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===Décomposition de l'armée===
 
===Décomposition de l'armée===
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L'[[Armée_russe_en_1917|ancienne armée tsariste]] est travaillée par la révolution. Les soldats forment partout des comités et les [[Soviets|soviets]] décrètent leur liberté de réunion ([[Prikaz_n°1|prikaz n°1]]). Mais les anciens officiers restent en place, ainsi que l'Etat major rempli de généraux tsaristes. Même si les supérieurs se sentent tous obligés de reconnaître la révolution, ils veulent absolument que cela affecte le moins possible la hiérarchie, et la poursuite de la guerre. La majorité des soldats est encore imprégnée de l'idée qu'il faut défendre la patrie face aux Allemands, et le discours [[Défaitisme_révolutionnaire|défaitiste]] des [[Bolchéviks|bolchéviks]] est minoritaire. En [[Journées_de_juillet_1917|juillet]], la vague de calomnies contre [[Lénine|Lénine]] (''« [[Wagon_plombé|payé par le Kaiser]] »'', etc.) touchera beaucoup les soldats. Les soldats, en majorité des paysans [[Conscription|conscrits]], suivent les leaders modérés du [[Parti_socialiste-révolutionnaire|parti socialiste-révolutionnaire]].
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L'[[Armée_russe_en_1917|ancienne armée tsariste]] est travaillée par la révolution. Les soldats forment partout des comités et les [[Soviets|soviets]] décrètent leur liberté de réunion ([[Prikaz_n°1|prikaz n°1]]). Mais les anciens officiers restent en place, ainsi que l'État major rempli de généraux tsaristes. Même si les supérieurs se sentent tous obligés de reconnaître la révolution, ils veulent absolument que cela affecte le moins possible la hiérarchie, et la poursuite de la guerre. La majorité des soldats est encore imprégnée de l'idée qu'il faut défendre la patrie face aux Allemands, et le discours [[Défaitisme_révolutionnaire|défaitiste]] des [[Bolchéviks|bolchéviks]] est minoritaire. En [[Journées_de_juillet_1917|juillet]], la vague de calomnies contre [[Lénine|Lénine]] (''« [[Wagon_plombé|payé par le Kaiser]] »'', etc.) touchera beaucoup les soldats. Les soldats, en majorité des paysans [[Conscription|conscrits]], suivent les leaders modérés du [[Parti_socialiste-révolutionnaire|parti socialiste-révolutionnaire]].
    
Néanmoins un processus de décomposition progressive de l'armée commence dès février. D'abord par l'affaiblissement de l'autorité (rebellion contre les officiers qui poursuivent les méthodes d'humiliation ou qui donnent des ordres trop impopulaires...). Ensuite, plus profondément, par une lassitude de plus en plus grande face à la guerre (beaucoup de paysans veulent retourner chez eux, de plus en plus comprennent qu'il ne s'agit que d'une [[Guerre_impérialiste|guerre impérialiste]]...). Les désertions et les fraternisations avec les soldats allemands progressent. En septembre-octobre, cela conduit presque partout à un basculement des soldats vers les bolchéviks.
 
Néanmoins un processus de décomposition progressive de l'armée commence dès février. D'abord par l'affaiblissement de l'autorité (rebellion contre les officiers qui poursuivent les méthodes d'humiliation ou qui donnent des ordres trop impopulaires...). Ensuite, plus profondément, par une lassitude de plus en plus grande face à la guerre (beaucoup de paysans veulent retourner chez eux, de plus en plus comprennent qu'il ne s'agit que d'une [[Guerre_impérialiste|guerre impérialiste]]...). Les désertions et les fraternisations avec les soldats allemands progressent. En septembre-octobre, cela conduit presque partout à un basculement des soldats vers les bolchéviks.
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==Evolution de la théorie sur l'armée==
 
==Evolution de la théorie sur l'armée==
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Dans les [[Thèses_d'avril|thèses d'avril]], [[Lénine|Lénine]] revendiquait le passage à  un ''« Etat-Commune »'', c'est-à-dire un type d'Etat ''« dont la Commune de Paris a été la préfiguration »''. Il ne s'agirait plus d'une ''« république parlementaire »'', mais d'une république basée sur les soviets.
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Dans les [[Thèses_d'avril|thèses d'avril]], [[Lénine|Lénine]] revendiquait le passage à  un ''« Etat-Commune »'', c'est-à-dire un type d'État ''« dont la Commune de Paris a été la préfiguration »''. Il ne s'agirait plus d'une ''« république parlementaire »'', mais d'une république basée sur les soviets.
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Cela impliquait en particulier une destruction de l'[[Etat_bourgeois|Etat bourgeois]], en particulier : ''« Abrogation de la police, de l’armée de métier et de la bureaucratie privilégiée. »'' Lénine précise que cela signifie leur remplacement ''« par l'[[armement du peuple]] tout entier »'' (ce qui était la reprise de la revendication classique de la démocratie révolutionnaire puis de la social-démocratie). Il développe en août cette idée dans [[L'État_et_la_révolution|''L'État et la révolution'']].
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Cela impliquait en particulier une destruction de l'[[Etat_bourgeois|État bourgeois]], en particulier : ''« Abrogation de la police, de l’armée de métier et de la bureaucratie privilégiée. »'' Lénine précise que cela signifie leur remplacement ''« par l'[[armement du peuple]] tout entier »'' (ce qui était la reprise de la revendication classique de la démocratie révolutionnaire puis de la social-démocratie). Il développe en août cette idée dans [[L'État_et_la_révolution|''L'État et la révolution'']].
    
Pourtant, la création de l'armée rouge va contredire cet idéal théorique défini a priori. Cela n'allait pas sans polémiques dans le parti. Cela était généralement présenté comme une nécessité temporaire. Trotski soutenait que l'horizon restait l'armée composée de milices populaires. En 1921, après la défaite de Wrangel, il établit 3 divisions de milices territoriales, à Petrograd, Moscou et dans l'Oural. Il évoca aussi la perspective de faire correspondre les forces militaires à la structure fédérale de l'URSS, ce qui allait aussi dans le sens de la décentralisation.  
 
Pourtant, la création de l'armée rouge va contredire cet idéal théorique défini a priori. Cela n'allait pas sans polémiques dans le parti. Cela était généralement présenté comme une nécessité temporaire. Trotski soutenait que l'horizon restait l'armée composée de milices populaires. En 1921, après la défaite de Wrangel, il établit 3 divisions de milices territoriales, à Petrograd, Moscou et dans l'Oural. Il évoca aussi la perspective de faire correspondre les forces militaires à la structure fédérale de l'URSS, ce qui allait aussi dans le sens de la décentralisation.  
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Par exemple, dans une conférence faite à la Société des Sciences Militaires de Moscou en juillet 1924, [[Trotski|Trotski]] soutient que la prise du pouvoir doit marquer un point d'inflexion, le passage d'une guerre de partisans (les [[Garde_rouge_(Russie)|gardes rouges]] ou les régiments politisés plein d'esprit d'initiative) à une armée centralisée et [[Discipline|disciplinée]] :
 
Par exemple, dans une conférence faite à la Société des Sciences Militaires de Moscou en juillet 1924, [[Trotski|Trotski]] soutient que la prise du pouvoir doit marquer un point d'inflexion, le passage d'une guerre de partisans (les [[Garde_rouge_(Russie)|gardes rouges]] ou les régiments politisés plein d'esprit d'initiative) à une armée centralisée et [[Discipline|disciplinée]] :
 
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''«&nbsp;L'insurgé combat en règle générale en observant les méthodes de la «petite guerre», c'est-à-dire au moyen de détachements de partisans ou de demi-partisans cimentés beaucoup plus par la discipline politique et par la claire conscience de l'unité du but à atteindre que par n'importe quelle discipline hiérarchique. Après la prise du pouvoir la situation se modifie complètement. La lutte de la révolution victorieuse pour assurer sa défense et son développement se transforme aussitôt en lutte pour l'organisation de l'appareil gouvernemental centralisé. Les détachements de partisans, dont l'apparition au moment de la lutte pour la prise du pouvoir est aussi inévitable que nécessaire, peuvent être, après la conquête du pouvoir, une cause de graves dangers susceptibles d'ébranler l'Etat révolutionnaire en formation. C'est alors qu'on doit procéder à l'organisation d'une armée rouge régulière.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/07/lt19240729.htm Les problèmes de la guerre civile]'', juillet 1924</ref>''
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''«&nbsp;L'insurgé combat en règle générale en observant les méthodes de la «petite guerre», c'est-à-dire au moyen de détachements de partisans ou de demi-partisans cimentés beaucoup plus par la discipline politique et par la claire conscience de l'unité du but à atteindre que par n'importe quelle discipline hiérarchique. Après la prise du pouvoir la situation se modifie complètement. La lutte de la révolution victorieuse pour assurer sa défense et son développement se transforme aussitôt en lutte pour l'organisation de l'appareil gouvernemental centralisé. Les détachements de partisans, dont l'apparition au moment de la lutte pour la prise du pouvoir est aussi inévitable que nécessaire, peuvent être, après la conquête du pouvoir, une cause de graves dangers susceptibles d'ébranler l'État révolutionnaire en formation. C'est alors qu'on doit procéder à l'organisation d'une armée rouge régulière.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/07/lt19240729.htm Les problèmes de la guerre civile]'', juillet 1924</ref>''
 
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Plus loin, il insiste sur le fait que l'esprit d'initiative est non seulement inévitable en temps de révolution, mais nécessaire pour l'emporter. Pour autant il réaffirme qu'aussitôt l'insurrection accomplie, ces [[Partisans|partisans]] doivent être incorporés dans une armée centralisée&nbsp;:
 
Plus loin, il insiste sur le fait que l'esprit d'initiative est non seulement inévitable en temps de révolution, mais nécessaire pour l'emporter. Pour autant il réaffirme qu'aussitôt l'insurrection accomplie, ces [[Partisans|partisans]] doivent être incorporés dans une armée centralisée&nbsp;:
 
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''«&nbsp;Autrement, ces détachements de partisans deviendraient indubitablement des facteurs de désordre susceptibles de dégénérer en bandes armées au service des éléments petits-bourgeois anarchisants insurgés contre l'Etat prolétarien. Nous en avons pas mal d'exemples. Il est vrai que, parmi les partisans rebelles à l'organisation militaire régulière, il y eut aussi des héros. On a cité les noms de Siverss et de Kikvidsé Je pourrais en nommer beaucoup d'autres. (...) Mais à ce moment, il était indispensable de combattre tout ce qu'il y avait en eux de négatif. A ce prix seulement, nous pouvions arriver à organiser l'armée rouge et à la mettre à même de remporter des victoires décisives.&nbsp;»''
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''«&nbsp;Autrement, ces détachements de partisans deviendraient indubitablement des facteurs de désordre susceptibles de dégénérer en bandes armées au service des éléments petits-bourgeois anarchisants insurgés contre l'État prolétarien. Nous en avons pas mal d'exemples. Il est vrai que, parmi les partisans rebelles à l'organisation militaire régulière, il y eut aussi des héros. On a cité les noms de Siverss et de Kikvidsé Je pourrais en nommer beaucoup d'autres. (...) Mais à ce moment, il était indispensable de combattre tout ce qu'il y avait en eux de négatif. A ce prix seulement, nous pouvions arriver à organiser l'armée rouge et à la mettre à même de remporter des victoires décisives.&nbsp;»''
 
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