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Lorsque le Conseil général de l'[[Association_Internationale_des_Travailleurs|Association Internationale des Travailleurs]] (AIT) est formé le 5 octobre 1864, il n'est composé que d'hommes. La question de la présence de femmes, outre qu'elle ne s'était pas encore posée, ne semblait pas aller de soi. Le compte-rendu de la session du 25 avril 1865 indique que "''Une question ayant été posée sur la possibilité pour des femmes d'être membres, le citoyen Wheeler proposa, appuyé par le citoyen Bordage, que les femmes puissent être admises. Accepté à l'unanimité.''"
 
Lorsque le Conseil général de l'[[Association_Internationale_des_Travailleurs|Association Internationale des Travailleurs]] (AIT) est formé le 5 octobre 1864, il n'est composé que d'hommes. La question de la présence de femmes, outre qu'elle ne s'était pas encore posée, ne semblait pas aller de soi. Le compte-rendu de la session du 25 avril 1865 indique que "''Une question ayant été posée sur la possibilité pour des femmes d'être membres, le citoyen Wheeler proposa, appuyé par le citoyen Bordage, que les femmes puissent être admises. Accepté à l'unanimité.''"
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En 1866, le congrès de l’AIT se prononce contre le droit des femmes au travail. C'est particulièrement la position des [[Proudhoniens|proudhoniens]], pour qui «&nbsp;''le travail des femmes doit être énergiquement condamné comme principe de dégénérescence pour la race et un des agents de démoralisation de la classe capitaliste''&nbsp;» et ''«&nbsp;La femme n'est point faite pour travailler&nbsp;; sa place est au foyer de la famille, elle est l'éducatrice naturelle de l'enfant, elle seule peut le préparer à l'existence civique, mâle et libre&nbsp;»<ref>[[:fr:Congrès de Genève, Discussion sur le travail des femmes et des enfants|Congrès de Genève, Discussion sur le travail des femmes et des enfants]], 7 septembre 1866</ref><ref>Cité dans Michèle Riot-Sarcey, ''Histoire du féminisme'', La Découverte, Paris, 2008, p. 53.</ref>''. La position de Marx et des délégués londoniens, rejetée, se positionnait pour le travail des femmes, mais disait&nbsp;: ''«&nbsp;les femmes doivent être rigoureusement exclues de n'importe quel travail de nuit, et de toute sorte de travail qui serait nuisible à l'organisme féminin si sensible&nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/parti/kmpc054.htm Le parti de classe, Programme des délégués londoniens au congrès de Genève]''</ref>.''
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En 1866, le congrès de l’AIT se prononce contre le [[droit des femmes au travail]]. C'est particulièrement la position des [[Proudhoniens|proudhoniens]], pour qui «&nbsp;''le travail des femmes doit être énergiquement condamné comme principe de dégénérescence pour la race et un des agents de démoralisation de la classe capitaliste''&nbsp;» et ''«&nbsp;La femme n'est point faite pour travailler&nbsp;; sa place est au foyer de la famille, elle est l'éducatrice naturelle de l'enfant, elle seule peut le préparer à l'existence civique, mâle et libre&nbsp;»<ref>[[:fr:Congrès de Genève, Discussion sur le travail des femmes et des enfants|Congrès de Genève, Discussion sur le travail des femmes et des enfants]], 7 septembre 1866</ref><ref>Cité dans Michèle Riot-Sarcey, ''Histoire du féminisme'', La Découverte, Paris, 2008, p. 53.</ref>''. La position de Marx et des délégués londoniens, rejetée, se positionnait pour le [[travail des femmes]], mais disait&nbsp;: ''«&nbsp;les femmes doivent être rigoureusement exclues de n'importe quel travail de nuit, et de toute sorte de travail qui serait nuisible à l'organisme féminin si sensible&nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/parti/kmpc054.htm Le parti de classe, Programme des délégués londoniens au congrès de Genève]''</ref>.''
    
Le droit de vote n'est pas non plus une évidence pour les premiers socialistes. Certains avancent des arguments réactionnaires, d'autres craignent que le vote des femmes serait majoritairement conservateur en raison de leur moindre [[Conscience_de_classe|conscience de classe]] (les femmes étant moins intégrées au marché du travail, moins syndiquées...).
 
Le droit de vote n'est pas non plus une évidence pour les premiers socialistes. Certains avancent des arguments réactionnaires, d'autres craignent que le vote des femmes serait majoritairement conservateur en raison de leur moindre [[Conscience_de_classe|conscience de classe]] (les femmes étant moins intégrées au marché du travail, moins syndiquées...).
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Le féminisme marxiste cherche généralement à intégrer l'analyse de l'oppression des femmes dans l'analyse marxiste traditionnelle du capitalisme&nbsp;:
 
Le féminisme marxiste cherche généralement à intégrer l'analyse de l'oppression des femmes dans l'analyse marxiste traditionnelle du capitalisme&nbsp;:
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*Le travail des femmes ([[Travail_domestique|domestique]] en particulier) est généralement interprété dans le cadre de la notion de reproduction de la [[Force_de_travail|force de travail]], évoquée mais peu développée par [[Marx|Marx]]. C'est notamment le point central de l'analyse de [[Lise_Vogel|Lise Vogel]]<ref>Lise Vogel, ''Marxism and the Oppression of Women'', 1983</ref>, de [[Mariarosa_Dalla_Costa|Mariarosa Dalla Costa]], [[Tithi_Bhattacharya|Tithi Bhattacharya]], et de nombreu-se-x militant-e-s au Canada<ref>Sue Ferguson, David McNally, [https://viewpointmag.com/2015/10/31/social-reproduction-beyond-intersectionality-an-interview-with-sue-ferguson-and-david-mcnally/ ''Social Reproduction Beyond Intersectionality: An Interview''], 2015</ref>...
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*Le [[travail des femmes]] ([[Travail_domestique|domestique]] en particulier) est généralement interprété dans le cadre de la notion de reproduction de la [[Force_de_travail|force de travail]], évoquée mais peu développée par [[Marx|Marx]]. C'est notamment le point central de l'analyse de [[Lise_Vogel|Lise Vogel]]<ref>Lise Vogel, ''Marxism and the Oppression of Women'', 1983</ref>, de [[Mariarosa_Dalla_Costa|Mariarosa Dalla Costa]], [[Tithi_Bhattacharya|Tithi Bhattacharya]], et de nombreu-se-x militant-e-s au Canada<ref>Sue Ferguson, David McNally, [https://viewpointmag.com/2015/10/31/social-reproduction-beyond-intersectionality-an-interview-with-sue-ferguson-and-david-mcnally/ ''Social Reproduction Beyond Intersectionality: An Interview''], 2015</ref>...
 
*[[Silvia_Federici|Silvia Federici]] étend la notion d'[[Accumulation_primitive_du_capital|accumulation primitive du capital]], en soutenant que les femmes ont été et continuent à être une source d'accumulation de capital, à côté du travail salarié, et nécessaire au fonctionnement de l'ensemble.
 
*[[Silvia_Federici|Silvia Federici]] étend la notion d'[[Accumulation_primitive_du_capital|accumulation primitive du capital]], en soutenant que les femmes ont été et continuent à être une source d'accumulation de capital, à côté du travail salarié, et nécessaire au fonctionnement de l'ensemble.
 
*Des marxistes (comme Hester Eisenstein dans ''Feminism Seduced'') ont dénoncé l'utilisation de rhétorique féministe par les capitalistes pour justifier une surexploitation.
 
*Des marxistes (comme Hester Eisenstein dans ''Feminism Seduced'') ont dénoncé l'utilisation de rhétorique féministe par les capitalistes pour justifier une surexploitation.
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===Législation spécifique pour les ouvrières&nbsp;?===
 
===Législation spécifique pour les ouvrières&nbsp;?===
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La plupart des socialistes du 19<sup>e</sup> siècle et de la première moitié du 20<sup>e</sup> siècle revendiquaient un encadrement spécifique du travail des femmes, au nom de leur protection, en particulier des mères. Très souvent, ces aménagements étaient défendus de concert avec la lutte contre le [[Travail_des_enfants|travail des enfants]]. Cela s'appuyait sur une réalité du contexte de la [[révolution industrielle]] anglaise, avec une forte mortalité des femmes et des enfants qu'elles portaient. Néanmoins on peut dire que le mouvement ouvrier a longtemps été imprégné d'un "féminisme maternaliste".
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La plupart des socialistes du 19<sup>e</sup> siècle et de la première moitié du 20<sup>e</sup> siècle revendiquaient un encadrement spécifique du [[travail des femmes]], au nom de leur protection, en particulier des mères. Très souvent, ces aménagements étaient défendus de concert avec la lutte contre le [[Travail_des_enfants|travail des enfants]]. Cela s'appuyait sur une réalité du contexte de la [[révolution industrielle]] anglaise, avec une forte mortalité des femmes et des enfants qu'elles portaient. Néanmoins on peut dire que le mouvement ouvrier a longtemps été imprégné d'un "féminisme maternaliste".
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Les ouvriers hommes étaient souvent réticents à voir des femmes travailler, surtout dans des métiers réputés très durs (donc « masculins »). Par exemple le travail des femmes au fond des mines fut interdit en 1842, mais celles-ci travaillaient encore en surface. Marx cite des mineurs qui estiment que ce travail reste ''« humiliant et dégradant pour le sexe faible. Les femmes portent des vêtements d'hommes. Il y en a qui fument. Dans beaucoup de cas, toute pudeur est mise de côté. Le travail est aussi sale que dans les mines. Dans le nombre se trouvent beaucoup de femmes mariées oui ne peuvent remplir leurs devoirs domestiques. »''<ref>Karl Marx, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-15-9.htm ''Le Capital'', Livre I, Chapitre XV - IX. - Législation de fabrique, 1867]</ref> Marx relève aussi le cas d'ouvrières s'opposant à une limitation légale de leur travail, celles-ci ayant besoin de leurs maigres revenus<ref>Cf. Le Capital, ou la lettre à Kugelmann du 17 mars 1868</ref>.
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Les ouvriers hommes étaient souvent réticents à voir des femmes travailler, surtout dans des métiers réputés très durs (donc « masculins »). Par exemple le travail des femmes au fond des mines fut interdit en 1842, mais celles-ci travaillaient encore en surface. Marx cite des mineurs qui estiment que ce travail reste ''« humiliant et dégradant pour le sexe faible. Les femmes portent des vêtements d'hommes. Il y en a qui fument. Dans beaucoup de cas, toute pudeur est mise de côté. Le travail est aussi sale que dans les mines. Dans le nombre se trouvent beaucoup de femmes mariées qui ne peuvent remplir leurs devoirs domestiques. »''<ref>Karl Marx, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-15-9.htm ''Le Capital'', Livre I, Chapitre XV - IX. - Législation de fabrique, 1867]</ref> Marx relève aussi le cas d'ouvrières s'opposant à une limitation légale de leur travail, celles-ci ayant besoin de leurs maigres revenus<ref>Cf. Le Capital, ou la lettre à Kugelmann du 17 mars 1868</ref>.
    
Marx défendait l'intégration des femmes au marché du travail, mais il était aussi en faveur d'une limitation spécifique de leur [[Temps_de_travail|temps de travail]]. Un de ses arguments est que cela entraînerait ensuite aussi une diminution du temps de travail des hommes<ref>Cf. par exemple K. Marx, Misère de la philosophie, 1847</ref>. A l'été 1868, au conseil général de l'[[AIT|AIT]], Marx et [[Harriet_Law|Harriet Law]] eurent un débat sur l'appréciation de la situation des femmes travailleuses. Marx mettait l'accent sur les conditions "abominables", tandis qu'Harriet Law soulignait plutôt l'indépendance accrue des femmes.
 
Marx défendait l'intégration des femmes au marché du travail, mais il était aussi en faveur d'une limitation spécifique de leur [[Temps_de_travail|temps de travail]]. Un de ses arguments est que cela entraînerait ensuite aussi une diminution du temps de travail des hommes<ref>Cf. par exemple K. Marx, Misère de la philosophie, 1847</ref>. A l'été 1868, au conseil général de l'[[AIT|AIT]], Marx et [[Harriet_Law|Harriet Law]] eurent un débat sur l'appréciation de la situation des femmes travailleuses. Marx mettait l'accent sur les conditions "abominables", tandis qu'Harriet Law soulignait plutôt l'indépendance accrue des femmes.
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Le programme de Gotha (1875) du parti ouvrier allemand préconisait une limitation du travail des femmes, que Marx a critiqué car il n'était pas explicité que les femmes devaient être intégrées à la production.<ref>[https://www.marxists.org/francais/inter_soc/spd/18750500.htm Programme de Gotha du parti social-démocrate allemand], 1875</ref>
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Le programme de Gotha (1875) du parti ouvrier allemand préconisait une limitation du [[travail des femmes]], que Marx a critiqué car il n'était pas explicité que les femmes devaient être intégrées à la production.<ref>[https://www.marxists.org/francais/inter_soc/spd/18750500.htm Programme de Gotha du parti social-démocrate allemand], 1875</ref>
    
De nombreuses féministes, la plupart issues du [[Féminisme_bourgeois|féminisme bourgeois]], se sont opposé à ces législations au nom de l'égalité juridique, et parfois au nom du fait que cela limitait l'indépendance financière des femmes par rapport aux hommes. La plupart des socialistes disqualifiaient leurs critiques au nom du fait qu'elles ne sont pas vivent pas le travail d'usine, voire qu'elles en profitent. Engels faisait la réponse suivante en 1885 à une féministe qui s'opposait à une législation spécifique&nbsp;:
 
De nombreuses féministes, la plupart issues du [[Féminisme_bourgeois|féminisme bourgeois]], se sont opposé à ces législations au nom de l'égalité juridique, et parfois au nom du fait que cela limitait l'indépendance financière des femmes par rapport aux hommes. La plupart des socialistes disqualifiaient leurs critiques au nom du fait qu'elles ne sont pas vivent pas le travail d'usine, voire qu'elles en profitent. Engels faisait la réponse suivante en 1885 à une féministe qui s'opposait à une législation spécifique&nbsp;:
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En 1892, des féministes bourgeoises aux États-Unis dénoncent une loi réduisant la journée de travail des femmes spécifiquement. [[Louise_Kautsky|Louise Kautsky]] les dénonce comme entravant le mouvement des femmes travailleuses.<ref>Louise Kautsky, [https://www.marxists.org/archive/draper/1976/women/5-emarx.html The Women’s-Rightsers and Reduction of the Working-Day for Women], 1892</ref> C'était la position majoritaire de l'[[Internationale_ouvrière|Internationale ouvrière]], malgré des débats<ref>Voir notamment les études de Madeleine Rebérioux et Ulla Wikander</ref>.
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En 1892, des féministes bourgeoises aux États-Unis dénoncent une loi réduisant la journée de [[travail des femmes]] spécifiquement. [[Louise_Kautsky|Louise Kautsky]] les dénonce comme entravant le mouvement des femmes travailleuses.<ref>Louise Kautsky, [https://www.marxists.org/archive/draper/1976/women/5-emarx.html The Women’s-Rightsers and Reduction of the Working-Day for Women], 1892</ref> C'était la position majoritaire de l'[[Internationale_ouvrière|Internationale ouvrière]], malgré des débats<ref>Voir notamment les études de Madeleine Rebérioux et Ulla Wikander</ref>.
    
En 1889, [[Clara_Zetkin|Clara Zetkin]] tenait cependant à minimiser les spécificités des travailleuses, afin de mieux défendre l'intégration des femmes au sein du mouvement ouvrier organisé&nbsp;:
 
En 1889, [[Clara_Zetkin|Clara Zetkin]] tenait cependant à minimiser les spécificités des travailleuses, afin de mieux défendre l'intégration des femmes au sein du mouvement ouvrier organisé&nbsp;:
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L'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] a repris ces positions classiques&nbsp;:
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Le programme du [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie]], adopté en 1903, et qui resta commun aux [[Parti bolchévik|bolchéviks]] et [[Mencheviks|menchéviks]] jusqu'en 1917, revendiquait ''« l'interdiction du travail des femmes dans toutes les branches dans lesquelles il est nocif pour l'organisme féminin »''.<ref>[https://www.marxists.org/history/international/social-democracy/rsdlp/1903/program.htm Programme of the Russian Social-Democratic Workers’ Party], 1903</ref>
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L'[[Internationale communiste]] a repris ces positions classiques&nbsp;:
    
*«&nbsp;''les fonctions spéciales imposées à la femme par la nature elle-même, c'est-à-dire la maternité et les particularités qui en découlent pour la femme, avec le besoin d'une plus grande protection de ses forces et de sa santé dans l'intérêt de toute la société''.&nbsp;» 1921<ref name="3eCongres" />
 
*«&nbsp;''les fonctions spéciales imposées à la femme par la nature elle-même, c'est-à-dire la maternité et les particularités qui en découlent pour la femme, avec le besoin d'une plus grande protection de ses forces et de sa santé dans l'intérêt de toute la société''.&nbsp;» 1921<ref name="3eCongres" />
 
*«&nbsp;''Interdiction, en règle générale, du travail des femmes la nuit et dans les industries insalubres. Interdiction du travail des enfants.''&nbsp;» 1928<ref>Internationale Communiste, [http://www.marxists.org/francais/inter_com/1928/ic6_prog.htm VI° Congrès, Programme], 1928</ref>
 
*«&nbsp;''Interdiction, en règle générale, du travail des femmes la nuit et dans les industries insalubres. Interdiction du travail des enfants.''&nbsp;» 1928<ref>Internationale Communiste, [http://www.marxists.org/francais/inter_com/1928/ic6_prog.htm VI° Congrès, Programme], 1928</ref>
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Le journal féministe [[La_Fronde|''La Fronde'']] dénonçait comme dangereuses les législations spécifiques sur le travail des femmes, excepté les femmes enceintes. En 1918, la syndicaliste féministe [[Hélène_Brion|Hélène Brion]] dénonçait l'hypocrisie de la loi contre le travail de nuit des femmes, votée en 1892&nbsp;:
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Le journal féministe [[La_Fronde|''La Fronde'']] dénonçait comme dangereuses les législations spécifiques sur le [[travail des femmes]], excepté les femmes enceintes. En 1918, la syndicaliste féministe [[Hélène_Brion|Hélène Brion]] dénonçait l'hypocrisie de la loi contre le travail de nuit des femmes, votée en 1892&nbsp;:
 
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''«&nbsp;''Ne nous faites pas ressouvenir de cette fameuse loi sur le travail de nuit, par exemple, voulue par des hommes et votée par des hommes, soi-disant dans l’intérêt de la santé des femmes et aboutissant simplement à faire perdre leur gagne pain à des typotes qui gagnaient &nbsp;dans les six francs par nuit, sans ''«&nbsp;protéger&nbsp;»'' pour cela les plieuses de journaux qui ne gagnaient, il est vrai, que 2 ou 3 francs. La faiblesse de la femme, la santé de la femme&nbsp;! Ne l’invoquez pas, alors que la femme est depuis toujours dans les travaux les plus pénibles et les plus répugnants, à la mine et dans la culture, à la filature et au dévidage des cocons,&nbsp;à la boyauderie, dans les porcelaines et terres cuites, dans le travail des colles, des cirages, des graisses, dans les tanneries aussi bien qu’à l’hôpital et à l’hospice où elle soigne les plaies hideuses et fétides. Non&nbsp;! ne venez pas me parler de santé à ménager pour la femme en tant que travailleuse, alors qu’elle reste soumise en tant que femme à votre absolu caprice d’hommes&nbsp;! Alors que vous lui imposez à votre gré ou les maternités multiples et épuisantes, ou les avortements (que vos lois condamnent&nbsp;!) ou la stérilité qui, pour elle, réduit l’univers à une seule personne&nbsp;! Ne parlez pas de votre souci de la santé ni pour la femme, ni pour la jeunesse tant que vous accepterez l’existence des maisons closes et de l’infâme régime de la police des mœurs&nbsp;! ''»''<ref name="Brion1918" />
 
''«&nbsp;''Ne nous faites pas ressouvenir de cette fameuse loi sur le travail de nuit, par exemple, voulue par des hommes et votée par des hommes, soi-disant dans l’intérêt de la santé des femmes et aboutissant simplement à faire perdre leur gagne pain à des typotes qui gagnaient &nbsp;dans les six francs par nuit, sans ''«&nbsp;protéger&nbsp;»'' pour cela les plieuses de journaux qui ne gagnaient, il est vrai, que 2 ou 3 francs. La faiblesse de la femme, la santé de la femme&nbsp;! Ne l’invoquez pas, alors que la femme est depuis toujours dans les travaux les plus pénibles et les plus répugnants, à la mine et dans la culture, à la filature et au dévidage des cocons,&nbsp;à la boyauderie, dans les porcelaines et terres cuites, dans le travail des colles, des cirages, des graisses, dans les tanneries aussi bien qu’à l’hôpital et à l’hospice où elle soigne les plaies hideuses et fétides. Non&nbsp;! ne venez pas me parler de santé à ménager pour la femme en tant que travailleuse, alors qu’elle reste soumise en tant que femme à votre absolu caprice d’hommes&nbsp;! Alors que vous lui imposez à votre gré ou les maternités multiples et épuisantes, ou les avortements (que vos lois condamnent&nbsp;!) ou la stérilité qui, pour elle, réduit l’univers à une seule personne&nbsp;! Ne parlez pas de votre souci de la santé ni pour la femme, ni pour la jeunesse tant que vous accepterez l’existence des maisons closes et de l’infâme régime de la police des mœurs&nbsp;! ''»''<ref name="Brion1918" />
 
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Le programme du [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie]], adopté en 1903, et qui resta commun aux [[Parti bolchévik|bolchéviks]] et [[Mencheviks|menchéviks]] jusqu'en 1917, revendiquait ''« l'interdiction du travail des femmes dans toutes les branches dans lesquelles il est nocif pour l'organisme féminin »''.<ref>[https://www.marxists.org/history/international/social-democracy/rsdlp/1903/program.htm Programme of the Russian Social-Democratic Workers’ Party], 1903</ref>
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L'[[Organisation internationale du travail]], institution bourgeoise née du réformisme social en 1919, mettra en avant ce type de restrictions, notamment son ''Service du travail des femmes et des enfants''. Une association féministe fondée en 1929, [[Open Door International]], combattait cette politique. L'OIT évoluera vers des positions plus égalitaristes après 1945.
 
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L'[[Organisation_internationale_du_travail|Organisation internationale du travail]], institution bourgeoise née du réformisme social en 1919, mettra en avant ce type de restrictions, notamment son ''Service du travail des femmes et des enfants''. Une association féministe fondée en 1929, [[Open_Door_International|Open Door International]], combattait cette politique. L'OIT évoluera vers des positions plus égalitaristes après 1945.
      
===Droit à l'avortement===
 
===Droit à l'avortement===

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