Par ailleurs elle remarquait ''«&nbsp;dans les pays coloniaux les formes hybrides entre le salariat moderne et les régimes d'exploitation primitive&nbsp;»'' ce qui peut rappeler ce que [[Trotsky|Trotsky]] appellera plus tard [[Développement_inégal_et_combiné|développement_inégal_et_combiné]]''.''
 
Dans son ouvrage<ref>Rosa Luxemburg, [https://www.marxists.org/francais/luxembur/works/1913/ ''L’accumulation du capital''], 1913</ref> de 1913, Luxemburg donne une analyse du capitalisme centrée sur le problème des [[Débouchés|débouchés]]. Selon elle, la reproduction du capital a «&nbsp;''comme première condition un cercle d’acheteurs qui se situent en dehors de la société capitaliste''&nbsp;». Ainsi le capitalisme a besoin d’élargir toujours ses marchés, notamment par les colonies. Son but était de réfuter les [[Révisionnisme_(années_1890)|révisionnistes]], en prouvant qu’il y avait forcément une limite au capitalisme (les colonies ne sont pas infinies) et que le capital engendre forcément une politique impérialiste. Par ailleurs elle remarquait ''«&nbsp;dans les pays coloniaux les formes hybrides entre le salariat moderne et les régimes d'exploitation primitive&nbsp;»'' ce qui peut rappeler ce que [[Trotsky|Trotsky]] appellera plus tard [[Développement_inégal_et_combiné|développement_inégal_et_combiné]]''.''
  

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