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Le 4<sup>e</sup> congrès eut lieu à Londres, du 21 juillet au 1<sup>er</sup> août 1896. Il y eut un grand nombre de délégués (782), mais la moitié étaient des britanniques (dont une forte représentation de la [[Fabian Society]]). Un seul pays non européen fut représenté (les États-Unis). La Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne étaient de loin les plus représentées, mais certains petits pays  comme la Suisse et la Belgique avaient une délégation notable, avec respectivement 12 et 19 délégués.
 
Le 4<sup>e</sup> congrès eut lieu à Londres, du 21 juillet au 1<sup>er</sup> août 1896. Il y eut un grand nombre de délégués (782), mais la moitié étaient des britanniques (dont une forte représentation de la [[Fabian Society]]). Un seul pays non européen fut représenté (les États-Unis). La Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne étaient de loin les plus représentées, mais certains petits pays  comme la Suisse et la Belgique avaient une délégation notable, avec respectivement 12 et 19 délégués.
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Au congrès de Londres en 1896, beaucoup d'anarchistes sont présents (dont [[Errico Malatesta|Malatesta]] et [[w:Christiaan Cornelissen|Cornelissen]]), mais se font exclure par la majorité autour des marxistes allemands. Un certain nombre de socialistes, bien que non anarchistes, protestent contre ce qu'ils voient comme l'intolérance de la majorité ([[Keir Hardie]], [[Tom Mann]], [[William Morris]]...).<ref>George Woodcock (1962). ''Anarchism: A History of Libertarian Ideas and Movements''. pp. 263–264.</ref>  
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Au congrès de Londres en 1896, beaucoup d'anarchistes sont présents (dont [[Errico Malatesta|Malatesta]] et [[w:Christiaan Cornelissen|Cornelissen]]), mais se font exclure par la majorité autour des marxistes allemands. Un certain nombre de socialistes ([[Keir Hardie]], [[Tom Mann]], [[William Morris]]...), bien que non anarchistes, protestent contre ce qu'ils voient comme l'intolérance de la majorité autour des marxistes allemands.<ref>George Woodcock (1962). ''Anarchism: A History of Libertarian Ideas and Movements''. pp. 263–264.</ref> Parmi ces derniers, [[Karl Kautsky]] est considéré comme le principal théoricien  depuis la mort d'Engels en 1895.
    
Le congrès proclame que les partis et les syndicats doivent tendre à l'unité la plus complète. Mais suite à ce congrès, une grande partie des [[syndicats]] refuse l'adhésion directe à l'Internationale, à commencer par ceux qui sont le plus en désaccord idéologique, comme la [[CGT (France)|CGT]] française (alors [[anarcho-syndicaliste]]) et le [[Trades Union Congress|TUC]] anglais. Mais plus largement, la tendance est à une organisation séparée entre syndicats et partis.
 
Le congrès proclame que les partis et les syndicats doivent tendre à l'unité la plus complète. Mais suite à ce congrès, une grande partie des [[syndicats]] refuse l'adhésion directe à l'Internationale, à commencer par ceux qui sont le plus en désaccord idéologique, comme la [[CGT (France)|CGT]] française (alors [[anarcho-syndicaliste]]) et le [[Trades Union Congress|TUC]] anglais. Mais plus largement, la tendance est à une organisation séparée entre syndicats et partis.
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===Congrès de Stuttgart (1907)===
 
===Congrès de Stuttgart (1907)===
 
{{See also|w:Congrès international socialiste (1907){{!}}Congrès international socialiste de 1907 (Wikipédia)}}
 
{{See also|w:Congrès international socialiste (1907){{!}}Congrès international socialiste de 1907 (Wikipédia)}}
Le Congrès de Stuttgart a lieu entre le 18 et le 24 août 1907 dans la plus grande salle de Stuttgart, et une foule de cinquante mille personnes participa à la manifestation qui marqua son ouver­ture. Avec 886 délégués venant de 25 pays (dont l'Argentine, l'Inde, l'Australie, le Japon, l'Afrique du Sud...) et 5 continents, le congrès est encore plus international que le précédent.
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Le 7<sup>e</sup> Congrès a lieu entre le 18 et le 24 août 1907 dans la plus grande salle de Stuttgart, et une foule de cinquante mille personnes participa à la manifestation qui marqua son ouver­ture. Avec 886 délégués venant de 25 pays (dont l'Argentine, l'Inde, l'Australie, le Japon, l'Afrique du Sud...) et 5 continents, le congrès est encore plus international que le précédent.
    
Parmi les membres notables figuraient Clara Zetkin, Rosa Luxemburg, August Bebel, Jaurès, Karl Liebknecht, Gustave Hervé, Ramsey Macdonald, Eduard Bernstein et Lénine.<gallery widths="350" heights="220">
 
Parmi les membres notables figuraient Clara Zetkin, Rosa Luxemburg, August Bebel, Jaurès, Karl Liebknecht, Gustave Hervé, Ramsey Macdonald, Eduard Bernstein et Lénine.<gallery widths="350" heights="220">
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===Congrès de Copenhague (1910)===
 
===Congrès de Copenhague (1910)===
 
{{See also|wen:International Socialist Congress, Copenhagen 1910{{!}}International Socialist Congress, Copenhagen 1910 (Wikipédia en anglais)}}
 
{{See also|wen:International Socialist Congress, Copenhagen 1910{{!}}International Socialist Congress, Copenhagen 1910 (Wikipédia en anglais)}}
Le congrès réaffirme que «&nbsp;''les guerres ne sont actuellement causées que par le capitalisme et particulièrement par la concurrence économique internationale des Etats capitalistes sur le marché du monde…''&nbsp;», la solution passe donc par la révolution socialiste, car «&nbsp;''la chute du capitalisme signifie la paix universelle''&nbsp;&nbsp;».
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Le 9<sup>e</sup> congrès se tient entre le 28 août et le 3 septembre 1910, à Copenhague, qui est alors aux mains d'une municipalité [[Social-démocratie (Danemark)|social-démocrate]]. La cérémonie d'ouverture est grandiose avec une cantate écrite spécialement pour le congrès par le délégué [[A.C. Meyer]]. 33 pays sont représentés avec 896 délégué·es, de nombreux Allemands et Russes (dont [[Lénine]], [[Gueorgui Plekhanov|Plékhanov]] et [[Anatoli Lounatcharski|Lounatcharski]]).
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Cinq commissions furent mises en place pour discuter et rédiger des résolutions sur les tâches de la classe ouvrière, la lutte contre la guerre, la législation du travail et la [[peine de mort]]. De nombreuses discussions ont également eu lieu sur les luttes socialistes en Finlande, en Argentine et en Perse. L'Argentine était sur le point de mettre en place le suffrage universel masculin (les radicaux remporteraient les premières élections en 1912), tandis que la Finlande était un sujet de débat animé en raison des revendications croissantes de nombreux libéraux et socialistes pour leur indépendance vis-à-vis de la Russie. La Perse méritait l'attention en raison de l'activité politique créée par la nouvelle assemblée constitutionnelle et de la relégation du rôle du monarque à un rôle constitutionnel.
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Les décisions de 1907 sont réaffirmées. Le congrès réaffirme que «&nbsp;''les guerres ne sont actuellement causées que par le capitalisme et particulièrement par la concurrence économique internationale des États capitalistes sur le marché du monde…''&nbsp;», la solution passe donc par la révolution socialiste, car «&nbsp;''la chute du capitalisme signifie la paix universelle''&nbsp;&nbsp;». Le congrès appelait également  les travailleurs à faire pression sur leurs gouvernements respectifs pour qu'ils réduisent les armements et règlent les conflits par l'arbitrage.
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=== La menace de la guerre ===
 
En 1911, alors que la France et l’Allemagne s’affrontent diplomatiquement, à Berlin comme à Paris des foules ouvrières acclament les orateurs socialistes. Comme [[August_Bebel|August Bebel]], fondateur du parti socialiste allemand, député au Reichstag, qui menace ainsi les classes dirigeantes&nbsp;: «&nbsp;J''e suis convaincu que cette grande guerre mondiale (à venir) sera suivie d’une révolution mondiale. Vous récolterez ce que vous avez semé. Le crépuscule des Dieux approche pour le régime bourgeois ''».
 
En 1911, alors que la France et l’Allemagne s’affrontent diplomatiquement, à Berlin comme à Paris des foules ouvrières acclament les orateurs socialistes. Comme [[August_Bebel|August Bebel]], fondateur du parti socialiste allemand, député au Reichstag, qui menace ainsi les classes dirigeantes&nbsp;: «&nbsp;J''e suis convaincu que cette grande guerre mondiale (à venir) sera suivie d’une révolution mondiale. Vous récolterez ce que vous avez semé. Le crépuscule des Dieux approche pour le régime bourgeois ''».
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L’année suivante, en 1912 la guerre éclate dans les Balkans, région où l’Autriche et la Russie sont en concurrence. La première est la «&nbsp;protectrice&nbsp;» de la Bulgarie, et la seconde soutient la Serbie . Le Bureau de l’Internationale appelle ses sections à organiser le dimanche 17 novembre 1912 une démonstration de force des travailleurs contre l’extension de la guerre balkanique. De grandes manifestations se déroulent alors à Londres, Berlin, Milan, Rome et Strasbourg (territoire allemand). Elles sont le prélude du Congrès extraordinaire de Bâle qui se tient les 24 et 25 novembre suivants.
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L’année suivante, en 1912 la [[w:Première guerre balkanique|guerre éclate dans les Balkans]], région où l’Autriche et la Russie sont en concurrence. La première est la «&nbsp;protectrice&nbsp;» de la Bulgarie, et la seconde soutient la Serbie. Le Bureau de l’Internationale appelle ses sections à organiser le dimanche 17 novembre 1912 une démonstration de force des travailleurs contre l’extension de la guerre balkanique. De grandes manifestations se déroulent alors à Londres, Berlin, Milan, Rome et Strasbourg (territoire allemand).  
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Mais ce conflit local se déroule sur fond de montée de l'hostilité nationale entre la Grande-Bretagne et l’Empire allemand, ce qui était étroitement lié à l'essor rapide du [[Impérialisme allemand|capitalisme allemand]], qui faisait de l'ombre à l'[[hégémonie britannique]]. Les deux puissances étaient engagées dans une véritable course aux armements.
    
===Congrès de Bâle (1912)===
 
===Congrès de Bâle (1912)===
{{See also|wde:Internationaler Sozialistenkongress (1912){{!}}Internationaler Sozialistenkongress 1912 (Wikipédia en allemand)}}
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{{See also|wde:Internationaler Sozialistenkongress (1912){{!}}Internationaler Sozialistenkongress 1912 (Wikipédia en allemand)}}En raison du risque de guerre, un Congrès extraordinaire est convoqué les 24 et 25 novembre 1912. Il est organisé par le [[parti socialiste suisse]] et a lieu dans la cathédrale de Bâle (Suisse). 50 délégués de 23 nations différentes y ont directement participé et plus de 10 000 personnes y ont assisté. Parmi les délégués notables figuraient [[Jean Jaurès|Jaurès]], [[Rosa Luxemburg|Luxemburg]], [[Lénine]], [[Karl Kautsky|Kautsky]] et [[Karl Liebknecht]] (récemment élu au Reichstag allemand).
[[Fichier:Affiche Congrès de Bâle 1912.jpg|right|277x449px]]  
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Les délégués et le public, réunis dans la cathédrale, sont suspendus aux lèvres d’un des plus grands orateurs&nbsp;: [[Jaurès|Jaurès]], le leader du parti socialiste français. Il prononce alors un de ses plus célèbres discours&nbsp;:
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Le congrès exhortait les États des Balkans à s’unir pour résister à l’impérialisme austro-hongrois, mais ajoutait également que « le plus grand danger pour la paix de l’Europe est l’hostilité artificiellement cultivée entre la Grande-Bretagne et l’Empire allemand ».  Le congrès appelait également les socialistes d'Autriche-Hongrie et d'Italie à s'opposer à toute tentative de ces deux pays d'annexer ou d'envahir les États des Balkans.[[Fichier:Affiche Congrès de Bâle 1912.jpg|right|277x449px]]  
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Les délégués et le public sont suspendus aux lèvres d’un des plus grands orateurs&nbsp;: [[Jaurès|Jaurès]], le leader du parti socialiste français. Il prononce alors un de ses plus célèbres discours&nbsp;:
 
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«&nbsp;J’appelle les vivants pour qu’ils se défendent contre le monstre qui apparaît à l’horizon&nbsp;; je pleure sur les morts innombrables couchés là-bas vers l’Orient et dont la puanteur arrive jusqu’à nous comme un remords&nbsp;; je briserai les foudres de guerre qui menacent dans les nuées. Oui, j’ai entendu cette parole d’espérance. Mais cela ne suffit pas pour empêcher la guerre. Il faudra toute l’action concordante du prolétariat mondial.&nbsp;»
 
«&nbsp;J’appelle les vivants pour qu’ils se défendent contre le monstre qui apparaît à l’horizon&nbsp;; je pleure sur les morts innombrables couchés là-bas vers l’Orient et dont la puanteur arrive jusqu’à nous comme un remords&nbsp;; je briserai les foudres de guerre qui menacent dans les nuées. Oui, j’ai entendu cette parole d’espérance. Mais cela ne suffit pas pour empêcher la guerre. Il faudra toute l’action concordante du prolétariat mondial.&nbsp;»
 
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Le congrès réaffirma les positions prises à Stuttgart puis Copenhague. Les socialistes avaient pour devoir de « déployer tous les efforts possibles pour empêcher le déclenchement de la guerre par les moyens qu'ils considèrent les plus efficaces ». Dans l'éventualité où la guerre éclaterait, ils devaient continuer à lutter et s'efforcer d'utiliser la crise engendrée pour précipiter la chute du capitalisme.
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Le 25 novembre, les délégués approuvent à l’unanimité le Manifeste qui s’adresse tant aux travailleurs qu’aux dirigeants:
 
Le 25 novembre, les délégués approuvent à l’unanimité le Manifeste qui s’adresse tant aux travailleurs qu’aux dirigeants:
 
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Le rapporteur clôt alors le Congrès extraordinaire en lançant le fameux «&nbsp;Guerre à la guerre&nbsp;», puis la salle entonne les [[Chants_révolutionnaires|chants révolutionnaires]] dont [[L'Internationale_(chanson)|L’Internationale]].
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Le rapporteur clôt alors le Congrès extraordinaire en lançant le fameux «&nbsp;Guerre à la guerre&nbsp;», puis la salle entonne les [[Chants_révolutionnaires|chants révolutionnaires]] dont [[L'Internationale_(chanson)|''L’Internationale'']]. L'écrivain  Louis Aragon a décrit ce moment dans son roman ''[[w:Les Cloches de Bâle|Les Cloches de Bâle]]''.
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Lénine rappellera souvent le Manifeste de Bâle  pour souligner la trahison de Kautsky. Après Bâle, certains socialistes apparaissent moins fermes dans leur opposition à la guerre, comme Kautsky qui dira « l'attitude de l'Internationale à l'égard de la guerre n'a pas encore été définie ».
    
==La guerre de 1914 et l'Union sacrée==
 
==La guerre de 1914 et l'Union sacrée==

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