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'''Le matérialisme historique''' est un outil essentiel du [[Marxisme|marxisme]]. Malgré son nom, il ne s'agit pas seulement, à travers cet outil, de comprendre le passé, le pourquoi et le comment de l'enchaînement des différents types de sociétés qu'a connu l'humanité. Le matérialisme historique permet également de comprendre quelles sont les forces sociales à l'oeuvre aujourd'hui, ce qu'elles représentent, et finalement, où il est le plus utile de concentrer l'action révolutionnaire.  
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'''Le matérialisme historique''' est un outil essentiel du [[Marxisme|marxisme]]. Malgré son nom, il ne s'agit pas seulement, à travers cet outil, de comprendre le passé, le pourquoi et le comment de l'enchaînement des différents types de sociétés qu'a connu l'humanité. Le matérialisme historique permet également de comprendre quelles sont les forces sociales à l'oeuvre aujourd'hui, ce qu'elles représentent, et finalement, où il est le plus utile de concentrer l'action révolutionnaire.
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== L'élaboration du matérialisme historique ==
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== L'élaboration du matérialisme historique ==
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''Article détaillé : [[La formation du matérialisme historique chez Marx et Engels|La formation du matérialisme historique chez Marx et Engels]]''  
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''Article détaillé : [[La_formation_du_matérialisme_historique_chez_Marx_et_Engels|La formation du matérialisme historique chez Marx et Engels]]''
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=== Les conceptions antérieures de l'histoire ===
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=== Les conceptions antérieures de l'histoire ===
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Jusqu'au XIX<sup>ème</sup> siècle, il existait quatre grandes conceptions de l'histoire&nbsp;: la [[Conception théologique de l'histoire|conception théologique de l'histoire]], la [[Idéalisme historique|conception idéaliste de l'histoire]], la [[Conception téléologique de l'histoire|conception téléologique de l'histoire]] (Hegel) et la conception matérialiste de l'histoire. C'est cette dernière qui va être revisitée et approfondie par [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]].  
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Jusqu'au XIX<sup>ème</sup> siècle, il existait quatre grandes conceptions de l'histoire&nbsp;: la [[Conception_théologique_de_l'histoire|conception théologique de l'histoire]], la [[Idéalisme_historique|conception idéaliste de l'histoire]], la [[Conception_téléologique_de_l'histoire|conception téléologique de l'histoire]] (Hegel) et la conception matérialiste de l'histoire. C'est cette dernière qui va être revisitée et approfondie par [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]].
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=== Synthèse du matérialisme et de la dialectique ===
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=== Synthèse du matérialisme et de la dialectique ===
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La [[Conception téléologique de l'histoire|conception hégélienne]] commençait déjà à être rejetée en tant que théorie [[Idéaliste|idéaliste]], notamment par le matérialiste [[Ludwig Feuerbach|Ludwig Feueurbach]]. Marx et Engels sont eux-aussi convaincus que c'est la réalité concrète qui prédomine et qu'il n'y a pas d'arrière-monde où planeraient les Idées. Cependant, ils considèrent que la méthode dialectique de Hegel décrit à merveille les grands mouvements de l'histoire. C'est ce qui les conduira à utiliser les deux outils théoriques dans leur conception de l'histoire.  
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La [[Conception_téléologique_de_l'histoire|conception hégélienne]] commençait déjà à être rejetée en tant que théorie [[Idéaliste|idéaliste]], notamment par le matérialiste [[Ludwig_Feuerbach|Ludwig Feueurbach]]. Marx et Engels sont eux-aussi convaincus que c'est la réalité concrète qui prédomine et qu'il n'y a pas d'arrière-monde où planeraient les Idées. Cependant, ils considèrent que la méthode dialectique de Hegel décrit à merveille les grands mouvements de l'histoire. C'est ce qui les conduira à utiliser les deux outils théoriques dans leur conception de l'histoire.
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Vers la fin du XIX<sup>ème</sup> siècle, après mûrissement de leurs idées et confirmation par la réalité, ils en viendront à la conclusion que le nouveau paradigme est le [[Matérialisme dialectique|matérialisme dialectique]], dont le matérialisme historique est un corollaire.<br>
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Vers la fin du XIX<sup>ème</sup> siècle, après mûrissement de leurs idées et confirmation par la réalité, ils en viendront à la conclusion que le nouveau paradigme est le [[Matérialisme_dialectique|matérialisme dialectique]], dont le matérialisme historique est un corollaire.
    
== Étude de l'infrastructure ==
 
== Étude de l'infrastructure ==
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Avec les classes sociales, c'est l'[[Exploitation|exploitation]] systémique de l'homme par l'homme qui va apparaître. Les relations qu'entretiennent les hommes entre eux pour produire deviennent, à partir de ce moment-là, non plus des relations entre individus, mais des relations entre classes sociales. Ainsi, la base sur laquelle les classes sociales ont pu apparaître est donc celle d'une évolution de la production matérielle des moyens de subsistance, autrement dit d'un changement au niveau des forces productives. Ce changement a déterminé la façon dont les hommes se sont organisés (leurs rapports sociaux) pour exploiter leurs moyens de subsistance. Les classes sociales sont donc fondamentalement déterminées par la place qu'elles occupent dans le système de production sociale, "par leur rapport aux moyens de production, par leur rôle dans l'organisation sociale du travail, et donc par les moyens d'obtention et la grandeur de la part des richesses sociales dont elles disposent. Les classes sont donc des groupes d'hommes dont l'un peut s'approprier le travail de l'autre, par suite de la différence de la place qu'ils tiennent dans un régime déterminé de l'économie sociale" <ref name="lenine">[[Lénine]], [http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/06/vil19190628.htm "La grande initiative", 1919]</ref>
 
Avec les classes sociales, c'est l'[[Exploitation|exploitation]] systémique de l'homme par l'homme qui va apparaître. Les relations qu'entretiennent les hommes entre eux pour produire deviennent, à partir de ce moment-là, non plus des relations entre individus, mais des relations entre classes sociales. Ainsi, la base sur laquelle les classes sociales ont pu apparaître est donc celle d'une évolution de la production matérielle des moyens de subsistance, autrement dit d'un changement au niveau des forces productives. Ce changement a déterminé la façon dont les hommes se sont organisés (leurs rapports sociaux) pour exploiter leurs moyens de subsistance. Les classes sociales sont donc fondamentalement déterminées par la place qu'elles occupent dans le système de production sociale, "par leur rapport aux moyens de production, par leur rôle dans l'organisation sociale du travail, et donc par les moyens d'obtention et la grandeur de la part des richesses sociales dont elles disposent. Les classes sont donc des groupes d'hommes dont l'un peut s'approprier le travail de l'autre, par suite de la différence de la place qu'ils tiennent dans un régime déterminé de l'économie sociale" <ref name="lenine">[[Lénine]], [http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/06/vil19190628.htm "La grande initiative", 1919]</ref>
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== Évolution et liens avec la superstructure<br>  ==
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== Évolution et liens avec la superstructure ==
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Ces catégories économiques ne servent pas seulement à décrire l'état d'une société donnée, mais aussi et surtout à appréhender la dynamique de son évolution. Celle-ci ne se fait pas suivant un schéma linéaire, mais est la résultante d'un ensemble de tendances que l'on peut essayer d'estimer. Par ailleurs, le même type de causalité relie l'infrastructure et la [[Superstructure|superstructure]]. La description de ces liens suit une logique [[Dialectique|dialectique]] (par opposition à une vision mécaniste).<br>
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Ces catégories économiques ne servent pas seulement à décrire l'état d'une société donnée, mais aussi et surtout à appréhender la dynamique de son évolution. Celle-ci ne se fait pas suivant un schéma linéaire, mais est la résultante d'un ensemble de tendances que l'on peut essayer d'estimer. Par ailleurs, le même type de causalité relie l'infrastructure et la [[Superstructure|superstructure]]. La description de ces liens suit une logique [[Dialectique|dialectique]] (par opposition à une vision mécaniste).
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=== Dialectique<br>  ===
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=== Dialectique ===
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Si les éléments de l'infrastructure constituent la base de toute compréhension des phénomènes historiques, car ils déterminent " en dernière instance " les autres éléments, la superstructure à son tour peut influer sur l'infrastructure. Autrement dit, si la superstructure est, au départ, le reflet de l'infrastructure, si elle est déterminée par celle-ci, elle a aussi une vie active propre, une certaine autonomie. Elle devient une force active qui peut, à son tour, exercer une influence sur l'infrastructure économique de la société. On peut même observer que la superstructure a généralement une capacité de résistance plus grande que l'infrastructure<ref>Les mentalités, lesconsciences et les coutumes - persiste encore pendant de longues années après la destruction de ses " bases matérielles " et constitue donc un obstacle à l'édification de la nouvelle société.</ref>. Un trait fondamental de toute société est donc que tout est mouvement, toutes les formes de relations sociales, à tous les niveaux, sont caractérisées par ce mouvement constitué de toutes les interactions entre les différents éléments constitutifs de la société. Et c'est de ce mouvement que naît le changement. " La société antique a donné naissance au féodalisme qui, lui-même, à donné naissance au capitalisme. L'analyse doit donc rendre compte de ce mouvement, passé, présent et futur, comprendre que tout est en devenir. Les interactions sont des conditionnements réciproques: il n'y a pas simplement action de A sur B, mais il y a en retour réaction de B sur A. Cette façon de considérer les choses et les phénomènes dans leur mouvements et leurs transformations, dans leur enchaînement et leur action réciproque est ce que l'on appelle la méthode [[Dialectique|dialectique]]. <br>
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Si les éléments de l'infrastructure constituent la base de toute compréhension des phénomènes historiques, car ils déterminent " en dernière instance " les autres éléments, la superstructure à son tour peut influer sur l'infrastructure. Autrement dit, si la superstructure est, au départ, le reflet de l'infrastructure, si elle est déterminée par celle-ci, elle a aussi une vie active propre, une certaine autonomie. Elle devient une force active qui peut, à son tour, exercer une influence sur l'infrastructure économique de la société. On peut même observer que la superstructure a généralement une capacité de résistance plus grande que l'infrastructure<ref>Les mentalités, lesconsciences et les coutumes - persiste encore pendant de longues années après la destruction de ses " bases matérielles " et constitue donc un obstacle à l'édification de la nouvelle société.</ref>. Un trait fondamental de toute société est donc que tout est mouvement, toutes les formes de relations sociales, à tous les niveaux, sont caractérisées par ce mouvement constitué de toutes les interactions entre les différents éléments constitutifs de la société. Et c'est de ce mouvement que naît le changement. " La société antique a donné naissance au féodalisme qui, lui-même, à donné naissance au capitalisme. L'analyse doit donc rendre compte de ce mouvement, passé, présent et futur, comprendre que tout est en devenir. Les interactions sont des conditionnements réciproques: il n'y a pas simplement action de A sur B, mais il y a en retour réaction de B sur A. Cette façon de considérer les choses et les phénomènes dans leur mouvements et leurs transformations, dans leur enchaînement et leur action réciproque est ce que l'on appelle la méthode [[Dialectique|dialectique]].
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=== Les contradictions<br>  ===
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=== Les contradictions ===
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Puisque les rapports sociaux " sont transmis à chaque génération par sa devancière sous la forme d'une masse de forces productives, de capitaux et de conditions, (qui) sont modifiés par la nouvelle génération (qui prescrit à ces rapports sociaux) ses propres conditions d'existence " on peut dialectiquement conclure que " les circonstances font les hommes tout autant que les hommes font les circonstances " <ref name="ideoall" />.  
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Puisque les rapports sociaux " sont transmis à chaque génération par sa devancière sous la forme d'une masse de forces productives, de capitaux et de conditions, (qui) sont modifiés par la nouvelle génération (qui prescrit à ces rapports sociaux) ses propres conditions d'existence " on peut dialectiquement conclure que " les circonstances font les hommes tout autant que les hommes font les circonstances " <ref name="ideoall">_</ref>.
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Il n'y a donc pas de [[Fatalisme|fatalité]] historique&nbsp;! Toute réalité est faite de contradictions, sans ces dernières, il ne peut y avoir de progrès possible. Ce sont les contradictions qui expliquent le mouvement, les enchaînements entre les différents [[Modes de production|modes de production]] car à chaque mode de production déterminé correspondent des types de contradictions déterminées. Mais il existe une contradiction fondamentale expliquant l'évolution des modes de production. Elle réside dans le fait qu'à un moment déterminé de leur évolution historique, les [[Forces productives|forces productives]] entrent en contradiction avec les [[Rapports sociaux de production|rapports sociaux de production]]. Car les premières ont tendance à se développer, tandis que les rapports de production ont tendance à être figés par la [[Classe dominante|classe dominante]] qui en profite. Lorsque la contradiction devient trop criante entre forces productives et rapports de production, le [[Mode de production|mode de production]] est menacé, et les conditions objectives d'une [[Révolution sociale|révolution sociale]] sont en place. Les contradictions dans la [[Idéologie|sphère idéologique]] accompagnent généralement de près cette évolution matérielle...<br>
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Il n'y a donc pas de [[Fatalisme|fatalité]] historique&nbsp;! Toute réalité est faite de contradictions, sans ces dernières, il ne peut y avoir de progrès possible. Ce sont les contradictions qui expliquent le mouvement, les enchaînements entre les différents [[Modes_de_production|modes de production]] car à chaque mode de production déterminé correspondent des types de contradictions déterminées. Mais il existe une contradiction fondamentale expliquant l'évolution des modes de production. Elle réside dans le fait qu'à un moment déterminé de leur évolution historique, les [[Forces_productives|forces productives]] entrent en contradiction avec les [[Rapports_sociaux_de_production|rapports sociaux de production]]. Car les premières ont tendance à se développer, tandis que les rapports de production ont tendance à être figés par la [[Classe_dominante|classe dominante]] qui en profite. Lorsque la contradiction devient trop criante entre forces productives et rapports de production, le [[Mode_de_production|mode de production]] est menacé, et les conditions objectives d'une [[Révolution_sociale|révolution sociale]] sont en place. Les contradictions dans la [[Idéologie|sphère idéologique]] accompagnent généralement de près cette évolution matérielle...
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=== Évolution et Révolution ===
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=== Évolution et Révolution ===
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Mais il faut distinguer ici les changements quantitatifs des changements qualitatifs. Par exemple, l'eau chauffée à 99°C subit des transformations considérables, mais elle reste de l'eau. C'est un changement quantitatif. Par contre, à 100°C, l'eau se transforme en vapeur et ce changement d'état est un changement qualitatif. En ce qui nous concerne, lorsque les forces productives connaissent un développement important, on peut parler de changement quantitatif. Mais, lorsque ces changements atteignent un degré tel qu'ils renversent les rapports de production établis, on doit parler de saut qualitatif. Ce changement n'est pas toujours graduel, ni pacifique car dans les sociétés humaines, il s'opère via des révolutions, des guerres ou des bouleversements sociaux importants.  
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Mais il faut distinguer ici les changements quantitatifs des changements qualitatifs. Par exemple, l'eau chauffée à 99°C subit des transformations considérables, mais elle reste de l'eau. C'est un changement quantitatif. Par contre, à 100°C, l'eau se transforme en vapeur et ce changement d'état est un changement qualitatif. En ce qui nous concerne, lorsque les forces productives connaissent un développement important, on peut parler de changement quantitatif. Mais, lorsque ces changements atteignent un degré tel qu'ils renversent les rapports de production établis, on doit parler de saut qualitatif. Ce changement n'est pas toujours graduel, ni pacifique car dans les sociétés humaines, il s'opère via des révolutions, des guerres ou des bouleversements sociaux importants.
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La révolution sociale, telle que nous la comprenons, est donc un changement qualitatif. Par exemple, on peut citer le passage du mode de production féodal au mode de production capitaliste. La révolution française en est l'exemple classique: au sein de la société féodale, les forces de production se développaient sans cesse, prenant un caractère capitaliste (développement de la manufacture, des machines, etc.). Mais ces forces de production, de plus en plus capitalistes, entraient en contradiction avec les rapports sociaux de production féodaux car ces derniers, non-adaptés, restreignaient les nouvelles capacités de développement. La classe bourgeoise, bénéficiaire de cette évolution, devait donc rompre et abolir les rapports sociaux féodaux (servage, etc.) pour pouvoir pleinement développer sa richesse. Il fallait donc renverser le pouvoir politique de l'aristocratie pour que le pouvoir économique de la bourgeoisie se développe pleinement. D'où la fameuse révolution de 1789.  
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La révolution sociale, telle que nous la comprenons, est donc un changement qualitatif. Par exemple, on peut citer le passage du mode de production féodal au mode de production capitaliste. La révolution française en est l'exemple classique: au sein de la société féodale, les forces de production se développaient sans cesse, prenant un caractère capitaliste (développement de la manufacture, des machines, etc.). Mais ces forces de production, de plus en plus capitalistes, entraient en contradiction avec les rapports sociaux de production féodaux car ces derniers, non-adaptés, restreignaient les nouvelles capacités de développement. La classe bourgeoise, bénéficiaire de cette évolution, devait donc rompre et abolir les rapports sociaux féodaux (servage, etc.) pour pouvoir pleinement développer sa richesse. Il fallait donc renverser le pouvoir politique de l'aristocratie pour que le pouvoir économique de la bourgeoisie se développe pleinement. D'où la fameuse révolution de 1789.
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La société capitaliste n'est pas moins instable que celles qui l'ont précédé, mais certainement davantage. Les [[Contradictions du capitalisme|contradictions du capitalisme]] sont la base objective de la nécessité du [[Communisme|communisme]].<br>
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La société capitaliste n'est pas moins instable que celles qui l'ont précédé, mais certainement davantage. Les [[Contradictions_du_capitalisme|contradictions du capitalisme]] sont la base objective de la nécessité du [[Communisme|communisme]].
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== Quelques idées reçues  ==
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== Perspective communiste ==
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=== Déterminisme économique&nbsp;?  ===
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Dans les écrits du jeune Marx (1844), on trouve une grande insistance sur le fait que le communisme est un aboutissement [[dialectique|dialectique]] de nombreuses contradictions qui traversent l'homme et la société :
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<blockquote>
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«&nbsp;Le communisme, abolition positive de la propriété privée (elle-même aliénation humaine de soi) et par conséquent appropriation réelle de l’essence humaine par l’homme et pour l’homme&nbsp;; donc retour total de l’homme pour-soi en tant qu’homme social, c’est-à-dire humain, retour conscient et qui s’est opéré en conservant toute la richesse du développement antérieur. Ce communisme en tant que naturalisme achevé – humanisme, en tant qu’humanisme achevé = naturalisme&nbsp;; il est la vraie solution de l’antagonisme entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’homme, la vraie solution de la lutte entre existence et essence, entre objectivation et affirmation de soi, entre liberté et nécessité, entre individu et genre. Il est l’énigme résolue de l’histoire et se reconnaît comme cette solution.&nbsp;»<ref>Karl Marx, Manuscrits de 1844</ref>
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</blockquote>
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Le matérialisme historique n'est pas un vulgaire [[Économisme|déterminisme économique]] qui prétendrait que tel état des forces productives implique mécaniquement tel état de conscience sociale. Il doit plutôt être considéré comme un déterminisme socio-économique, car il considère que l'[[Infrastructure et superstructure|infrastructure et la superstructure]] sont en intéraction permanente et [[Dialectique|dialectique]]. En revanche il est clair que nous rejetons comme [[Idéaliste|idéaliste]] -à double titre- l'idée de [[Libre-arbitre|libre-arbitre]] total.<br>
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<blockquote>"Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants."<ref>[http://www.marxists.org/francais/marx/works/1851/12/brum3.htm Le 18 brumaire de L. Bonaparte], [[Karl Marx]], 1851</ref> </blockquote>
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=== Historicisme&nbsp;?<br>  ===
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Le matérialisme historique est régulièrement accusé d'être un affreux [[Historicisme|historicisme]], c'est-à-dire un discours consistant pour les [[Marxisme|marxistes]] à faire dire à l'[[Histoire|histoire]] ce qui les arrange. Les mêmes considèrent souvent que l'on ne doit pas être "militant" si l'on veut contribuer objectivement à une science. L'ennui dans cette thèse est que si "l'histoire est écrite par les vainqueurs", se contenter de reprendre ce qui a été dit revient à se mouler dans l'[[Idéologie dominante|idéologie dominante]].<br>
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== Quelques idées reçues ==
<blockquote>"Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de boule­ver­se­ment sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle"<ref>[http://www.marxists.org/francais/marx/works/1859/01/km18590100b.htm Critique de l'économie politique, Préface] [[Karl Marx]], 1859</ref> </blockquote>
  −
Cela ne signifie pas que le matérialisme historique puisse affirmer tout et n'importe quoi. En tant que modèle scientifique, il propose des explications qui ont dores et déjà montré une cohérence remarquable pour une science qui s'intéresse à un sujet aussi complexe que l'histoire des sociétés humaines. Un modèle peut être critiqué sur ses hypothèses et peut toujours être affiné, mais c'est rejeter en bloc l'idée de modèle sans rentrer des les détails qui est réactionnaire en science, pas son étude.
     −
=== Millénarisme&nbsp;? ===
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=== Déterminisme économique&nbsp;? ===
   −
Certains raillent la perspective donnée par le matérialisme historique d'une société sans classes, y voyant une simple influence de la promesse chrétienne d'un paradis. Toutefois, qu'ils soient [[Conservatisme|conservateurs]] ou [[Réformisme|réformistes]] de gauche, ils n'expliquent pas concrètement en quoi ce ne serait pas crédible, étant données les [[Contradictions du capitalisme|contradictions du capitalisme]] et le niveau actuel de la socialisation de la production. Et la nouveauté historique majeure, c'est que la seule classe susceptible de prendre le pouvoir, la [[Classe ouvrière|classe ouvrière]], ne peut pas devenir une classe dominante dans le cadre du système actuel. Et si elle abolit le capitalisme, c'est-à-dire rend la propriété des moyens de production sociale, elle abolit par là même les classes. Ce ne serait pas la "[[Fin de l'histoire|fin de l'histoire]]", comme ironisent certains, mais la fin d'un type d'histoire assez archaïque, caractérisé par la domination d'hommes sur d'autres hommes.  
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Le matérialisme historique n'est pas un vulgaire [[Économisme|déterminisme économique]] qui prétendrait que tel état des forces productives implique mécaniquement tel état de conscience sociale. Il doit plutôt être considéré comme un déterminisme socio-économique, car il considère que l'[[Infrastructure_et_superstructure|infrastructure et la superstructure]] sont en intéraction permanente et [[Dialectique|dialectique]]. En revanche il est clair que nous rejetons comme [[Idéaliste|idéaliste]] -à double titre- l'idée de [[Libre-arbitre|libre-arbitre]] total.
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<blockquote>"Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants."<ref>[http://www.marxists.org/francais/marx/works/1851/12/brum3.htm Le 18 brumaire de L. Bonaparte], [[Karl Marx]], 1851</ref></blockquote>
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=== Historicisme&nbsp;? ===
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== Notes et sources ==
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Le matérialisme historique est régulièrement accusé d'être un affreux [[Historicisme|historicisme]], c'est-à-dire un discours consistant pour les [[Marxisme|marxistes]] à faire dire à l'[[Histoire|histoire]] ce qui les arrange. Les mêmes considèrent souvent que l'on ne doit pas être "militant" si l'on veut contribuer objectivement à une science. L'ennui dans cette thèse est que si "l'histoire est écrite par les vainqueurs", se contenter de reprendre ce qui a été dit revient à se mouler dans l'[[Idéologie_dominante|idéologie dominante]].
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<blockquote>"Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de boule­ver­se­ment sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle"<ref>[http://www.marxists.org/francais/marx/works/1859/01/km18590100b.htm Critique de l'économie politique, Préface] [[Karl Marx]], 1859</ref></blockquote>
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Cela ne signifie pas que le matérialisme historique puisse affirmer tout et n'importe quoi. En tant que modèle scientifique, il propose des explications qui ont dores et déjà montré une cohérence remarquable pour une science qui s'intéresse à un sujet aussi complexe que l'histoire des sociétés humaines. Un modèle peut être critiqué sur ses hypothèses et peut toujours être affiné, mais c'est rejeter en bloc l'idée de modèle sans rentrer des les détails qui est réactionnaire en science, pas son étude.
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=== Millénarisme&nbsp;? ===
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Certains raillent la perspective donnée par le matérialisme historique d'une société sans classes, y voyant une simple influence de la promesse chrétienne d'un paradis. Toutefois, qu'ils soient [[Conservatisme|conservateurs]] ou [[Réformisme|réformistes]] de gauche, ils n'expliquent pas concrètement en quoi ce ne serait pas crédible, étant données les [[Contradictions_du_capitalisme|contradictions du capitalisme]] et le niveau actuel de la socialisation de la production. Et la nouveauté historique majeure, c'est que la seule classe susceptible de prendre le pouvoir, la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]], ne peut pas devenir une classe dominante dans le cadre du système actuel. Et si elle abolit le capitalisme, c'est-à-dire rend la propriété des moyens de production sociale, elle abolit par là même les classes. Ce ne serait pas la "[[Fin_de_l'histoire|fin de l'histoire]]", comme ironisent certains, mais la fin d'un type d'histoire assez archaïque, caractérisé par la domination d'hommes sur d'autres hommes.
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== Notes et sources ==
    
[[Plékhanov|Plékhanov]], [http://www.marxists.org/francais/plekhanov/works/1904/00/plekhanov_19040000.htm ''La conception matérialiste de l'histoire''], 1904
 
[[Plékhanov|Plékhanov]], [http://www.marxists.org/francais/plekhanov/works/1904/00/plekhanov_19040000.htm ''La conception matérialiste de l'histoire''], 1904
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[[Catégorie:Théorie]] [[Catégorie:Histoire]]
 
[[Catégorie:Théorie]] [[Catégorie:Histoire]]

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