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La radicalisation de la ligne bouleverse les organisations préexistantes. Les bolchéviks les plus droitiers quittent le parti ([[Vladimir_Voitinski|Voitinski]], [[Nikolai_Glebov-Avilov|Avilov]] et [[Joseph_Goldenberg|Goldenberg]]), les menchéviks les plus à gauche le rejoignent. De nombreux groupes ou organisations autonomes ou isolés le rejoignent. Notamment, le [[Comité_Interrayons|comité Interrayons]], dirigé par [[Léon_Trotski|Trotski]], et qui compte à sa tête des dirigeants de qualité, fusionne avec le Parti bolchévik en juillet (lors du 6<sup>e</sup> Congrès, dit ''«&nbsp;congrès d'unification&nbsp;»''). Auparavant, Staline et Kamenev s’étaient opposé à cette fusion. Au cours de ce congrès, qui regroupe 175 délégués pour 112 organisations et 177 000 membres, Lénine, Kamenev, Zinoviev et Trotski sont élus au comité central à la quasi-unanimité.
 
La radicalisation de la ligne bouleverse les organisations préexistantes. Les bolchéviks les plus droitiers quittent le parti ([[Vladimir_Voitinski|Voitinski]], [[Nikolai_Glebov-Avilov|Avilov]] et [[Joseph_Goldenberg|Goldenberg]]), les menchéviks les plus à gauche le rejoignent. De nombreux groupes ou organisations autonomes ou isolés le rejoignent. Notamment, le [[Comité_Interrayons|comité Interrayons]], dirigé par [[Léon_Trotski|Trotski]], et qui compte à sa tête des dirigeants de qualité, fusionne avec le Parti bolchévik en juillet (lors du 6<sup>e</sup> Congrès, dit ''«&nbsp;congrès d'unification&nbsp;»''). Auparavant, Staline et Kamenev s’étaient opposé à cette fusion. Au cours de ce congrès, qui regroupe 175 délégués pour 112 organisations et 177 000 membres, Lénine, Kamenev, Zinoviev et Trotski sont élus au comité central à la quasi-unanimité.
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Dans [[L'Etat_et_la_Révolution|''L'Etat et la Révolution'']], écrit au coeur de la révolution, Lénine fera un retour critique sur la ligne politique [[Réformiste|réformiste]] qui gangrène la [[Deuxième_internationale|''Deuxième internationale'']]. Il revendique un retour à la politique révolutionnaire de [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]], et réaffirme que l'Etat ouvrier ne peut être construit que par une [[Révolution_socialiste|révolution]] qui détruit l'[[Etat_bourgeois|Etat bourgeois]]. Le nouvel Etat ouvrier est ''«&nbsp;du type de la Commune de Paris&nbsp;»'', du type [[Soviet|soviétique]].
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Dans [[L'Etat_et_la_Révolution|''L'État et la Révolution'']], écrit au coeur de la révolution, Lénine fera un retour critique sur la ligne politique [[Réformiste|réformiste]] qui gangrène la [[Deuxième_internationale|''Deuxième internationale'']]. Il revendique un retour à la politique révolutionnaire de [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]], et réaffirme que l'État ouvrier ne peut être construit que par une [[Révolution_socialiste|révolution]] qui détruit l'[[Etat_bourgeois|État bourgeois]]. Le nouvel État ouvrier est ''«&nbsp;du type de la Commune de Paris&nbsp;»'', du type [[Soviet|soviétique]].
    
===La montée en puissance===
 
===La montée en puissance===
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===Le parti au pouvoir===
 
===Le parti au pouvoir===
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Les gouvernements bourgeois du monde entier se demandent si le pouvoir bolchévik sera assez fort. Lénine répond&nbsp;&nbsp;: ''«&nbsp;La bourgeoisie ne reconnaît qu'un Etat est fort que lorsqu'il peut, usant de toute la puissance de l'appareil gouvernemental, faire marcher les masses comme l'entendent les gouvernements bourgeois. Notre conception de la force est différente. Ce qui fait la force d'un Etat, selon nous, c'est la conscience des masses. L'Etat est fort quand les masses savent tout, peuvent juger de tout et font tout sciemment&nbsp;»''
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Les gouvernements bourgeois du monde entier se demandent si le pouvoir bolchévik sera assez fort. Lénine répond&nbsp;&nbsp;: ''«&nbsp;La bourgeoisie ne reconnaît qu'un État est fort que lorsqu'il peut, usant de toute la puissance de l'appareil gouvernemental, faire marcher les masses comme l'entendent les gouvernements bourgeois. Notre conception de la force est différente. Ce qui fait la force d'un Etat, selon nous, c'est la conscience des masses. L'État est fort quand les masses savent tout, peuvent juger de tout et font tout sciemment&nbsp;»''
    
Le parti victorieux enregistre, au lendemain d’octobre, des adhésions en masse. En mars 1919, le parti compte 250 000 militants, dont 52% d’[[Ouvriers|ouvriers]], 15% de [[Paysannerie|paysans]], 18% d’employés, 14% d’[[Intellectuels|intellectuels]] (étant inclus dans cette dernière catégorie tous ceux qui ont reçu une éducation secondaire). 27% de ces militants sont, à ce moment, dans l’[[Armée_rouge|Armée rouge]], au combat. C’est un parti jeune&nbsp;: la moitié de ses effectifs a moins de 30 ans. A ce moment, le parti est encore de bonne qualité. Mais ses effectifs vont rapidement exploser, pour atteindre 730 000 membres en mars 1921. Parmi tous ces membres, nombreux sont les arrivistes, attirés moins par le combat bolchévik que par l’ «&nbsp;obséquiosité devant le pouvoir du jour<ref>Léon Trotski, ''Histoire de la révolution russe'', t. 2, ''op. cit.'', p. 210.</ref>&nbsp;», pour reprendre une expression de Trotski. En 1922, 97% des militants bolchéviks ont rejoint le parti après octobre 17. La purge de 1923, la première de l’histoire du parti, l’ampute de 180 000 membres – Trotski s’en félicite au nom de la lutte contre l’arrivisme.
 
Le parti victorieux enregistre, au lendemain d’octobre, des adhésions en masse. En mars 1919, le parti compte 250 000 militants, dont 52% d’[[Ouvriers|ouvriers]], 15% de [[Paysannerie|paysans]], 18% d’employés, 14% d’[[Intellectuels|intellectuels]] (étant inclus dans cette dernière catégorie tous ceux qui ont reçu une éducation secondaire). 27% de ces militants sont, à ce moment, dans l’[[Armée_rouge|Armée rouge]], au combat. C’est un parti jeune&nbsp;: la moitié de ses effectifs a moins de 30 ans. A ce moment, le parti est encore de bonne qualité. Mais ses effectifs vont rapidement exploser, pour atteindre 730 000 membres en mars 1921. Parmi tous ces membres, nombreux sont les arrivistes, attirés moins par le combat bolchévik que par l’ «&nbsp;obséquiosité devant le pouvoir du jour<ref>Léon Trotski, ''Histoire de la révolution russe'', t. 2, ''op. cit.'', p. 210.</ref>&nbsp;», pour reprendre une expression de Trotski. En 1922, 97% des militants bolchéviks ont rejoint le parti après octobre 17. La purge de 1923, la première de l’histoire du parti, l’ampute de 180 000 membres – Trotski s’en félicite au nom de la lutte contre l’arrivisme.
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Le problème est que le parti a aussi besoin de ces éléments idéologiquement peu sûrs et socialement hétérogènes à la masse du [[Prolétariat|prolétariat]] – les employés et les fonctionnaires qui, à l’époque, n’étaient pas aussi prolétarisés qu’aujourd’hui. Car pour faire fonctionner un Etat moderne, on a besoin de spécialistes. Les mêmes qui, en octobre 1917, ont accueilli très hostilement la prise de pouvoir par les bolchéviks, vont voler, en 1918, au secours de la révolution en faisant valoir leurs compétences techniques et en profitant des avantages que procure le fait d’être dans le parti au pouvoir. Le phénomène de corruption par le pouvoir se développe, surtout que nombre de militants perçoivent l’exercice du pouvoir par leur parti comme une sorte de récompense due après des années de misère, de souffrances, de répression et de tensions.
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Le problème est que le parti a aussi besoin de ces éléments idéologiquement peu sûrs et socialement hétérogènes à la masse du [[Prolétariat|prolétariat]] – les employés et les fonctionnaires qui, à l’époque, n’étaient pas aussi prolétarisés qu’aujourd’hui. Car pour faire fonctionner un État moderne, on a besoin de spécialistes. Les mêmes qui, en octobre 1917, ont accueilli très hostilement la prise de pouvoir par les bolchéviks, vont voler, en 1918, au secours de la révolution en faisant valoir leurs compétences techniques et en profitant des avantages que procure le fait d’être dans le parti au pouvoir. Le phénomène de corruption par le pouvoir se développe, surtout que nombre de militants perçoivent l’exercice du pouvoir par leur parti comme une sorte de récompense due après des années de misère, de souffrances, de répression et de tensions.
    
De plus, après la victoire contre les armées blanches, une grande partie des masses s’éloignent des bolchéviks tant le chaos et la misère restent grands, tant les sacrifices exigés ont été insupportables. La guerre civile a également saigné, décimé la fleur du parti, détruisant numériquement une bonne partie de la classe ouvrière et sabrant le moral de ceux qui restaient.
 
De plus, après la victoire contre les armées blanches, une grande partie des masses s’éloignent des bolchéviks tant le chaos et la misère restent grands, tant les sacrifices exigés ont été insupportables. La guerre civile a également saigné, décimé la fleur du parti, détruisant numériquement une bonne partie de la classe ouvrière et sabrant le moral de ceux qui restaient.

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