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En 1926, le [[Secours_rouge_international|Secours rouge international]] est créé pour être la « Croix-Rouge du peuple » : en France ce sont les communistes ou des intellectuels proches ([[Henri_Barbusse|Henri Barbusse]], [[Romain_Rolland|Romain Rolland]]...) qui y contribuent le plus activement. L’association organise la solidarité à l’égard des prisonniers et déportés. Dès cette période, elle développe des activités sociales destinées aux enfants démunis : colonies de vacances, aide aux enfants des chômeurs...
 
En 1926, le [[Secours_rouge_international|Secours rouge international]] est créé pour être la « Croix-Rouge du peuple » : en France ce sont les communistes ou des intellectuels proches ([[Henri_Barbusse|Henri Barbusse]], [[Romain_Rolland|Romain Rolland]]...) qui y contribuent le plus activement. L’association organise la solidarité à l’égard des prisonniers et déportés. Dès cette période, elle développe des activités sociales destinées aux enfants démunis : colonies de vacances, aide aux enfants des chômeurs...
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En 1924, aux élections législatives, le Parti obtient 9,82 % des suffrages et 26 députés.
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En 1924, aux élections législatives, le Parti obtient 9,82&nbsp;% des suffrages et 26 députés.<gallery widths="350" heights="280">
 
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=== L'épisode anti-impérialiste ===
 
=== L'épisode anti-impérialiste ===
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Le combat [[Anti-militarisme|anti-militariste]] et [[Anti-impérialisme|anti-impérialiste]] est alors très présent. Un groupe autour de Nguyễn Ái Quốc (le futur [[Ho_Chi_Minh|<span class="new">Ho Chi Minh</span>]]) fut très impliqué dans l’organisation des travailleurs d’origine coloniale vivant en France – l’[[Union_intercoloniale|Union intercoloniale]]<ref>[http://www.contretemps.eu/interventions/politiques-antimilitaristes-anticoloniales-internationale-communiste-1919-1926 Politiques antimilitaristes et anticoloniales de l’Internationale communiste (1919-1926)], Ian Birchall, 2012</ref>. A partir d’avril 1922, une publication spécifique fut lancée&nbsp;: ''[[Le_Paria|Le Paria]]<ref>Ian Birchall, ''[http://www.contretemps.eu/le-paria-le-parti-communiste-francais-les-travailleurs-immigres-et-lanti-imperialisme-1920-24/ « Le Paria ». Le Parti communiste français, les travailleurs immigrés, et l’anti-impérialisme (1920-24)]'', Revue Contretemps, 2011</ref>.''&nbsp;En mai 1924, la SFIC présenta [[Hadjali_Abdelkader|Hadjali Abdelkader]] comme candidat aux élections parlementaires pour le deuxième secteur de Paris (il était un des rares maghrébins qui avait la citoyenneté française). Parmi ceux qui assistèrent à une de ses réunions électorales, un jeune ouvrier de chez Renault&nbsp;: [[Messali_Hadj|Messali Hadj]]. Hadjali fit une très forte impression sur lui, et leur amitié se noua à cette occasion. L’année suivante Messali devint membre du parti communiste. En 1926, Messali et Hadjali fondèrent l’Étoile Nord-Africaine, le premier grand mouvement pour l’indépendance de l’Algérie. Des manifestations contre la [[Guerre_du_Rif|guerre du Rif]] seront organisées par le parti en 1925... Les deux grandes guerres de libération nationale qui ont secoué la France après 1945 – l’Indochine et l’Algérie – ont eu leurs origines dans les milieux communistes à Paris dans les années 1920.
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Le combat [[Anti-militarisme|anti-militariste]] et [[Anti-impérialisme|anti-impérialiste]] est alors très présent. Un groupe autour de Nguyễn Ái Quốc (le futur [[Ho_Chi_Minh|<span class="new">Ho Chi Minh</span>]]) fut très impliqué dans l’organisation des travailleurs d’origine coloniale vivant en France – l’[[Union_intercoloniale|Union intercoloniale]]<ref>[http://www.contretemps.eu/interventions/politiques-antimilitaristes-anticoloniales-internationale-communiste-1919-1926 Politiques antimilitaristes et anticoloniales de l’Internationale communiste (1919-1926)], Ian Birchall, 2012</ref>. A partir d’avril 1922, une publication spécifique fut lancée&nbsp;: ''[[Le_Paria|Le Paria]]<ref>Ian Birchall, ''[http://www.contretemps.eu/le-paria-le-parti-communiste-francais-les-travailleurs-immigres-et-lanti-imperialisme-1920-24/ « Le Paria ». Le Parti communiste français, les travailleurs immigrés, et l’anti-impérialisme (1920-24)]'', Revue Contretemps, 2011</ref>.''&nbsp;En mai 1924, la SFIC présenta [[Hadjali_Abdelkader|Hadjali Abdelkader]] comme candidat aux élections parlementaires pour le deuxième secteur de Paris (il était un des rares maghrébins qui avait la citoyenneté française). Parmi ceux qui assistèrent à une de ses réunions électorales, un jeune ouvrier de chez Renault&nbsp;: [[Messali_Hadj|Messali Hadj]]. Hadjali fit une très forte impression sur lui, et leur amitié se noua à cette occasion. L’année suivante Messali devint membre du parti communiste. En 1926, Messali et Hadjali fondèrent l’Étoile Nord-Africaine, le premier grand mouvement pour l’indépendance de l’Algérie. Des manifestations contre la [[Guerre_du_Rif|guerre du Rif]] seront organisées par le parti en 1925... Les deux grandes guerres de libération nationale qui ont secoué la France après 1945 – l’Indochine et l’Algérie – ont eu leurs origines dans les milieux communistes à Paris dans les années 1920.<gallery widths="350" heights="280">
 
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Fichier:AfficheSFICanti-coloniale.png
Le parti est encore malgré tout très imprégné des préjugés [[Social-chauvins|social-chauvins]], y compris ses dirigeants comme [[Ludovic-Oscar_Frossard|Frossart]] et [[Marcel_Cachin|Cachin]].<ref>Selim Nadi, [http://www.contretemps.eu/anticolonialisme-pcf/ ''Sur l’anticolonialisme et les communistes français (1919-1939)''], Revue Contretemps, 2016</ref> Une déclaration du [[Bulletin_Communiste|''Bulletin Communiste'']] du 14 février 1922 affirme que les peuples colonisés ne pourront pas s'émanciper par eux-mêmes car ils n'ont pas de ''«&nbsp;passé révolutionnaire&nbsp;»'' et annonce la création d'un Comité d'études coloniales (CEC). La section de Sidi Bel Abbès (une des plus importantes en Algérie) provoqua des remous en écrivant une lettre à la direction du parti déclarant son désaccord total avec la ligne de Moscou et affirmant que si les indigènes se révoltaient l'Algérie sombrerait dans un régime féodal. Une attitude que [[Trotski|Trotski]] qualifia de «&nbsp;point de vue purement esclavagiste&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1922/12/lt19221202.htm Résolution sur la question française]'', décembre 1922</ref>. Même la mobilisation du parti contre la guerre du Rif n'associe pas réellement les travailleurs tunisiens.
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</gallery>Le parti est encore malgré tout très imprégné des préjugés [[Social-chauvins|social-chauvins]], y compris ses dirigeants comme [[Ludovic-Oscar_Frossard|Frossart]] et [[Marcel_Cachin|Cachin]].<ref>Selim Nadi, [http://www.contretemps.eu/anticolonialisme-pcf/ ''Sur l’anticolonialisme et les communistes français (1919-1939)''], Revue Contretemps, 2016</ref> Une déclaration du [[Bulletin_Communiste|''Bulletin Communiste'']] du 14 février 1922 affirme que les peuples colonisés ne pourront pas s'émanciper par eux-mêmes car ils n'ont pas de ''«&nbsp;passé révolutionnaire&nbsp;»'' et annonce la création d'un Comité d'études coloniales (CEC). La section de Sidi Bel Abbès (une des plus importantes en Algérie) provoqua des remous en écrivant une lettre à la direction du parti déclarant son désaccord total avec la ligne de Moscou et affirmant que si les indigènes se révoltaient l'Algérie sombrerait dans un régime féodal. Une attitude que [[Trotski|Trotski]] qualifia de «&nbsp;point de vue purement esclavagiste&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1922/12/lt19221202.htm Résolution sur la question française]'', décembre 1922</ref>. Même la mobilisation du parti contre la guerre du Rif n'associe pas réellement les travailleurs tunisiens.
    
C'est une minorité qui est motrice sur ces sujets, mais elle a l'appui de l'[[Internationale_communiste|Internationale]]. En Afrique du nord, le mouvement communiste était organisé par des Français qui vivaient sur place et le nombre des membres autochtones était peu important. Le 24 septembre 1922, un rapport fut adopté à l’unanimité par le 2<sup>e</sup> Congrès Interfédéral Communiste de l’Afrique du Nord, et disait que ''«&nbsp;ce qui caractérise la masse indigène, c’est son ignorance. C’est, avant tout, le principal obstacle à son émancipation&nbsp;»''.&nbsp;Envisagée ainsi, ''«&nbsp;l’émancipation des populations indigènes d’Algérie ne pourra être que la conséquence de la Révolution en France&nbsp;»''. «&nbsp;La propagande communiste directe auprès des indigènes algériens [...] est ''actuellement'' inutile et dangereuse.&nbsp;»<ref>Bulletin communiste du 7 et 14 décembre 1922</ref> Le parti a par ailleurs une grande faiblesse théorique sur la question de l'impérialisme, et par exemple connaît à peine les élaborations de Lénine.
 
C'est une minorité qui est motrice sur ces sujets, mais elle a l'appui de l'[[Internationale_communiste|Internationale]]. En Afrique du nord, le mouvement communiste était organisé par des Français qui vivaient sur place et le nombre des membres autochtones était peu important. Le 24 septembre 1922, un rapport fut adopté à l’unanimité par le 2<sup>e</sup> Congrès Interfédéral Communiste de l’Afrique du Nord, et disait que ''«&nbsp;ce qui caractérise la masse indigène, c’est son ignorance. C’est, avant tout, le principal obstacle à son émancipation&nbsp;»''.&nbsp;Envisagée ainsi, ''«&nbsp;l’émancipation des populations indigènes d’Algérie ne pourra être que la conséquence de la Révolution en France&nbsp;»''. «&nbsp;La propagande communiste directe auprès des indigènes algériens [...] est ''actuellement'' inutile et dangereuse.&nbsp;»<ref>Bulletin communiste du 7 et 14 décembre 1922</ref> Le parti a par ailleurs une grande faiblesse théorique sur la question de l'impérialisme, et par exemple connaît à peine les élaborations de Lénine.
 
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[[Fichier:Affiche anti communiste immigrés 1928.jpg|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Affiche%20anti%20communiste%20immigr%C3%A9s%201928.jpg|vignette|381x381px|Dans ces années-là, l'engagement du parti communiste auprès des travailleur·ses immigré·es lui valait des attaques racistes de la droite (Affiche de 1928)]]
 
Heureusement, il y avait en Afrique du nord d’authentiques internationalistes, en particulier [[Robert_Louzon|Robert Louzon]], secrétaire de la Fédération communiste tunisienne, laquelle lança en 1921 le premier quotidien communiste en langue arabe. Au bout de huit jours, le journal fut interdit. Pendant une dizaine de jours, de nouveaux quotidiens en arabe furent lancés, chaque jour sous un titre différent&nbsp;; tous furent interdits immédiatement. Dans un article intitulé ''Une Honte''<ref>http://www.contretemps.eu/lectures/gauche-fran%C3%A7aise-colonialisme-%C2%AB-honte-%C2%BB-robert-louzon</ref>, Louzon condamna la résolution. Il insistait sur le fait qu’''«&nbsp;il n’y a pas d’équivalence entre le nationalisme d’un peuple oppresseur dont le nationalisme consiste à opprimer un autre peuple, et le nationalisme d’un peuple opprimé dont le nationalisme ne tend qu’à se débarrasser du peuple oppresseur&nbsp;»''. Il ajoute que le communiste européen ''«&nbsp;ne doit pas se croire supérieur à l’indigène parce qu’il porte un chapeau au lieu d’un fez&nbsp;»''.
 
Heureusement, il y avait en Afrique du nord d’authentiques internationalistes, en particulier [[Robert_Louzon|Robert Louzon]], secrétaire de la Fédération communiste tunisienne, laquelle lança en 1921 le premier quotidien communiste en langue arabe. Au bout de huit jours, le journal fut interdit. Pendant une dizaine de jours, de nouveaux quotidiens en arabe furent lancés, chaque jour sous un titre différent&nbsp;; tous furent interdits immédiatement. Dans un article intitulé ''Une Honte''<ref>http://www.contretemps.eu/lectures/gauche-fran%C3%A7aise-colonialisme-%C2%AB-honte-%C2%BB-robert-louzon</ref>, Louzon condamna la résolution. Il insistait sur le fait qu’''«&nbsp;il n’y a pas d’équivalence entre le nationalisme d’un peuple oppresseur dont le nationalisme consiste à opprimer un autre peuple, et le nationalisme d’un peuple opprimé dont le nationalisme ne tend qu’à se débarrasser du peuple oppresseur&nbsp;»''. Il ajoute que le communiste européen ''«&nbsp;ne doit pas se croire supérieur à l’indigène parce qu’il porte un chapeau au lieu d’un fez&nbsp;»''.
  

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