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===Le libéralisme progressiste===
 
===Le libéralisme progressiste===
Le libéralisme s'est historiquement construit contre l'[[absolutisme]] royal. Il était porté par certains nobles luttant pour plus d'autonomie face à la royauté (de façon très opportuniste puisqu'ils tenaient fermement à leur pouvoir arbitraire dans leurs fiefs) et par la [[bourgeoisie]] montante.[[Fichier:1868, Mugeres célebres de España y Portugal, Mariana Pineda, AB196 0595 (cropped).jpg|vignette|338x338px|[[w:Mariana Pineda|Mariana Pineda]], une figure de la cause libérale en Espagne, exécutée en 1831|link=]]Au 18<sup>e</sup> siècle en Europe, les premiers grands théoriciens et politiciens du libéralisme sont  [[w:Thomas Hobbes|Thomas Hobbes]], [[w:John Locke|John Locke]] et [[w:Montesquieu|Montesquieu]]. Ce ne sont pas des radicaux : ils défendent seulement une [[w:Monarchie constitutionnelle|monarchie constitutionnelle]] garantissant un fonctionnement un minimum codifié sans trop d'arbitraire entre les différentes élites. Pour cela, ils préconisent des principes démocratiques ([[séparation des pouvoirs]]...) et élaborent des justifications théoriques ([[w:Droit naturel|droit naturel]], [[liberté]], [[contrat social]]...).
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Le libéralisme s'est historiquement construit contre l'[[absolutisme]] royal. Il était porté par certains nobles luttant pour plus d'autonomie face à la royauté (de façon très opportuniste puisqu'ils tenaient fermement à leur pouvoir arbitraire dans leurs fiefs) et par la [[bourgeoisie]] montante.[[Fichier:1868, Mugeres célebres de España y Portugal, Mariana Pineda, AB196 0595 (cropped).jpg|vignette|201x201px|[[w:Mariana Pineda|Mariana Pineda]], une figure de la cause libérale en Espagne, exécutée en 1831|link=]]Au 18<sup>e</sup> siècle en Europe, les premiers grands théoriciens et politiciens du libéralisme sont  [[w:Thomas Hobbes|Thomas Hobbes]], [[w:John Locke|John Locke]] et [[w:Montesquieu|Montesquieu]]. Ce ne sont pas des radicaux : ils défendent seulement une [[w:Monarchie constitutionnelle|monarchie constitutionnelle]] garantissant un fonctionnement un minimum codifié sans trop d'arbitraire entre les différentes élites. Pour cela, ils préconisent des principes démocratiques ([[séparation des pouvoirs]]...) et élaborent des justifications théoriques ([[w:Droit naturel|droit naturel]], [[liberté]], [[contrat social]]...).
    
Ces idées libérales, et leur infusion lente dans la société, ont contribué à façonner ce qu'ont été les grandes [[révolutions bourgeoises]], en particulier la [[Révolution américaine|révolution états-unienne]] (1763-1783) et la [[révolution française]] (1789-1799).
 
Ces idées libérales, et leur infusion lente dans la société, ont contribué à façonner ce qu'ont été les grandes [[révolutions bourgeoises]], en particulier la [[Révolution américaine|révolution états-unienne]] (1763-1783) et la [[révolution française]] (1789-1799).
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C'est à ce moment que se formalise le [[clivage droite/gauche]], et pendant une longue partie du <abbr>19<sup>e</sup></abbr>&nbsp;siècle, le libéralisme constituera la principale tendance [[Progressisme|progressiste]].
 
C'est à ce moment que se formalise le [[clivage droite/gauche]], et pendant une longue partie du <abbr>19<sup>e</sup></abbr>&nbsp;siècle, le libéralisme constituera la principale tendance [[Progressisme|progressiste]].
===<abbr title="19ᵉ siècle" class="abbr">Evolution à droite du libéralisme</abbr>===
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[[Fichier:National-insurance-act-1911.jpg|lien=https://wikirouge.net/Fichier:National-insurance-act-1911.jpg|alt=|droite|sans_cadre|289x289px]]
Cependant, aussitôt après avoir remporté de grandes victoires, les libéraux voient de profondes divisions apparaître entre eux. Par exemple lors de la [[révolution française]], des partisans de la [[monarchie constitutionnelle]] qui étaient à gauche se retrouvent très vite à droite de la scène politique, lorsque le processus révolutionnaire voit les [[Républicanisme|républicains]] (des libéraux plus radicaux) devenir hégémoniques. Et parmi les républicains, y compris parmi la [[Montagne (Révolution française)|Montagne]], d'importants clivages apparaissent sur la question des mesures à prendre sur l'économie (la [[Loi du Maximum|loi du maximum]] étant par exemple une entorse au libéralisme économique). Et surtout, les révolutionnaires sont confrontés à la contradiction qu'il peut y avoir entre mouvements de masses [[Plèbe|plébéiens]] (usant potentiellement de [[violence]] pour empiéter sur la liberté des riches) et les droits formels (auxquels les [[Classe possédante|classes possédantes]] s'arc-boutent par intérêt).[[Fichier:Alexis de tocqueville.jpg|vignette|314x314px|[[w:Alexis de Tocqueville|Tocqueville]], un représentant de l'évolution à droite du libéralisme|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Alexis_de_tocqueville.jpg]]Tout cela va conduire certains penseurs libéraux à développer une critique de la [[démocratie]], et à théoriser qu'il faut limiter le pouvoir de l'[[État]] sur les individus, même si la majorité désire prendre des mesures radicales. C'est le cas du philosophe suisse [[w:Benjamin Constant|Benjamin Constant]], dans ses ''[[w:Principes de politique|Principes de politique]]'' (1806), et d'[[w:Alexis de Tocqueville|Alexis de Tocqueville]], dans son ''[[w:De la démocratie en Amérique|De la démocratie en Amérique]]'' (1835). Ils sont horrifiés par la [[w:Terreur (Révolution française)|Terreur]] révolutionnaire, et dénoncent une  « dictature de la majorité ». Tocqueville oppose ainsi la « démocratie jacobine » avec un État tout puissant à la « démocratie libérale » dans laquelle le pouvoir est encadré et les individus respectés. Et sur la démocratie aux États-Unis (qui naît d'un réel mouvement populaire), il écrit :
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Au Royaume-Uni en 1911, c'est un gouvernement du [[w:Parti libéral (Royaume-Uni)|Parti libéral]] (comparable au [[Parti radical (France)|Parti radical]] français de la même époque) qui met en place le [[w:National Insurance Act 1911|National Insurance Act]] considéré comme l'ancêtre de la [[sécurité sociale]] dans ce pays.
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===<abbr title="19ᵉ siècle" class="abbr">Évolution à droite du libéralisme</abbr>===
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Cependant, aussitôt après avoir remporté de grandes victoires, les libéraux voient de profondes divisions apparaître entre eux. Par exemple lors de la [[révolution française]], des partisans de la [[monarchie constitutionnelle]] qui étaient à gauche se retrouvent très vite à droite de la scène politique, lorsque le processus révolutionnaire voit les [[Républicanisme|républicains]] (des libéraux plus radicaux) devenir hégémoniques. Et parmi les républicains, y compris parmi la [[Montagne (Révolution française)|Montagne]], d'importants clivages apparaissent sur la question des mesures à prendre sur l'économie (la [[Loi du Maximum|loi du maximum]] étant par exemple une entorse au libéralisme économique). Et surtout, les révolutionnaires sont confrontés à la contradiction qu'il peut y avoir entre mouvements de masses [[Plèbe|plébéiens]] (usant potentiellement de [[violence]] pour empiéter sur la liberté des riches) et les droits formels (auxquels les [[Classe possédante|classes possédantes]] s'arc-boutent par intérêt).[[Fichier:Alexis de tocqueville.jpg|vignette|272x272px|[[w:Alexis de Tocqueville|Tocqueville]], un représentant de l'évolution à droite du libéralisme|link=]]Tout cela va conduire certains penseurs libéraux à développer une critique de la [[démocratie]], et à théoriser qu'il faut limiter le pouvoir de l'[[État]] sur les individus, même si la majorité désire prendre des mesures radicales. C'est le cas du philosophe suisse [[w:Benjamin Constant|Benjamin Constant]], dans ses ''[[w:Principes de politique|Principes de politique]]'' (1806), et d'[[w:Alexis de Tocqueville|Alexis de Tocqueville]], dans son ''[[w:De la démocratie en Amérique|De la démocratie en Amérique]]'' (1835). Ils sont horrifiés par la [[w:Terreur (Révolution française)|Terreur]] révolutionnaire, et dénoncent une  « dictature de la majorité ». Tocqueville oppose ainsi la « démocratie jacobine » avec un État tout puissant à la « démocratie libérale » dans laquelle le pouvoir est encadré et les individus respectés. Et sur la démocratie aux États-Unis (qui naît d'un réel mouvement populaire), il écrit :
 
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« Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu'en matière de gouvernement la majorité d'un peuple a le droit de tout faire, et pourtant je place dans les volontés de la majorité l'origine de tous les pouvoirs (…). Lors donc que je vois accorder le droit et la faculté de tout faire à une puissance quelconque, qu'on appelle peuple ou roi, démocratie ou aristocratie, qu'on l'exerce dans une monarchie ou dans une république, je dis : là est le germe de la tyrannie, et je cherche à aller vivre sous d'autres lois. Ce que je reproche le plus au gouvernement démocratique, tel qu'on l'a organisé aux États-Unis, ce n'est pas, comme beaucoup de gens le prétendent en Europe, sa faiblesse, mais au contraire sa force irrésistible. »
 
« Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu'en matière de gouvernement la majorité d'un peuple a le droit de tout faire, et pourtant je place dans les volontés de la majorité l'origine de tous les pouvoirs (…). Lors donc que je vois accorder le droit et la faculté de tout faire à une puissance quelconque, qu'on appelle peuple ou roi, démocratie ou aristocratie, qu'on l'exerce dans une monarchie ou dans une république, je dis : là est le germe de la tyrannie, et je cherche à aller vivre sous d'autres lois. Ce que je reproche le plus au gouvernement démocratique, tel qu'on l'a organisé aux États-Unis, ce n'est pas, comme beaucoup de gens le prétendent en Europe, sa faiblesse, mais au contraire sa force irrésistible. »
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Le retournement de conjoncture avec la [[stagnation des années 1970]] va favoriser un nouveau changement de paradigme, et une contre-offensive d'un libéralisme économique plus dur, appelé « [[néolibéralisme]] ». Néanmoins là encore, l'application faite par les politiciens est loin d'être fidèle à la théorie libérale. L'appel au libéralisme censé favoriser une économie plus efficace est fréquent quand il s'agit de justifier des [[privatisations]] et [[Libéralisation|libéralisations]], mais dans le même temps, le volume des [[Subvention|aides financières]] aux entreprises en difficulté n'a fait qu'augmenter, ce qui contredit frontalement le ''[[laissez-faire]]'' libéral. Par ailleurs du côté de la droite traditionnelle, la conversion au libéralisme économique a cohabité avec le [[conservatisme]] habituel en ce qui concerne les questions d'égalité des droits ([[féminisme]], [[LGBTIphobie|LGBTI]]...).
 
Le retournement de conjoncture avec la [[stagnation des années 1970]] va favoriser un nouveau changement de paradigme, et une contre-offensive d'un libéralisme économique plus dur, appelé « [[néolibéralisme]] ». Néanmoins là encore, l'application faite par les politiciens est loin d'être fidèle à la théorie libérale. L'appel au libéralisme censé favoriser une économie plus efficace est fréquent quand il s'agit de justifier des [[privatisations]] et [[Libéralisation|libéralisations]], mais dans le même temps, le volume des [[Subvention|aides financières]] aux entreprises en difficulté n'a fait qu'augmenter, ce qui contredit frontalement le ''[[laissez-faire]]'' libéral. Par ailleurs du côté de la droite traditionnelle, la conversion au libéralisme économique a cohabité avec le [[conservatisme]] habituel en ce qui concerne les questions d'égalité des droits ([[féminisme]], [[LGBTIphobie|LGBTI]]...).
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Il existent bien certains petits milieux qui se disent « vrais libéraux » ou [[libertariens]], qui se proclament au delà du clivage droite/gauche et à la fois réellement libéraux en économie et en politique. Mais d'une part, ils n'ont jamais la capacité à devenir des mouvements de masse et leur grille d'analyse idéaliste les rend incapables de comprendre pourquoi, d'autre part, dans la pratique, ils sont souvent attirés vers la droite par de multiples passerelles (dont leur goût pour les dictatures néolibérales à la Pinochet).
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Il existent bien certains petits milieux qui se disent « vrais libéraux » ou [[libertariens]], qui se proclament au delà du [[clivage droite/gauche]] et à la fois réellement libéraux en économie et en politique. Mais d'une part, ils n'ont jamais la capacité à devenir des mouvements de masse et leur grille d'analyse idéaliste les rend incapables de comprendre pourquoi, d'autre part, dans la pratique, ils sont souvent attirés vers la droite par de multiples passerelles (dont leur goût pour les dictatures néolibérales à la Pinochet).
    
===Des aspects contradictoires===
 
===Des aspects contradictoires===

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