Modifications

La [[Publicité|publicité]] est une autre façon de stimuler le renouvellement des [[Marchandises|marchandises]]. L'obsolescence est alors obtenue par la pression engendrée par les changements de modes.

La [[Publicité|publicité]] est une autre façon de stimuler le renouvellement des [[Marchandises|marchandises]]. L'obsolescence est alors obtenue par la pression engendrée par les changements de modes.

Un exemple type est la Ford T, voiture conçue dans l'optique d'être un standard solide, durable, etc... C'est au contraire la logique de son concurrent General Motors, qui sortait 3 nouveaux modèles par an, démodant toujours les précédants, qui l'a emporté.

Un exemple type est la Ford T, voiture conçue dans l'optique d'être un standard solide, durable, etc... C'est au contraire la logique de son concurrent General Motors, qui sortait 3 nouveaux modèles par an, démodant toujours les précédents, qui l'a emporté.

C'est principalement dans l'[[Après-guerre|après-guerre]] que ce processus sera systématisé. Dans les années 1960, l'expression "obsolescence programmée" devient même courante. Le constructeur automobile Volkswagen ira même jusqu'à lancer une campagne de publicité sur ce thème.

C'est principalement dans l'[[Après-guerre|après-guerre]] que ce processus sera systématisé. Dans les années 1960, l'expression "obsolescence programmée" devient même courante. Le constructeur automobile Volkswagen ira même jusqu'à lancer une campagne de publicité sur ce thème.

Dans l'agro-alimentaire moderne, la norme est de sortir un "nouveau produit" tous les 3 mois.

Dans l'agro-alimentaire moderne, la norme est de sortir un "nouveau produit" tous les 3 mois.

Bien que la plupart de ces petits détails cyniques soient généralement gardés sous silence, l'obsolescence programmée n'est pas une idée de l'ombre. Certains penseurs [[Bourgeois|bourgeois]] la revendiquent même ouvertement.

Bien que la plupart de ces petits détails cyniques soient généralement gardés sous silence, l'obsolescence programmée n'est pas une idée de l'ombre. Certains penseurs [[Bourgeois|bourgeois]] la revendiquent même ouvertement.

Dans les années 1930, le milliardaire Bernard London préconisait même l'institutionnalisation de l'obsolescence programmée&nbsp;: au bout d'une durée définie, une marchandise est déclarée légalement "morte" et un organisme gouvernemental serait chargé de la récupérer. Son but affiché était de stimuler la consommation et sortir les États-Unis de la [[Grande_dépression|Grande Dépression]]. Il est même possible qu'il ait été un philantrope réellement soucieux du chômage qui frappait le [[Prolétariat|prolétariat]] (d'autant plus que la préoccupation [[Écologiste|écologiste]] n'existait alors quasiment pas), il n'en reste pas moins qu'une telle idée de "rétroaction" sur le marché est une illustration extrême de l'impasse des solutions bourgeoises aux crises du [[Capitalisme|capitalisme]].[[Fichier:Publicité-canettes-jetables.jpg|334x334px|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Publicit%C3%A9-canettes-jetables.jpg|alt=|vignette|Publicité de 1936 vantant les canettes si pratiques qu'on peut les jeter n'importe où.]]L'expression «&nbsp;obsolescence programmée&nbsp;» (<span class="citation">«&nbsp;''<span lang="en" dir="ltr" class="lang-en">planned obsolescence</span>''&nbsp;»</span> en anglais) apparaît en 1932 aux États-Unis, et reprend son essor au milieu des années 1950, en conférant au design le rôle de rapidement démoder le produit. Elle fait l'objet de débats dans les colonnes de la revue ''Industrial Design'', et sera popularisée par le designer industriel Brooks Stevens. Il crée une société de design ''Brooks Stevens Design Associates'' et se fait le chantre de cette approche, parcourant l'Amérique pour en faire la promotion au moyen de nombreux enseignements, articles et conférences.

Dans les années 1930, le milliardaire [[w:Bernard London|Bernard London]] préconisait même l'institutionnalisation de l'obsolescence programmée&nbsp;: au bout d'une durée définie, une marchandise est déclarée légalement "morte" et un organisme gouvernemental serait chargé de la récupérer. Son but affiché était de stimuler la consommation et sortir les États-Unis de la [[Grande_dépression|Grande Dépression]]. Il est même possible qu'il ait été un philanthrope réellement soucieux du chômage qui frappait le [[Prolétariat|prolétariat]] (d'autant plus que la préoccupation [[Écologiste|écologiste]] n'existait alors quasiment pas), il n'en reste pas moins qu'une telle idée de "rétroaction" sur le marché est une illustration extrême de l'impasse des solutions bourgeoises aux crises du [[Capitalisme|capitalisme]].

 

L'expression «&nbsp;obsolescence programmée&nbsp;» (<span class="citation">«&nbsp;''<span lang="en" dir="ltr" class="lang-en">planned obsolescence</span>''&nbsp;»</span> en anglais) apparaît en 1932 aux États-Unis, et reprend son essor au milieu des années 1950, en conférant au design le rôle de rapidement démoder le produit. Elle fait l'objet de débats dans les colonnes de la revue ''Industrial Design'', et sera popularisée par le designer industriel Brooks Stevens. Il crée une société de design ''Brooks Stevens Design Associates'' et se fait le chantre de cette approche, parcourant l'Amérique pour en faire la promotion au moyen de nombreux enseignements, articles et conférences.

 

=== Critiques ===

=== Critiques ===

== Produits jetables ==

== Produits jetables ==

Un '''produit jetable''' est un produit (un [[bien de consommation]]) qui n'est pas destiné à être gardé. C'est donc un objet à '''usage unique'''.

=== Un essor gigantesque ===

L'Amérique du Nord aurait en effet inauguré dès les années 1850 un système commercial basé sur des produits jetables avec des cols et manchettes de papier jetables destinés aux représentants.  

[[Fichier:100 Yen lighter.JPG|thumb|Un briquet japonais jetable.]]

En 1903, 8 ans après avoir déposé un brevet pour un rasoir de sécurité à lame interchangeable (1895)<ref>[http://www.marketing.digischool.fr/memoires/g/cas-gilette.php Extrait de étude de cas : Gillette], Marketing stratégique</ref>, l'entreprise [[w:The Gillette Company|Gillette]] commercialise des rasoirs à lames interchangeables (et pouvant être aiguisées). L'année suivante, en 1906, Gilette se lance dans la fabrication de lames interchangeables à bas coût, et donc plus facilement jetables.<gallery widths="250">

Fichier:1930's Gillette Razor and Packaging.tif|Rasoirs Gilette vendus dans les années 1930 avec un paquet de lames jetables.

Fichier:Publicité-canettes-jetables.jpg|Publicité de 1936 vantant les canettes si pratiques qu'on peut les jeter n'importe où.

</gallery>L'entreprise [[w:Bic (entreprise)|Bic]] tablera également sur la commercialisation de nombreux produits jetables, dont le stylo à bille [[w:Bic Cristal|Bic Cristal]] en 1950. À la fin des années 1960, en Amérique du Nord, la publicité suscite un engouement pour les robes en papier, lancées en 1966 par l’entreprise américaine [[w:Scott Paper Company|Scott Paper Company]]. Fait symbolique : des lames de rasoir jetables, nous sommes passés au rasoir jetable (à partir des années 1970 avec les rasoirs Bic).

Il existe généralement des versions non jetables de ces produits, plus résistantes, lavables, ou (le cas échéant) dont le réservoir est prévu pour être rechargé. L'intérêt d'une version jetable est d'être plus économique à la production, car plus simple à fabriquer ou utilisant des [[matériau]]x moins coûteux, mais aussi de "pousser à la consommation" en revendant les mêmes contenants alors que le contenu pourrait être rechargé (cas des cartouches d'imprimantes), ou des produits volontairement peu durables (les lames de rasoir).

La vaisselle jetable est devenue énormément utilisée, que ce soit dans la restauration (d'abord pour les commandes à emporter, mais de plus en plus pour la consommation sur place, notamment dans les fastfood), les bureaux (gobelets et touillettes à café...) ou par les particuliers (pique-nique...). La production de vaisselle et couverts jetables estimée à 50 milliards de pièces en Chine<ref>{{Article

| consulté le           = 26 mai 2013

Fichier:Maquinilla de afeitar desechable.JPG|Rasoir jetable

Fichier:HK CWB Tung Lo Wan 聖馬利亞堂 Saint Mary's Church Bday party plastic forks May 2013.JPG|Fourchettes jetables

Fichier:Kodak front up.jpg|Appareil photo jetable

Fichier:Policeman carrying plasticuffs (cropped).jpg|Un policier avec des [[w:W:Attache autobloquante#Menottes%20plastiques%20rapides|menottes en plastique]]

</gallery>On peut citer aussi le [[w:Téléphone portable jetable|téléphone portable jetable]], le [[w:DVD jetable|DVD jetable]]...

Le développement du jetable a connu une progression semblant encore à ce jour quasi inexorable. Ce développement tient à plusieurs raisons :

[[Serge Latouche]] estime qu'il y a une dimension anthropologique sous-jacente, et pas seulement un intérêt commercial, au caractère non durable de nombreux biens commercialisés. Elle serait liée à une propension des êtres humains à la dépense, voire au gaspillage. Cette propension est selon lui aujourd’hui utilisée et encouragée par la publicité, alors que certains courants de pensée ([[puritanisme]] notamment) défendent plutôt un système basé sur la durabilité et limitant le gaspillage, même aux [[États-Unis]] d'où les stratégies de marketing basées sur le ''jetable'' semble avoir émergé<ref>{{Ouvrage |langue=fr |titre=Bon pour la casse |sous-titre=Les déraisons de l'obsolescence programmée |lieu=Paris |éditeur=Les liens qui libèrent |année=2012 |pages=100 | ISBN=979-10-2090014-2 |réimpression=2015}}.</ref>.

* Un produit jetable est souvent moins coûteux à produire à l'unité, car plus simple à fabriquer ou utilisant des matériaux moins coûteux (le coût global du surplus d'[[w:Empreinte carbone|empreinte carbone]] et de la gestion des [[déchets]] est une [[externalité]] pour les capitalistes).

L'[[Amérique du Nord]] aurait en effet inauguré dès les [[années 1850]] un système commercial basé sur des produits jetables avec des cols et manchettes de papier jetables destinés aux représentants.

* L'industrie a habitué les consommateurs au jetable, en jouant sur le côté pratique, à grand renfort de [[publicité]].

[[Fichier:1930's Gillette Razor and Packaging.tif|thumb|Rasoirs Gilette vendus dans les années 1930 avec un paquet de lames jetables.]]

Pour certains produits, il existe généralement des versions non jetables de ces produits, plus résistantes, lavables, ou avec des parties changeables / rechargeables, etc. Mais celles-ci sont souvent plus chères.

En 1903, 8 ans après avoir déposé un brevet pour un rasoir de sécurité à lame interchangeable (1895)<ref>[http://www.marketing.digischool.fr/memoires/g/cas-gilette.php Extrait de étude de cas : Gillette], Marketing stratégique</ref>, l'entreprise [[The Gillette Company|Gillette]] commercialise des [[rasoir]]s à lames interchangeables (brevetées en 1904 par le Canadien d'origine française [[King Camp Gillette]]). L'utilisateur n'était pas invité à jeter le rasoir, mais à changer les lames (interchangeables et pouvant être aiguisées). L'année suivante, en 1906, Gilette se lance dans la fabrication de lames interchangeables à bas coût, et donc plus facilement jetables.

L'entreprise [[Bic (entreprise)|Bic]] tablera également sur la commercialisation de nombreux produits jetables, dont le [[stylo à bille]] [[Bic Cristal]] en 1950.  

Au début des années 1950, l’ambiguïté des relations entre industrie et qualité/durabilité est traitée par ''[[w:L'Homme au complet blanc|L'Homme au complet blanc]]'', film britannique dans lequel un ingénieur invente un textile inusable et ne se salissant pas, qui rapidement se retourne contre lui alors que certaines entreprises (magnats du textile) et les ouvriers (via leurs [[syndicats]]) cherchent à l'empêcher de développer son invention, qu'ils estiment menacer leur industrie.

À la fin des [[années 1960]], en Amérique du Nord, la publicité suscite un engouement pour les robes en papier, lancées en 1966 par l’entreprise américaine [[Scott Paper Company]] qui cible, avec cet article publicitaire, une société contemporaine du consommable et du jetable.

Dans quelques cas —&nbsp;notamment dans les secteurs réglementés et contrôlés par les États, pour des raisons de sécurité{{#if:||&nbsp;—}} les produits sont nettement plus sûrs et solides aujourd’hui qu'autrefois, par exemple pour l'automobile et les armes. Dans le cas de l'automobile, cette durabilité est néanmoins contournée, par la publicité qui encourage à changer de voiture plus souvent, et même par des primes à l'achat et des primes d'État (comme la [[w:Prime à la casse|prime à la casse]]) destinées à soutenir l'industrie automobile dans les pays riches déjà très équipés et où le marché stagne.

À partir des [[années 1970]], un grand nombre de produits sont vendus à bas prix, avec des pratiques publicitaires encourageant le changement constant («&nbsp;Si vous voulez changer changez de Kelton&nbsp;» a été l'un des slogans d'une marque de montre).

Ces dernières années, la critique de la société du jetable a gagné en audience, obligeant les politiciens à la prendre en compte<ref>[http://www.60millions-mag.com/actualites/archives/benoit_hamon_nbsp_nbsp_l_action_de_groupe_est_d_abord_une_arme_de_dissuasion_nbsp Interview de Benoît Hamon] donnée au magazine ''60 millions de consommateurs'', 12 septembre 2012.</ref>, et une [[w:Interdiction des plastiques à usage unique|interdiction progressive du plastique à usage unique]] a été décidée dans plusieurs pays.

 

{| class="wikitable" style="margin-right: auto; margin-left: auto;"

Ce concept est parfois rapproché de ceux de l'«&nbsp;usure morale&nbsp;», de la mode qui rend les objets rapidement surannés et d'un design soutenu par un [[marketing]] basés sur une obsolescence planifiée théorisé par [[Bernard London]] aux États-Unis, voire sur une [[obsolescence programmée]].

 

Au début des [[années 1950]], l’ambiguïté des relations entre industrie et qualité/durabilité est traitée par ''[[L'Homme au complet blanc]]'', film britannique dans lequel un ingénieur invente un textile inusable et ne se salissant pas, qui rapidement se retourne contre lui alors que certaines entreprises (magnats du textile) et les ouvriers (via leurs syndicats) cherchent à l'empêcher de développer son invention, qu'ils estiment menacer leur industrie.

 

Dans quelques cas —&nbsp;notamment dans les secteurs réglementés et contrôlés par les États, pour des raisons de sécurité{{#if:||&nbsp;—}} les produits sont nettement plus sûrs et solides aujourd’hui qu'autrefois, par exemple pour l'automobile et les armes. Dans le cas de l'automobile, Serge Latouche fait constater que cette durabilité est néanmoins contournée, par la publicité qui encourage à changer de voiture plus souvent, et même par des primes à l'achat et des primes d'État (comme la [[prime à la casse]]) destinées à soutenir l'industrie automobile dans les pays riches déjà très équipés et où le marché stagne.

 

Selon [[Benoît Hamon]], ministre français délégué à l’économie sociale et solidaire et à la consommation (2012-2014) : «&nbsp; L’obsolescence des appareils est quasiment pensée au départ par les opérateurs pour favoriser le renouvellement. Or, acheter un appareil qui est destiné à être totalement démodé un an plus tard pose d’autant plus question lorsque le constructeur a lui-même organisé cette obsolescence. Cela constitue un sujet de travail et de préoccupation. Je mettrai en garde et essaierai de lutter contre cette obsolescence programmée dans le domaine du numérique.<ref>[http://www.60millions-mag.com/actualites/archives/benoit_hamon_nbsp_nbsp_l_action_de_groupe_est_d_abord_une_arme_de_dissuasion_nbsp Interview de Benoît Hamon] donnée au magazine ''[[60 millions de consommateurs]]'', 12 septembre 2012.</ref>&nbsp;».

 

== Interdiction des produits jetables en plastique ==

{| class="wikitable"

|+

|+

! rowspan="2" |Produit

! rowspan="2" |Produit

! colspan="3" |Date d'interdiction

! colspan="3" |Date d'interdiction

|loi en cours<ref name=":0" />

|loi en cours<ref name=":0" />

|-

|-

|[[Coton-tige|Cotons-tiges]]

|Cotons-tiges

|01/01/2020

|01/01/2020

|loi en cours

|loi en cours

|

|

|}

|}

 

Il est à noter que le jetable s'est largement répandu dans les produits d'hygiène ou dans le médical, et il est probable que dans ce cas précis, l'impact positif en terme de prévention des risques sanitaires l'emporte sur les considérations écologiques.

== Exemples de produits jetables ==

** Mouchoir en papier

* Accessoires d'hygiène et de protection, notamment dans le domaine [[Médecine|médical]] :

** Gant de toilette non tissé

** [[Mouchoir]] en papier

** Couche culotte jetable

** [[Gant de toilette]] non tissé

** Protection hygiénique jetable

** [[Couche culotte]] jetable

** drap (literie) jetable

** [[Protection hygiénique]] jetable

** gants en latex

** [[drap (literie)]] jetable

** gants médicaux

** [[gant]]s en [[Latex (matériau)|latex]]

** tablier

** [[Gant médical|gants médicaux]]

** Seringue jetable ou à usage unique

** [[tablier (vêtement)|tablier]]

** [[Seringue]] jetable ou à usage unique

** pipettes Pasteur

** pipettes Pasteur

** Nappe en papier, serviettes en papier

** Nappe en papier, serviettes en papier

== Notes et sources ==

== Notes et sources ==